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Les collègues du prince sous Auguste et Tibère: de la légalité républicaine à la légitimité dynastique PDF

712 Pages·1997·57.38 MB·French
by  Hurlet
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COLLECTION DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME - 227 LES COLLÈGUES DU PRINCE SOUS AUGUSTE ET TIBÈRE FRÉDÉRIC HURLET Frédéric HURLET LES COLLÈGUES DU PRINCE SOUS AUGUSTE ET TIBÈRE DE LA LÉGITIMITÉ RÉPUBLICAINE À LA LÉGITIMITÉ DYNASTIQUE La restauration par Auguste de la collégialité à la tête de l'État ne constitue pas le moindre des para­ doxes d un régime qui reposait par ailleurs sur le charisme du pnnceps. Il y avait là une expérience de gouverne­ ment qui avait une originalité et qui mérite une étude d ensemble. La per­ manence au début de l'Empire de la notion de collega est un phénomène bien attesté qui justifie l'attention portée à l'analyse des pouvoirs exer­ cés dans un cadre collégial; ce qu'il est d'usage de désigner par la «co-ré- gence» n'est donc pas une fiction juri­ dique et s'apparente à une réalité du droit public. Point de départ obligé, l'approche constitutionnelle inscrit cette nouvelle forme de partage des pouvoirs dans le cadre et le prolonge­ ment des institutions républicaines : la «co-régence» apparaît à ce titre comme une composante du principat qui contribue à renforcer le mythe de la Res publica restituta. Mais il fallait aussi élargir la perspective, et décou­ vrir ce qui se cachait derrière une telle façade légale. La vision des Ita­ liens et des provinciaux permet à cet égard de dévoiler ce qui restait encore de iure un arcane, dans la mesure où le collègue du prince était perçu en dehors de Rome comme le membre de la Domus Augusta et le garant de la continuité familiale du pouvoir. On est ainsi passé avec Auguste de l'an­ cienne collégialité concurrentielle à une nouvelle collégialité dynastique : transformation capitale qui définit mieux le rôle joué par les différents «co-régents» (Agrippa, Drusus l'An­ cien, Tibère avant son avènement, Germanicus et Drusus le Jeune) et qui vient réalimenter le débat sur l'ambi­ guïté foncière du régime impérial. ISSN 0223-5099 ISBN 2-7283-0372-X COLLECTION DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME 227 FRÉDÉRIC HURLET LES COLLÈGUES DU PRINCE SOUS AUGUSTE ET TIBÈRE DE LA LÉGALITÉ RÉPUBLICAINE À LA LÉGITIMITÉ DYNASTIQUE ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME PALAIS FARNESE 1997 Imprimé sur papier permanent conforme à la norme ISO/CD 9706 SO/CD »70» © - École française de Rome - 1997 ISSN 0223-5099 ISBN 2-7283-0372-X Diffusion en France: Diffusion en Italie: DIFFUSION DE BOCCARD «UERMA» DI BRETSCHNEIDER 11 RUE DE MÉDICIS VIA CASSIODORO 19 75006 PARIS 00193 ROMA SCUOLA TCPOGRAFICAS . PIO Χ - VIA ETRUSCHI, 7-9 ROMA AVANT-PROPOS In memorìam avi mei Ce livre est né d'un travail universitaire : une thèse de doctorat soutenue à l'Université Michel de Montaigne-Bordeaux III le 21 jan­ vier 1995. Il n'aurait pu être écrit sans de nombreux concours qu'il nous est agréable de rappeler. Je remercie avant tout Monsieur le Professeur J.-M. Roddaz, l'instigateur et le promoteur de cette thèse, pour avoir suivi constamment et avec bienveillance l'avancement de mes travaux tout au long de ces quatre années de préparation; ses remarques critiques, toujours constructives, m'ont permis de nuancer certains jugements initiaux un peu trop hâtifs. Ma reconnaissance s'adresse également à Monsieur le Professeur P. Arnaud, qui m'a accueilli si amicalement à Nice, pour l'attention qu'il a toujours portée à cette étude; j'associe volontiers à ces remer­ ciements Annie Arnaud pour m'avoir spontanément proposé de relire cette thèse et s'être acquittée de cette tâche avec son acribie coutumière. J'ai une pensée tout particulière pour J.-P. Bost, devant lequel c'était un plaisir de présenter au cours des séminaires des dossiers en préparation; il m'a fait profiter à ces occasions de sa connaissance de 1 epigraphie latine et m'a communiqué sa passion pour cette discipline de l'histoire ancienne. Enfin, je remercie les membres du jury pour les suggestions communiquées avant et après la séance de soutenance : Monsieur le Professeur R. Etienne, le pré­ sident du jury, qui m'a notamment proposé un titre plus en adéqua­ tion avec le sujet traité; Monsieur le Professeur Cl. Nicolet, qui m'avait déjà accueilli comme boursier de l'Ecole Française de Rome en tant que directeur de cette institution et qui a insisté pour que cette thèse soit publiée dans les meilleurs délais dans la Collection de l'Ecole Française de Rome; Monsieur le Professeur J. Scheid, qui m'a aidé pour la correction de la thèse, notamment sur les questions religieuses; Monsieur le Professeur F. Millar, qui s'était déplacé spé­ cialement d'Oxford pour la soutenance et qui m'a signalé l'impor­ tance de la teneur des serments au prince et à la famille impériale dans le cadre de mon étude sur la «co-régence». La préparation de cette thèse a eu ceci d'enrichissant et de sti- Vili AVANT-PROPOS mulant qu'elle m'a donné l'occasion de rencontrer durant ces quatre années des savants de différentes nationalités, qui ont eu la gen­ tillesse de me communiquer les résultats de leurs travaux avant même qu'ils ne soient publiés. W. Eck m'a transmis l'ensemble du Senatus consultum de Pisone pâtre dès le moment où il a su que j'étu­ diais la «co-régence» et m'a donné l'autorisation de reproduire, dans le cadre de la thèse, un passage capital pour mes recherches; il m'a par ailleurs souvent reçu à Cologne et m'a toujours tenu informé à ces occasions des avancées de l'édition de ce document épigra- phique. Je remercie également J.-Ch. Balty, avec qui je me suis entretenu longuement de différents problèmes iconographiques et qui a bien voulu relire de façon critique la partie de la thèse consa­ crée à ces questions. J'associe à ces remerciements E. La Rocca et Ph. Moreau, qui m'ont communiqué le texte des communications prononcées au colloque de Cassino, ainsi que K. M. Girardet, qui a bien voulu me recevoir à Sarrebrück et me faire part de ses nou­ velles interprétations liées à la question de Yimperium. Qu'ils trouvent tous ici l'expression de ma gratitude. Je veux enfin adresser ma reconnaissance à trois institutions scientifiques qui m'ont permis de réaliser cette thèse dans les meil­ leures conditions. - Le Centre Pierre Paris de l'Université de Bordeaux III a constitué un cadre idéal pour la préparation de cette étude. Parmi les membres de ce Centre de recherches, il ne m'est pas possible de mentionner tous ceux et celles qui, d'une manière ou d'une autre, m'ont encouragé ou ont aidé à la réalisation de cet ouvrage. - L'Ecole Française de Rome m'a accueilli à trois reprises comme boursier et mis à ma disposition une bibliothèque qui s'est avérée être un incomparable instrument de travail; elle donne à cette thèse une dimension nouvelle en acceptant de la publier et d'en soumettre ainsi les résultats à la communauté scientifique. - L'Institut Historique Belge de Rome m'a accueilli comme boursier quand j'ai commencé mes recherches; il m'a ensuite constamment encouragé en me permettant de me rendre régulière­ ment à l'Academia Belgica de Rome. Enfin, je m'en voudrais de ne pas évoquer les quatre belles années passées à Bordeaux, qui ont constitué pour l'étudiant que j'étais une occasion unique de rédiger une thèse, et je remercie tout particulièrement tous ceux qui ont rendu ce séjour fructueux, stimu­ lant et pour tout dire agréable : notamment J.-M. Roddaz, qui a rendu tout cela possible, et mon ami Samir Aounallah. À tous ces adiutores, cet ouvrage doit un peu quelque chose. INTRODUCTION Issu d'une longue guerre civile, le principat est un régime tout à fait original qui consacrait une rupture avec l'ancien ordre républi­ cain tout en s'inscrivant dans le prolongement des institutions tradi­ tionnelles. Telle était la solution trouvée par Auguste pour sortir d'une crise qui semblait jusqu'alors «sans alternative»1. Les deux élé­ ments en apparence contradictoires qui constituaient l'essence même du nouveau régime sont bien connus : d'une part la restitutio formelle de la Res publica au Sénat et au peupley qui fut effective à partir du 13 janvier 27 av. J.-C.2; d'autre part l'affirmation par Auguste d'un incontestable pouvoir monarchique à travers, notam­ ment, le titre de princeps, son Imperium extraordinaire sur les pro­ vinces et la domination sans partage de la vie politique romaine. L'ambivalence de la position du prince constitue une donnée fonda­ mentale sur laquelle doit reposer toute étude sur le principat augus- téen : parler d'Auguste signifie somme toute parler aussi bien de pouvoir accepté que de pouvoir déguisé ou refusé3. Il serait réduc­ teur, dans ces conditions, de définir le nouveau régime comme une monarchie simplement tempérée par quelques survivances républi­ caines; la réalité est beaucoup plus complexe et il vaut mieux s'inter­ roger sur l'interaction entre la volonté d'Auguste de fonder un régime qui lui donne la première place et l'obligation de ne pas bou­ leverser les anciennes institutions. En définitive, la problématique qui est à la base de nos recherches sur le régime impérial, du moins à sa fondation, n'est pas de déterminer s'il faut analyser le principat augustéen davantage comme une monarchie que comme une res- 1 Sur la notion de «crise sans alternative», cf. Chr. Meier, RPA, p. 201-205; sur la solution trouvée par Auguste, cf. du même auteur, Augustus, p. 225-287 et César, p. 474-476. 2 Cf. les Fastes de Préneste : quod rem publicam popülo romano restituii (Inscr. It., XIII, 2, p. 112-113 et 396-397 = E-J, 45); cf. aussi Res Gestae, 34, 1 : in consulatu sexto et septimo, postquam bella civilia exstinxeram, per consensum uni- versorum potitus rerum omnium, rem publicam ex mea potestae in senatus popu- lique romani arbitrìum transtuli. 3 Cf. Eder, Augustus and Power of the Tradition, p. 71. 2 INTRODUCTION tauration républicaine, ou défendre la thèse inverse; il est au contraire plus justifié de montrer dans quelle mesure et de quelle façon le prince a su concilier - et légitimer - son pouvoir incontes­ tablement monarchique avec une «constitution»4 républicaine qu'il a toujours prétendu respecter5. J. Bleicken rappelle dans ce sens que le principat est «der Aufbau einer monarchischen Ordnung als eine Rechtsordnung», le Recht étant défini par le savant allemand comme le droit public de la République6. L'ambiguïté du pouvoir impérial est une réalité inhérente au nouveau régime sur laquelle reposait toute l'action d'Auguste. Le partage des responsabilités à la tête d'un tel régime constitue à cet égard, tout au long du Haut-Empire, un phénomène caractéristique et complexe qui pourrait jeter un éclairage nouveau sur le caractère hybride du principat, mais le thème de l'association au pouvoir impérial compte paradoxalement parmi les sujets négligés par la recherche historique. Il est pourtant bien connu que quel que soit leur mérite, les empereurs ne purent, seuls, tout diriger et attri­ buèrent à des proches une position qui apparaît fondée sur un par­ tage de tout ou partie des pouvoirs impériaux davantage que sur une simple délégation de compétences. Il y avait là une expérience de gouvernement de l'Empire qui avait une originalité et une cohérence et qui mérite une étude d'ensemble. 4 II est bien connu qu'il n'y a jamais eu à Rome l'équivalent d'une constitu­ tion écrite et que les règles fondamentales de la vie politique étaient régies par un ensemble complexe de coutumes que les Romains appelaient mos maiorum (cf. dans ce sens Bleicken, Verfassungs-und Sozialgeschichte, t. I, p. 20-25 et M. Du- cos, Les Romains et la loi. Recherches sur les rapports de la philosophie grecque et de la tradition romaine à la fin de la République, Paris, 1984, p. 30-31); aussi pren­ drons-nous soin d'utiliser ce terme entre des guillemets par souci d'éviter un ana­ chronisme. Voir aussi sur cette question la nouvelle perspective de A. Giovannini, De Niebuhr à Mommsen : remarques sur la genèse du «Droit public», dans Cahiers du Centre Glotz, 3 (1992), p. 174-176. 5 Cf. dans un sens très proche les propos méthodologiques de M. I. Finley, L'invention de la politique, traduit de l'anglais par J. Carlier, Paris, 1985, p. 53 : «Il est facile de démontrer (à propos de la restitutio de la Res publica au Sénat et au peuple dont il est question dans les Res Gestae) que de telles affirmations sont fausses, mais c'est un exercice assez vain. La question pertinente n'est pas : Au­ guste a-t-il restauré la République? mais bien : les Romains et les Italiens en nombre suffisant se sont-ils persuadés qu'il l'avait fait? Ce qui importait, c'était la capacité qu'avaient les sociétés stables de maintenir sans pétrification à travers les changements leur profond sens de la continuité, leur adhésion résolue à ce que les Grecs appelaient νόμος, et les Romains mos, la pratique ordinaire, l'usage, la coutume». 6 Prinzipat und Republik, p. 80. Cf. aussi Kienast, Augusteischer Prinzipat ab Rechtsordnung, p. 115-141 et W. Dahlheim, Die Antike. Griechenland und Rom von den Anfängen bis zur Expansion des Islam, Paderborn, 1994, p. 478-479. INTRODUCTION 3 La collaboration entre le princeps et un «second» est une pra­ tique qui remonte à la création du régime impérial : Agrippa constitue la figure emblématique de Yadiutor dévoué et fidèle7, mais il n'est pas le seul à avoir secondé Auguste tout au long du premier principat; Drusus l'Ancien, Caius César et Tibère se sont ensuite suc­ cédé aux côtés du prince. Le partage des principaux pouvoirs se per­ pétua sous le principat de Tibère avec Germanicus et Drusus le Jeune, mais il tomba en désuétude à partir de 23 ap. J.-C, à la mort de ce dernier; il n'est ensuite attesté sous les Julio-Claudiens qu'à une seule reprise, lorsque Néron fut investi le 4 mars 51 d'un Impe­ rium proconsulate extra Vrbem*. Une telle pratique réapparut sous les Flaviens avec Vespasien et Titus, puis sous les Antonins de façon régulière, et avec les paires suivantes : Nerva-Trajan (fin 97-janvier 98), Hadrien-Aelius César (137-138), Hadrien-Antonin (février 138- juillet de la même année), Antonin-Marc Aurele (147-161), Marc Aurèle-Lucius Vérus (161-169) et Marc Aurèle-Commode (176-180). L'expérience se poursuivit sous les Sévères «avec Septime Sévère, Caracalla et Géta et trouva une forme institutionnelle bien définie avec la création par Dioclétien de la Tetrarchie. Dans une des rares monographies consacrées spécifiquement à la question du partage des pouvoirs impériaux, E. Kornemann dresse en annexe des tableaux chronologiques qui témoignent de l'ampleur d'un tel phé­ nomène : le savant allemand enregistre 125 années d'association à la tête de l'État sur les 320 années qui s'écoulent entre la création du régime par Auguste et l'instauration de la Tetrarchie9. Diverses solu­ tions ont été déjà avancées pour expliquer la coexistence de deux, voire trois, collaborateurs à la tête d'un régime que l'on a tendance à qualifier de principat unitaire un peu trop rapidement et sans tou­ jours chercher à comprendre la nature profonde de ce type si parti­ culier d'association : faut-il lier la naissance d'une telle pratique à la restauration formelle du principe républicain de la collégialité? S'agissait-il dès l'origine d'un moyen déguisé pour désigner et imposer le successeur? Faut-il analyser une telle collaboration comme une nécessité pour le prince de se décharger d'une partie des nombreuses tâches étendues à un aussi vaste Empire? Ou doit-on penser que loin de s'exclure, ces trois hypothèses correspondent cha­ cune à une part de la réalité? La réponse à une telle question est, on en conviendra, liée à la définition même de la nature du régime impérial et pourrait apporter de nouveaux éléments de réponse à un problème débattu depuis si longtemps. 7 Cf. Veli., II, 127. 8 Cf. Tac, Ann., XII, 41, 1. 9Doppelprinzipat, p. 179-184.

Description:
La restauration par Auguste de la collégialité à la tête de l'État ne constitue pas le moindre des paradoxes d un régime qui reposait par ailleurs sur le charisme du pnnceps. Il y avait là une expérience de gouvernement qui avait une originalité et qui mérite une étude d ensemble. La perm
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