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Les 175 ans de l'ULB PDF

89 Pages·2010·10.78 MB·French
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B L U ’ l e d s n a 5 7 1 s e L Anne-Sophie Devriese-Marchant, Didier Devriese, Isabelle Pollet, Jean-Louis Vanherweghem - édité par Didier Devriese, Carole Masson et Anne Thomas-Lemoine s t n e m e i c r e Les auteurs et éditeurs adressent leurs vifs remerciements à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage et sans lesquels il n’aurait pas vu le jour, en particulier : e m Valérie Bombaerts (Département des Relations extérieures), Christophe Bulte (†) (Archives et Bibliothèques de l’ULB), Alain Dauchot (Département des Relations extérieures), r e i R Véronique Delannay (Archives et Bibliothèques de l’ULB), Pascale Delbarre (Archives et Bibliothèques de l’ULB), Françoise Delloye (Archives et Bibliothèques de l’ULB), Colette a Deschutter (Archives et Bibliothèques de l’ULB), Gaëlle Fonteyne (CEMUBAC), François Frédéric (Archives et Bibliothèques de l’ULB), Cécile Gass (Archives et Bibliothèques de m l’ULB), Nathalie Gobbe (Département des Relations extérieures), Claude Henschel (Bureau d’Etudes - Statistiques et études prospectives), Alain Heselwood (Hôpital Erasme m - Service de la communication), Jean Jottard (Centre des technologies au service de l’enseignement – Cellule Image), Christian Lardinois (Département Recherche), Christel Lejeune (Département des Relations extérieures), Elise Lennertz (Rectorat), Laurence Philippe (Département des Relations extérieures), Bénédicte Meekers (Département o des Relations extérieures), Valérie Piette (Département d’Histoire), Hélène Roggen (Bureau d’études), Ralitza Soultanova (Département Recherche), Maud Rouillé (stagiaire S au Département des Relations extérieures), Monique Tavernier (Secrétaire de l’Université), Eric Uyttebrouck (Centre des technologies au service de l’Enseignement), Marion Introduction 5 B Vandaudenard (Présidence), Claudine Verdin (Greffe) et Chantal Zoller (Département des Relations extérieures). Si d’aucuns ont été oubliés, c’est bien involontairement ; qu’ils veuillent bien accepter nos excuses. 1834 1835 1836 1837 1838 1839 1840 1841 1842 1843 1844 1845 1846 1847 1848 1849 1850 1851 1852 1853 1854 1855 1856 1857 1858 L U Cet ouvrage n’existerait sans ceux qui ont largement contribué à écrire l’histoire de l’Université libre de Bruxelles, et plus particulièrement André Uyttebrouck (†) et Andrée ’ l Despy-Meyer, archivistes honoraires de l’Université. 1. Une université engagée 6 e 1859 1860 1861 1862 1863 1864 1865 1866 1867 1868 1869 1870 1871 1872 1873 1874 1875 1876 1877 1878 1879 1880 1881 1882 1883 d Nous adressons aussi nos remerciements chaleureux à Jean-Christophe Geluck, Thierry Suykens et Émerance Cauchie. s 2. Une université en mouvement 46 n Édition du texte : Carole Masson et Anne Thomas-Lemoine. Recherches documentaires : Flore Alix et Françoise Delloye. 1884 1885 1886 1887 1888 1889 1890 1891 1892 1893 1894 1895 1896 1897 1898 1899 1900 1901 1902 1903 1904 1905 1906 1907 1908 a Iconographie : Flore Alix, Pascale Delbarre, Anne-Sophie Devriese-Marchant et Carole Masson. 5 Conception graphique : Geluck-Suykens & Partners. 7 3. Une université en quête d’excellence 110 Mise en page et photogravure : Xcelseven. 1 1909 1910 1911 1912 1913 1914 1915 1916 1917 1918 1919 1920 1921 1922 1923 1924 1925 1926 1927 1928 1929 1930 1931 1932 1933 Impression : Imprimerie Hayez. s Scans : François Delvin et Amélie Marchal. e 4. Une université libre soutenue par le mécénat 142 L Sources photographiques : Archives et Bibliothèques de l’ULB, Centre des technologies au service de l’enseignement – Cellule Image (ULB), Département des Relations exté- 1934 1935 1936 1937 1938 1939 1940 1941 1942 1943 1944 1945 1946 1947 1948 1949 1950 1951 1952 1953 1954 1955 1956 1957 1958 rieures (ULB), Deutsches Bundesarchiv, Organisation des Nations unies, Oxford University, Schola asbl, Adrien Antoniol, Jean-Dominique Burton, Cassandre, Pierre Cattelain, Jean-Michel Clajot, Anne-Sophie Devriese-Marchant, Sophie Dubus, Frédéric Faux, Jean-Pierre Gabriel, Jean Jottard, Mariusz Kubik, Victor Lévy, Paul Louis, Stéphane Louryan, Amélie Marchal, Catherine Périer-D’Ieteren, Carole Schirvel, Michel Vanden Eeckhoudt. Conclusion 151 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 Illustrations de couverture, d’entrées et de fins de chapitres : Campus du Solbosch, Bibliothèque des sciences humaines ; Rectorat de l’ULB, bas-relief d’Ossip Zadkine ; Campus Érasme, Auditoire J ; Institut de biologie et de médecine moléculaires ; Campus du Solbosch, Solvay Brussels School of Economics and Management, vue d’artiste ; Auditoire Paul-Émile Janson ; Campus Érasme, Auditoire J ; Institut de biologie et de médecine moléculaires ; Bibliothèque des sciences humaines ; Campus du Solbosch, bâtiment A ; Annexes 154 Bibliothèque des sciences humaines ; Gamma Knife, Hôpital Érasme ; Campus Érasme, Auditoire J. 1984 1985 1986 1987 1988 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Le présent ouvrage est édité par les Archives et Bibliothèques de l’ULB à l’occasion de la célébration du 175e anniversaire de l’Université libre de Bruxelles. Droits réservés : Malgré toutes les démarches entreprises, les éditeurs de cet ouvrage n’ont pas pu retrouver l’origine de certaines photographies. S’ils se reconnaissent, les ayant-droit de ces photographies peuvent prendre contact avec les éditeurs. ©2010 - Archives et Bibliothèques de l’Université libre de Bruxelles. Dépôt légal : D/2010/2032/2 n o i t c u d o r t n I 175 ans d’Esprit Libre L’Université Libre de Bruxelles, notre Mère Nourricière, fête ses 175 ans. La fascination des nombres, dès lors que 175 est multiple et du 5 du pentagramme et du 7 des arts, des vertus et des péchés, imposait de marquer ce passage par un livre anniversaire. Cet ouvrage n’est pas la « ballade d’une dame du temps jadis ». Loin d’évoquer les « neiges d’antan », il veut cerner le temps présent pour comprendre notre évolution, mettre en évidence la capacité au changement tout en soulignant la constance des valeurs. L’Université Libre de Bruxelles n’est « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre » qu’à l’heure où elle fêtait son 150e anniversaire. Nous évoquerons quelques grands moments et figures remarquables du passé mais nous mettrons surtout l’accent sur ces dernières vingt-cinq années, une pério- de riche de mutations profondes : percées scientifiques, méthodes pédagogiques, métamorphose des structures et infrastructures, questions sociétales… Cet ouvrage est donc un panorama de ces mutations : le portrait d’une université engagée, d’une université en mouvement, d’une université en quête d’excellence. On le lira comme une ouverture vers l’avenir. Jean-Louis Vanherweghem, Président du CA de l’ULB 1 ée té i sg ra e g v n i ne u e n U 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 3333334444444445555555555666666666677777777778888888888000000000011111111112222222 2223333333333444444444455555555556666666666777777777788888888899999999990000000000 8888888888888888888888888888888888888888888888888888888999999999999999999999999999 9999999999999999999999999999999999999999999999999999999999999999999999990000000000 1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111112222222222 e… ,e ngagéavoir é libreernell sité eur le s Le’xÉistatet nbt eallgoer s ndaaîtn se nle 1p8a3ys1 .: GTraonisd , uLnièivgeer seitté Lso udv’Éatiant. sociétet frat Duneep uuins isvae rcsritééa teiongna, gl’Uéen.i vLeibrsriet,é l ali bnroeu dvee lBler uinxsetlilteust ieosnt niverme s Bgnruexmeellenst , ubnieivne qrsuitea icraep. iLtaolres,q euset dl’ééppoisucrovpuaet dd’eéncsideie- une aire ld’eéspte nefdfe ncit idvee ml’Éegnlits ee nn i gdrea nl’dÉeta tp.artie puisqu’elle ne ug r d e do en 1834 de fonder une université catholique à Ma- ouoli Undu lliinbeésra, l sibèegleg ed ee slt’ airmchmevéêdciahtée,. laC ’erésat cPtiioenrr ed-Tuh émoodnodree e pe, s Traoiunt daeu rléofnogrm dees s eotn dhei sntooimreb, rle’Uunxi veenrgsaitgée smeeran tlse, teexr-- e Verhaegen, avocat et franc-maçon, qui donne l’im- gébl pressions de l’exercice du « libre examen ». Ce prin- pris pBurulsxieolnle sn épcoeusrs afairiere àc olan trcerépaotiidosn àd «e l’lu’Unnivieversristiété d ditee ngauita cdiapnes, vséersit asbtaletu ptise, rrree jaenttgeu lleasir ed doeg ml’ienss teittu tli’oanrg, uinmsecrnitt m eq e catholique », « pour combattre l’intolérance et les é é d’autorité. tre l’ psurébjsuigdéiése » .p aSro luat eVnilulee dpea Br rulexse llleosg eest pmara lçao nPnroiqvuinecse, ersituste, Remises en question, attitudes progressistes notam- ou con diannedt Béicprlaéebrniacdnaaltne, t,l ’eUl’siLn dBsu tai tp upotoiuouvnro oinrb’ edjesetc ltp’iÉfo gduleirst feao.n rPtm rnoeif roa dnnedtsicé éamltiheteons-t e univ j mérétuesindstita avnnistcs-eà, -lvauiutst edn eca ozl’niestnmrseee l,ie gcsno efmamsbceainsttm , pdeoesu ser f te lalm’i nmptaoeilsxé ,er atp ndoceuesr, n lique ni areligieuse. C’est le cas de Pierre-Théodore Un la laïcité, implication dans la vie civile, dans les dé- o Verhaegen, premier président du conseil d’adminis- bats éthiques tels que l’avortement et l’euthanasie, i ct tration. Verhaegen affirme : « L’homme ne peut être et dans les grands débats contemporains, tels sont i v digne des fonctions que Dieu lui a confiées dans la les engagements qui confèrent à l’Université libre de n o nature que par le libre développement de la pensée. Bruxelles sa spécificité. c e La pensée, c’est son domaine, son élément, sa vie. » n 1 u ’ d e é N En 1834, année de création de l’Université, 2 religion et libre examen coexistent sans peine. « L’homme doit s’élever à Dieu par l’esprit, par le cœur, dans la pleine liberté de sa 1. Pierre-Théodore Verhaegen, ca.1835. conscience. » 2. Le palais Charles de Lorraine, siège de l’Université de 1834 à 1842. 8 9 én te cim ï aa a lex t le rté eu libr Fpahcileo sào puhnieq umeamjoernitté sppoirliittuiqauliesmtee, nut nceo nnsoeurvvaetlrleic eg ée-t clehsa nMteel aenntc oércer iavauijeonutr de’nh u1i8 : 90 Le Semeur, que l’ULB ed nération d’étudiants en appelle au libre examen dès b in 1860 pour remettre en cause l’enseignement. 5 r la latio En 1868, le recteur et philosophe Guillaume Tiber- «éc Llaa iSrec ilean Rcea iismonm ortelle um o ghien défendait toujours, dans son discours de Rome tremble et chancelle Pfir rentrée académique, les thèses spiritualistes contre Devant la vérité f a ’ l’athéisme, le matérialisme et le positivisme. Tiber- Groupons-nous autour d’elle L ghien, ancien élève d’Ahrens, était comme son maî- Contre la Papauté (…) » 2 tre un ardent défenseur du krausisme, une doctrine spiritualiste et théiste que l’on doit au métaphysicien allemand Charles-Chrétien Krause. En 1894, l’affaire Élisée Reclus amènera le concept du « libre examen » à figurer dans les statuts de l’Uni- En 1890, Tiberghien, encore, faisait refuser par la Fa- versité. culté de philosophie et lettres une thèse de doctorat soutenue par Georges Dwelshauvers, dans laquelle Après avoir été nommé professeur agrégé de la Fa- ce dernier défendait les idées d’Auguste Comte. culté des sciences en 1892, le célèbre géographe français dont les sympathies anarchistes étaient bien « Comment ? », écrit Tiberghien, « toutes les grandes connues se voit interdire par le conseil d’administra- théories sur l’âme (…) ne seraient que vaines et sot- tion de commencer ses conférences. La réaction est tes déclarations parce qu’elles refusent le contrôle de immédiate : des troubles éclatent, des professeurs l’expérience ? » démissionnent. Ainsi, l’affaire Dwelshauvers fut l’occasion des pre- L’Université Nouvelle, née de la scission, est fondée miers affrontements publics : chahuts – « À bas le rec- dès 1894. Elle se réclame ouvertement du courant 3 teur et vive le libre examen » – et grèves d’étudiants, néopositiviste et organise d’emblée un enseigne- prises de positions contradictoires et véhémentes, ment novateur. Elle durera jusqu’à la fin de la Grande démission du recteur Martin Philippson… Guerre, moment où elle est réintégrée à l’ULB, sous forme d’un Institut des Hautes Études. Dans le même Un effet collatéral de « l’affaire Dwelshauvers » fut la temps, une mutation profonde venue des sciences création du chant Le Semeur, qui remplaça le chant exactes et appliquées affecte profondément l’ensei- des étudiants et est devenu depuis l’hymne de l’Uni- gnement et la recherche. versité. Le professeur de géologie Henri Witmeur, était l’auteur du chant des étudiants mais il eut le tort La lente professionnalisation de la science se mani- de prendre position en faveur de Tiberghien. Les étu- feste notamment par la construction des premiers diants, contestant l’auteur, ont donc répudié l’œuvre laboratoires modernes, entre autres dans le domaine tandis que les contestataires Georges Garnir et Char- des sciences médicales. Si, dans le domaine médical et scientifique, Ernest Solvay fut l’un des inspirateurs 1. Guillaume Tiberghien, ca.1897. 2. Élisée Reclus, ca. 1895. 3. Paul Héger, 1881. 4. Georges Dwelsauvers, ca. 1902. 5. Laboratoire de physiologie, parc Léopold, ca. 1925. 10 11 1 6. Ernest Solvay, ca. 1910. 4 6 et le principal mécène, l’influence exercée par de for- … Belgique, tout en nous faisant évidemment traiter tes personnalités telles que Paul Héger y contribue ui d’intolérants, que l’Université fonctionnait normale- profondément. De manière générale, le dévelop- h ment le samedi matin car nous n’avions à connaître ’ d pement des techniques expérimentales rejoint les r que les congés imposés par l’État belge et la Commu- u conceptions philosophiques néopositivistes. o nauté française ou décidés par notre conseil d’admi- ujLe combat pour la laïcité, en particulier la séparation nistration et notre conseil d’entreprise. « Il n’empêche qu’un Cexeattcet esé v: oelnu t1io8n7 6n-1e8 7to7u, cLhéeo np Vaasn dqeurek inledse res ccierénec eles Et adl’UesL BÉ gilnisteesrv eetn adiet l’aÉutaptr,è ns ’edsut pgaos utveermrnienmé.e Ennt 2b0e0lg3e, « Et demain, que répondrons-nous aux mouvements jour l’université dite ‘du libre examen’ devra premier cours pratique en philosophie et lettres de dans le cadre du projet de Constitution européenne. d’un islam radical, pour qui l’État doit être le véhi- l’ULB : un séminaire en histoire médiévale. Si Léon Elle insistait pour que le préambule de la Constitution cule de la charia, s’ils exigent d’appliquer celle-ci bien se positionner sur Vanderkindere pense que les sciences humaines ne fasse référence « aux héritages culturels, religieux et au fonctionnement des universités, par exemple en ses valeurs fondatrices peuvent atteindre à « l’objectivité des sciences de la humanistes » plutôt qu’aux valeurs exclusivement exigeant que nous cachions les étudiantes derrière de laïcité. » nature », il estime que l’histoire doit aussi reposer chrétiennes. des moucharabiehs désormais aménagés dans nos sur un savoir rigoureux et précis, faisant appel à des amphithéâtres ? » techniques sûres qui fondent la critique des sources. Elle plaidait aussi pour la suppression de l’article qui En 1894, le conseil Les « événements » de la fin du siècle traduisent donc instaurait un droit d’ingérence des Églises dans les Enfin, la réflexion interne sur le libre examen reste d’administration une véritable mutation du savoir et, même perçus institutions de l’Union. d’actualité comme en témoignent la réédition en comme violents, ils s’avèrent bénéfiques pour l’ULB 2009 dans les fondamentaux d’UBLire (Éditions de procède à une dans la mesure où ils obligent l’Alma Mater à se re- Enfin, dans son allocution de la rentrée académique l’Université de Bruxelles) des textes de Chaïm Perel- réforme des statuts mettre en question. de 2007, le président du conseil devait encore pré- man et de Jean Stengers sous le titre Modernité du li- de l’Université. Le ciser : « Il n’empêche qu’un jour l’université dite ‘du bre examen, de même que la publication, toujours en Peu après, les statuts de l’Université sont réformés libre examen’ devra bien se positionner sur ses va- 2009, dans les Éditions du Centre d’action laïque du principe de libre dans un sens plus démocratique et proclament dé- leurs fondatrices de laïcité ». Au XIXe siècle, le chant travail historique de Pierre Daled : Le Libre Examen : examen est inscrit à sormais que l’enseignement de l’Université a pour du Semeur en fait encore état : la cible était les bulles la vie d’un principe (ULB 1834-1964). l’article premier des base le libre examen. papales. Aujourd’hui encore, une vigilance de bon aloi n’est pas obsolète lorsque l’on voit l’interven- nouveaux statuts. tion des évêques dans la rédaction de la Constitution Aujourd’hui encore, il européenne, lorsque l’on voit le puritanisme de l’ad- ministration Bush proscrire la contraception, couper est formulé ainsi : les fonds de la lutte contre le sida aux organismes Article 1 : L’Université qui recommandent l’usage du préservatif et interdire libre de Bruxelles la recherche sur les cellules souches embryonnaires, et lorsque l’on a écho de quelques « admonestations fonde l’enseignement paternelles » adressées à nos collègues de l’Univer- et la recherche sur sité catholique de Louvain impliqués dans la repro- le principe du libre duction assistée. Mais l’interférence des autorités religieuses avec la vie civile s’étend à d’autres cou- examen. Celui-ci rants. postule, en toute matière, le rejet de « Quant au centième anniversaire de la mort de Darwin, il fut mis à profit pour combattre les mou- l’argument d’autorité vements créationnistes qui ont repris vigueur en ce et l’indépendance de début de XXIe siècle. Naguère, nous avons eu à faire jugement. 1. Léon Vanderkindere, ca. 1884. 1 savoir au président de l’Union des étudiants juifs de 12 13 e c n a r é l o t n iÀ partir de 1931, l’Université de Bruxelles a affiché Le 25 novembre spécialisé dans les actions de sabotage technique (il ’ , lnettement ses positions en faveur de la démocratie, 1941, le conseil provoque notamment en 1944 « la grande coupure » e mcontre le fascisme, contre le rexisme, contre l’antisé- qui prive d’électricité la quasi totalité du territoire) d’administration smitisme. En 1933, quand débutent en Allemagne les est une émanation de l’ULB. i cpoursuites contre les Juifs, un manifeste de protesta- de l’ULB décide Après la seconde guerre mondiale, l’ULB apporte son s ations est signé par de nombreux professeurs. soutien aux étudiants et professeurs fuyant les dicta- f la fermeture de e tures militaires, espagnole, grecque, chilienne… l l’Université en e En 1934, c’est un Comité de vigilance antifasciste qui trest mis sur pied à l’initiative de l’Association géné- résistance à l’occupant C’est aussi le cas des enseignants, chercheurs et étu- n orale des Étudiants et des cercles politiques, libéraux, nazi. Des étudiants diants qui fuient l’Europe de l’Est, en particulier après C socialistes et marxistes. la répression de Budapest en 1956 et le Printemps de prolongeront cette Prague en 1968. Lorsque la guerre éclate en Espagne, nombreux sont action dans des les étudiants à prendre fait et cause pour l’Espagne En 1973, le conseil d’administration de l’ULB, après 1 2 mouvements de républicaine. avoir pris connaissance des événements très graves résistance, comme qui viennent de se dérouler en Grèce, et plus par- En janvier 1939, un manifeste est signé contre les le Groupe G rendu ticulièrement à la Faculté polytechnique d’Athènes, pogroms en Allemagne, puis en soutien à la France désire faire savoir à tous les enseignants et tous les célèbre par des et à la Grande-Bretagne dans leur lutte contre l’Alle- étudiants grecs qu’il est entièrement solidaire de actes de sabotage magne nazie. leur lutte. Les étudiants se mobilisent également et spectaculaires. L’ULB organisent meetings et campagnes d’information L’image que l’Université donne d’elle-même ne man- À partir de 1931, sur la dictature des colonels. En 1973 toujours, le rouvrira ses portes le que pas d’attirer l’attention de la Militärverwaltung, conseil d’administration de l’ULB confère – à titre l’Université de 20 novembre 1944. au lendemain de la défaite de mai 1940. L’autorité posthume – le titre de docteur honoris causa à Sal- Bruxelles a affiché militaire allemande, malgré la résistance du conseil vador Allende, souhaitant par ce geste rendre hom- d’administration de l’Université, finit par imposer des nettement ses mage à celui qui a entendu assurer par des voies nominations de professeurs sympathisants de l’ordre pacifiques l’évolution et le progrès économique, positions en faveur de nouveau. La riposte de l’Université est immédiate : le social et culturel de son pays, dans le respect des la démocratie, contre 25 novembre 1941, le conseil d’administration prend libertés individuelles. En 1974, les étudiants se mo- la décision de suspendre tout enseignement jusqu’à le fascisme, contre bilisent contre la condamnation à mort du militant une date indéterminée. En dépit des menaces et des anarchiste Salvador Puig. Désirant également appor- le rexisme, contre emprisonnements qui frappent ses dirigeants, jamais ter une aide aux universitaires chiliens touchés par l’antisémitisme. cette décision ne sera revue : l’Université restera fer- la répression en cours dans leur pays, l’ULB décide mée jusqu’à la libération de Bruxelles. de mettre en place des mandats exclusivement ré- servés à des professeurs ou chercheurs en sciences 1. Pierre Brachet , 1936. Les étudiants sont amenés à faire des choix : soit humaines et sciences appliquées d’origine chilienne. 2. Un char lors de la Saint-Verhaegen s’inscrire dans une autre université du pays, soit sui- Les étudiants ne sont pas en reste et organisent des de 1946. « Le libre examen battra vre des cours clandestins, soit encore s’enrôler dans l’obscurantisme. » comités de solidarité avec leurs homologues de la des mouvements de résistance. L’un d’eux, le Groupe G, 3. Le square G. Vrije Universiteit Brussel, distribuent des tracts sur 14 15 3 les campus et le Comité national universitaire de so- lidarité avec le peuple chilien s’attache à faire sortir du pays des étudiants dont la vie est menacée. Le choix des docteurs honoris causa de l’Université illustre l’implication de l’Alma Mater dans de grands débats contemporains. À l’occasion de son 150e an- niversaire, l’Université a ainsi honoré Willy Brandt, initiateur de l’Ostpolitik allemande ; Simone Veil, déportée de la seconde guerre mondiale, militante européenne et initiatrice de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse en France ; Andreï Sakharov, docteur en sciences physiques et mathématiques, militant des droits de l’homme assigné à résidence 4 en URSS ; et de la même manière, en 1984, l’artisan de la lutte contre l’apartheid Nelson Mandela, alors toujours en prison. Au cours de ces 25 dernières années, l’ULB a conti- nué à maintenir la mémoire des combats contre le nazisme et l’antisémitisme. En 1994, Simon Wiesen- 1 thal, figure emblématique de la poursuite des grands criminels de guerre nazis, reçoit les insignes de DHC. À l’occasion du 50e anniversaire de la réouverture de l’ULB après la seconde guerre mondiale et à l’initia- tive des étudiants administrateurs, le projet d’un mo- nument à la mémoire du Groupe G est lancé et c’est à l’occasion de son inauguration en 1996 qu’Arthur Haulot, résistant à l’occupant nazi, et Marek Edel- 2 6 man, seul survivant du commandement de l’insurrec- tion du ghetto de Varsovie, reçoivent les insignes de DHC. 1. Fiche judiciaire de José Morais. 2. Willy Brandt. 3. Salvador Allende. 4. Andrei Sakharov, ca. 1979. 5. Simone Veil, 1984. 6. Simon Wiesenthal. 3 5 7 7. Nelson Mandela, 1993. 16 17 e m è h p s a l En 2000, lors de la C’est également pour rappeler ces engagements du bEn septembre 2001, le conseil d’administration de passé qu’est fait DHC, en 2005, Robert Maistriau, e l’Université libre de Bruxelles prend position face à la participation d’un auteur de l’arrêt du 20e convoi de déportation la nuit ur lsituation dramatique dans laquelle se trouve plongé parti d’extrême-droite du 19 au 20 avril 1943. En 2000, lors de la partici- ole docteur Younus Shaikh, rationaliste condamné à la p au gouvernement de pation d’un parti d’extrême-droite au gouvernement … peine de mort par un tribunal d’Islamabad (Pakistan) l’Autriche, l’ULB n’a de l’Autriche, l’ULB n’a pas hésité à interpeller l’Uni- epour délit de blasphème. Le conseil s’élève contre m versité de Vienne, partenaire du réseau UNICA, pour l’existence – dans quelque pays que ce soit – d’un pas hésité à interpeller ê qu’elle se positionne. La réponse fut claire : « (we) mdélit dit de blasphème, rappelle ses options pour la l’Université de Vienne, strongly endorse the international standard of huma- t liberté de conscience et d’expression et demande e partenaire du réseau nitarian right, racism and xenophobia… » n au gouvernement belge d’intervenir auprès des plus ohautes autorités du Pakistan pour exiger d’elles la li- UNICA, pour qu’elle se Dans le même combat pour la liberté, l’ULB attribue sibération du Dr Shaikh. s positionne. le titre de DHC, en 2005, à Baltasar Garzón Real, le e juge espagnol qui a lancé un mandat d’arrêt interna- prLa position de l’Université en matière de blasphème En septembre 2001, le conseil d’administration de l’Université x tional contre le dictateur Pinochet, et en 2008, ap- eest sans équivoque. Un autre exemple est celui des libre de Bruxelles prend position face à la situation dramatique ’ pelle dans le cadre d’une « semaine pour la Colom- d« caricatures de Mahomet », parues dans le journal bie » à la libération des otages détenus par les Forces 1 3 é danois Jyllands-Posten. Si ces caricatures ont pro- dans laquelle se trouve plongé le docteur Younus Shaikh, t armées révolutionnaires colombiennes. ervoqué l’indignation de certaines communautés mu- rationaliste condamné à la peine de mort par un tribunal b isulmanes et ont été la cause de manifestations, elles d’Islamabad (Pakistan) pour délit de blasphème. l a bénéficieront aussi de soutiens, dont celui de l’Uni- l r versité, au titre de la liberté d’expression. À cet égard, u ola position de l’ULB est claire : le droit au « blasphè- Pme », c’est-à-dire à la liberté d’expression, n’est pas « à géométrie variable ». Depuis le XIXe siècle, sa po- sition ne varie pas à cet égard, comme en témoigne, parfois maladroitement, le chant des étudiants qui proclame « À bas la calotte ». 1. Arthur Haulot, 1996. 2. Baltasar Garzón Real, 2005. 3. Marek Edelman, 2005. 2 4 4. Robert Maistriau, 2005. 18 19

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Anne-Sophie Devriese-Marchant, Didier Devriese, Isabelle Pollet, Jean-Louis Vanherweghem - édité par Didier Devriese, Carole Masson et Anne veaux outils technologiques. P our l'aide à la réu ssite. L'ULB a également innové en matière pédagogique en créant les prix de pédagogie Socrate,
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