« Tout empire périra », selon l’adage de Jean-Baptiste Duroselle. Qu’en est-il des derniers mois de l’Empire colonial français ?
Comment l’Algérie a-t-elle inéluctablement basculé dans le drame ?
Pierre Pellissier se penche sur le sujet et vient établir un certain nombre de faits.
Oui, bien avant les accords d’Évian, des contacts entre l’État français et le FLN ont eu lieu contre l’OAS et les populations réfractaires à l’indépendance.
Oui encore, il y a eu un engagement commun contre le maquis de l’Ouarsenis activé et entretenu par cette même OAS. Ordre fut effectivement donné pour ouvrir le feu contre des civils, rue d’Isly à Alger, le 26 mars 1962. Un général français a bien refusé de voir les massacres d’Oran et de venir en aide aux dizaines de victimes.
L’ouvrage s’attarde notamment sur le refus de la métropole d’accueillir les harkis et autres supplétifs au service de la France. Sur son indifférence, également, devant l’exode des pieds-noirs. Enfin, il établit un bilan méticuleux des pertes subies par l’ensemble des forces en présence, civils comme militaires, durant les « événements d’Algérie », selon la formule consacrée par le gouvernement de l’époque, qui n’a jamais voulu parler de guerre.
Sous la plume particulièrement bien informée de l’auteur, se dessine un regard neuf et acéré sur ce qui apparaît comme la fin crépusculaire d’une période longue de cent trente ans.