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Les cinémas d'Afrique Noire: Le regard en question PDF

352 Pages·1996·16.84 MB·French
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LES CINEMAS D'AFRIQUE NOIRE Le regard Ut en question cu r- r- . cu .... L :s r- D. Ut cu ~ ta . E .... Collection Images plurielles dirigée par Olivier Barlet Face à la menace de standardisation occidentale, la collection Images plurielles se donne pour but de favoriser la recherche, la confrontation et l'échange sur les scènes et écrans oeuvrant de par le monde à une pluralité de l'image. Elle est ouverte aux champs de l'écriture, de l'esthétique, de la thématique et de l'économie pour le cinéma, l'audiovisuel et le théâtre. Elle privilégie, hors de toute chapelle de pensée, la lisibilité du texte, la liberté des idées et la valeur documentaire. l'Éveil de la conscience critique Les normes culturelles en question dans la première Revue du cinéma, Bernadette Plot, 1996. De 1928 à 1931, à la charnière du muet et du parlant et à l'époque du surréalisme, l'équipe de la Revue du cinéma forge un «manifeste» pour un cinéma irréductible à l'uniformité. La dérision et la révolte de leurs écrits sur l'intellectualisme, la critique, la création, la technique, le commerce et les stars sont d'une surprenante actualité. littérature et cinéma en Afrique francophone: Ousmane Sembène et Assia Djebar, Sous la direction de Sada Niang, 1996. A la hardiesse politique et idéologique d'Ousmane Sembène répond l'élaboration méticuleuse de regards, de voix, de sonorités, d'espaces naturels et surtout de mémoire d'Assia Djebar. Des universitaires africains et nord-américains délimitent les lieux, moments et modalités de ces choix créatifs. (suite enpage 4) Olivier Barlet les Cinémas d'Afrique noire . . le regard en question Editions L'Harmattan L'Harmattan Inc. 5-7, rue de l'Ecole- 55, rue Saint-Jacques Polytechnique Montréal (Qc) 75005 Paris (France) Canada H2Y lK9 Collection Images plurielles (suite) Pour une critique du théâtre ivoirien contemporain, Koffi Kwahulé, 1996. Des méandres de l'Ecole de Ponty dans les anriées 30 aux expérimentations de la Griotique et du Didiga, une analyse sans complaisance des oeuvres des principaux dramaturges de Côte d'Ivoire, à l'heure où le théâtre africain ne se conçoit plus seulement comme un instrument de lutte politique et ose faire éclater les formes héritées dumodèle colonial. Le Cinéma sud-coréen: du confucianisme à l'avant-garde Splendeurs et misères du réalisme dans le nouvel ordre spectaculaire, Antoine Coppola, 1996. Après avoir produit des chefs d'oeuvres du réalisme mélodramatique et des monuments du cinéma révolutionnaire, le cinéma sud-coréen donne naissance àune «Nouvelle Vague» à la fois superficiellement moderniste, ultra-réaliste et expérimentale. Le concept avant-gardiste de spectacle social permet d'en montrer la valeur exemplaire pour le cinéma mondial. Photo de couverture: Djibril Diop Mambety et Mansour (Ç) Diouf sur le tournage de Hyènes (1992). Félix von MuraltlLookat. Cet ouvrage a été réalisé avec le concours de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de I'Homme. (Ç) L'Harmattan 1996 ISBN: 2-7384-4877-1 Avant-propos «Tu mens lorsque tu affirmes que nous sommes pareils J'appelle ce peuple àtémoigner devant I'histoire Nous ne sommes pas ce que nous sommes! » Francis Bebey, Concert pour unvieux masque. Ce livre est un piège. Je pensais au départ faire oeuvre journalistique, simple description d'un phénomène, afin de relier mes deux passions: l'Afrique et le cinéma. Mais la complexité du sujet, et sa richesse, m'ont vite rattrapé. Sije m'attaquais au regard occidental sur le cinéma africain, je ne pouvais rester simpliste, au risque de déboucher sur ce que je voulais condamner: les lieux communs et les faux-semblants. J'ai tenu cependant à délaisser le terrain de l'hermétisme et des jargons car ce livre se veut avant tout invitation au voyage. A un voyage dans un autre continent, certes, mais aussi à un voyage intérieur. S'ouvrir à une cinématographie différente n'est pas neutre car l'enjeu est la remise en cause de son propre regard. Cela demande du courage car cela passe par la confrontation avec ses propres origines. Mais cela vaut le détour car c'est un moyen parmi d'autres de ne pas s'y figer, et donc de sortir de la bêtise. Celle de l'autosatisfaction et de la vérité universelle. L'Afrique est plurielle. Son cinéma aussi. D'où le pluriel du titre. Une grande unité traverse cependant l'Afrique noire, dans un continent longtemps isolé du reste du monde mais vibrant de nombreus~s migrations. Les civilisations négro- africaines sont multiples mais ces intégrations ont fondé une 5 communauté de culture qui ne s'arrête pas à la polygamie ou à la monarchie héréditaire. La recherche de la décision unanime dans les assemblées, la primauté de la parenté, une éducation intégrante, la recherche de I'harmonie dans les relations sociales et la valeur accordée à la force vitale de l'individu sont des traits communs que soude un sens de la vie cherché en elle-même et non seulement dans un au-delà: le respect des ancêtres n'empêche pas le Sénégalais Moussa Sene Absa d'inscrire sur un mur de son film Yalla Yaana (1995) : «La vie n'est qu'une scène de théâtre. Chacun joue son rôle et disparaît. » L'absence d'industries du cinéma empêche les cinémas d'Afrique noire d'accéder à des identités nationales. Qui connaît l'origine de tel ou tel réalisateur? C'est un Africain! Pourtant, nombre de "cinéastes africains" se sentent engoncés dans cette étiquette qui leur colle à la peau comme un carcan, les rendant certes tributaires des imperfections des autres mais surtout de la réduction méprisante ou paternaliste qu'opère le spectateur occidental. Ils se défendent, comme tant de plasticiens non occidentaux, de faire du "cinéma africain" :ce sont des artistes, ils font du cinéma. Mon approche est thématique dans la première partie, narrative dans la seconde, économique dans la troisième. Mais le sujet reste le même: notre regard sur l'Autre et sur l'ailleurs. Plutôt que de rechercher de soi-disantes vérités, j'ai cherché à me laisser désorienter: en quoi ce passage par l'origine qu'opèrent les cinémas d'Afrique noire dans leur quête d'identité me touche-t-il si profondément? Comment la fiction, l'image, la langue et le son se font-ils vecteurs de ce questionnement et quelle en est la base culturelle? Comment rester créateur face aux questions sans cesse posées du public et de l'argent? Ma conclusion sera que cette cinématographie nous convie à un véritable apprentissage du regard. J'ai mis de côté toute chronologie, rejeté la rigueur documentaire pour accueillir la diversité, cherché à donner au maximum la parole aux cinéastes, joué avec les titres pour laisser une part d'incertitude afin de privilégier les films tels qu'ils me venaient en tête et entraîner le lecteur avec moi dans une ballade où l'on ne sait ce que cache le détour du chemin... 6 Une invitation au voyage donc, mais dans un temps très court: les limites d'un livre, celles de l'écrit pour parler de l'image. Un proverbe yoruba ne dit-il pas que «même nombreux, les mots ne remplissent pas un panier»? Mais une aventure où la complexité peut déboucher sur des idées simples, car l'Afrique nous apprend mieux que quiconque que tout est relié et qu'isoler les choses serait les réduire une fois de plus. Un parti-pris peut-être critiquable: celui de n'être jamais négatif sur la forme d'un film. Loin de moi l'idée de souscrire à ce paternalisme bien partagé qui sous-entend que ces films sont «un peu ratés mais tellement sympathiques ». Plutôt le désir de ne pas balayer un film d'un coup de crayon par des jugements à l'emporte-pièce, sans prendre le temps de l'analyse. Le lecteur saisira bien quels sont mes coups de cœur. Mon propos est ailleurs: saisir l'intérêt d'un regard autre. Ce livre ne sera donc pas le lieu de l'éternelle comparaison avec notre propre cinéma. «Pourquoi met-ilIa main dans une chemise qu'il ne porte pas? »1 se demanderont certains. Amadou Hampâté Bâ, disait: «quand la chèvre est présente, il ne faut pas bêler à sa place». Je crois avoir compris qu'il est vain de parler pour les autres. Ce livre n'a pas pour prétention d'écrire 1'histoire du cinéma africain à la place des Africains. Mon propos est mon propre regard. Car l'Afrique et son cinéma, c'est-à-dire le regard qu'elle porte sur elle-même et sur le monde, m'aident à extirper de mon regard occidental ce qui s'y cache à mon insu: cette terrible façon de tout ramener à soi, de se croire universel, qui conduit à détruire l'Autre pour finalement se détruire soi-même, et cette esthétisation du monde qui nous fait davantage chercher dans l'image de l'Autre une séduction qu'une compréhension. Que l'on n'y cherche pas les traces d'une quelconque culpabilité. Simplement le désir que ce livre soit, comme le disait Kafka, «la hache qui brise la mer gelée en nous ». 1.Proverbe cité dans Wariko (Le Gros lot, Fadika Kramo-Lanciné, Côte d'Ivoire 1993). 2. In: Amadou Hampâté Bâ, entretien filmé réalisé par Ange Casta et Enrico Fulchignoni (1969). 7 L'Afrique et son cinéma m'aident à comprendre que la lassitude queje ressens souvent face aux images de chez moi a un sens. En somme, que l'espoir est permis. Qu'un autre regard existe, même s'il est douloureux, même s'il est contradictoire. Que ce regard réveille en moi ce qui me parle de mon appartenance à l'humanité. Et qu'il y aurait beaucoup à découvrir, beaucoup à comprendre. Avec cette douce certitude: que l'interrogation porte des germes de réponse. Comme me le disait Flora Gomes, cinéaste de Guinée-Bissau, «se poser la question, c'est déjà comprendre quelque chose ». Amadou Hampâté Bâ expliquait également que la vie de l'homme comporte neuf degrés de sept années. De 1à 7 ans, l'enfant est à l'école de sa mère et de 7 à 14, il passe à l'école de l'extérieur, non sans demander à sa mère si ce qu'il apprend est vrai. De 14à 21, il raisonne et se confronte éventuellement à sa mère. Durant les 21 années suivantes, il approfondit ces initiations et yjoint une pratique. A 42 ans, il a droit à la parole et dispose de 21 ans pour enseigner, c'est- à-dire rendre aux autres ce qu'il a compris, avant d'atteindre 63 ans, âge àpartir duquel il peut continuer à donner mais où l'on n'exigera plus rien' de lui. Entendre cette sagesse me conforte et m'émeut, car j'ai depuis peu atteint l'âge de la parole. Je sais pourtant que ma réflexion ne fait que commencer. Que le lecteur veuille donc bien accepter ce livre comme une étape. Car comme le disait encore Amadou Hampâté Bâ, «il faut savoir qu'on ne sait pas, car si tu sais que tu ne sais pas, tu sauras, mais si tu ne sais pas que tu ne sais pas, tu ne sauras pas. » J'ai tenu par d'abondantes notes à citer mes sources. Autant être clair. Toute création est un peu vampire, disait Manu Dibango. Une œuvre n'est ainsi que la branche d'un arbre: elle ne modifie que bien peu le tronc de la connaIssance. Quant aux illustrations, je me suis attaché à rendre une ambiance. Plutôt que de reproduire des photos de films souvent réductrices, j'ai privilégié celles des tournages. J'ai cherché aussi à montrer comment le cinéma se présente à son public: affiches, couvertures de disques de musiques de films, salles de cinéma... 8 Mes remerciements vont àtous ceux qui m'ont accueilli et ont pris, à Abidjan, Cannes, Londres, Manosque, Milan, Montréal, New York, Ouagadougou et Paris, souvent plus d'une heure de leur temps pour un entretien quej'ai voulu le moins directif possible. Ce sont les cinéastes d'Afrique mais aussi ceux qui accompagnent cette cinématographie. J'espère n'en oublier aucun : Les acteurs et réalisateurs John Akomfrah, David Achkar, Sidiki Bakaba, Ola Balogun, Timité Bassori, Jean-Pierre Bekolo, Mohamed Camara, Mamo Cissé, Issa Serge Coelo, Mustapha Dao, Idriss Diabaté, Yemané Démissié, Ahmadou Diallo, Cheik Doukouré, Adama Drabo, Henri Duparc, Gahité Fofana, Anne-Laure Folly, Flora Gomes, Mahamat Saleh Haroun, Imunga Ivanga, Gaston Kaboré, Maurice Kaboré, Wanjiru Kynianjui, Abdoulaye Komboudri, Jean- Marie Koula, Dani Kouyaté, Fadika Kramo-Lanciné, José Laplaine, Djingarey Maïga, Sarah Maldoror, Gnoan Roger M'BaIa, Ngangura Mweze, Fanta Nacro, Samba Félix Ndiaye, Funmi Osoba, Idrissa Ouedraogo, Raymond Rajaonarivelo, Joseph Gaye Ramaka, Moussa Sene Absa, Bouna Medoune Sèye, Abderrahmane Sissako, Jean-Marie Teno, Drissa Touré, Kitia Touré, Jacques Trabi, SalifTraoré, Mansour Sora Wade, Were Were Liking et Pierre Yameogo. Les critiques et écrivains Jean-Servais Bakyono, Françoise Balogun, Marie-Christine Peyrière et Clément Tapsoba. Les producteurs Jacques Bidou (France), Maria-Cecilia Fonseca (Guinée-Bissau), Alain Rozanes (France) et Ben Zulu (Zimbabwe). Ainsi que Jacqueline Ada (CNC), Patrice Bauchy (Canal +), Frédéric Bontems et Michel Brunet (ministère de la Coopération), Andrée Davanture (Atria), Pascal Diekebre (cinéma Les Studios, Abidjan), Katharina von Flotow (Festival Black Movie, Genève), Georges Goldenstem (La Sept-Arte), Alain Jalladeau (Festival des Trois continents, Nantes), Michel Janin (Centre culturel français d'Abidjan), Robert Lombaerts (Agence de la Francophonie), Sanvi Panou (cinéma Images d'ailleurs, Paris), Lucien Patry (animateur de la cellule technique du ministère de la Coopération de 1962 à 1987), Marc Silvera (ancien directeur d'Ecrans du Sud), Justin K. Kagambega (Sonacib, 9 Ouagadougou), Keith Shiri (Festival de Harare) et Dominique Wallon (ancien directeur du CNC). Merci aussi pour leur accueil et leur aide à Claude Le Gallou et Annabel Thomas (Atria), Jeanick Le Naour (Audecam) ainsi qu'à l'équipe de la Médiathèque des Trois Mondes. Merci encore à Michel Sauquet, de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de I'Homme, qui a cru en ce travail et l'a soutenu. Egalement merci pour les illustrations des tournages des films aux photographes Maya Bracher, Françoise Huguier et Félix von MuraIt, ainsi qu'aux chefs opérateurs Gérard Payen et Marc Salomon pour m'avoir ouvert leurs trésors - photographiques sans oublier Katharina von Flotow (Festival Black Movie, Genève), Gahité Fofana, Djingarey Maïga, André Valio (Argos Films) et Ashley Woods - (Agence Lpokat, Zurich) et pour les affiches à Alessandra Speciale et au Centro Orientamento Educativo de Milan, Italie, ainsi que pour les couvertures de disques de musiques de films et de magazine vidéo à Wolfgang Bender, responsable des archives de musique africaine de l'université de Mayence, Allemagne. Merci enfin aux autres, à tous les autres, que la discrétion ne me fera pas citer ici mais queje n'oublie pas.

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