Description:nullDans l'Antiquité, des héros mythiques, Orphée, Thésée ou Enée avaient voyagé dans l'Au-delà, et Scipion avait contemplé en songe le cosmos. A partir du VIIe siècle de notre ère, ce sont des âmes qui voyagent, celles de moines ou de laïques, Fursy, Barontus, Wettin, Tnugdal, et de bien d'autres, beaucoup moins connus que les héros d'Homère ou de Virgile. Seul Dante égalera ceux-ci en réputation, mais son voyage, tel celui d'Enée, sera avant tout poétique. Pendant six siècles pourtant, du VIIe au début du XIIIe, les visiteurs ou plutôt leurs âmes parcourent des lieux dans l'Au-delà, avant tout le Purgatoire qui s'édifie à partir du VIIIe siècle, à l'époque de Bède le Vénérable, et le Paradis. Les deux extrêmes, Ciel et Enfer, sont plus évoqués que décrits. Le monde des morts est devenu proche et complémentaire du nôtre. Il en est le miroir et le prolongement. Toutes les pénitences non accomplies y sont achevées, et les justes y contemplent la réalisation des paroles du salut. Les récits sont conçus comme un genre littéraire, relatant une expérience extatique ou celle d'une mort momentanée, suivie d'une résurrection miraculeuse. L'âme qui voyage ou qui subit des épreuves, est représentée comme un véritable double de l'homme. Cependant, sans que cette anthropologie commune soit toujours remise en question, on se met à douter de la possibilité de tels voyages, au moins sous cette forme, au cours du XIIe siècle. Le genre devient alors allégorique et poétique, tandis que sa rédaction passe du latin aux langues vulgaires.