Convergences aventureuses: L’Écho des années soixante-dix californiennes sur l’art européen des années quatre-vingt-dix et autres essais sur l’art contemporain Paul Frédéric To cite this version: Paul Frédéric. Convergences aventureuses: L’Écho des années soixante-dix californiennes sur l’art européen des années quatre-vingt-dix et autres essais sur l’art contemporain. Histoire. Université Rennes 2, 2008. Français. NNT: . tel-00383238 HAL Id: tel-00383238 https://theses.hal.science/tel-00383238 Submitted on 12 May 2009 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. SOUS LE SCEAU DE L’UNIVERSITÉ EUROPEENNE DE BRETAGNE UNIVERSITÉ RENNES 2 Ecole doctorale : Arts, Lettres, Langues Unité de Recherche : Histoire et critique des arts CONVERGENCES AVENTUREUSES L’Écho des années soixante-dix californiennes sur l’art européen des années quatre-vingt-dix et autres essais sur l’art contemporain Thèse de Doctorat Discipline : Histoire de l’art volume 1/2 Présentée par Frédéric PAUL Directeur de thèse : Jean-Marc POINSOT Soutenue le 27 novembre 2008 Jury : M. François BRUNET, professeur, art et littérature des États-Unis, à l’Université Paris VII (Rapporteur) M. Denys RIOUT, professeur d'histoire de l'art moderne et contemporain à l'Université de Paris 1, Panthéon- Sorbonne (Rapporteur) M. Jean-Marc POINSOT, professeur d'histoire de l'art à l'Université Rennes 2-Haute Bretagne (Directeur de thèse) M. Jean-Pierre CRIQUI + rédacteur en chef des Cahiers du MNAM, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris M. Daniel SOUTIF, critique d’art 1 Paul, Frédéric. Convergences aventureuses : l'écho des années soixante-dix californiennes sur l'art européen des années quatre-vingt-dix, et autres essais sur l'art contemporain - 2008 Table. Avant-Propos 6. Filtrage p. 4 Penser/Classer/Recommencer p. 279 § 6.1. John Currin p. 281 § 6.2. John Currin Introduction p. 285 § 6.3. Glenn Brown p. 12 L’art de la description 7. Intrusion / extrusion 1. Expérience et projet p. 290 § 7.1. Michel François p. 25 § 1.1. Douglas Huebler p. 295 § 7.2. Steven Pippin p. 46 § 1.2. Mel Bochner p. 307 § 7.3. Giuseppe Gabellone p. 75 § 1.3. Robert Barry 2. Identité / altérité 8. La règle et l’accident p. 94 § 2.1. William Wegman p. 314 § 8.1. Toni Grand p. 121 § 2.2. William Wegman p. 345 § 8.2. Richard Monnier (dessins) p. 130 § 2.3. Robert Cumming 9. La tentation de l’encyclopédie p. 134 § 2.4. Robert Cumming p. 360 § 9.1. Hubert Duprat p. 137 § 2.5. Robert Cumming p. 382 § 9.2. Richard Monnier 3. Mirages et miroirs Conclusion p. 152 § 3.1. Hreinn Fridfinnsson Classification et description p. 160 § 3.2. Hreinn Fridfinnsson p. 412 Une place pour chaque chose p. 174 § 3.3. Richard Artschwager et chaque chose à sa place 4. Télépathie ou simples p. 424 Bibliographie correspondances p. 188 § 4.1. Claude Closky p. 428 Index p. 206 § 4.2. Claude Closky p. 212 § 4.3. Jonathan Monk 5. Dérèglements p. 249 § 5.1. David Shrigley p. 261 § 5.2. Aernout Mik p. 267 § 5.3. Isabell Heimerdinger 2 Paul, Frédéric. Convergences aventureuses : l'écho des années soixante-dix californiennes sur l'art européen des années quatre-vingt-dix, et autres essais sur l'art contemporain - 2008 Avant-Propos. 3 Paul, Frédéric. Convergences aventureuses : l'écho des années soixante-dix californiennes sur l'art européen des années quatre-vingt-dix, et autres essais sur l'art contemporain - 2008 Penser-Classer-Recommencer Les textes réunis dans ce recueil ont été écrits entre 1991 et 2008 et ils portent sur une période s’étendant des années soixante à aujourd’hui. Ces essais ne sont pas ici présentés dans l’ordre chronologique des sujets étudiés. Et le recueil ne respecte pas la chronologie d’écriture. Un historien n’est pas un chroniqueur. Il étudie les sujets qui l’intéressent dans l’ordre qui lui semble le plus opportun. Dans le cas présent, l’auteur n’a pas suivi pendant dix-sept ans un programme déterminé d’avance. (On ne se déclare pas futur spécialiste en délimitant un jour jalousement son champ de recherche, on le devient pour les autres quand une spécialité se dégage de travaux accomplis par tâtonnements, avancées et retournements, au fil des années.) Et il ne s’est pas interdit de se pencher à plusieurs reprises sur le travail d’un même artiste en l’abordant alors sous des angles différents. On notera d’ailleurs que le parti de la monographie s’est imposé à lui et qu’il a fortement orienté le contenu de sa recherche. L’organisation du recueil, selon neuf grandes thématiques, ne prétend pas faire un tableau exhaustif de quelque grande tendance de l’histoire récente de l’art. Une convergence est très nettement mise en évidence toutefois entre l’art des années soixante/soixante-dix et l’art des années quatre-vingt-dix. Et le choix de la monographie met en évidence la préférence de l’auteur pour l’étude de phénomènes particuliers et pour les processus de création. Après une introduction portant sur le rôle de la description dans la pratique d’un certain nombre d’artistes (de Pech Merle à Jonathan Monk ou Claude Closky !) — et qui permet, bien sûr, à l’auteur d’insister sur son importance dans le travail historique et critique —, les neufs catégories thématiques selon lesquels s’organise le recueil correspondent dans la plupart des cas à des concepts fondamentaux relevés dans la démarche des artistes sélectionnés, soit, en amont, dans le contexte où ces démarches prennent appui. Ces sous-titres peuvent également souligner des préoccupations communes à plusieurs artistes. Elles signalent des correspondances ou des stridences entre artistes de même ou de différentes générations. Richard Artschwager est largement le doyen des artistes du recueil et Giuseppe Gabellone, le plus jeune. Cinquante années d’âge les séparent en effet, mais les artistes étudiés en détail peuvent 4 Paul, Frédéric. Convergences aventureuses : l'écho des années soixante-dix californiennes sur l'art européen des années quatre-vingt-dix, et autres essais sur l'art contemporain - 2008 rapidement s’assimiler à deux groupes générationnels en dialogue. On va voir que ce dialogue est plus vif entre certains. Ainsi s’énoncent les neuf chapitres du recueil : 1. Expérience et projet 2. Identité / altérité 3. Mirages et miroirs 4. Télépathie ou simples correspondances 5. Dérèglements 6. Filtrage 7. Intrusion / extrusion 8. La règle et l’accident 9. La tentation de l’encyclopédie Le premier chapitre présente l’exemple de trois figures essentielles de l’art conceptuel tout en insistant sur l’originalité du parcours spécifique de chacun. De grandes affinités personnelles lient Barry et Huebler, qui évoluèrent dans l’entourage de Seth Siegelaub dès la fin des années soixante. Bochner se situe ailleurs. Sa contribution décisive restera toujours ancrée dans le minimalisme, que traversa très rapidement Huebler après avoir rompu avec l’expressionnisme abstrait, ce qui lui valut la critique de ne pouvoir prétendre à l’étiquette de « conceptualisme pur » selon Joseph Kosuth, qui dédaigna toujours de la distribuer à d’autres qu’à lui-même. Le second chapitre réunit cinq études sur William Wegman et Robert Cumming, deux artistes qui se sont bien connus : de la Nouvelle Angleterre (dont ils sont originaires) à l’Université de Champaign, Illinois (ou ils partagèrent la même chambre d’étudiant), à la Californie où ils migrèrent au début des années soixante-dix, et que réunit le fait de s’inscrire dans une perspective pop/conceptuelle, contrairement aux précédents. Deux aspects du travail de Wegman sont plus particulièrement étudiés : ses autoportraits photographiques et ses dessins. Les travaux de Cumming s’inscrivent, eux, dans l’image fabriquée. Mais Wegman et Cumming ont en commun une manière très particulière de faire parler les objets. Le troisième chapitre procède au rapprochement plus hasardeux de deux artistes que ne lient sans doute réellement que leur préoccupation de justement transformer les 5 Paul, Frédéric. Convergences aventureuses : l'écho des années soixante-dix californiennes sur l'art européen des années quatre-vingt-dix, et autres essais sur l'art contemporain - 2008 objets du quotidien et le sort qu’ils réservent aux miroirs en particulier : opaque chez Artschwager, réflecteur d’images poétiques chez Fridfinnsson. Artschwager, dont la formation anachronique et l’épanouissement tardif le conduit à avoir un pied dans le pop et l’autre dans le minimalisme. Et Fridfinnsson ayant ouvert une brèche psychologique que l’on ne peut manquer de comparer à celle pratiquée par Bas Jan Ader parmi les artistes conceptuels de cette génération. Le quatrième chapitre souligne un symptôme marquant des années quatre vingt-dix où apparaît le travail d’artistes comme Claude Closky et Jonathan Monk, qui reconnaissent l’influence qu’a pu exercer sur eux l’art conceptuel, même s’ils n’y ont été exposés que très indirectement à l’origine, la citation souvent involontaire intervenant alors par intuition, par approximation et par empathie naturelle. (La télépathie du sous-titre fait référence à la Telepathic Piece, 1969, de Robert Barry.) La moitié des études rassemblées ici ont été écrites au cours de cette décennie. Or on notera que cette manifestation d’intérêt pour l’art conceptuel chez les artistes de la génération suivante s’est accompagnée, à moins qu’elle n’ait été précédée, par un même regain de faveur dans les études historiques et critiques. Le cinquième chapitre s’intéresse dans cette perspective à quelques cas d’artistes dont le travail témoigne qu’ils se sont intéressés plus particulièrement aux dérèglements de la perception ou aux dérèglements psychologiques : Shrigley, condisciple de Monk à l’école de Glasgow, mais dont l’œuvre dessinée est si proche par certains aspects de celle de Wegman et Closky ; Aernout Mik, dont l’œuvre emprunte à la forme documentaire ses décors, ses uniformes et ses situations en introduisant une touche d’hystérie dans les temps morts ; Heimerdinger, dont l’œuvre vidéo s’est déplacée vers le cinéma pour mieux embrasser la fiction. Le sixième chapitre relève deux exemples faisant exception par rapport à la perspective post-conceptuelle qui a été rapidement esquissée au quatrième chapitre. Contemporains des précédents, Currin et Brown se distinguent en puisant dans des sources radicalement opposées : de Fragonard au post-expressionnisme d’Auerbach en passant par Picabia. Puisant dans l’imagerie et versant résolument dans le Kitsch, leur positionnement semble être celui d’énergumènes dans le paysage contemporain, si leurs démarches provocantes n’avaient pu servir d’exemple, ou de contre-exemple, à beaucoup d’artistes moins pertinents, voyant en eux les champions d’un retour à l’ordre par la peinture, là où il faut plutôt voir un désordre savamment instruit. 6 Paul, Frédéric. Convergences aventureuses : l'écho des années soixante-dix californiennes sur l'art européen des années quatre-vingt-dix, et autres essais sur l'art contemporain - 2008 Le septième chapitre poursuit l’étude de cas dans le champ de la sculpture en s’intéressant plus particulièrement aux relations que celle-ci entretient avec la photographie, à travers l’exemple de trois artistes ayant cette double pratique : soit parallèlement dans l’espace domestique chez Michel François ; soit parce que le dispositif photographique et le protocole de production de l’image est générateur de sculpture, chez Pippin ; soit quand la photographie joue le rôle de chambre d’enregistrement de préoccupations plus classiquement sculpturales, comme chez Gabellone, dont l’œuvre aux prises avec l’image présente des correspondances avec celle d’Artschwager. Le huitième chapitre poursuit cette réflexion sur la sculpture en se penchant sur deux artistes qui se sont beaucoup observés : Toni Grand, l’aîné, et Richard Monnier, qui partagèrent la même galerie, et en insistant sur le rôle que jouent chez eux les principes de règle et d’accident. L’accident étant à l’origine de la règle à laquelle il met fin en survenant accidentellement au bout d’un certain temps pour définir une règle nouvelle, à suivre jusqu’au prochain accident décisif. L’étude sur Toni Grand porte très spécifiquement sur le corpus des sculptures incorporant des poissons dans la résine de polyester. Elle est livrée ici dans sa version intégrale. Celle du catalogue du Jeu de Paume avait dû être écourtée. Le neuvième chapitre revient sur le travail de Richard Monnier en le mettant en parallèle avec celui d’un autre sculpteur de sa génération, Hubert Duprat, dont la démarche procède, comme la sienne, d’un mélange d’érudition autodidacte et d’empirisme. Au-delà de la grande estime que se vouent les deux artistes, c’est cet équilibre entre culture livresque et expérience pratique qui a conduit à leur rapprochement. C’est aussi une certaine conception du temps efficace absorbé sans compter dans la recherche qui les réunit. Et le souci de se réorienter chaque fois et d’éviter l’impasse de la spécialisation. Sous le titre Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place le dernier texte du recueil aborde à travers la question de la taxinomie un sujet de préoccupation partagé par les différents artistes étudiés ici et qui s’est imposé comme le moteur de la recherche de certains. Tous ces textes ont été écrits sur près de vingt ans et les plier à l’organisation thématique qu’on vient de détailler a quelque chose d’artificiel et d’arbitraire. Ils ont été 7 Paul, Frédéric. Convergences aventureuses : l'écho des années soixante-dix californiennes sur l'art européen des années quatre-vingt-dix, et autres essais sur l'art contemporain - 2008 sélectionnés dans un corpus beaucoup plus large en effet. Un panorama n’en est pas moins brossé. Et il est important de souligner qu’à de rares exceptions ces textes ont tous été écrits en amont ou en aval d’expositions organisées par l’auteur. Ce qui permet de dire qu’un contact très étroit a été lié avec chacun des artistes. Deux rencontres ont à ce titre été déterminantes, celle de Douglas Huebler et celle de William Wegman, pour une meilleure compréhension de la situation artistique américaine au tournant des années soixante et soixante-dix. De la découverte de ces œuvres a découlé celle d’autres par l’analyse du contexte dans lequel elles apparurent. Ainsi la scène conceptuelle californienne a-t-elle fait l’objet d’une attention particulière. Et, plus tardivement, celle de New York, à travers les exemples de Bochner et Barry. Le fil conducteur pour les années quatre-vingt-dix est plutôt à rechercher du côté de Claude Closky, même si une franche opposition se manifeste par rapport à Currin ou Brown. Deux textes concernent ici l’artiste français et il est à nouveau cité dans l’introduction et la conclusion, mais l’auteur a écrit à maintes autres reprises sur son compte. L’exemple de Toni Grand, Monnier et Duprat constitue une aire de recherche distincte — quoique leurs pratiques les rapprochent des américains du process art —, immanquablement nourrie par la fréquentation des intéressés. Le contact direct avec les artistes, la connivence souvent, a dans tous les cas été une condition de la recherche. Il aurait pu être mis en évidence par une série d’entretiens avec les mêmes, mais aussi avec d’autres relevant des mêmes sphères esthétiques, comme Allen Ruppersberg, personnalité indispensable pour saisir l’atmosphère de Los Angeles dans les années soixante/soixante dix. Mais on a renoncé à mettre en annexes ces entretiens ou notices (sur Bas Jan Ader, Acconci, etc.) étant donné la quantité de texte déjà amassée. Du contact avec les artistes ressort la dimension de portraits et de témoignages présente dans la plupart des textes. Cet aspect riche d’informations recueillies dans des conditions privilégiées, ainsi que la grande liberté des analyses d’œuvres et des articulations trouvées entre les artistes révèle une approche littéraire doublement fondée dans le plaisir de la recherche et de l’écriture. Des références littéraires reviennent régulièrement d’ailleurs comme celles de saint Augustin, Montaigne, Kierkegaard, Lichtenberg, Dickens, Melville, Valéry, Paulhan, Camus, Sartre (sans vouloir faire de lien entre l’existentialisme sartrien et celui de Kierkegaard), Caillois, Perec, Barthes, en particulier — que ceux-ci appartiennent à la bibliothèque imaginaire des artistes 8 Paul, Frédéric. Convergences aventureuses : l'écho des années soixante-dix californiennes sur l'art européen des années quatre-vingt-dix, et autres essais sur l'art contemporain - 2008 concernés ou non —, grands descripteurs, dont la citation, comme celle de musiciens (Schönberg, en particulier) ou de cinéastes. À l’appui d’analyses appliquées aux travaux de plasticiens contemporains ces citations récurrentes peuvent surprendre, comme peut à cet égard surprendre le rapprochement de situations et d’époques apparemment sans caractéristique commune. Mais le plaisir d’écriture qui vient d’être invoqué est lui- même ancré dans le processus de dévoilement des œuvres et les artistes concernés, comme les écrivains et philosophes appelés en renfort, sont peut-être moins engagés dans une démarche de production de forme que dans celle d’une description du réel, travail qu’ils mènent en effet en commun avec les philosophes, en s’intéressant plus aux dérèglements de la perception. Il faut rappeler à ce sujet l’importance capitale que revêt la lecture de Robbe-Grillet et notamment de Pour un nouveau roman pour les artistes conceptuels comme Huebler. Les artistes américains empruntent copieusement d’ailleurs aux sciences humaines françaises renouvelées par la méthode structuraliste. Or ces emprunts spontanés sont le fait de lecteurs passionnés mais inexpérimentés qui ne revendiquent aucunement la qualité de sémioticiens, de sociologues ou de philosophes professionnels, même quand ils sont engagés par ailleurs dans une activité d’enseignement, comme précisément Barry, Bochner et Huebler, mais aussi Toni Grand, Monnier, Duprat et Closky. Ici s’opposent nettement deux approches de l’art et du réel : celle « panoptique » et distanciée fondée sur l’acquisition des principes généraux des grands systèmes de pensée artistique et philosophique, et celle, particulariste, soucieuse de détails et d’exceptions, enracinée dans une approche des phénomènes. Cet écart entre l’approche théorique et l’approche pratique fait l’objet d’un développement qui peut servir d’exemple dans l’introduction du texte sur Bochner. On notera aussi que les philosophes invoqués sont des philosophes poètes et non des inventeurs de systèmes. Le subjectivisme de Barthes n’a en outre pas été sans influence, assurément, sur l’auteur comme il eut son écho chez les artistes étudiés. — Notons que partout, sauf dans cet avant-propos, l’auteur s’exprime à la première personne. Loin d’être dénoncée, l’approche littéraire est donc assumée ici, car il faut écrire pour apprendre à lire les œuvres. La temporalité lente est nécessaire dans une approche qui peut être intrusive sinon invasive, les concepts ne se dégagent que de la pratique des œuvres. Le face à face est indispensable mais une lente imprégnation l’est plus encore, et chaque fois l’auteur a d’abord procédé à la compilation et à l’étude de l’anthologie critique des 9 Paul, Frédéric. Convergences aventureuses : l'écho des années soixante-dix californiennes sur l'art européen des années quatre-vingt-dix, et autres essais sur l'art contemporain - 2008
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