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Le sang et le sol nomadisme et sédentarisation au Maroc : les Ayt Merghad du Haut-Atlas oriental PDF

309 Pages·2012·1.347 MB·French
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Le Sang & le Sol Nomadisme et sédentarisation au Maroc Les Ayt Merghad du Haut-Atlas oriental Ahmed Skounti Le Sang & le Sol Nomadisme et sédentarisation au Maroc Les Ayt Merghad du Haut-Atlas oriental 2012 Publication de l’Institut Royal de la Culture Amazighe Série : Etudes N° 33 Titre : Le Sang & le Sol Nomadisme et sédentarisation au Maroc Auteur : Ahmed Skounti Editeur : Institut Royal de la Culture Amazighe Réalisation et suivi : Centre de la Traduction, de la Documentation, de l’Edition et de la Communication (CTDEC) Imprimerie : El Maârif Al Jadida - Rabat Dépôt légal : 2012 MO 1768 ISBN : 978-9954-28-127-7 Copyright : © IRCAM I Igellin n Bbwa A la mémoire de mon père Moha Ou Zaïd Ouskounti (1917-2002), et de ma mère Hennu Nbarch Ouhadda (1922-2012) Préface Ce livre est une brillante étude sur le nomadisme et la sédentarisation dans la région du sud-est marocain. Il restitue par la description et l’explication du phénomène du nomadisme une vision poétique du monde, une vision en rupture avec les paradigmes à l’œuvre dans l’évolution des sociétés et des communautés humaines. Le nomadisme représente plus qu’une modalité de la résilience face au processus de désenchantement du monde, il exprime la résistance consciente à ce processus. C’est une résistance fondée sur des modes culturels ancestraux, notamment un mode d’exploitation de l’environnement naturel, d’organisation sociale, de production culturelle et un mode de vie et de pensée. L’approche adoptée dans l’ouvrage est à la fois descriptive et interprétative. La description porte sur l’environnement des Ayt Merghad et sur le processus de sédentarisation qui affecte leur mode de vie. L’espace vital des Ayt Merghad de la vallée du Ghris est un espace morphologiquement contrasté et caractérisé par des conditions bioclimatiques marquées du sceau de la précarité, par la rareté des ressources agropastorales et par un rythme de vie réglé par la mécanique des migrations pastorales oscillant entre estivage et hivernage. La communauté Ayt Merghad est marquée par l’hétérogénéité des origines de ses composantes, les modalités de l’occupation du sol et les liens du sang. Elle est aussi hiérarchisée et stratifiée, et gérée par des institutions où le pouvoir traditionnel est incarné dans ljmaat, l’amghar et l’azrf. Son histoire, consignée dans la mémoire collective et encore vivante dans la tradition orale, fait état des heurs et des malheurs qu’elle a connus. En somme, une société qui partage beaucoup de traits avec d’autres communautés du Maroc périphérique. Quant aux modes qui structurent la vie des Ayt Merghad, ils sont précaires tant les conditions imposées par l’environnement sont implacables et conduisent de manière inéluctable à la sédentarisation, avec ce qu’elle induit comme nouvelle culture, nouvelles relations à l’espace, aux hommes, au travail, à l’Etat… à la vie. Le processus de sédentarisation y est à l’œuvre sous l’occupation coloniale, depuis 1933, avec le régime de la « Charte de la transhumance » sous l’emprise d’aléas multiples, de contraintes économiques et administratives, de l’émigration en tant qu’exil 7 économique, de l’uniformisation des valeurs. Mais, d’un autre côté, de nouvelles demandes sociales s’expriment, principalement la scolarisation des enfants, les aspirations des nouvelles générations et l’emploi dans la fonction publique et militaire. Autant de nouvelles donnes qui déstructurent et restructurent la société Ayt Merghad. Au-delà de la description des conditions environnementales et modales de la vie des Ayt Merghad, l’auteur avance des explications et des interprétations lumineuses pour la compréhension de la dimension anthropologique de la dichotomie nomadisme vs sédentarisation. Il explicite avec brio les implications socioculturelles qui déteignent sur les conduites individuelles et collectives en mettant en exergue le changement de paradigme qui fait passer les Ayt Merghad de la culture épique de « l’Homo nomadicus » à une « modernité locale » réifiante. En effet, par la force des choses, la fixation impose à la communauté ce que l’auteur appelle « des fissions », « des fusions », « un éclatement silencieux ». Bien des indicateurs révèlent combien la sédentarisation, éprouvante et coûteuse, est vécue dans la douleur et dans la contrainte. En effet, l’adaptation à la fixation au sol se fait au prix de l’abandon des normes nomades articulées sur la valeur cardinale de timmuzgha, au prix aussi d’un changement de temporalité, de spatialité et d’appartenance (le sang vs le sol). Par cette dimension interprétative, le livre contribue assurément à la construction d’une anthropologie du nomadisme. Ahmed Boukous 8 Avant-propos Le présent ouvrage est issu d’une thèse de doctorat en anthropologie soutenue à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris voilà déjà plusieurs années. Il aurait dû trouver plus tôt le chemin des librairies, mais des projets de publication antérieurs ayant échoué, sa parution en a été retadrée. D’autant plus que des amis et surtout des gens de la région du Sud- Est que le sujet intéresse plus particulièrement ont mainte fois exprimé le souhait de le voir publier. Peu de changements ont été apportés au fond mais le texte a été sensiblement allégé. Aujourd’hui enfin entre les mains du lecteur, le contenu aura valeur documentaire sans avoir perdu de son actualité. Il n’est pas un plat tout à fait froid sans être un met fraîchement préparé. S’il peut parâitre froid pour quelque lecteur, ce pourrait être un plat frugal de berger pris dans une prairie du Haut-Atlas d’Imilchil ou sous un grand jujubier dans le pays présaharien. Le travail est daté, situé et, plusieurs années après sa soutenance, maintes données demanderaient à être revues et actualisées. Le nomadisme n’est plus qu’un simple reflet de lui-même : un élevage extensif qui doit plus à des individualités à l’acharnement farouche qu’à de véritables communautés nomades comme ce fut le cas jusqu’aux années 1970. La vie nomade s’est réduite à sa plus simple expression, sacrifiant une richesse ethnographique communautaire, donc contraigante, au profit d’une plus grande marge de manœuvre pour les familles et les individus. Les groupes se sont clairsemés ; les déplacements ont un rayon bien plus important allant jusqu’au millier de kilomètres grâce aux camions ; les reconversions se diversifient ; la sédentarité ne signifie plus uniquement ni nécessairement le passage à l’agriculture et le téléphone portable a fait son intrusion dans la vie des derniers nomades. Mes remerciements les plus chaleureux vont à l’Institut royal de la Culture amazighe (IRCAM) en la personne de son recteur, mon ancien professeur M. Ahmed Boukous et à M. Mustapha Jlok, du Centre des études anthropologiques et sociologiques pour avoir facilité la publication même tardive du présent travail. 9

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