Après plusieurs décennies de négation des réalités frontalières au nom de pratiques économiques de libéralisation, il est aujourd'hui fréquent d'évoquer un " retour " des frontières. Comme si elles avaient disparu sous l'effet de la mondialisation. Pourtant, les frontières politiques restent des éléments actuels fondamentaux du système international. A tel point qu'en ce dernier quart de siècle, 25000 kilomètres de tracés ont été élevés et reconnus. Si elles sont aujourd'hui moins visibles, voire même dématérialisées, elles n'en restent pas moins concrètes et opératoires.
Mais face à l'illusion de l'uniformité des situations frontalières, il est nécessaire de décomposer l'hypothèse d'un retour généralisé des frontières. S'agit-il d'une simple réaffirmation des frontières, agie par des Etats soucieux d'exercer leurs prérogatives souveraines ? Est-ce l'ordre international hérité de 1945 et 1991 qui serait remis en question ? Est-ce, lorsque des peuples se déchirent en factions rivales, une solution qu'il serait pertinent d'élaborer afin de mettre fin aux crises les plus graves ? Est-ce un puissant retour du refoulé, signant la fin du sans-frontiérisme, face aux nouvelles menaces exigeant des réponses régaliennes, d'échelle nationale ?
Cet ouvrage est celui d'un géographe, qui rompu au terrain, n'observe pas " La " frontière mais des frontières plurielles, diverses, datées, plus ou moins visibles, plus ou moins conflictuelles mais toujours artificielles au sens de constructions socio-politiques.
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