Daniel Kupferstein Les balles du 14 juillet 1953 Le massacre policier oublié de nationalistes algériens à Paris Préface de Didier Daeninckx 2017 Présentation Le 14 juillet 1953, la gauche communiste et syndicale célèbre la fête nationale, comme c’est la tradition, par une manifestation à Paris. Y participent, à la fin du cortège, plusieurs milliers de militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), le parti nationaliste algérien. Quand ils arrivent place de la Nation, des heurts se produisent et les policiers tirent froidement sur les manifestants algériens. Six d’entre eux sont tués, ainsi qu’un militant de la CGT. Et on compte des dizaines de blessés par balles. Pendant un demi-siècle, ce drame va être effacé des mémoires et des représentations, en France comme en Algérie. Pour comprendre les raisons de cette amnésie et faire connaître les circonstances de l’événement, Daniel Kupferstein a conduit une longue enquête, pendant quatre ans. Elle lui a permis de réaliser en 2014 un film, que ce livre prolonge et complète. On y découvrira les témoignages inédits de nombre d’acteurs de l’époque, ainsi que les ressorts de l’incroyable mensonge d’État qui a permis l’occultation de ce massacre. « L’originalité de l’approche de Daniel Kupferstein réside dans sa méthode de cinéaste documentariste. Si ce livre s’appuie sur la consultation d’archives inédites, sur une lecture attentive de la presse de l’époque et des moindres évocations du 14 juillet 1953 au cours des années qui suivent la tragédie, sur une fréquentation des études consacrées à la guerre d’Algérie, une part essentielle est constituée par la recherche des témoignages. Ce qui en fait la richesse, c’est bien la rencontre avec les acteurs de cet épisode sanglant, avec leurs proches, aussi bien du côté des victimes que des forces de répression, et avec tous ceux dont la vie, aujourd’hui encore, est entravée par les non-dits, les mal-dits de l’Histoire. » Didier Daeninckx Pour en savoir plus L’auteur Daniel Kupferstein, réalisateur et documentariste, est l’auteur de nombreux films, en particulier Dissimulation d’un massacre (2001), sur la sanglante répression de la manifestation du FLN du 17 octobre 1961 à Paris, et Mourir à Charonne, pourquoi ? (2010) sur la répression de la manifestation du 8 février 1962. Collection Cahiers libres L’édition de cet ouvrage a été assurée par François Gèze. Pour les références en note des documents cités disponibles en ligne, les adresses url correspondantes sont données dans leur version raccourcie produite grâce au précieux site non marchand <ur1.ca>. Copyright © Éditions La Découverte, Paris, 2017. ISBN numérique : 978-2-7071-9678-1 ISBN papier : 978-2-70719411-4 En couverture : Le cortège du MTLD, rue du Faubourg-Saint- Antoine, 14 juillet 1953 (photo Mémoire d’Humanité). Composition numérique : Facompo (Lisieux), avril 2017 Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. 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Nous suivre sur Table Couverture Page de titre Copyright Préface - On ne tue pas une idée avec une balle… Introduction - Un drame effacé des mémoires Remerciements 1 - La manifestation du 14 juillet 1953 Un défilé populaire de la gauche française institutionnalisé depuis 1935 L’agression des paras, place de la Bastille L’impressionnant cortège des nationalistes algériens du MTLD La tribune officielle place de la Nation évacuée : « On a tiré à balles réelles ! » 2 - L’affrontement Place de la Nation : un « tir soutenu sur la foule » La vaillance des jeunes manifestants algériens, la solidarité des citoyens français « Les escaliers du métro étaient ensanglantés » La version du massacre donnée par les policiers 3 - L’élément déclencheur Le drapeau algérien ou l’agressivité des policiers ? Le scénario de l’affrontement et les victimes Les sept tués Au moins quarante-huit manifestants blessés par balle Les sept tués Au moins quarante-huit manifestants blessés par balle 4 - Les lendemains du massacre Les secours aux blessés et la situation dans les hôpitaux Le traitement des événements dans la presse de droite et du centre… … et dans la presse de gauche 5 - L’organisation du mensonge d’État Le faux argument de la « légitime défense » Les (fausses) minutes de la manifestation selon la police À l’Assemblée nationale, le 16 juillet 1953 L’annonce (fausse) par la Préfecture de police de Paris d’un nombre important de policiers blessés Un photographe de presse frappé par les policiers La justification policière de la répression massive 6 - Réactions et hommages Le PCF mobilise contre l’« odieuse provocation policière » 21 juillet 1953 : hommage à la Mosquée de Paris et meeting au Cirque d’hiver Le départ des convois funéraires et l’enterrement au Père-Lachaise 7 - Hommages et enterrements en Algérie L’accueil des cercueils à Alger Les obsèques d’Abdallah Bacha et de Tahar Madjène en Kabylie L’enterrement sous haute tension d’Amar Tadjadit Tous les nationalistes présents lors de l’inhumation d’Abdelkader Draris Mouhoub Illoul et Larbi Daoui : cérémonies tardives pour deux « hors- la-loi » 8 - Le contexte politique de 1953 Une situation internationale marquée par la « guerre froide » Une IV République farouchement anticommuniste et colonialiste e Dans les colonies françaises, la révolte gronde… … en particulier en Algérie 300 000 immigrés algériens en France Le racisme ordinaire de la hiérarchie policière 9 - Le MTLD et la répression contre les Algériens Aux origines : l’Étoile nord-africaine, le PPA et les massacres de mai- juin 1945 en Algérie La création du MTLD en 1946 et son rapide développement au sein de l’immigration algérienne en France L’engagement des jeunes militants nationalistes Le préfet de police de Paris et la répression contre le MTLD en France 1952-1953 : une répression de plus en plus violente Les trois morts du 23 mai 1952 Des morts et des blessés qui, eux aussi, ont disparu de la mémoire collective 10 - Le déni de justice L’enquête judiciaire biaisée : la sélection des témoignages La manipulation sur les munitions utilisées, confirmée soixante ans après par deux policiers L’instrumentalisation du témoignage du jeune photographe Joseph Zlotnik La plainte de la famille Lurot 11 - Du 14 juillet 1953 à la guerre d’indépendance La police parisienne « rebondit » La plainte du préfet Baylot contre Bernard Morin La création de la Brigade des agressions et des violences (BAV) Tous les « ingrédients » pour la guerre à venir sont là ! De la crise du MTLD au 1 novembre 1954 : le massacre du 14 juillet, er « déclic de la lutte armée » L’engagement dans la lutte armée et la répression qui continue La torture banalisée des militants nationalistes arrêtés en France 12 - Un massacre oublié, en Algérie comme en France L’événement éclipsé de la mémoire collective en Algérie Le lent retour de la mémoire algérienne dans les années 2000 En France, la tuerie disparaît rapidement des mémoires Le rôle de la grève d’août 1953, de la guerre d’Indochine et du changement de ligne du PCF Un timide retour de la mémoire à partir des années 1990… … puis des années 2000 Des victimes inégalement considérées Conclusion - Repenser le rôle de la France coloniale Notes Index
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