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Le roman d’aventures, 1870-1930 PDF

457 Pages·2010·5.677 MB·French
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LLLLeeee rrrroooommmmaaaannnn dddd’’’’aaaavvvveeeennnnttttuuuurrrreeeessss 1111888877770000----1111999933330000 Ouvrage publié avec l’aide de l’Association Limousine de Coopération pour le Livre – Centre Régional du Livre et le soutien de la Région Limousin © Presses Universitaires de Limoges, 2009 39C, rue Camille Guérin – 87031 Limoges cedex – France Tél : 05.55.01.95.35 – Fax : 05.55.43.56.29 E-mail : [email protected] http://pulim.unilim.fr Matthieu LETOURNEUX LLLLeeee rrrroooommmmaaaannnn dddd’’’’aaaavvvveeeennnnttttuuuurrrreeeessss 1111888877770000----1111999933330000 RRRReeeemmmmeeeerrrrcccciiiieeeemmmmeeeennnnttttssss Ce livre est la version remaniée de la thèse de doctorat que j’ai soutenue à Paris IV. Aussi est-ce tout naturellement que je remercie Pierre BRUNEL, qui l’a dirigée, et m’a donné de nombreux conseils, avec une intelligence et une pertinence que je ne me lasserai jamais d’admirer. Je remercie aussi la mystérieuse confrérie des chercheurs en littérature populaire, dont le centre mondial est, comme chacun le sait, à Limoges, mais qui a su tisser des liens partout, en France, au Québec, en Belgique ou ailleurs. Je rends hommage également aux Sociétés secrètes d’amis du roman populaire, à l’AARP ou dans les forums du cyberespace, qui ont bien voulu m’initier à leurs rites. Je tiens à dire ma reconnaissance à certains chasseurs (de livres), qui m’ont aidé, flamberge au vent, à mettre la main sur bien des ouvrages, à Paris ou Montreuil. J’ai une pensée pour la perle de Labuan, et pour les frères de la côte, Victor et Clément, qui supportent encore « mes vieux bouquins qui sentent le moisi », mais ne s’y intéresseront jamais, je le crains. IIIInnnnttttrrrroooodddduuuuccccttttiiiioooonnnn Le roman d’aventures tient une place à part dans l’histoire de ces formes d’écriture et de consommation sérielle que sont les genres populaires – ou genres fictionnels, si l’on ne veut pas marquer a priori les œuvres du sceau de l’infamie. Il a été l’un des genres les plus importants des cultures populaires et de jeunesse durant près d’un siècle, décliné dans des milliers de titres et des centaines de collections, contribuant à donner forme à l’imaginaire de plusieurs générations de lecteurs masculins, enfants, adolescents ou adultes, et participant de façon plus ou moins volontaire à construire les représentations de nombreuses nations occidentales – la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, mais aussi les Etats-Unis, l’Espagne, l’Italie... Il a donné forme aux rêveries nationales et nationalistes, aux fantasmes impériaux et coloniaux, aux inquiétudes xénophobes et obsidionales, aux devoirs, à la puissance et aux valeurs associés à la figure masculine. Au sens étroit de roman d'aventures géographiques, il a été, dans la plupart des pays d’Europe et en Amérique du Nord, le principal genre de la littérature de jeunesse et a représenté une part importante des feuilletons et fascicules des années 1860 aux années 1940. Dans une acception plus large, incluant le roman d'aventures historiques, son succès remonte aux années 1840, et connaît des avatars, sur d’autres supports – cinéma, bande dessinée – jusqu’à nos jours, tout en restant l’une des formes vivantes du roman populaire anglo-saxon (par exemple à travers le récit d’aventures maritimes). Enfin, si l’on prend la notion dans une acception formelle, en interprétant le roman d’aventures comme un récit dont le but premier est de raconter des aventures, alors le genre apparaît comme une source vertigineuse de récits, puisqu’on est obligé d’inclure tout un pan du récit policier, de la science-fiction, ou du récit d’espionnage, et évidemment l’essentiel du western et de l’heroic fantasy. Le roman d’aventures H. J. Magog, La Vallée ensevelie, Paris, Tallandier, « Grandes aventures, voyages excentriques », 1933. 8 Introduction L’importance du roman d’aventures en fait un acteur stratégique dans la diffusion des représentations. Genre largement destiné à la jeunesse, il témoigne des ambitions éducatives du XIXe siècle. Genre populaire, il renvoie aux aspirations des classes les moins aisées, mais il dénonce aussi les craintes des classes dominantes face au peuple. Genre consommé par les hommes, il participe pleinement à la construction d’une image de la virilité, de son rôle, et de sa place dans la société. Genre jouant sur la volonté de puissance et les peurs du lecteur, il a pu, par les caricatures que permettent les récits construits sur un schéma actantiel manichéen, s’imprégner de différentes idéologies, et souvent des plus radicales d’entre elles : lorsqu’il met en jeu les intérêts divergents de plusieurs pays, le roman d'aventures se fait l’écho du nationalisme et du patriotisme de son temps ; lorsqu’il explore, aux côtés du héros, des régions lointaines, il se fait porteur des discours colonialistes et impérialistes, ou véhicule les conceptions racistes du darwinisme social ; ailleurs, à travers une représentation fantasmée de l’Histoire ou de la ville moderne, il peut transmettre sa vision des valeurs qui fondent la société : laïcité ou catholicisme, République ou Monarchie, etc. Le roman d'aventures, fondé sur des conflits mis en scène de façon manichéenne, se prête à toutes les constructions discursives. Si l’on n’a jamais pu établir dans quelle mesure il a favorisé le développement de certaines idéologies, il est certain qu’il s’est fait largement l’écho des valeurs de son temps. C’est entre 1860 et 1940, durant une période relativement restreinte, que le roman d’aventures connaît son apogée. Certes, bien des œuvres continuent de s’écrire par la suite (celles de Forester, de Kessel, de Monfreid), mais après la guerre, le genre, dans sa forme populaire, connaît un déclin certain ; à l’inverse d’autres auteurs, et non des moindres, écrivaient déjà avant 1860, tels Alexandre Dumas, William Harrison Ainsworth, Fenimore Cooper, Kingsley, Melville ou Frederick Marryat ; et il est toujours tentant de faire remonter la généalogie à Defoe, au récit picaresque, au roman médiéval, voire aux « romans d’aventures » de la Grèce antique. Reste que le genre n’est pas clairement identifié : en témoigne le fait que la notion de roman d’aventures n’est pas encore utilisée pour définir une œuvre. La prise de conscience de l’existence d’un genre propre n’apparaît qu’après 1860, voire, en France, au début des années 1870. A l’inverse, les décennies qui suivent se caractérisent par une intense activité à la fois en Europe et aux Etats-Unis. Si Stevenson (qui meurt en 1894) a déjà écrit quelques nouvelles avant 1870, il n’a publié aucun de ses romans d’aventures ; Verne fait paraître le premier de ses Voyages imaginaires en 1863, et il meurt en 1905 ; le premier récit 9 Le roman d’aventures de Rider Haggard, Dawn, date de 1884, et l’auteur meurt en 1925, c’est-à-dire un an après Joseph Conrad ; Conan Doyle publie ses principaux récits ayant pour héros le professeur Challenger dans cette période, tout comme la plupart de ses romans d’aventures historiques (Sir Nigel, ou la série des Gérard) ; London lui-même, qui pourtant débute après la plupart de ces romanciers, disparaît en 1916. En Allemagne, Karl May (1841-1912) popularise un genre qu’avaient lancé Gerstäcker, Möllhausen ou Armand. Et le roman d’aventures se diffuse en Italie (avec Emilio Salgari ou Luigi Motta), et même en Espagne (Fernandez y Gonzalez, Ortega y Frias, Mallorqui), au Portugal, etc. où il est traduit et imité. Par-delà les frontières, et devant l’étendue du succès rencontré, on peut repérer un réseau de relations entre les auteurs : Stevenson reconnaît l’influence d’Alexandre Dumas, de Walter Scott et de Frederick Marryat ; John Buchan, comme John Meade Falkner ou Rider Haggard, avouent s’être inspirés de Stevenson ; Verne rend hommage au père du genre que fut Poe dans Le Sphinx des glaces ; et on devine l’ascendant qu’ont eu les récits de Verne sur l’écriture d’Emilio Salgari ou de Paul d’Ivoi. Ces auteurs se connaissent souvent1, correspondent entre eux (comme le firent Stevenson et Conan Doyle, Rider Haggard et Rudyard Kipling2), et commentent leurs œuvres respectives (Stevenson évoque Jules Verne3, Alexandre Dumas4, Marryat, et il fait des références à Haggard dans ses lettres, tout comme Haggard parle de Stevenson ; des pages de Jack London (1980) sont consacrées à Stevenson, Haggard, Conrad ou Kipling). Ainsi, on se trouve par excellence dans ce que Jean-Marie Schaeffer (1989) appelle la « classe généalogique » : c’est par influences réciproques, chaque auteur s’inspirant des autres, que le roman d'aventures s’est constitué comme genre, et a évolué, se modifiant progressivement par apports successifs. Dans ce cas on bascule dans une écriture sérielle qui est le vrai trait caractéristique du genre, plaçant les 1 Comme Stevenson, Kipling et Haggard étaient membres du Savile Club, et amis du folkloriste écossais Andrew Lang, qui fit énormément pour le renouveau du romance en Grande-Bretagne. 2 Cf. Rudyard Kipling to Rider Haggard ; The Record of a Friendship, édité par Morton Cohen (1965). 3 Cet essai, publié en français sous le titre « Les romans d’aventures de Jules Verne » dans La France que j’aime (1978), est enregistré pour la première fois dans les œuvres complètes de l’auteur (édition dite de Tusitala), volume 28. 4 « A propos d’un roman de Dumas » (1992). 10

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