Les adverbes za`i du chinois mandarin et encore dans le syste`me temporel de Reichenbach MartaDonazzan,SylvianeR.SchweretLuciaM.Tovena 1 Introduction Le point de de´part de cette e´tude est constitue´ par la particularite´ de l’adverbe de re´pe´tition za`i du chinois mandarin, qui est de ne modifier que les e´ve´nements prospectifs par rapport au temps de re´fe´rencedelaphrase(cf.,entreautres,Alleton(1972),Ma(1985),Chang(1985),Liu(1999)).1Nous analyserons za`i comme un adverbe de re´pe´tition, qui s’applique a` des pre´dicats caracte´rise´s par une extension temporelle borne´e et qui ve´hicule une lecture que nous appellerons ‘incre´mentale’ (cf. les donne´espre´sente´esa` lasection2.1). L’e´tude pre´cise des caracte´ristiques se´mantiques de cet adverbe nous permettra de comparer za`i aveclesadverbesre´pe´titifsdufranc¸aisetenparticulieravecl’adverbeencore.Commel’ontremarque´ RenaudetLuo(1987),l’adverbefranc¸aisencorepeutfonctionnercommependantdeza`idanscertains desescontextesd’utilisation.Enpartantdecetteconstatation,deuxproble`messeposenttoutnaturel- lement : d’une part, on peut se demander de quelle manie`re il faut rendre compte de cette similitude et, d’autre part, il s’agit d’explorer les zones de divergence dans la distribution des deux adverbes. Notre contribution s’inscrit donc dans la continuite´ de l’e´tude comparative entreprise par Renaud et Luo (1987) et se propose d’apporter une re´ponse a` ces deux questions. En particulier, nous allons de´velopper une analyse des interactions des deux adverbes avec l’information temporelle ve´hicule´e par la phrase en examinant pre´cise´ment les contraintes impose´es par le syste`me aspectuel des deux langues. Pourproduireunedescriptionformelle,nousnousappuieronssurlacaracte´risationdesdiffe´rentes formes d’ite´ration produites par les adverbes re´pe´titifs, propose´e par Donazzan et Tovena (2007); TovenaetDonazzan(2008);Donazzan(2008),etsurlarepre´sentationdumode`lereichenbachiendes temps verbaux organise´e sous la forme de treillis de Delannoy ge´ne´ralise´s, introduits par Autebert et Schwer (2003) et utilise´s pour l’e´tude des temps verbaux par Schwer (2007). La possibilite´ de visualiser la distribution de za`i et de encore en termes de portions d’un meˆme treillis nous donnera ansiunerepre´sentation‘parlante’etenmeˆmetempsrigoureusedurecouvremententredistributionet interpre´tationdesdeuxadverbes. L’articleestorganise´ commesuit.Lasection2contientunepre´sentationdesdonne´esempiriques pertinentes concernant za`i et encore et donne un premier aperc¸u du recouvrement entre les deux ad- verbes ainsi que des spe´cificite´s de chacun; en particulier, nous allons interpre´ter la diffe´rence de distribution entre encore et za`i, du point de vue descriptif, en conside´rant la structure des pre´dicats auxquelslesdeuxadverbess’appliquentetleurinterpre´tationtemporelle.Danslasection3,nouspas- sons ensuite a` l’interpre´tation temporelle des temps verbaux selon le syste`me de Reichenbach et a` 1Le terme d’e´ve´nement nous permettra ici de rendre l’anglais event, dans son opposition a` e´tat (state). Pour traduire le terme anglais plus ge´ne´ral de eventuality, qui s’applique tant aux e´ve´nements qu’aux e´tats (cfr. Smith (1991)), nous emprunteronsa`Fradin(2003)letermefranc¸aisd’e´venance. 1 sa repre´sentation formelle sous forme de treillis. Nous montrerons aussi que, pour rendre compte de la distribution des adverbes de re´pe´tition, nous devons e´tendre le syste`me originel de Reichenbach enintroduisantunquatrie`merepe`re,repre´sentantl’occurrenceduplique´edel’e´ve´nementde´critparle pre´dicat.Larepre´sentationdeladistributiondeencoreetza`idansletreillisnouspermettranonseule- mentd’atteindreuneplusgrandepre´cisiondescriptive,maisaussid’aborderdesquestionsthe´oriques majeures. Par exemple, la distribution plus restrainte de za`i en dehors des contextes explicitement modaux,de´taille´edanslasection4,nouspermettrad’introduirelaquestiondelarepre´sentationetde l’interpre´tation du temps pre´sent, ce qui nous ame`ne aussi a` proposer une deuxie`me modification du syste`mereichenbachien,concernantplusspe´cifiquementlanatureponctuelledesrepe`res. Avant d’aborder l’analyse de encore et zai en tant qu’ope´rateurs de re´pe´tition, il est utile de rap- peler, dans cette bre`ve introduction, les principaux points qui caracte´risent la notion se´mantique de re´pe´tition. Cela nous permettra de justifier notre interpre´tation des adverbes et de de´finir le rapport entrere´pe´titionetlapluralite´ d’e´venances,endiffe´renciantainsiza`ietencoredessimplesmarqueurs depluriactionnalite´.2 1.1 Lanotiondere´pe´titiond’e´venances La re´pe´tition d’e´ve´nement, telle qu’elle a e´te´ de´finie en Tovena et Donazzan (2008); Donazzan (2008),sefondesurtroispointsprincipaux:lanaturepre´suppositionnelledel’informationse´mantique apporte´e par les ope´rateurs re´pe´titifs, la pre´sence d’un ordre temporel relatif entre l’e´le´ment asserte´ etlepre´suppose´,etlapertinencedel’informationaspectuelledupre´dicatpourlacaracte´risationdela re´pe´tition. Un point important, qui distingue en effet la re´pe´tition d’une forme plus ge´ne´rale de pluralite´ d’e´ve´nements,estlapertinencedel’ordretemporel.Quandilyare´pe´tition,ilyaaussiordre.L’e´ve´- nementasserte´ (de´sormaisE )estpre´sente´ commee´tantladuplicationd’unautree´ve´nement(appele´ 1 E ), qui, lui, est ne´cessairement ante´rieur, voir sur ce point Kamp et Roßdeutscher (1994) pour l’ad- 2 verbede re´pe´titionagain.L’occurrence deE estsitue´esur lalignedu tempsa` partir d’informations 1 temporellescontenuesdanslaphrase,quipeuventeˆtredenatureabsolue(le14de´cembre),ourelative (hier). En revanche, il n’y a pas d’informations temporelles explicites, meˆme donne´es en termes de distance/ante´riorite´ par rapport a` E , pour spe´cifier le positionnement de E sur la ligne temporelle. 1 2 En effet, E n’est localise´ que comme e´tant ante´rieur a` E et cette information temporelle implicite 2 1 nepeuteˆtrede´faitepardel’informationulte´rieure,cequijustifielanaturepre´suppositionnelledeces adverbes. Dansleursdiscussionsdesdiversesformesdere´pe´titiond’e´venance,TovenaetDonazzan(2008) proposentderapprocherlesclassesdesadverbesaspectuelsetdesadverbesite´ratifs,parexemplestill etagainenanglais,conside´rantquecesadverbesparticipenttousa` unemeˆmeope´rationse´mantique. Enparticulier,ilyestmontre´commentl’onpeutcaracte´riserdemanie`reunifie´elesdiffe´renteslectures de encore, et des ses correspondants anglais, du moment que l’on admet que la duplication peut concernerdeuxintervallesoudeuxtempsd’e´valuation.Cettecaracte´risationpermetdere´unirsousla meˆmenotiondere´pe´titionlestroisinterpre´tationsdiffe´rentesexemplifie´esen(1)-(3)3. (1) Marieaencorelave´ lachemise ITERATIVE (2) Marieestencoreentraindelaverdeschemises CONTINUATIVE (3) Mariealave´ encoreunechemise INCREMENTALE 2Pouruneintroductiona`lanotionse´mantiquedepluriactionnalite´,lelecteurpeutserapportera`Laca(2007). 3Auxtroislecturesexemplifie´esen(1)-(3),s’ajouteaussilalecturedite‘restitutive’(voirStechow(1996)etre´fe´rences cite´es),qui,n’e´tantpaspertinentepournotreanalysedeencoreetza`i,neserapasdiscute´eici. 2 Lalectureite´rativeconcernelecasou`lesdeuxe´ve´nementssontdistincts,ilssontdanslade´notation du meˆme pre´dicat d’e´ve´nements laver la chemise et il sont ordonne´s. Une repre´sentation graphique pre-the´oriquedecettesituationpourraiteˆtrecelledonne´edanslafigure1,ou` lespoints1et2indiquent lesdeuxrepe`resordonne´sparl’adverbeetleshachuresrenvoientauxdeuxe´ve´nementsiciappele´sE 1 etE . 2 E E 2 1 /// /// (cid:45) • • 2 1 FIG. 1–Unerepre´sentationpre-the´oriquedelalectureite´rative La lecture continuative concerne les e´venances qui, comme les e´tats ou les accomplissements modifie´s par l’aspect progressif (2), ne posse`dent pas de crite`res d’identification des phases internes accessibles : l’ope´rateur re´pe´titif ne peut donc prendre comme argument, dans ce cas, que le temps d’e´valuation. Cette lecture est repre´sente´e de manie`re pre-the´orique dans la figure 2, ou` la zone hachure´e indique que les sous-e´ve´nements E et E sont perc¸us comme faisant partie d’un meˆme 1 2 e´ve´nementdetypelaverdeschemises. E E 2 1 ////////// (cid:45) • • 2 1 FIG. 2–Unerepre´sentationpre-the´oriquedelalecturecontinuative Lalectureincre´mentale,exemplifie´een(3),sedistingued’unesimpleite´rationd’e´ve´nements(1) par le fait que l’e´ve´nement asserte´ E est pre´sente´ comme repre´sentant une quantite´ spe´cifie´e d’une 1 certaine activite´ qui vient s’ajouter a` une quantite´ non spe´cifie´e de la meˆme activite´ qui a eu lieu pre´ce´demment – correspondant a` E – de sorte que les deux occurrences peuvent eˆtre considere´es 2 comme deux sous-e´ve´nements appartenant a` un meˆme e´ve´nement plus e´tendu. Elle est repre´sente´e demanie`repre-the´oriquedanslafigure3,ou` leshachuresindiquentlese´ve´nementsE etE detype 1 2 laverunechemise.E peuteˆtreperc¸ucommefaisantpartied’une´ve´nementdelavernchemise(s),et 2 letoutestperc¸ucommeunsupere´ve´nementdetypelavern+1chemisesdontlamesureestlasomme delamesurecalcule´ejusqu’a` E aveclamesuredeE .4 2 1 n+1 (cid:122) (cid:125)(cid:124) (cid:123) n (cid:122) (cid:125)(cid:124) (cid:123) E E 2 1 /// /// (cid:45) • • 2 1 FIG. 3–Unerepre´sentationpre-the´oriquedelalectureincre´mentale L’e´mergence d’une lecture incre´mentale de´pend non seulement de la caracte´risation aspectuelle et structurale du pre´dicat, mais aussi des proprie´te´s re´fe´rentielles de ses arguments : nous remarque- ronseneffetque,plusilyademate´riellinguistiquere´fe´rentieldansladescriptiondeE ,plusE est 1 2 4Ilpeuteˆtreinte´ressantderemarquerquel’anglaispeutexprimerleslecturesite´rativeetcontinuativea`l’aided’adverbes, cf.MarywashedtheshirtagainetMaryisstillwashingshirts,maisquelalectureincre´mentalene´cessited’unetoutautre formed’expression,parexempleaveclamodificationadnominalecommeenMarywashedonemoreshirt. 3 perc¸ucommee´tantte´liqueetlalectureite´rativeestprivile´gie´e;inversement,moinsilyademate´riel linguistique re´fe´rentiel dans la description de E , plus E est perc¸u comme e´tant ate´lique et la lec- 1 2 tureincre´mentaleestprivile´gie´e.Ainsi,l’adverbeencoredanslaphrase(4)posse`de,demanie`renon ambigue¨,laseulelectureincre´mentale. (4) Marieacouruencoredeuxkilome`tres. Danstouslescas,lapre´senced’informationpermettantdemesurerE estne´cessaire,carlalecture 1 incre´mentalerevienta` conside´rerladure´edeE commelediffe´rentielentreladure´edel’e´ve´nement 1 e´tendu [E +E ] et celle de E . Dans le cadre de la comparaison entre encore et za`i, nous nous 1 2 2 inte´resserons a` des e´ve´nements discrets, conduisant a` des interpre´tations ite´ratives ou incre´mentales. Cette caracte´risation nous permet donc d’expliciter le fait, de´ja` observe´ par Tovena et Donazzan (2008), que la re´pe´tition se rapproche de la pluralite´ d’e´ve´nements quand le domaine pertinent est discret,c’est-a`-direconstitue´ d’e´ve´nements. Un dernier point a` souligner est la manie`re de signifier l’existence de l’e´ve´nement E pre´ce´dant 2 E .Cetteinformationpeuteˆtreexprime´eaumoyend’unepre´suppositionexistentielle,selonl’analyse 1 fre´quemment adopte´e pour les adverbes additifs et scalaires depuis le travail de Karttunen et Peters (1979),oubiena`traversunerelationanaphorique,hypothe`secourammententretenuepourleslangues romanes et qui a e´te´ re´cemment propose´e pour l’adverbe de re´pe´tition again de l’anglais par Beck (2007). L’accessibilite´ de E a` travers une pre´supposition existentielle laisse naturalement ouverte la 2 possibilite´ que le nombre d’e´ve´nements qui pre´ce`dent E soit supe´rieur a` un. On peut donc penser 1 quel’informationconcernantcese´ve´nementsestorganise´esouslaformed’unepile,c’est-a`-direune structure d’information gere´e selon la proce´dure LIFO5 : en effet, les e´ve´nements re´pe´te´s sont tous ordonne´sparunerelationdepre´ce´dence,maisunseulE estde´signe´accessiblea`partirdel’e´ve´nement 2 asserte´.Nousnousautorisonsa` choisirlepremierrencontre´ enremontantlalignedutempsdepuisla positiondeE ,inde´pendemmentdesoncaracte`reobjectifousubjectif(c’est-a`-direl’e´ve´nementpasse´ 1 quiestsoitleplusre´centsoitleplussaillantpourlelocuteur). Dans la suite, nous analyserons encore et za`i comme des adverbes de re´pe´tition, en montrant qu’ils ve´hiculent l’information qu’il existe un e´ve´nement E et que ce E ne´cessairement pre´ce`de 2 2 temporellementl’e´ve´nementE asserte´ parlaphrase.Nousmontreronsaussiquelescaracte´ristiques 1 attribue´es a` E qui nous permettent de l’identifier en tant qu’ante´ce´dent de E sont plus ou moins 2 1 de´taille´es selon que la pre´supposition de son existence est accomode´e (van der Sandt (1992)) ou ve´rifie´edanslecontextepre´ce´dent. 2 Deux adverbes de re´pe´tition 2.1 Lare´pe´titionexprime´eparza`i Le chinois mandarin, langue a` morphologie non flexionnelle, dispose de plusieurs moyens pour exprimer la pluralite´ verbale et la re´pe´tition, telle que nous l’avons de´finie dans la section 1.16. Ici nousnousinte´ressonsspe´cifiquementa` l’expressiondelare´pe´titionexprime´eparl’adverbemonosyl- labiqueza`i,quipre´senteuncertainnombredeparticularite´sdistributionnellesetse´mantiques. L’adverbeza`iexprimeunere´pe´tition,ausensou` nousl’avonsde´taille´a`lasection1.1.Ilde´clenche, eneffet,lapre´suppositiondel’existenced’une´ve´nementpre´ce´dantceluiquiestasserte´ parlaphrase 5Laproce´dureLIFO,a`savoir‘ledernierentre´estlepremiertraite´’(enanglais,LastInFirstOut),corresponda`unacce`s auxinformationsparuneseuleextremite´delastructure,a`savoircellecorrespondantaudernierajout. 6Nousciterons,aucote´ desadverbesd’ite´ration,lareduplicationverbaleetlesclassifieursverbauxdefre´quence(cfr., entreautres,Paris(1981);LametVinet(2005)). 4 et partageant avec ce dernier plusieurs caracte´ristiques. En effet, une phrase comme (5) d’un coˆte´ implique (6a) et de l’autre pre´suppose (6b), c’est-a`-dire que l’assertion de (5) n’est heureuse que si l’on accepte l’existence d’un autre e´ve´nement, du meˆme type que celui asserte´, et qui a eu lieu auparavant. Suivant la convention introduite plus haut, nous appelons E l’e´ve´nement asserte´ et E 1 2 l’e´ve´nementpre´suppose´. (5) Woˇ m¯ıngtia¯nhu`ıza`iqu` Xia¯nggaˇng7. JedemainMODza`iallerHongKong Demainj’iraiencorea` HongKong. (6) a. Woˇ m¯ıngtia¯nhu`ıqu` Xia¯nggaˇng. JedemainMODallerHongKong. J’iraia` HongKongdemain. b. Woˇ qu`-guoXia¯nggaˇng. Jealler-ASPHongKong. J’aie´te´ danslepasse´ a` HongKong. Dupointdevuese´mantique,laparticularite´ distributionnellelapluse´videntedeza`iestsarestric- tion aux contextes prospectifs et son incompatibilite´ avec le marqueur de l’accompli -le (cfr. (5) vs. (7)).Cettespe´cificite´ estge´ne´ralementacquisedanslalitte´rature(cfr.parexempleAlleton(1972);Li (1982);Ma(1985);RenaudetLuo(1987)). (7) *Woˇ zuo´tia¯nza`iqu`-le Jehierza`ialler-ASP (J’ysuisalle´eencorehier) Acetterestriction,quiae´te´interpre´te´etantoˆtcommeunecontrainted’originemodale(Liu(1999)), tantoˆt comme une contrainte temporelle (Renaud et Luo (1987); Donazzan et Tovena (2007)) s’en ajoute une deuxie`me, qui concerne la se´lection de l’aspect lexical du pre´dicat : za`i ne peut modifier quedespre´dicatse´ve´nementiels,c’est-a`-direnonstatifs8. Dans l’exemple (8), le pre´dicat statif she¯ngq`ı, qui ne peut eˆtre modifie´ par za`i en l’absence d’un modal(voir(9)),rec¸oituneinterpre´tatione´ve´nementielledeparsalocalisationdanslefuturdutemps d’e´nonciation. (8) Zha¯ngsa¯nhu`ıza`ishe¯ngq`ı. ZhangsanMODza`ieˆtre-faˆche´ Zhangsanvasefaˆcherencore 7Pour gloser les exemples chinois, nous employons les abre´viations suivantes : ASP = morphe`me aspectuel; CL = classificateur;FIN=particulefinaleexclamative/modale;MOD=auxiliairemodal;NEG=morphe`medene´gation;STR = morphe`me de modification. La langue discute´e dans cet article est limite´e a` la varie´te´ du dialecte du Nord conside´re´e commechinois‘standard’(puˇto¯nghua`). 8Nouspre´disonsl’impossibilite´deza`idesecombineraveclespre´dicatsstatifsaumoyendelacontraintedeprospectivite´, cf.section2.1.2,qui,enreque´rantl’identifiabilite´d’uneborne,nepeutpaseˆtresatisfaiteparlesstatifs.Cedeuxie`mepoint faitpartiedelacaracte´risationaspectuelledecetadverbe,qui,enDonazzanetTovena(2007),comple`televolettemporel; nousreviendronssurcepointdansladiscussionsuivante.Toutefois,cettede´finitionestimpre´cisevis-a`-visdescontextes tels(i)ci-dessousou`za`ipeutmodifierunpre´dicatstatifcommeda` ‘grand’. (i)Za`ida`defe¯ngyuˇwoˇyeˇbupa` ZAIgrandSTRtempeˆtejeaussiNEGcraindre Meˆmesilatempeˆtee´taitplusviolente,jen’auraispaspeur! Nousnenousinte´resseronspasicia` cecontexted’utilisation,cardanscecasza`ive´hiculeuneinformationquin’estpas temporelle,maisquiconcerneunde´gre´ surl’e´chelledonne´eparlaproprie´te´ enquestion.NousremercionsMarie-Claude Parisd’avoirattire´notreattentionsurcepoint. 5 (9) *Zha¯ngsa¯nza`ishe¯ngq`ı Zhangsanza`ieˆtre-faˆche´ Zhangsanestencorefaˆche´ Danslessous-sectionssuivantes,nousallonsde´taillerchacunedecesdeuxparticularite´s. 2.1.1 Te´licite´ etincre´mentalite´ La contrainte sur l’aspect lexical restraint la re´pe´tition aux e´ve´nements te´liques, qu’ils soient in- trinse`quementborne´s,commedese´ve´nementsponctuels,oubienborne´sparlapre´senced’uncomple´- mentfournissantunemesurea` uneactivite´ enprincipeate´lique;cedeuxie`mecasdonnelieu,comme onl’avu,a` desinterpre´tationsdistinctesquide´pendentdutypese´mantiquedugroupenominal(GN) comple´ment. La distinction entre ces deux types de pre´dicats correspond au partage entre les deux lecturesquenousavonsappele´es‘ite´rative’et‘incre´mentale’deza`i. Conside´rons, tout d’abord, le cas ou` za`i modifie un pre´dicat d’accomplissement comme celui de ‘chanterune(certaine)chanson’en(10). (10) Zha¯ngsa¯nhu`ıza`icha`ngzhe` shoˇuge¯. ZhangsanMODza`ichanterceCLchanson Zhangsanchanteraencorecettechanson La pre´sence d’un objet de´fini en (10) conduit plus naturellement a` l’interpre´tation selon laquelle l’e´ve´nement de chanter la chanson se reproduit, pour ainsi dire, a` l’identique, en rapprochant ainsi lare´pe´titionve´hicule´eparza`ia` uneinstanced’ite´ration.Ilsuffitcependantdeconside´rerlecasdans lequel l’objet direct est exprime´ par un GN quantifie´ et inde´fini pour que la lecture incre´mentale fasse surface de manie`re plus e´vidente. En (11), l’acte de chanter une chanson est conc¸u comme un e´ve´nementdiscretquis’ajoutea` l’activite´,enprincipeate´lique,de‘chanter-chansons’. (11) Zha¯ngsa¯nhu`ıza`icha`ngy¯ıshoˇuge¯. ZhangsanMODza`ichanterunCLchanson Zhangsanchanteraencoreunechanson/unechansondeplus L’interpre´tationincre´mentalepeuts’observeraussi,danslecasou` uncomple´mentnonre´ferentiel, comme le comple´ment de mesure en (12), fournit la borne de l’activite´. Dans cet exemple, il est dit queladure´edel’attenteestprolonge´ede‘unpeu’. (12) Zha¯ngsa¯nya`oza`ideˇngy¯ıxia` huoˇche¯. ZhangsanMODZAIattendreunpeutrain Zhangsanvaattendreencoreunpeuletrain. Nous de´crirons donc la lecture incre´mentale comme une re´pe´tition ayant comme re´sultat d’ac- croˆıtreunese´rie,ensupposantqu’une‘quantite´’de´finied’activite´estajoute´ea`uneinstancepre´ce´dente, dontladure´eenelle-meˆmen’estpasspe´cifie´e. Laparticularite´deza`i,entantqu’adverbedere´pe´titiondetypeincre´mental,estdoncd’eˆtrelimite´e aux contextes dans lesquels cet ajout de quantite´ est exprime´ comme e´tant poste´rieur au temps de re´fe´rencedelaphrase,commenouslemontreronsplusende´taildanslasectionsuivante. 2.1.2 Lacontraintedeprospectivite´ Danscetarticlenousallonspoursuivre,enaccordavecDonazzanetTovena(2007),laligned’ana- lysequiconside`relarestrictiondeza`ia` descontextesprospectifscommee´tantlie´ea` l’expressiondes 6 relations temporelles dans le discours, plutoˆt qu’a` la seule pre´sence d’un environnement modal (Liu (1999)). Nous devons cependant remarquer que, examine´es a` l’interface syntactico-se´mantique, les deux hypothe`sessonta`premie`revuee´galementplausibles.D’unepart,l’adverbeapparaˆıtdansuneposition strictement pre´verbale et se trouve ainsi dans la porte´e des auxiliaires modaux, tels par exemple le modalhu`ıen(13)et(14).D’autrepart,letempsn’e´tantpasmarque´ morphologiquement,onpourrait aussibiensupposerqueza`isetrouvedanslaporte´ed’e´ventuelsope´rateurstemporels. (13) Zha¯ngsa¯nbu´ hu`ıza`iqu` Xia¯nggaˇng. ZhangsanNEGMODZAIallerHongKong Zhangsann’iraplusa` HongKong. (14) Zha¯ngsa¯n(*za`i)bu(*za`i)hu`ıza`iqu` Xia¯nggaˇng(*zai) DonazzanetTovena(2007)ontpre´sente´desargumentsenfaveurd’uneinterpre´tation‘temporelle’ desrestrictionsdistributionnellesdeza`idupointdevuese´mantique.Commelemontre(15),eneffet, l’ordonnementrelatifentreE etlemomentdeparolen’estsoumisa`aucunerestriction.Enparticulier, 1 za`iestgrammaticaldanslecontexteou` l’e´ve´nementasserte´est,a`strictementparler,de´cide´aumoment delaparoleetconnuparlelocuteur,commec’estlecasdanslasituationde´criteen(15b). (15) (a) Na` sh´ıhou,woˇ buzh¯ıda`owoˇmenhu`ıza`ijia`nmia`n. Cetemps,jeNEGsavoirnousMODza`irencontrer Acemoment-la`,jenesavaispasquenousnousrencontrerionsencore. (b) Na` sh´ıhou,woˇ buzh¯ıda`owoˇmenzuo´tia¯nhu`ıza`ijia`nmia`n. Cetemps,jeNEGsavoirnoushierMODza`irencontrer Acemoment-la`,jenesavaispasquenousnousrencontrerionsencorehier. La pre´sence, dans la plupart des contextes ou` za`i peut figurer, d’ope´rateurs modaux explicites s’expliqueainsiparlefaitquelesope´rateursmodaux,danscescas,accomplissentaussilafonctionde signalerlaprospectivite´ dupre´dicatparrapportautempsdere´fe´renceoud’e´nonciationdelaphrase. Nous approfondirons en particulier ce point en abordant la question de la lecture prospective des pre´dicats qui ne sont pas enchaˆsse´s sous un ope´rateur modal explicite, dans la section 4. Nous remarquerons alors que l’hypothe`se d’une contrainte temporelle nous permet aussi d’expliquer l’in- compatibilite´ de l’adverbe avec les pre´dicats statifs ou modifie´s par l’aspect progressif, qui de´coule du fait de l’absence d’identification de la borne finale de l’intervalle temporel associe´ a` l’e´ve´nement asserte´ E . 1 2.2 Lependantfranc¸ais:encore L’adverbe encore indique la re´pe´tition d’une e´ve´nance et, comme on a pu le remarquer depuis le de´but, a e´te´ utilise´ pour les traductions franc¸aises de tous les exemples du chinois rencontre´s. Ses caracte´ristiquesse´mantiquesetpragmatiques,ainsiquesesdiffe´renteslectures,onte´te´ discute´esdans denombreuxtravaux.Nousnousborneronsicia` signalersesdiffe´rencesd’interpre´tationetdedistri- butionparrapporta` za`i.9 Tout comme c’est le cas pour za`i, la distribution et l’interpre´tation de encore sont sensibles aux proprie´te´s aspectuelles de la phrase; toutefois, cette sensibilite´ ne donne pas lieu a` l’incompatibilite´ observe´edanslecasdeza`i,maisplutoˆta` une´ventaild’interpre´tationspluse´tendu. 9Voirlesanalysespropose´esparMuller(1975);HoepelmanetRohrer(1980);Martin(1980);Nef(1981);Borillo(1984); TovenaetDonazzan(2008)parmid’autres. 7 La premie`re diffe´rence par rapport a` za`i est le fait que encore peut se combiner avec un verbe statif,enve´hiculant,danscecas,unelecturedecontinuation:l’exemple(16)peuts’interpre`tercomme exprimantlefaitque‘l’e´tatd’e´nervementdeJeanperdure’. (16) Jeanestencorefaˆche´. Lapre´senced’uncomple´mentdirectpeutavoir,onlesait,uneinfluencesurl’aspectdelaphrase, et, comme l’on peut s’y attendre, aussi sur l’interpre´tation de l’adverbe. En (17)–(18), l’objet direct permet de mesurer l’e´ve´nement asserte´, qui est donc te´lique; l’adverbe encore est interpre´te´ comme indiquant une ite´ration dans le cas d’un complement de´fini (17), ou alors, si le comple´ment inde´fini ounonre´fe´rentielfournitunemesurepourladure´edupre´dicat,lare´pe´titiond’une´ve´nementdansune se´rie,ve´hiculantainsilalecturequenousavonsappele´eincre´mentale.En(19),lecomple´ment‘deux kilome`tres’donnelamesuredel’e´ve´nementquis’ajoutea` uneinstancedecetteactivite´ dedure´enon spe´cifie´e.10 (17) Jeanachante´ encorecettechanson. (18) Jeanachante´ encoreunechanson. (19) Jeancourraencoredeuxkilome`tres. Notonseneffet,avecTovenaetDonazzan(2008),queencoreetza`ipartagentuneproprie´te´quiles distinguedesadverbesite´ratifscommel’anglaisagainoulefranc¸aisdenouveau,encequelamesure en (19) concerne seulement E et n’est pas prise en compte dans l’identification de l’e´ve´nement E , 1 2 comme le montre la diffe´rence d’interpre´tation entre (19)–(20) et (21). En effet, (19) et son pendant chinois(20)nousdisentplutoˆtqu’unecoursedelongueurnonde´finieseprolongededeuxkilome`tres, alorsque(21)exprimelefaitqu’unecoursededeuxkilome`tresvients’ajoutera` unese´rieconstitue´e paraumoinsuneautrecoursedelameˆmelongueur. (20) Zha¯ngsa¯nya`oza`ipaˇoliaˇnggo¯ngmˇı. ZhangsanMODZAIcourirdeuxkm Zhangsancourraencoredeuxkilome`tres (21) Johnwillrunagaintwokilometers Johncourraa` nouveaudeuxkilome`tres Une autre diffe´rence entre les deux adverbes concerne la contrainte selon laquelle E doit suivre le 1 temps de re´fe´rence R, observe´e dans le cas de za`i, qui en revanche ne subsiste pas pour encore. Les exemples(22)et(23)sonta` compareravec(5)et(7),reproduitsci-dessous. (22) J’iraiencoredemain (23) J’ysuisalle´eencorehier (5) Woˇ m¯ıngtia¯nhu`ıza`iqu` Xia¯nggaˇng. JedemainMODza`iallerHongKong Demainj’iraiencorea` HongKong. (7) *Woˇ zuo´tia¯nza`iqu`-le Jehierza`ialler-ASP (J’ysuisalle´eencorehier) 10Plusexactement,‘deuxkilome`tres’donnelamesureduchemina` parcourir,qui,lui,peutfonctionnercommethe`me incre´mental,suivantlade´finitiondeDowty(1991),maisvoiraussiKrifka(1992);Tenny(1994).C’est-a`-direquelastructure duthe`mepeuteˆtremiseencorrespondanceaveclastructuredel’e´ve´nementetdoncquelaprogressionmesure´esurl’une corresponda`laprogressionmesure´esurl’autre. 8 Autermedecettebre`veesquissecomparativeentrelesdeuxadverbes,lespremie`resconclusions quenouspouvonstirersontdoncque,sid’uncoˆte´za`ietencorepartagentlemeˆmecontenuse´mantique d’adverbesdere´pe´tition,l’adverbeencore,ens’appliquantaussiauxe´ve´nementsstructurellementho- moge`nescommelese´tatsetennesubissantpaslescontraintestemporellesdeza`i,posse`deune´ventail d’interpre´tations plus e´tendu. Dans la section suivante, nous allons voir comment cette distinction peuteˆtreexprime´edansunestructureformellequirepre´sentelesrelationsentrelesrepe`restemporels du discours. Nous verrons en effet que les lectures de za`i ne correspondent qu’a` une portion de la structuredetreillisquirepre´senteleslecturesdeencore. 3 Encore et za`i dans le syste`me de Reichenbach Danscettesection,nousmontreronsquelesrelationstemporellesfonde´essurlestroisrepe`resde Reichenbach pour l’analyse des temps verbaux, a` savoir S pour le moment de parole (de l’anglais Speech),Epourletempsdel’e´venanceetRpourletempsdere´fe´rence,peuventeˆtreorganise´esenun treilliscohe´rentaveclafleˆchedutempsoriente´edupasse´ verslefutur.11 Dans la premie`re sous-section, plus ‘techique’, nous allons de´tailler le proce´de´ de ge´ne´ration et les caracte´ristiques du treillis de Delannoy ge´ne´ralise´, que nous appliquons a` la description du syste`me de Reichenbach. Ensuite, nous montrerons comment, en introduisant un deuxie`me repe`re pour repre´senter l’e´ve´nement pre´suppose´, ce meˆme treillis nous permet d’exprimer les situations 11Poure´cartertoutrisquedeconfusion,noussignalonstoutdesuitequeletreillisdesrelationstemporellesge´ne´re´ par lesrepe`resdeReichenbachn’estpasuntreillisboole´en,commelesont,aucontraire,lestreillisfamiliersauxlinguistes pourleurutilisationdanslarepre´sentationduplurieldepuislapropositiondeLink(1983).Pourrepre´senterformellement la structure du pluriel, on utilise des demi-treillis supe´rieurs construits sur la base de la relation partie-tout, obtenue en appliquant une ope´ration de ‘somme’, note´e ⊕ dans la figure ci-dessous. Ceci n’est pas le cas pour le treillis des temps utilise´ danscetarticle,quiestuntreillisdede´rivation.Aussi,dansuntreillisdespluriels—commeceluirepre´sente´ ci- dessous—ondistingueautantdeniveauxqu’ilyad’entite´srepre´sente´es.Letreillisci-dessous,parexemple,estconstruit a` partir de trois e´le´ments a, b et c — le niveau plus bas est celui des singletons, le second des paires, le troisie`me des triplets,etainsidesuite.Ledernierniveauposse`deununiquesommet,e´tiquete´parlasommedetouteslesunite´s:dansun demi-treillisdesplurielsconstruitsurnentite´s,leniveau pposse`deautantdesommetsqu’ilyadepartiesde pe´le´ments dansunensembledene´le´ments,soit(cid:0)n(cid:1)e´le´ments–onaici(cid:0)3(cid:1)=3. p 2 a⊕b⊕c (cid:0) (cid:64) (cid:0) (cid:64) a⊕b a⊕c b⊕c (cid:64)(cid:0) (cid:64)(cid:0) (cid:0) (cid:64)(cid:0) (cid:64) a b c demi-treillisdespluriels LestreillisdeDelannoyge´ne´ralise´s(AutebertetSchwer(2003))concernenticilepositionnementdese´riesd’occurrences d’e´ve´nementsdansletemps.Lesnœudssontassocie´sauxcombinaisonspossiblesdecesoccurrencesselonlesdeuxrela- tionsdepre´ce´denceetdesimultane´ite´;chaquenœuddutreillisassocie´ ausyste`medeReichenbach,repre´sente´ enFigure 1plusbas,contientlestroisrepe`res.Deuxnoeudssontvoisinssilessituationstemporellesrepre´sente´essontvoisines.Ces treillissontpre´sente´shorizontalement,nousverronsquec’estlepointleplusa` gauchequiestinterpre´te´ commelerang leplusbasdelastructure.Contrairementauxtreillisdespluriels,quin’apascepointextre´mal(quicorrespondraita` l’en- semblevide),lestreillisdeDelannoyge´ne´ralise´ssontengendre´sparcepointunique,a` partird’unsyste`medere´e´criture. Schwer(2007)amontre´ quecestreillispermettaientdege´ne´rerl’ensembledetouteslessituationstemporellespossibles selonunordrecompatibleaveclalignetemporelle,c’est-a`-direenchoisissantlepointextre´malge´ne´rateurcorrespondanta` lasituationtemporellelapluslointainedanslepasse´,lepointextre´malterminalcorresponda`lasituationtemporellelaplus lointainedanslefuturettouslescheminsdansletreillisconstituentlesdiffe´rentespossibilite´sdepasser«pasa` pas»de cepasse´a`cefutur.Finalement,onremarqueraaussique,contrairementaudemi-treillisdespluriels,pourlesquelstousles cheminsduniveauleplusbasauniveauleplushautontlameˆmelongueur,lescheminsreliantlesdeuxpointsextreˆmesdes treillisdeDelannoyGe´ne´ralise´sn’ontpaslameˆmelongueur. 9 de´critesparlesadverbesencoreetza`i. 3.1 Lesyste`medeReichenbachetsontreillis Selon l’analyse propose´e par Reichenbach (1947), le temps exprime´ par les (formes des) temps verbauxdel’indicatifenanglaisestde´termine´ surlabased’unestructurea` troisrepe`res:12 S: le moment de parole (point of speech). Il joue deux roˆles diffe´rents : (i) un roˆle principal, de´ictique, d’ancrage temporel de la situation dans le discours, correspondant ge´ne´ralement le momentd’e´nonciation,maisquipeuteˆtresitue´ parfoisdansunmomenthistoriqueparticulier; (ii)unroˆlesecondaire,desituertemporellementl’e´venancedanslepasse´,lepre´sentoulefutur decettesituation. E: momentdel’occurrencedel’e´venance. R: moment de re´fe´rence (reference point). Il assure la me´diation relationnelle entre E et S. Pour Reichenbach,Rconstituelepointd’observationdeEetlepointobserve´ parS. Lesrepe`respeuventeˆtremis(i)enrelationdepre´ce´dencel’unavecl’autre,cequiestnote´ X-Yet posse`dedeuxlectures:Xpre´ce`deYaussibienqueYsuitX,ou(ii)desimultane´ite´,note´ X,YouY,X.13 Reichenbachde´critchaquetempsverbala` l’aidededeuxrelations:lapremie´resitueRparrapporta` S, la seconde situe E par rapport a` R. Chaque relation posse`de trois valeurs possibles, que l’on peut repre´senterdansuntreillisquiestunechaˆıneetquiestuneinstancedusche´ma: (U1 ) X-Y−→X,Y−→Y-X XY soit (U1 ) R-S−→R,S−→S-R et RS (U1 ) E-R−→E,R−→R-E ER L’ensembledetouteslespositionstemporellesglobalespossiblesentreE,RetSsontde´rive´esdes situations binaires pre´ce´dentes par infe´rence, ce qui donne un ensemble de treize situations tempo- rellespossibles,pre´sente´ danslaTable3,suivantlanotationutilise´eparReichenbach. R-S R,S S-R E-R E-R-S E-R,S E-S-R; E,S-R; S-E-R E,R E,R-S E,R,S S-E,R R-E R-E-S; R-E,S; R-S-E R,S-E S-R-E TAB. 1–CompositionsdesrelationssituantRparrapporta` SetEparrapporta` R Lestroisnoeudsdelachaˆıne(U1 )sontlestroisteˆtesdecolonnedelaTable3,etlestroisnoeuds RS delachaˆıne(U1 )ensontlestroisteˆtesdeligne,etletoutestunetabledeneufcellules. ER Unedeuxie`mefac¸ondeproce´derpourobtenirl’ensembledesse´quencesestdege´ne´rerletreillisde Delannoyge´ne´ralise´,nomme´ D(1,1,1)outreillisdeBeauze´e/Reichenbach,repre´sente´ danslafigure 12Cesyste`me,etenparticulier,l’interpre´tationdestroisparame`tresE,RetS,adonne´ lieua` denombreusesdiscussions (voir en particulier Hornstein (1990); Klein (1994); Vetters (1996); Vet (2007)), mais nous pouvons ici nous satisfaire decettedescriptionpourlestempsverbauxusuelsdel’indicatiffranc¸ais.Eneffet,notreraisonnementreposed’unepart sur le fait que R est me´diateur entre E et S - ce qu’on peut de´duire de Reichenbach (1947 : 296-7) - et d’autre part sur une repre´sentation originale des repe`res, que nous explicitons en section 4, qui consiste a` leur attribuer la forme la plus e´conomiquecompatibleaveclesensdel’e´nonce´a`de´crire(suivantlapropositiondeSchwer(2010)). 13Notrebutestdetravaillersurlespositionstemporellesglobales,cequijustified’oublierlarelationrepe´re´/repe`re.Nous gagnonsainsienconcision,l’informationperdue–etquinenousinte´ressepasici–peuteˆtrerestaure´epardesdiacritiques. 10
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