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Les Fouilles de Mariana (Corse) : Les églises cimétériales San Parteo PDF

58 Pages·1992·12.344 MB·French
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LES FOUILLES DE MARIANA (Corse) 10 - LES ÉGLISES CIMÉTÉRIALES SAN PARTEO Le linteau de la porte latérale Sud de l'église San Parteo. Publié par l'Association des Amis de Mariana dans les Cahiers Corsica de la Fédération d'Associations et Groupements pour les Etudes Corses (F.A.G.E.C.) avec le concours de l'Assemblée de Corse CAHIERS CORSICA - 146-147-148 BASTIA 1992 Fig. 1 Lucciana. Carte de la zone cimétériale San Parteo par rapport au groupe épiscopal de Mariana, en bordure de la cité antique. — 1 — à la mémoire de Dom Jacques DUBOIS LES EGLISES CIMETERIALES SAN PARTEO Présentation 1) L'église paléochrétienne par G. Moracchini-Mazel Le sanctuaire primitif qui avait été dédié à San Les recherches archéologiques que j'avais effec­ Parteo se trouve dans une zone cimétériale, hors de tuées entre 1957 et 1959, sur le site de San Parteo l'enceinte de la ville romaine de Mariana, à 500 m à de Mariana, à Lucciana, ont été reprises au cours de l'Ouest du groupe épiscopal et à 300 m au Nord de l'année 1990, à l'occasion de la réfection des ves­ l'actuel cours du Golo (fig. 1. Carte). tiges de la première église paléochrétienne, retrou­ Il offrait un plan basilical à trois nefs et abside vés sous l'église médiévale, il y a maintenant plus de semi-circulaire orientée vers le Nord-Est. Nous 30 ans. avons pu avoir connaissance de ce plan grâce à la En plus de la nécessaire consolidation des murs fouille archéologique qui a révélé ses murs arasés, arasés, j'ai dû procéder aussi à la remise en état des encore hauts de 0,50 m en moyenne, sous ceux de nombreuses sépultures paléochrétiennes que recou­ l'église médiévale. C'est sans doute au moment de vrait partiellement le sol de ce primitif sanctuaire (1) ; la reconstruction de l'église au Moyen Age que ces aidée de mes collaborateurs, j'ai pu faire des obser­ murs ont été arasés aussi régulièrement (voir p. 31). vations nouvelles. C'est pourquoi, à la suite de ces En effet, l'abside paléochrétienne apparue sous travaux, j'ai essayé d'affiner la fourchette chronolo­ le sol médiéval dès le début des travaux (fig. 2 et 3) gique un peu trop large que j'avais proposée en était peu profondément enterrée et comportait un 1967 dans ma thèse de Doctorat d'Etat (2) : le Ve mur semi-circulaire épais de 0,60 m ; la poursuite siècle. Je vais exposer plus loin les raisons qui me des travaux de dégagement des murs latéraux faits font reporter à l'extrême fin du Ve s. la date probable de la construction de ce sanctuaire. J'ai essayé aussi de développer un peu les pages que j'avais consacrées à l'édifice médiéval de San Parteo (3) et plus récemment au culte qui lui a été rendu en Corse, dans mon ouvrage intitulé Corsica Sacra, en préparation (4). En effet, dans ce dernier écrit, la place m'a manqué pour traiter du culte entre le Ve et le XIIe s. Donc, après avoir décrit et étudié d'abord les sanctuaires successifs de Mariana dédiés à ce saint, - excellents témoins du culte ayant existé dans cette petite cité disparue - j'ai tenu à ajouter ici quelques indications complémen­ taires relatives aux autres églises de Corse placées sous ce vocable. Il est vrai que la plupart des personnes qui visi­ tent Mariana s'intéressent surtout à l'édifice médié­ val, bel exemple de l'architecture romane des XIe et XIIe s., élevé sur les ruines du monument paléochré­ tien précédent, en l'honneur d'un évêque du lieu, comme le veut la tradition orale, - saint personnage dont le souvenir est, hélas, presque oublié de nos Fig. 2 et 3 Lucciana. Début des travaux de fouilles et décou­ jours. Le lecteur voudra bien trouver à la p. 23 la verte de l’abside primitive de San Parteo de Mariana ; détail description de cet édifice roman (5). du parement extérieur en galets. — 2 — Fig. 4 Lucciana. Plan général des sanctuaires superposés de Fig. 5 Lucciana. Situation des vestiges du bas-côté Sud de la San Parteo de Mariana (voir page 28). basilique primitive, à l’extérieur de l’église médiévale. de galets de rivière liés avec de la terre jaune mêlée partie de la nef Sud primitive se trouve à l'extérieur de chaux blanche a permis d'établir le plan des nefs de la nef médiévale (fig. 5). (fig. 4 Plan). Ce qui frappe dès l'abord dans ce plan, c'est que l'orientation paléochrétienne est différente de celle du Moyen Age, de telle sorte qu'une bonne Les arases de trois piliers carrés seulement ont été retrouvés ; il devait y en avoir douze (deux files de 6 piliers), sans compter les probables pilastres placés aux extrémités des files. Leur maçonnerie ressemble à celle des murs et dépasse de peu le sol en béton de tuileaux qui forme une limite nette contre ces piliers. Ce sol rose à grain fin avait été coulé sur le haut des tombes préexistantes à l'église et était constitué d'une mince couche de briques finement pilées (mortier de tuileaux) disposée sur une seule ligne de tuiles cassées formant hérisson ; ces arases de trois piliers retrouvés dans ce sol (fig. 6) ont permis de proposer la cadence ayant existé entre eux, ce qui était suffisant pour essayer de pro­ poser la reconstitution du plan de cette petite basili- chetta (fig. 7). Le sol en mortier de tuileaux n'était pas conservé partout et, notamment, son absence en avant de l'abside (entre les sépultures 2 et 4) nous a privés de savoir où se trouvait exactement l'autel - dont on aurait dû pouvoir observer la trace, sur le sol. On peut supposer que celui-ci a été inten­ tionnellement brisé et retiré de cette zone, peut-être Fig. 6 Lucciana. Un des piliers arasés du côté du Sud ; le sol au moment du retrait des reliques du saint patron et rose le limite exactement. de leur translation vers d'autres lieux (voir p. 46 ). — 3 — Fig. 7 Lucciana. Reconstitution du plan de la basilichetta San Parteo et comparaison avec la Nef unique médiévale. Dans la partie Sud, au-delà de la Tombe 3, le entre les types des sépultures, et le résultat, portant mortier paraissait beaucoup mieux conservé, de telle sur quarante inhumations, nous a paru intéressant. sorte qu'on a choisi de le laisser sans le dégager, sous le hérisson en galets qui portait le sol médiéval. 2) Les sépultures Mais d'une façon générale, ce sol en mortier de tui­ leaux se signale pour son usure provoquée par les En effet, l'examen des tombes, de types bien dif­ pas et aussi par son irrégularité ; les défoncements férents, permet un commentaire sur chacune. Nous qu'on peut y observer sont dûs probablement à la les avons groupées selon la typologie et choisi de présence des tombes dont les couvercles avaient les classer ainsi : formé des noyaux plus durs alors qu'entre les - Les sépultures en amphores. tombes la terre seule portait le mortier. - Les sépultures sous tuiles sans murets bâtis. Nous avons cherché à savoir s'il y avait eu une - Les sépultures à murets bâtis et superstruc­ clôture de chœur dans le sanctuaire paléochrétien et tures en tuiles ou en briques. il semble bien que non, pas plus que de petites salles carrées de part et d'autre de l'abside (prothe­ - Les sépultures à murets bâtis en pierres ou sis et diaconicon). débris de tuiles avec couvertures en dalles de pierres ou débris de tuiles. C'est donc un plan très simple de basilichetta que nous avons pu établir avec une élévation hypo­ - Les sépultures à dalles de pierres ou grandes thétique correspondante (fig. 8). Pour parvenir à la briques alignées et couvercles en lauzes. dater, nous avons essayé d'établir une comparaison - Les squelettes isolés. — 4 — Fig. 8 Lucciana. Elévation reconstitutive de la basilichetta de San Parteo. R. Boinard del. Les sépultures en amphores Il convient de distinguer celles qui pouvaient être antérieures à l'érection de l'édifice paléochrétien, comme l'amphore de la T. 5, placée sous un mur (fig. 9), de celles qui ont été alignées le long de ses murs après leur construction, comme les tombes 32 et 33 ; de l'amphore 10, brisée au Moyen Age et retrouvée cassée et déplacée, on ne peut pas savoir si elle était préexistante à cet édifice. L'amphore constituant la Tombe 32 paraît avoir été disposée le long et à l'extérieur du mur Nord paléochrétien après la construction de celui-ci, car elle lui était parallèle (fig. 10). J'en avais d'abord douté (6), mais, en la retirant, j'ai pu voir qu'elle lon­ geait sa base très exactement. J'avais remarqué aussi, lors de son retrait, qu'elle était sectionnée dans le sens de la longueur (accidentellement ?) (fig. Fig. 9 Lucciana. L’amphore de la T. 5 de San Parteo ; on voit 11 ) et qu'une cassure faite par le fossoyeur se voyait en arrière plan les galets du mur Nord paléochrétien, retrouvé bien tout près de la pointe ; elle ne contenait plus sectionné en ce point. — 5 — Fig. 10 et 11 Lucciana. L’amphore de la T. 32 in situ le long du mur Nord de San Parteo ; la même durant le retrait. rien. Elle a pu être recollée presque complètement Panella pense qu'elle pourrait se rapprocher des et dessinée (fig. 12 et 13). Elle est de couleur jaune productions d'Empoli : IVe s. et jusqu'au début du V et un graffito a été gravé avant cuisson sur son s. (10) ; diam. maximum, 0,32 m à la panse ; ceci épaulement. Sa datation n'est pas aisée à faire, car est également le cas de l'amphore de la T. 10, dont ce type, a perduré jusqu'aux IVe et Ve s. : "une data­ seul le fond, à pâte rouge, a été repéré, non loin de tion au Ve s. va bien", nous a écrit, à son sujet, la T. 9, cassé en deux fragments ; la surface de l'un Mme Panella (7), qui, selon M. Keay, la croit espa­ d'eux se trouvait à environ 0,15 m sous le sol du gnole ou portugaise. Mais la demie-amphorette sanctuaire paléochrétien (fig. 18 et 19), et la base de rouge-orangé à fond plat, qui la confortait à chacune l'autre fragment reposait sur le sol vierge. Elle conte­ de ses extrémités, peut indiquer aussi la seconde nait des ossements brisés - sans doute au moment moitié du Ve s., selon les indications fournies par la où les constructeurs du Moyen Age ont édifié leur lettre de M. Rouquette, ce qui est intéressant pour mur Sud. aider à la datation du sanctuaire primitif (voir plus loin L’amphore de la Tombe 5, laissée fermée lors de p. 45). Les fragments non utilisés de cette ampho- sa découverte en 1958, a malheureusement été sac­ rette avaient été laissés par le fossoyeur à côté de cagée au cours des dernières années, mais certains l'amphore et nous avons pu les recueillir et les recol­ fragments ont pu être recueillis et reconstitués ; elle ler. avait une pâte beige rosé bien cuite et devait avoir Autour d'elle (fig. 14 et 15), il y avait aussi des environ 0,37 m de diamètre (voir fig. 9). On avait débris divers, notamment un fragment de lampe (voir constaté qu’en raison de son niveau - celui des fon­ fig. 116) datable du Ve s., selon la chronologie dations du mur Nord -, elle devait être antérieure à Ponsich (9), ainsi qu'une dizaine de petits os disper­ la confection de ce mur Nord paléochrétien. Mais sés et un débris de petit crâne. comme celui-ci n’existe plus en ce point, on ne sait L'amphore de la Tombe 33 (fig. 16) était aussi pas s’il avait été construit par dessus l’amphore déjà placée le long du mur Nord sur le sol vierge, et écrasée sur elle-même, - ce qui est probable, mais contenait un débris de crâne et une dent de lait ; non certain ; nous ne pouvons pas nous prononcer. incomplète, sans col, elle ne pourrait guère être On avait remarqué que son col était protégé par une datée (fig. 17) si ce n'est à cause de la pâte dont Mme tuile faîtière et bloqué par quelques débris d’autres — 6 — Fig. 12 et 13 Lucciana. L’amphore de la T. 32 après recol­ lage et profil. amphores ; en outre une tuile de couleur rouge (0,47 x 0,59), dont les crochets étaient tournés vers le haut, avait été placée pour recevoir ce col, juste sur le sol vierge, lequel se trouve à -0,50 sous le sol en mortier de tuileaux de la basilichetta. Les sépultures sous tuiles sans murets bâtis Les sépultures sous tuiles peuvent être de sec­ tion triangulaire ou de forme parallélépipédique, composées de grosses briques épaisses ou de tuiles à crochets. La tombe 3 était un “coffre” composé de trois Le sol en mortier de tuileaux la recouvrait en par­ briques et demie de chaque côté et de deux tuiles à tie à son extrémité Est (fig. 21) au moment de sa crochets aux extrémités (long. 1,99m x larg. int. 0,65 découverte ; on vit, après son ouverture partielle (fig. à 0,42 vers l’Ouest x haut. 0,45m ; long. des briques, 22) que deux gros galets de rivière avaient été dis­ 0,45m ou 0,33m ou 0,49m). posés sur les briques du couvercle déjà effondré. Il De même que le fond, le couvercle était fait de n’y avait rien dans cette partie de tombe ; par contre, plusieurs grandes briques (0,60 x 0,60m) que l’on a du côté de l’Est, il y avait quelques minuscules pu recoller en faible partie. Certains comportaient le débris d’os, - ce que l’on a pu constater après que le dessin fait par le doigt du potier pour indiquer les dia­ sol, en mortier de tuileaux intentionnellement gonales ; l’une comptait un dessin au doigt qui res­ conservé comme témoin, ait été brisé par les pilleurs semble au monogramme le plus simple : le rô ouvert et un débris de crâne. et la haste recoupée par une ligne horizontale (fig. La tombe 4 trouvée intacte en 1958, avait été 20) ; est-ce le hasard ou une intention ? Si c’était le saccagée et nous avons tenté de la réparer en recol­ cas, il faudrait se souvenir que cette forme de lant certaines des tuiles à crochets qui la compo­ chrisme “prévalut dans les sépultures à Rome saient ; en forme de coffre (fig. 23), elle était faite de depuis la fin du IVe s. jusqu’au milieu du Ve s.” (11). huit tuiles placées dans le sens de la longueur, les — 7 — Fig. 14 et 15 Lucciana. L’amphorette qui “calait” l’extrémité de l’amphore 32. crochets vers l’extérieur ; celle de l’extrémité Sud paraît avoir été une tuile de récupération ; trois tuiles de fond sont encore en place ; celles du couvercle ont disparu ; elles étaient disposées les crochets vers le haut et étaient protégées par des débris de tuiles et quelques galets (long. de la tombe, 2,19m ; larg. 0,54 à 0,46m ; hauteur 0,45m). Elle avait été ouverte par les pilleurs de telle sorte qu’on ne sait pas si elle contenait encore des ossements (fig. 24). La tombe 7, longue d’1,86m et haute de 0,64m, était de type triangulaire et avait comporté à l’origine six tuiles disposées dans le sens de la longueur, les crochets vers l’intérieur, et les tuiles de fond avaient les crochets placés vers le haut ; elle a été partielle­ La tombe 11 (fig. 26 et 27) comportait huit tuiles ment saccagée ; on aperçoit, au milieu de la tuile de de remploi disposées en triangle (4 x 2) et elle fond centrale, les os du bassin, mais les os des contenait un squelette adulte en mauvais état, pieds ont complètement disparu du côté de l’Est. Les quoique bien reconnaissable ; on peut supposer que tuiles sont longues de 0,60m. c’était celui d’une femme et de son enfant, car un La tombe 8 était en forme de coffre, avec trois petit crâne (brisé) était placé au Sud-Est du crâne du grandes tuiles en guise de couvercle ; disposées les squelette précité, à 0,08m environ l’un de l’autre ; crochets vers le sol, dans le sens de la longueur. A curieusement leurs dents se sont retrouvées mélan­ l’intérieur, le squelette (d’adulte ?) était complète­ gées (14 d’adulte et 8 d’enfant) ce qui laisse à pen­ ment pourri. Cette sépulture, comme les autres, était ser que dès l'Antiquité, cette tombe avait été “visitée” recouverte par le mortier de tuileaux du sol de l’édi­ après déplacement de certaines des tuiles, effecti­ fice paléochrétien (fig. 25), et le hérisson fait de vement assez mal alignées, surtout du côté Sud ; à débris de tuiles et de galets qui portait ce sol devait l’Est du petit crâne, on a recueilli, debout, une petite reposer presque directement sur le couvercle. amphorette en pâte rouge foncé, micacée, ornée de — 8 — Fig. 16 Lucciana. L’amphore de la tombe 33 in situ lors du Fig. 17 Lucciana. L’amphore de la T. 33 après recollage. retrait. En raison de sa position et de son niveau (sa faî­ zig-zag incisés, fabriquée localement sans doute. tière est plus bas que le mur de fondation de la C’est le seul objet qui ait été trouvé jusqu’ici dans façade), il semble que cette sépulture soit antérieure une tombe de la nécropole de San Parteo. Il n’est à la création de l’église paléochrétienne mais qu’elle pas aisé d’expliquer sa présence dans ce quartier fasse partie des sépultures chrétiennes de ce quar­ qui paraît comporter surtout des tombes chrétiennes, tier. sans matériel (long. des tuiles, 0,57m, réduite à 0,35 ; hauteur de l’amphorette, 0,15m) ; voir p. 44. Fig. 18 et 19 Lucciana. Position des débris de l’amphore de la tombe 10.

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