L ES CRITIQUES EXTERNES DU MODELE AGROALIMENTAIRE AMERICAIN La multiplication des crises alimentaires depuis 2002 dans le monde a remis en cause le modèle agroalimentaire américain qui s’était jusqu’alors imposé comme référence. 12/2010 Auteur(s) : Laure BARBAZA, Armand DUTHEIL de LA ROCHERE, Antoine LOUBOUÉRIE, Haja RAMANANDRAIBE, Pierre-Yves ROGEYRON, Florent de SAINT VICTOR Avertissement et Copyright Ce document d’analyse, d’opinion, d'étude et/ou de recherche a été réalisé par un (ou des) membre(s) de l’AEGE. Préalablement à leurs publications et/ou diffusions, elles ont été soumises au Conseil scientifique de l'Association. L'analyse, l'opinion et/ou la recherche reposent sur l'utilisation de sources éthiquement fiables mais l'exhaustivité et l'exactitude ne peuvent être garantie. Sauf mention contraire, les projections ou autres informations ne sont valables qu'à la date de la publication du document, et sont dès lors sujettes à évolution ou amendement dans le temps. Le contenu de ces documents et/ou études n'a, en aucune manière, vocation à indiquer ou garantir des évolutions futures. Le contenu de cet article n’engage la responsabilité que de ses auteurs, il ne reflète pas nécessairement les opinions du(des) employeur(s), la politique ou l’opinion d’un organisme quelconque, y compris celui de gouvernements, d’administrations ou de ministères pouvant êtres concernés par ces informations. Et, les erreurs éventuelles relèvent de l’entière responsabilité des seuls auteurs. Les droits patrimoniaux de ce document et/ou étude appartiennent à l'Association, voire un organisme auquel les sources auraient pu être empruntées. Toute utilisation, diffusion, citation ou reproduction, en totalité ou en partie, de ce document et/ou étude ne peut se faire sans la permission expresse du(es) rédacteur(s) et du propriétaire des droits patrimoniaux. AEGE - Réseau d’experts en Intelligence Economique© 1 Ce document d’analyse, d’opinion, d'étude et/ou de recherche a été réalisé par un (ou des) membre(s) de l’AEGE. Préalablement à leurs publications et/ou diffusions, elles ont été soumises au Conseil scientifique de l'Association. L'analyse, l'opinion et/ou la recherche reposent sur l'utilisation de sources éthiquement fiables mais l'exhaustivité et l'exactitude ne peuvent être garantie. Sauf mention contraire, les projections ou autres informations ne sont valables qu'à la date de la publication du document, et sont dès lors sujettes à évolution ou amendement dans le temps. Le contenu de ces documents et/ou études n'a, en aucune manière, vocation à indiquer ou garantir des évolutions futures. 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Mots-clés OGM, Produit agroalimentaire, Eau, Sol, Obésité, Concurrence, Monopole, Standardisation, Agriculture, Dépendance, Ecologie, Post-tier-mondiste, Etats-Unis, Europe, Asie, Organisation internationale intergouvernementale, ONG, Consommateurs AEGE - Réseau d’experts en Intelligence Economique© 2 Ce document d’analyse, d’opinion, d'étude et/ou de recherche a été réalisé par un (ou des) membre(s) de l’AEGE. Préalablement à leurs publications et/ou diffusions, elles ont été soumises au Conseil scientifique de l'Association. L'analyse, l'opinion et/ou la recherche reposent sur l'utilisation de sources éthiquement fiables mais l'exhaustivité et l'exactitude ne peuvent être garantie. Sauf mention contraire, les projections ou autres informations ne sont valables qu'à la date de la publication du document, et sont dès lors sujettes à évolution ou amendement dans le temps. 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Laure BARBAZA Armand DUTHEIL de LA ROCHERE Antoine LABOUÉRIE Haja RAMANANDRAIBE Pierre-Yves ROGEYRON Florent de SAINT VICTOR Les critiques externes du modèle agroalimentaire américain « Bientôt lorsque nous nous mettrons à table, plutôt que de se souhaiter bon appétit, il faudra se souhaiter bonne chance » Pierre RHABI École de Guerre Économique Promotion XIV – Groupe 10 Exercice de Noël 2010 1 Sommaire Sommaire ...................................................................................................................... 2 Introduction .................................................................................................................. 4 Les critiques .................................................................................................................. 6 Critiques environnementales ...................................................................................... 7 Critiques concernant les OGM .......................................................................................... 7 Lʼallongement des trajets des produits agroalimentaires. ............................................ 10 La surconsommation dʼeau .............................................................................................. 12 Pollution, épuisement des sols .......................................................................................... 12 Critiques scientifiques et sanitaires .......................................................................... 16 Lʼaugmentation de lʼobésité ............................................................................................. 16 Les doutes sur les effets à long terme des OGM ............................................................. 19 Critiques économiques ............................................................................................... 21 La concurrence déloyale ................................................................................................... 21 Monopole des multinationales .......................................................................................... 21 Standardisation et mise à niveau forcée .......................................................................... 22 Dépendance des agriculteurs envers les firmes multinationales ................................... 22 Critiques idéologiques ............................................................................................... 24 - Les critiques écologistes .................................................................................................. 24 - Les critiques post-tiers-mondistes ................................................................................. 26 Critiques législatives et réglementaires .................................................................... 28 LʼEurope ............................................................................................................................ 28 LʼAsie .................................................................................................................................. 29 Critiques culturelles et sociales ................................................................................. 31 Unification des cultures ..................................................................................................... 31 Déstructuration de lʼexistant ............................................................................................ 31 Les acteurs .................................................................................................................. 33 Les acteurs politiques ................................................................................................ 34 Les organisations internationales intergouvernemantales ............................................ 34 Les États ............................................................................................................................. 35 Les syndicats agricoles ...................................................................................................... 38 Les partis politiques .......................................................................................................... 40 Les acteurs économiques ........................................................................................... 43 La société civile ........................................................................................................... 45 Les acteurs scientifiques ................................................................................................... 45 Les Organisations Non-Gouvernentales .......................................................................... 47 Les associations de consommateurs ................................................................................. 50 Les acteurs culturels .......................................................................................................... 52 Conclusion .................................................................................................................. 54 Annexes ....................................................................................................................... 57 Liste des sources ................................................................................................................ 58 Interviews ........................................................................................................................... 61 Focus illustrant les conclusions générales ....................................................................... 69 Planning de travail ............................................................................................................ 84 2 Plan de recherche .............................................................................................................. 86 3 Introduction La multiplication des crises alimentaires depuis 2002 dans le monde a remis en cause le modèle agroalimentaire américain qui s’était jusqu’alors imposé comme référence. Dès 1947, avec le Plan Marshall, les Etats-Unis ont déployé une réelle stratégie de diffusion de son mode de vie et de promotion de ses industries, dans une logique d’accroissement de puissance. Les États-Unis ont bien compris que l’agriculture est une des clés du développement et constitue la base de la pyramide du développement humain. D’ailleurs, Henry Kissinger disait bien « Qui contrôle le pétrole, contrôle les Etats, qui contrôle la nourriture, contrôle le peuple ». Or, aujourd’hui, le prix moyen des aliments est constitué de 20 % de matières premières agricoles, de 30 % de transformation industrielle et de 50 % de services et de marges. La maitrise de l’ensemble de la chaine agroalimentaire qui regroupe la recherche, la production, la transformation et la distribution de denrées alimentaires humaines et animales destiné à la consommation humaine, est donc essentielle pour maximiser son influence à l’échelle internationale. Les États-Unis se sont donc lancés dans la conquête du marché mondial via son industrie agroalimentaire. La mondialisation, marquée par l’ouverture des économies à l’échelle internationale a été l’occasion pour les Etats-Unis d’imposer leur modèle agricole et agroalimentaire aux autres Etats, qui avaient très peu de marge de manœuvre pour y résister. Le modèle agroalimentaire américain est caractérisé par une logique de rentabilité. L’agriculture s’est donc rationalisée et industrialisée. Cette industrialisation de la production a naturellement conduit à l’intensification, à la concentration ainsi qu’à la spécialisation agricole. C’est ainsi que quelques grandes industries agroalimentaires dominent le marché. Elles visent une standardisation des produits dans un modèle de production de masse. Au niveau mondial, la tendance à la concentration des industries agroalimentaires s’accélère dans le contexte de croissance économique élevée des pays émergents qui ont adopté le modèle de l’économie de marché. L’augmentation constante de la productivité des terres nécessaire aux bénéfices économiques ont conduit les industries agroalimentaires à chercher d’autres moyens pour accroitre cette effficacité. Elles ont donc financées des laboratoires de recherche pour qu’ils créent des produits, si possible performants, mais qui assurent surtout un important retour sur investissement. C’est le cas des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) et des produits chimiques. Ces industries agroalimentaires très puissantes s’exportent et imposent leurs normes et leur fonctionnement dans la quasi- totalité des Etats du monde. 4 rentabilité hyperconcentration industrialisation de des industries l'agriculture Modèle agroalimentaire américain innovation spécialisation scientifique agricole Néanmoins, l’émergence de nouvelles problématiques change les règles et interroge ce modèle agricole. Les nouveaux enjeux à prendre en compte sont les suivants : - L’augmentation de la population mondiale ; - Le manque de ressources (en terres arables et en eau) ; - Le problème de la faim ; - Les préoccupations environnementales ; - Les préoccupations sanitaires ; - La sécurité agricole pour tous les pays. Bref, il faut produire plus, dans des conditions durables, dans un contexte de diminution des terres arables disponibles, de restriction des ressources en eau et en préservant l’environnement. Même si aujourd’hui ce modèle agroalimentaire américain est remis en cause, il n’existe pas d’alternatives crédibles à court terme. Il existe des critiques d’ordre environnementales, scientifiques, idéologiques et politiques, législatives et enfin culturelles. Néanmoins, celles-ci mériteraient d’être plus vives et mieux défendues, c’est-à-dire avec des acteurs crédibles et organisés, car il s’agit là, comme le dit Jean-Claude Martinez, d’une « véritable guerre, multipolaire et multi –objets, en pleine mutation ». La liste exhaustive des critiques externes était impossible à répertorier dans un temps de travail restreint. Nous avons donc décidé de ne traiter que les critiques les plus souvent répétées par différents types d’acteurs. Chaque critique est illustré par un exemple, qui nous semblait le plus pertinent. Ensuite pour analyser l’impact de ces critiques et le poids qu’elles pouvaient avoir sur le modèle agroalimentaire américain, nous avons décidé d’analyser le pouvoir d’influence des acteurs qui les portent. 5 Les critiques 6 Critiques environnementales Le modèle agroalimentaire américain fait l’objet de nombreuses critiques d’ordre environnemental, plus ou moins fondées et démontrées scientifiquement, plus ou moins partagées. Il serait responsable de la multiplication du nombre de kilomètres parcourus par les produits agroalimentaires, de la surconsommation d’eau, de l’épuisement des sols lié à une utilisation abusive de pesticides, de la disparition alarmante des abeilles,… Mais avant tout, ces critiques se cristallisent autour des OGM, symbole même de l’appareil agroalimentaire américain et de ses fleurons industriels, tels Monsanto notamment. De même que les chiffres concernant les OGM sont sujettes à discussion, il n’y a pas, pour l’instant, de travaux scientifiques irréfutables allant dans le sens d’une importante dégradation environnementale lié aux OGM, mais l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence. Critiques concernant les OGM Les OGM naissent en 1983 en Belgique. Cette nouvelle génération de plantes détient un formidable potentiel : réduction des coûts de production, augmentation de la résistance des plantes aux maladies, augmentation de la productivité,… Aujourd’hui, les OGM atteignent 8,9% des cultures mondiales. Ces OGM sont toujours répartis seulement en 4 plantes (soja, maïs, coton, colza) dont les 2 premières totalisent 83% de l'ensemble, malgré les nombreuses autorisations de cultures non exploitées. Le continent américain regroupe 89% de toutes les surfaces d'OGM, ou 97% des OGM alimentaires, hors coton indien et chinois. En Europe, au contraire, on trouve moins de 0,2% des OGM, principalement en Espagne. Très rapidement le débat va devenir difficile et les positions tranchées entre les firmes biotechnologiques, les producteurs, les agriculteurs, les consommateurs, les gouvernements, les agences internationales de l'ONU ou encore les ONG. C hiffres-clés en 2009 (source ISAAA) : 1 34 millions d’hectares dans le monde • 14 millions d’agriculteurs dans 25 pays • 8 pays cultivent chacun plus d’un million d’hectares de plantes transgéniques : > 64 millions d’hectares aux États-Unis ; 21,4 au Brésil ; 21,3 en Argentine ; 8,4 en I nde ; 8,2 au Canada ; 3,7 en Chine ; 2,2 au Paraguay et 2,1 en Afrique du Sud > 52 % des cultures transgéniques sont des variétés de soja : 69,2 millions d’hectares > 73% des plantes transgéniques cultivées sont tolérantes à certains herbicides ( principalement du soja), 18% sont résistantes à certains insectes ravageurs. > 21 % des variétés OGM conjuguent le caractère de tolérance herbicide et celui de t olérance aux insectes. - Qu'est-ce qu'un OGM ? Il existe de nombreux types d’OGM : animaux, plantes, bactéries, levures. Le débat s’est souvent focalisé sur les OGM agro-alimentaires. Il s'agit d'organismes auxquels 7 on a modifié le patrimoine génétique. Fabriquer des OGM, c'est prendre un gêne chez un animal ou un végétal et l'introduire chez un autre animal ou un autre végétal (par exemple, un gêne de poisson dans une fraise pour la rendre résistante au gel. Ils sont considérés comme un franchissement des barrières de l’espèce. Certains pensent que c’est une pollution vivante, incontrôlable et irréversible si on s'y livre en plein champ. - Les différents types d' OGM Il existe trois types d'OGM : • Les OGM portant un gène de résistance à un insecte (OGM pesticide) ; • Les OGM portant un gène de résistance à un herbicide (OGM herbicide) ; • Les OGM représentant un produit amélioré au point de vue nutritif. 1 Les OGM pesticides : OGM pesticides : Avantage : Les OGM pesticides améliorent la quantité et la Ceux qui résistent aux parasites qualité de la production. Les agriculteurs peuvent diminuer la possèdent un gène issu d'une bactérie du quantité d'insecticide qu'ils appliquent aux cultures et sol nommée Bacillius thuringiensis ou Bt. améliorer leur bénéfice. Ce gène amène la plante à produire une protéine néfaste pour les insectes nuisibles à la plante cultivée. Ceux qui résistent aux virus comme le PLRV (virus responsable de la maladie de l'enroulement de la feuille de Inconvénients : Il y a le risque que certains insectes pommes de terre) ou au virus PVY (maladie développent une résistance au gène Bt et deviennent ainsi de virale destructrice et transmise par le " super " insectes nécessitant alors deux fois plus de pesticide pucerons ) ou au virus dévastateur de la pour être éliminés. patate douce . Un autre risque est que certaines espèces d'insectes essentielles à l'écosystème disparaissent parce que l'insecticide est sécrété de façon continue par ce type de plantes modifiées. Avantages : Ces OGM permettent aux agriculteurs de semer plus tôt, et d'utiliser des variétés à haut rendement et à maturation tardive, donc d'effectuer de plus gros bénéfices. Ils peuvent également arroser leurs cultures d'herbicide (dans le cas des éléments cités ci-dessus du Roundup produit également par Monsanto) dès que les premières pousses apparaissent puisqu'elles sont indifférentes à ce produit ce qui 2 Les OGM herbicides n'est pas le cas avec une plante non modifiée. De plus un Ces OGM possèdent un gène de seul herbicide suffit puisque le Roundup contrôle 145 espèces rpéasri slata mncêem eà fuirnm eh eqrubeic cideell ed qounin pér,o dpuroit dleusit dpeo umr la'augvraicisueltse uhre. rbes, ce qui représente moins de dépenses semences modifiées. Exemple d'OGM herbicides : Le Maïs, le Coton, le Colza et le Soja Roundup Ready, produits par Monsanto sont résistants à l'herbicide total Roundup également produit par Monsanto. Inconvénients : Risque que les plantes sauvages développent une résistance à l'herbicide et qu'il faille, par conséquent utiliser des produits plus puissants. Un autre risque est que les agriculteurs vaporisent plus d'herbicides puisque leurs cultures y sont insensibles. Cette trop large diffusion d'herbicide pourraient détruire certaines mauvaises herbes consommées dans certains pays en développement. La perte de ces espèces diminue la biodiversité. L'herbicide étant produit par la même firme que les semences, l'agriculteur se trouve la dépendant de son fournisseur. 8
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