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L'école, réparatrice de destins? Sur les pas de la méthode Freinet PDF

265 Pages·2007·7.563 MB·French
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Licence accordée à Rodrigo de Oliveira Martins [email protected] - ip:177.94.13.241 L'école, réparatrice de destins ? Licence accordée à Rodrigo de Oliveira Martins [email protected] - ip:177.94.13.241 Les autres ouvrages de l'auteur ss écrivez ensemble, Documents de l'Éducateur, n°10, 1983 biographies dans la formation, Documents de l'Éducateur, 1985 libre mathématique, Odilon, 89100 Nailly, mai 1997 libre... libre, Odilon, septembre 1997 la conquête du langage écrit, Odilon, 1998 re, Rue des Scribes Éditions, 2000 thode naturelle : I 'écrilecture, Éditions ICEM-Pédagogie Freinet n°28,2001 avec Michèle Le Guillou sèmes en un an, Bibliothèque de travail et de recherche (BTR) Supplément à l'Éducateur n° 5-6, 1974-1975 sirs de Patrick, Casterman, 1980 à volonté - Dossier déclic, Éditions ICEM-Pédagogie Freinet, n°25, 2000 (cid:127)ils fait du dessin ?, Éditions ICEM-Pédagogie Freinet n°39, 2003 sur internet Ibreux autres textes se trouvent sur internet à l'adresse ci-dessous. www. am i sdefre inet. org/lebohec Licence accordée à Rodrigo de Oliveira Martins [email protected] - ip:177.94.13.241 Paul LE BOHEC L'école, réparatrice de destins ? Sur les pas de la méthode Freinet Postface de Philippe MEIRIEU L'Harmattan Licence accordée à Rodrigo de Oliveira Martins [email protected] - ip:177.94.13.241 Histoire de Vie et Formation Collection dirigée par Gaston Pineau avec la collaboration de Bernadette Courtois, Pierre Doininicé, Guy Jobert, Gérard Mlékuz, André Vidricaire et Guy de Villers Cette collection vise à construire une nouvelle anthropologie de la formation, en s'ouvrant aux productions qui cherchent à articuler "histoire de vie" et "formation". Elle comporte deux volets correspondant aux deux versants, diurne et nocturne, du trajet anthropologique. Le volet Formation s'ouvre aux chercheurs sur la formation s'inspirant des nouvelles anthropologies pour comprendre l'inédit des histoires de vie. Le volet Histoire de vie, plus narratif, reflète l'expression directe des acteurs sociaux aux prises avec la vie courante à mettre en forme et en sens. Déjà parus Volet : Histoire de vie Association des Anciens Responsables des Maisons Familiales Rurale (coord. par J.-C. Gimonet), Engagements dans les Maisons Familiales Rurales, 2007. Marie-Odile de GISORS et Joffre DUMAZEDIF,R, Nos lettres tissent un chemin, 2007. Michèle PELTIER, Le couchant d'une vie. Journal d'une cancéreuse croyante et coriace, 2007 Jacqueline OLIVIER-DEROY, Coeur d'enfance en Indochine, 2006. Jeannette FAVRE, En prison. Récits de vies, 2005. Françoise BONNE, A.N.P.E. MON AMOUR, 2006. Christian MONTEMONT et Katheline, Katheline, 2005. David JUSTET, Confessions d'un hooligan, 2005. Renée DANGER, Mon combat, leurs victoires, 2005. Danièle CEDRE, La porte-paroles. De Elles à... Elle, 2005. Guy-Joseph FELLER, Les carambars de la récré I Une école de village en Pédagogie Freinet dans les années 60, 2005. Marie-Claire GRANGEPONTE, (sous la dir. de), Classes nouvelles et gai-savoir au féminin, 2004. Jean-Marie ALBERTINI, Mémoires infidèles d'une famille de Provence, 2004. Jérémie MOREAU, Ma Mère, cette Utopie !, 2003 Licence accordée à Rodrigo de Oliveira Martins [email protected] - ip:177.94.13.241 à Perig, à Tanguy, Licence accordée à Rodrigo de Oliveira Martins [email protected] - ip:177.94.13.241 © L'Harmattan, 2007 5-7, rue de l'Ecole polytechnique ; 75005 Paris http://www.I i brai rieharmattan.com diffusion.harmattanfijwanadoo. fr harmattan I @wanadoo.fr ISBN 978-2-296-04249-0 EAN : 9782296042490 Licence accordée à Rodrigo de Oliveira Martins [email protected] - ip:177.94.13.241 Chapitre I Le premier poste Ce matin du ler septembre 1940, je descends gaiement, en sifflotant, la route qui me conduit à mon premier poste d'instituteur, à Gévezé, petite bourgade d'Ille- et-Vilaine, à seize kilomètres au nord de Rennes. Le petit train départemental vient de me déposer à trois kilomètres de ce village et je marche tranquillement en regardant le paysage, un vrai paysage de campagne, de vraie campagne, de pleine campagne, alors que, jusque-là, je n'en ai connu que des morceaux au bord de ma ville de Rennes. J'ai dix-neuf ans, et peut-être, seulement dix-neuf années d'enfance. Les Allemands sont arrivés en juin, provoquant partout une telle désorganisation qu'on a même supprimé l'oral à l'examen et que j'ai eu mon Brevet supérieur. Mais je ne me sens ni supérieur, ni inférieur à qui, ni à quoi que ce soit. Je ne me pose d'ailleurs aucune question. L'air est pur, le soleil brille ; on verra bien. En arrivant, bonne nouvelle : la rentrée des classes est différée de huit jours pour laisser le temps aux Allemands de débarrasser les classes. Cela me permet de faire plus ample connaissance avec mon collègue Gérard Robin, âgé de 21 ans, rentré dans le métier comme suppléant après son bac et, pour la deuxième année, sur ce poste. Nous sympathisons immédiatement. Nous remplaçons les trois collègues mobilisés dès le début de la guerre. L'un d'eux a été tué et les deux autres faits prisonniers. Comme nous ne sommes que deux, les effectifs sont chargés : 36 élèves par classe. J'apprends avec plaisir que j'aurai les petits. En effet, j'aurais été incapable de me charger des grands. Robin est, par contre, tout à fait l'homme de la situation. Le suppléant qui l'avait précédé avait été complètement débordé par ses élèves de neuf à quatorze ans qui allaient même jusqu'à sauter par les fenêtres. Il avait été contraint de démissionner. Quand Robin était arrivé en cours d'année pour le remplacer, tous ces garnements avaient ricané silencieusement à la vue de ce petit bonhomme d'1 m 54 qui portait une charge de kilos en rapport avec sa taille. Mais ils déchantèrent très vite car ce nouveau martre était un petit pète-sec de grande énergie et doté d'une poigne très forte. Il connaissait le proverbe : "Oignez vilain, il vous poindra ; poignez vilain, il vous oindra". Il les avait points et ils l'avaient oint. Comme la quasi-totalité de mes condisciples, je suis totalement neuf en pédagogie. À l'École Normale, la formation pratique se résumait à des stages trimestriels de deux semaines dans des classes où l'on pratiquait la même pédagogie ennuyeuse que nous avions si longtemps connue comme élèves. Aussi, les débutants pédagogues que nous sommes sont-ils effarés devant la tâche qui, soudain, leur échoit. Pour ma part, je m'empresse de mettre à profit la semaine qui m'a été étonnamment accordée pour me renseigner sur ce que je dois faire dans ma classe car je n'en ai aucune idée. Et je ne peux compter sur mon copain parce qu'au cours de ses deux années de suppléance, il n'a eu affaire qu'à de grandes classes. Cependant, comme, à ses débuts, il était encore plus désarmé que moi, puisqu'il n'avait assisté à aucune classe, ni même surveillé de cours de récréation, il s'était empressé de réunir de la documentation. Et il met immédiatement à ma disposition, non seulement les programmes officiels et le Code Soleil, mais également la collection des pages pédagogiques de l'École Libératrice, la revue du Syndicat National des Instituteurs qu'il avait soigneusement rassemblées au cours des deux années précédentes. À peine la première page du Code Soleil s'est-elle vue entrouverte qu'elle se Licence accordée à Rodrigo de Oliveira Martins [email protected] - ip:177.94.13.241 trouve aussitôt refermée. Il s'agit en effet de la liste des fautes que pourrait commettre un fonctionnaire de l'Éducation Nationale et des sanctions auxquelles elles donneraient droit. Je me mets très vite la tête dans le sable car je préfère ignorer ce à quoi je pourrais me trouver exposé. On verra bien. J'ai d'ailleurs un tempérament plutôt rebelle : pendant dix années d'école primaire et de pension, j'ai été immergé dans l'ennui jusqu'à l'extrême pointe de mes cheveux. Mais si, jusqu'à seize ans, j'avais toujours respecté la règle du jeu, à l'École Normale, je n'ai plus voulu accepter aussi facilement le système. Nous étions deux dans cette situation. Nous n'avions même pas acheté les livres et nous essayions par diverses tactiques de nous soustraire le plus possible à nos obligations. Le régime était sévère : endormis à vingt-deux heures, nous nous levions à cinq heures du matin pour aller à l'étude avant le petit déjeuner de huit heures. J'en profitais pour dormir sous le couvercle de mon pupitre. Tous les quinze jours, nous avions une composition, mais nous étions une poignée d'élèves des trois promotions à la préparer en jouant à la pelote basque pendant que le troupeau des élèves sérieux marmonnait ses leçons. Évidemment, lors des comptes-rendus, nous avions de sales moments à passer. Par chance, j'étais bon en maths et en anglais. Et en psycho-philo, je disais nalvement tout ce que je pensais, ce que le directeur appréciait. J'ajoute que quelques bonnes maladies me permirent également d'échapper au cycle infernal. Cependant, je n'en . travaillais pas moins, mais sur les sujets que j'avais choisis. En troisième année, alors que les maths et l'anglais n'étaient plus au programme, je m'y adonnais avec d'autant plus de bonheur. En outre, le prof de français était très intéressant, la bibliothèque était bien fournie et j'avais tout de même de bons moments, essentiellement parce qu'ils correspondaient à ce que, mod, j'avais voulu. Il est clair qu'abordé avec cette foncière disposition d'esprit, le Code Soleil ne pouvait trouver aucun écho en moi. Dénué de tout intérêt, il ne survit dans mes préoccupations que l'espace d'une demi-page. On verra bien. Les Instructions Officielles m'apportent davantage car, totalement démuni de toute référence, j'y repère quelques îlots rocheux qui émergent au milieu d'un océan d'interrogations. Mais je suffoque devant tout ce que j'aurai à enseigner. Elles exagèrent d'ailleurs, les IO : deux heures de lecture par jour pour les petits, c'est insensé ! Alors, je ne disposerai plus que des vingt heures qui restent dans la semaine pour faire tout ce qu'il y a à faire avec les grands. Mais non, que je suis bête, ceux-ci pourront travailler de leur côté quand je serai avec les CP. N'empêche, je n'y arriverai pas. Deux heures de lecture, c'est beaucoup trop. Elles sont malades, les Instructions Officielles ! Elles donnent vraiment trop d'importance à des petits sans intérêt alors qu'il y aurait tant à faire avec les moyens et les grands de mes deux cours élémentaires. En temps qu'enfant naturel, mon père avait dû entièrement se débrouiller par lui- même. En pédagogie, je me sens pareillement enfant naturel. Je n'ai absolument personne sur qui m'appuyer. Aussi, dans l'extrême dénuement où je me trouve, je me mets à dévorer la collection des pages pédagogiques que m'a prêtée Robin. Et à la bibliothèque pédagogique de Rennes, je récupère tout ce qui pourrait m'aider un peu à faire la classe. Aussi, le jour de la rentrée, la semaine suivante, je suis un peu plus rassuré. À vrai dire, les CE ne m'inquiètent pas trop car, pour en avoir si souvent bénéficié moi-même, je sais donner les numéros des exercices du livre qu'il ne me restera plus qu'à corriger au tableau. Je ne pense même pas qu'il faudrait que je me préoccupe de vérifier le travail de chacun sur les cahiers. Et encore moins de 4 Licence accordée à Rodrigo de Oliveira Martins [email protected] - ip:177.94.13.241 mettre des notes : à quoi ça sert ? Non, tout le troupeau doit marcher au même rythme, chacun se débrouillant comme il peut. La lecture Sur le plan de l'apprentissage de la lecture, je dois également affronter seul le problème. Je n'ai de mon propre apprentissage qu'un lointain souvenir. Dans un coin, je repère des tableaux de la Méthode Boscher et l'idée me vient que, puisqu'ils sont là, ils doivent servir à quelque chose. Ce n'est pas très enthousiasmant : il n'y a que des syllabes : "pa pe pi po pu... da de di do du_ ma me mi mo mu... stra stre stri stro stru... etc.". C'est d'un ennui ! Pourtant, il y a des illustrations, en noir également. Pour accompagner chaque lettre, il y a un dessin de référence. Ainsi, pour lep on voit une pipe ; pour le 4 une corde ; pour le n, une bobine... Mais, par malheur, lorsque je présente une nouvelle lettre, j'insiste trop longtemps sur la référence au dessin. Si bien que, pour la syllabe pa, mes élèves cherchent à repérer la première lettre p. Ils disent : "pipe... pe... et a, pa". Pour no, ils déterminent d'abord le n. Ils disent : "bobine... ne... et o, no"... Alors, on conçoit facilement le temps qu'il leur aurait fallu pour lire : panorama. Heureusement, ce mot ne fait pas partie du vocabulaire courant. Mais il en reste suffisamment d'autres pour que je panique à la pensée qu'il me faudrait au moins dix années pour qu'ils apprennent à lire. On avance à pas de tortue. Je suis désespéré. Et j'ai encore trente-sept années et demie à accomplir avant de prendre ma retraite ! Heureusement, au bout d'un mois de cette grisaille noir foncé, je rencontre par hasard l'institutrice du village voisin. Je lui fais immédiatement part de mes difficultés. Elle me conseille alors la Méthode Rose. C'est la brèche salvatrice ! Enfin, je trouve des textes qui ont du sens. On ne se contente plus de ramasser des pierres (les lettres) sans même penser qu'on en pourrait faire un mur. Là, les pierres sont dans le mur. On sait qu'elles ne constituent pas seulement des objets de collection pour un musée ; elles servent à quelque chose. Et, bon sang ! cela a du sens que ces lettres servent à faire du sens. Les textes sont simples, les images agréables. On sort de siècles d'apprentissage noir de la lecture, présentée sous forme d'insectes graphiques grouillant dans le cadre austère et catafalqueux d'âpres cartons pour déboucher sur de la couleur, du sens et de la vie. Certes, les textes sont plutôt artificiels, mais ils sont suffisamment proches de l'expérience quotidienne de chacun pour qu'il puisse accepter d'y croire. La Méthode rose est dite mixte. D'une part, il y a des textes que l'on peut lire globalement et, d'autre part, en haut de chaque page, il y a une ou deux lettres afin que l'enseignant puisse également travailler à leur niveau s'il l'estime nécessaire. Sur la première page, on voit l'image d'un garçon et d'une fille avec, en dessous, leur nom : toto... lift— Et, tout en haut, sur une ligne : Dans ce village, il y a une drôle de mode : ce n'est que le jour de leurs six ans que les enfants commencent l'école. C'est bien commode, au milieu de tout et de rente-cinq élèves, il faut faire du préceptorat ! C'est ainsi que je récolte Henri G. On ;Installe. Je lui fais lire plusieurs fois : toto... toto... lili... Puis, pensant qu'il a distingué chacun de ces deux mots, je lui fais répéter après moi les deux 'ettres du haut de la page en les montrant successivement du doigt : i... o... (cid:9) o... o... (cid:9) o... Au bout d'un certain temps, pensant qu'il a réussi à associer le vigne et le son, je lui montre un i en lui demandant de dire ce que c'est. Point de 5

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