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L’Egypte ancienne à travers les Papyrus PDF

321 Pages·2003·12.766 MB·French
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L'ÉGWTE ANCIENNE À TRAVERS LES PAPYRUS Vie quotidienne Merci au professeur Jean Gascou pour ses suggestions et merci à mes premiers relecteurs. Sur simple demande adressée à Pygmalion, 70, avenue de Breteuil, 75007 Paris vous recevrez gratuitement notre catalogue qui vous tiendra au courant de nos dernières publications. © 2003 :Éditions Flammarion, département Pygmalion ISBN 2-85704-810.6 Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 (2° et 3° a), d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite» (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. RÉGIS BURNET ,,, . L'EGYPTE ANCIENNE À TRAVERS LES PAPYRUS Vie quotidienne Pygmalion INTRODUCTION Les textes que l'on va lire sont des rescapés. Par une conjonc tion unique de paramètres climatiques et de résistance du sup port de l'écriture - le papyrus-, ils se trouvent être quasiment les seuls écrits originaux conservés de !'Antiquité. Les autres textes ne proviennent que de copies, dont l'exemplaire le plus ancien date souvent du Moyen Âge (à l'exception du texte biblique) : par exemple, pour les œuvres de Platon, deux manuscrits du IXe siècle, le Bodleianus 39 et le Paricinus 1807 ; pour le De Natura Rerum de Lucrèce, deux manuscrits également du IXe siècle, les deux Vossianus; pour la Politique d'Aristote, deux manuscrits encore plus tardifs, le Parisinus Coislinianus 161 (XIV" siècle) et l' Ambrosianus B 105 sup (XV' siècle). Non seulement les originaux ont disparu, mais four texte même a rarement été transmis: seuls ceuxjugés dignes d'intérêt ont été reproduits ; autrement dit, les textes littéraires majeurs. Recopier un texte pour le sauvegarder constitue un investisse ment coûteux en temps et en argent. Même s'ils étaient nom breux, s'ils y passaient leur vie et s'ils n'étaient pas récompensés - sinon spirituellement-, on voit mal comment les moines copistes frileusement encoignés dans leur scriptorium auraient pu reco pier les quittances de loyer, les déclarations d'impôts, les lettres d'amour, les pense-bêtes des hommes de !'Antiquité! 7 Tout s'est donc évanoui. .. à part les papyrus miraculeusement préservés par la sécheresse du climat dans les déserts d'Égypte. Au sein d'obscures provinces traversées par le Nil ou ses affluents, des milliers de papyrus ont survécu au cours des siècles. Miraculés, ils livrent la vie quotidienne de ces habitants dont les voix se sont éteintes depuis deux millénaires. Comment parlaient les hommes de !'Antiquité? La plupart des romanciers qui situent leur intrigue dans le lointain passé ne se posent pas la question. Et que dire des films 1 Ou bien les person nages parlent avec l'hiératisme de la Phèdre de Racine ou bien avec la truculence du Gargantua de Rabelais. Et quel que soit le film, Cléopâtre parle comme une actrice hollywoodienne. Cette antho logie ne se contente pas de révéler la vie quotidienne des habitants de l'Égypte gréco-romaine : elle révèle que ni la componction ni le débraillé ne caractérisent la manière antique. 1. - PAPYRUS, PLOMB, PARCHEMIN, CIRE ET POTERIE Ce miracle s'explique par l'extraordinaire résistance d' yperus papyrus, le papyrus nilotique, que les Grecs nommaient papyros ou U:Jblos. Il pousse en abondance sur les bords du Nil, dans le Delta et dans le Fayoum. Dans l'Égypte ancienne, cette plante servait à tout : on la mangeait, on en faisait des objets usuels (paniers, cordes, barques, etc.) et l'on s'en servait pour écrire. On écrasait sa tige pour la réduire en fines lanières que l'on disposait à plat en les croisant et que l'on faisait sécher. On obtenait alors une feuille souple. Il suffisait de la poncer pour la rendre bien lisse, de tracer éventuellement des lignes avec une mine de plomb et d'écrire avec un roseau taillé en biseau, le calame, que l'on trempait dans une encre faite de noir de charbon ou de substances animales (comme l'encre de seiche). Le papyrus joua le rôle de« papier de !'Antiquité»; l'usage s'en répandit dans le Bassin méditerranéen à partir du ne millénaire avant notre ère et ne cessa pas jusqu'à la conquête des Arabes : en prenant le contrôle de l'Égypte, ces der niers contribuèrent à tarir les exportations. La Méditerranée et l'Europe se tournèrent alors vers d'autres supports: le dernier papyrus papal date de 1057, et il semble déjà archaïque. Éloigné de l'humidité, le papyrus demeure quasiment indes tructible. Il ne s'est conservé que dans les régions extrêmement 8 sèches : les « papyrus d'Égypte » ont été trouvés en majorité au Fayoum et dans les zones arides du pays. Dans le Delta ou dans la brillante capitale économique, politique et culturelle de l'Égypte gréco-romaine, Alexandrie, il pourrit. Aussi avons-nous perdu bon nombre de documents qui auraient pu être d'un intérêt capital et conservons-nous les archives d'obscurs fonctionnaires et de petits paysans. Le papyrus n'était pas le seul support sur lequel on pouvait écrire dans l'Égypte gréco-romaine. On utilisait aussi le parche min, confectionné à partir d'une peau de bête non tannée, qui fut inventé en Perse et se répandit en Égypte à partir du me et du IV" siècle de notre ère : beaucoup plus cher, il ne servait que pour les textes officiels ou les textes littéraires. Dans la vie quotidienne, on utilisait des tessons de poterie que l'on nommait ost:raca (au singulier : ostracon). Ramassés dans les dépotoirs, ils avaient le mérite de ne rien coûter, mais l'inconvénient d'être de format réduit et de surface irrégulière. Certains textes magiques étaient gravés sur des tablettes de plomb. Enfin, pour prendre des notes ou pour les exercices scolaires, on utilisait la cire meuble : il suf fisait de l'égaliser après usage pour pouvoir indéfiniment s'en servir. 2. - LES HÉRITIERS DE L'ÉGYPTE DES PHARAONS La conservation exceptionnelle des papyrus d'Égypte s'ex plique donc par d'exceptionnelles conditions climatiques: seuls les hasards de la météorologie font que l'on connaît avec autant de précision la vie de ceux qui demeuraient sur les bords du NiL Qui sont ceux dont on va lire les écrits? À l'époque que couvre cette anthologie (332 av. J.-C.-395 ap. J.-C.), les habitants de l'Égypte sont en leur grande majorité les successeurs des Égyptiens de l'époque pharaonique: l'apport culturel, racial, technique ou économique des conquérants ne modifie pas radicalement la physionomie du pays, à l'exception de quelques grandes villes. Les conditions générales de vie, l'agri culture, la religion évoluent très lentement et l'on retrouvera tout au long de l'ouvrage des traits très anciens, au point que ces témoignages d'une période postérieure éclairent souvent la vie quotidienne de l'Égypte des Pharaons. 9 Mais pas seulement. En Égypte coexistent une multitude d' eth nies; qui ne se mélangèrent que lentement. Vivant au milieu des Égyptiens de la campagne, on trouvait des habitants du monde hellénisé : Grecs, mais aussi Perses, habitants d'Asie Mineure, habi tants de la côte orientale de la Méditerranée, etc. Ils se mariaient souvent avec des indigènes et formèrent un groupe intermédiaire, les Gréco-Égyptiens. Dans les cités dites « grecques » habitaient des Grecs de souche; ils formaient une sorte d'aristocratie grâce à leur statut civique privilégié. Après la conquête romaine, on rencontrait quelques rares Romains, surtout dans les hautes fonctions militaires et dans l'entourage des préfets à Alexandrie. Il faut enfin mentionner les Juifs, présents dès le V" siècle dans la colonie juive d'Éléphantine, puis à partir de l'époque ptolé maïque, dans la campagne et à Alexandrie. 3. - GREC, COPTE, IATIN, HIÉROGLYPHIQUE OU DÉMOTIQUE ? L'étude des papyrus révèle une étrange surprise : la majorité d'entre eux est écrite en grec. Pourtant, jamais l'ensemble des Égyptiens ne parla grec : jusqu'à la conquête arabe, ils parlaient l'égyptien (en fait, de multiples dialectes), puis ils adoptèrent un dialecte de l'arabe. Pourquoi alors a-t-on rédigé tant de papyrus en grec? Pour comprendre, il ne faut pas hésiter à comparer le monde méditerranéen au monde actuel : une multitude de peuples, une multitude de langues et le besoin vital de communiquer. Dans cette configuration, tout naturellement, une langue s'impose, rarement la plus simple, mais souvent celle du peuple économi quement, culturellement ou politiquement « dominant», Dans !'Antiquité, le sumérien, le phénicien, l'araméen jouèrent ce rôle, et à partir de la conquête d'Alexandre, ce fut le grec. Langa franca, le grec qui s'imposa se dépouilla (comme il arrive souvent; c'est d'ailleurs ce qui arrive de nos jours à l'anglais) de la plupart de ses traits dialectaux et se «normalisa», en adoptant toutefois des tours de phrase et des expressions propres aux locuteurs « indi gènes». Plus d'attique, de dorique, d'ionien, mais simplement un grec «commun», le grec de la koinè, de la« communauté», qui subit les influences de la Syrie, de l'Asie Mineure et surtout du parler d'Alexandrie. 10

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