AVERTISSEMENT Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de soutenance et mis à disposition de l'ensemble de la communauté universitaire élargie. Il est soumis à la propriété intellectuelle de l'auteur. Ceci implique une obligation de citation et de référencement lors de l’utilisation de ce document. D'autre part, toute contrefaçon, plagiat, reproduction illicite encourt une poursuite pénale. Contact : [email protected] LIENS Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10 http://www.cfcopies.com/V2/leg/leg_droi.php http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm UNIVERSITÉ DE LORRAĐNE Faculté de Droit, Sciences économiques et Gestion de NANCY Année Universitaire 2012/1013 Thèse soutenue en vue de l'obtention du Doctorat en Droit privé et Sciences Criminelles LE RÉEXAMEN D’UNE DÉCĐSĐON PÉNALE CONSÉCUTĐF À UN ARRET DE LA COUR EUROPÉENNE DES DROĐTS DE L'HOMME, EN DROĐT FRANÇAĐS ET TURC COMPARÉS Aslıhan ÖZTEZEL Thèse soutenue à Nancy Le, 27 juin 2013 Dirigée par le Professeur Jean-François SEUVĐC, Professeur à l’Université Lorraine Composition du jury : François FOURMENT, Professeur à l’Université de Lorraine Jocelyne LEBLOĐS-HAPPE, Professeur à l’Université de Strasbourg, Rapporteur Durmuş TEZCAN, Professeur à l’Université Kültür Remerciements M. le Professeur Jean-François SEUVIC, m’avait expliqué, lors de notre première rencontre, que la préparation d’une thèse prenait longtemps, que c’était une voie solitaire et que j’allais grandir avec cette thèse. À la sortie de ce premier rendez-vous, je me disais, je me rappelle, que c’est les étudiants européens qui n’arrivaient pas terminé leur travail de thèse à temps et que j’allais bien sûr l’accomplir en trois, au maximum quatre ans, comme mes collègues en Turquie. Il est certain que je n’avais, en effet, rien compris de ce petit avertissement de mon Professeur. Je n’avais pas compris qu’une thèse était effectivement un très long chemin, qui demandait beaucoup de sacrifice, beaucoup d’effort et qu’il fallait aimer son sujet et qu’un doctorant stagnait dans sa vie jusqu’à la fin de cette aventure. J’en ne regrette pas une seconde de cette période qui a été très longue pour moi. Je ne peux remplacer avec rien, le plaisir d’accomplir et d’avoir quelque chose de concret à la fin, de créer, d’essayer et de réessayer en se forçant, de se faire des illusions à force de fixer longtemps le même point. J’ai eu, lors de mon chemin, la chance d’avoir M. le Professeur Jean-François SEUVIC comme Directeur de thèse. Il a été un phare qui m’éclairait le chemin, de loin et en veillant sur ma personnalité et au travail que j’effectuais. J’ai été ravie d’être son doctorante. Je lui dois le plus grand remerciement pour sa patience, son guidage et son encouragement. Je tiens à remercier également à mes enseignants en Turquie, commençant par M. le Professeur Dr. Feridun YENĐSEY, dont j’assiste depuis des années à la faculté de droit de l’Université Bahçesehir à Istanbul, à M. le Professeur Dr. Durmuş TEZCAN, qui m’a toujours consacrée son temps et à Doç. Dr. Ali Kemal YILDIZ, qui m’a toujours encouragé quand j’étais épuisée entre les choses à régler à la faculté et le travail de thèse. Je tiens à remercier à mes amis que j’ai partagé la même ambition, d’être docteur, pour leur soutien lors de nos séjours ensemble en France; Dr. Balca ÇELENER, Dr. Bige AÇIMUZ, Dr. Özge AKSOYLU et Dr. Özgür MUMCU. À mon père Cenap ÖZTEZEL et mes amies -à mes sœurs choisies- Ayşegül UZUN MARĐNKOVIC et Dr. Seda ÖKTEM ÇEVĐK pour qu’ils n’ont jamais cessé de croire en moi, même au moment que je m’y croyais plus ; à Véronique DURAND, pour qu’elle m’a toujours attendue à Nancy avec les bras ouverts et à sa fille Naomi qui a été mon sourire dans les moments de stress, à ma mère Aysel ÖZTEZEL, pour m’avoir transmit sa nature persistante de « jamais laisser tomber ». Je garderai un souvenir des sentiments confus de cette période de ma vie, tout en sachant qu’elle est l’une des plus enrichissantes en apprentissage et en amitié. ABRÉVIATIONS ACM : Cour d’assises (Ağır Ceza Mahkemesi) AFDI : Annuaire Français de Droit International AIJC : Annuaire international de justice constitutionnelle AMKD : La Revue des arrêts de la Cour constitutionnelle (Anayasa Mahkemesi Kararları Dergisi ) ang. : en anglais Arch.pol.crim : Archives de politique criminelle Ass.plén. : Cour de cassation en Assemblée Plénière AYM : Cour Constitutionnelle turque (Anayasa Mahkemesi) c. : contre C.ass. : Cour d’assises CA : Cour d’appel CD : Chambre criminelle de la Cour de cassation (Ceza Dairesi) CDDH : Comité directeur pour les droits de l'homme CE : Conseil d’état CEPEJ : Commission européenne pour l’efficacité de la justice CGK : Cour de cassation en Assemblée plénière ( Yargıtay Ceza Genel Kurulu) CIJ : Cour Internationale de Justice CJCE : Cour de Justice des Communautés européennes Commission EDH : Commission européenne des droits de l’homme Convention EDH : Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales Cour EDH : Cour Européenne des Droits de l’homme CPC : Code de procédure civile CPJI : Cour Permanente de Justice Internationale CPP : Code de procédure pénale CRD : Commission de Réexamen D : Editions Dalloz-Sirey D.PEN : Droit pénal DC : Dernièrement consulté Değ. Iş. : Affaire différente (Değisik Đş) DF : Documentation française DGM : Cour de sûreté de l’État (Devlet Güvenlik Mahkemesi) DH : Dalloz Hebdomadaire Dr. Soc. : Droit Social E : Le n° de la décision en droit turc (Esas) éd. : édition EuConst. : European Constitutional Law Review Gaz. Pal : Gazette du palais GC : Grande Chambre ICLQ : International and Comparative Law Quarterly J.-Cl : Juris Classeur JCP : Semaine juridique JO : Journal Officiel K : Le n° jugement en droit turc (Karar) LGDJ : Librairie générale de droit et de jurisprudence LPA : Petites Affiches, La loi Müt. Kar : Décision réitérée ( Müteferrik Karar) N° : Numéro RDP : Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étranger Rec. CEDH : Recueil de la Cour européenne des droits de l'homme Rec. : La Recommandation Rep. Pen.Dalloz : Répertoire de Droit Pénal et de procédure pénale Rep.Pen : Répertoire de Droit Pénal et de procédure pénale, Encyclopédie Juridique, Dalloz Rev. trim. dr.h. : Revue trimestrielle des droits de l’homme RFAP : Revue française d’administration publique Rfda : Revue française de droit administratif RG : Journal Officiel ( Resmi Gazete) RSC : Revue de Science Criminelle et de Droit Comparé RTDE : Revue trimestrielle de droit européen s. : page (sayfa) SRPJ : Service Régional de police judiciaire SSR : Société Suisse de Radiodiffusion et Télévision TBB : L’union des Barreaux Turque (Türkiye Barolar Birliği) TBKP : (arrêt) Parti communiste unifié de Turquie (Türkiye Birleşik Komünist Partisi) TGI : Tribunal de Grande Instance TL : Livre turque ( türk lirası) trad. : traduction v . : versus V. : Volume Yarg. : Cour de cassation (Yargıtay) SOMMAĐRE PREMIÈRE PARTIE LE RECOURS Á LA PROCÉDURE DE RÉEXAMEN D’UNE DÉCISION PÉNALE CONSÉCUTIF AU PRONONCÉ D’UN ARRÊT DE LA COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME TITRE 1 L’INSTAURATION DE LA PROCÉDURE DE RÉEXAMEN CHAPITRE 1. LE BESOIN QUI SE FAIT SENTIR POUR L’INSTAURATION DE RÉEXAMEN CONSÉCUTIF AU PRONONCÉ DE L’ARRET DE LA COUR EDH SECTION 1. La réparation et la restitutio in integrum dans le droit international et le système européen SECTION 2. Un nouveau catalogue des termes CHAPITRE 2. LES TRANSFORMATĐONS SUBĐES PAR L’INSTAURATION DU RÉEXAMEN D’UNE DÉCĐSĐON PÉNALE CONSÉCUTIF À UN ARRET DE LA COUR EDH SECTION 1. L’évolution des systèmes juridiques et sociaux des pays focalisés SECTION 2. L’évolution des organes du système européen: Changements dans les attributions du Comité des Ministres SECTION 3. La restructuration des notions constituantes de la procédure pénale suite à l’instauration du réexamen consécutif aux arrêts de la Cour EDH TITRE 2 LES CONDITIONS DU RÉEXAMEN (D’UNE DÉCISION PÉNALE CONSÉCUTIF AU PRONONCÉ D’UN ARRÊT DE LA COUR EDH EN FRANCE/ LES CONDITIONS DE RÉVISION D’UNE DÉCISION PÉNALE SUITE A UN ARRET DE LA COUR EDH EN TURQUIE) CHAPITRE 1. DEMANDE DE RÉEXAMEN SECTION 1. Juridiction compétente pour le déclenchement de la procédure SECTION 2. Les conditions procédurales CHAPITRE 2. LES CONDITIONS DE RÉEXAMEN SECTION 1. Les conditions préalables du réexamen d’une décision pénale SECTION 2. Les conditions de fond i DEUXIÈME PARTIE LES EFFETS DU RÉEXAMEN TITRE 1 LA MISE EN ŒUVRE DU RÉEXAMEN CHAPITRE 1. LA PROCEDURE DEVANT LA COMMISSION DE RÉEXAMEN (FRANCE) LE TRIBUNAL CHARGÉ DE LA RÉVISION (TURQUIE) SECTION 1. Descriptif du déroulement de la procédure en réexamen d’une décision pénale consécutif à un arrêt de la Cour EDH en France/ la révision suite à un arrêt de la Cour EDH en Turquie SECTION 2. Les solutions négatives SECTION 3. Les solutions positives CHAPITRE 2. LA PROCEDURE DEVANT LES JURIDICTIONS DE RENVOI SECTION 1. En France SECTION 2. En Turquie TITRE 2 LE RÉEXAMEN: NOUVELLES PERSPECTIVES ? CHAPITRE 1. LIMITES DE L’EFFECTIVITÉ DE LA PROCÉDURE DE RÉEXAMEN SECTION 1. Les Difficultés SECTION 2. Les Remèdes CHAPITRE 2. RÉFLEXIONS SUR L’AVENIR DU RÉEXAMEN D’UNE DÉCISION PÉNALE CONSÉCUTIF À UN ARRET DE LA COUR EDH SECTION 1. L’analyse des articles susceptibles d’être évoqués SECTION 2. Les modifications législatives préconisées ii INTRODUCTION 1. Les pays fondateurs du Conseil de l’Europe1, en signant le 4 novembre 1950, à Rome, la Convention de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales (ci-après Convention EDH)2, ignoraient sans doute qu’ils changeaient fortement l’avenir de leur pays et qu’un retour en arrière n’était guère possible. Les États contractants européen qui avaient vécu deux guerres mondiales en un demi-siècle convenaient par cet engagement sans précédent dans leur histoire, d’instaurer la stabilité de la paix régionale et la protection des droits de l’homme. « Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’idée de développer et de promouvoir les droits de l’homme et des libertés fondamentales est très forte: cela est admis unanimement »3. Les États membres du Conseil de l’Europe4 ont laissé derrières des vives controverses et débats portant sur l’universalisme et régionalisme des droits de l’homme et ont réussi de marquer la protection des droits fondamentaux, par l’idée européenne5. La discipline crée par ces États membres a formé l’ordre public européen. 1 Notamment l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, le Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Turquie et la Grèce. « La Grèce et la Turquie pourraient apparaître comme des États fondateurs de facto, même si elles ne sont pas mentionnés par le Statut parmi les États originaires du Conseil de l’Europe. En effet, le procès-verbal de la conférence constitutive du Conseil de l’Europe du 4 mai 1949 comporte le passage suivant: « La conférence a pris connaissance des demandes formulées par les gouvernements de la Grèce et de la Turquie en vue d’être admis comme membres fondateurs du Conseil de l’Europe. Il n’eut pas été possible, sans retarder la date de la signature, de faire droit à ces demandes, mais, après un échange de vues approfondi, il a été reconnu, de l’avis général, que la candidature de ces deux États pourrait être accueillie favorablement; il a été convenu que la question serait dès sa constitution par le Comité des Ministres, conformément à l’article 4 du Statut. Les autres demandes d’accession qui pourraient être reçues dans l’intervalle seront, bien entendu, examinées en même temps par le Comité des Ministres. » BENOIT- ROHMER F., KLEBES H., Le droit du Conseil de l’Europe, Vers un espace juridique paneuropéen, Éd. du Conseil de l’Europe, 2005, p. 37. 2 La Convention de Sauvegarde Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales, est entrée en vigueur, le 3 septembre 1953. 3 DECAUX E., Les États parties et leurs engagements, in PETTITI L.-E., DECAUX E., (dir.) IMBERT P.H. La Convention européenne des droits de l’homme, Economica, 2e ed., 1999, p.3. 4 47 pays membres et 6 États observateurs. 5 RENUCCI J-F., Traité de Droit Européen des Droits de l’homme, LGDJ, 2007, p. 12. 1 Longtemps, l’appartenance au Conseil de l’Europe n’exigeait pas l’obligation d’adhésion à la Convention EDH. Suite à l’élargissement du Conseil de l’Europe après 1989, l’adhésion à la Convention EDH est devenue une obligation6. Pour être membre du Conseil de l’Europe, les nouveaux États s’engagent à signer, puis à ratifier, dans un délai raisonnable un certain nombre de Conventions, dont la Convention EDH. De nos jours l’appartenance au Conseil de l’Europe et l’adhésion à la Convention EDH s’avèrent indissociables. Concurremment, l’article 58§3 du Statut du Conseil de l’Europe stipule que; (…) cesserait d’être partie à la présente Convention toute partie contractante qui cesserait d’être membre du Conseil de l’Europe. L’idée de l’harmonisation des droits et la création d’un ordre européen de droit commun ont été synchrone, par l’idée de la protection des individus vis-à-vis des États. La Cour européenne des droits de l’homme (ci-après La Cour EDH) s’est dotée d’un pouvoir d’établir le “juste équilibre” entre l’État membre et l’individu. Au sein d’un système fondé sur la primauté du droit, la Cour EDH continue de développer les normes européennes dans le cadre des requêtes qui lui sont soumises et ce dans tous les pays ayant reconnu son autorité. Depuis sa création et surtout depuis qu’elle a reconnu les requêtes individuelles7, la Cour EDH a contribué à l’instauration d’un ordre public européen. C’est cet ordre d’Europe qui permet de faire évoluer les droits internes des États membres et vise à étendre l’interprétation des dispositions de la Convention EDH. La Cour EDH agit par le principe de la subsidiarité et se place derrière les États membres. La Turquie est l’un des premiers États contractants à avoir ratifié la Convention EDH8. « Cette ouverture vers la sphère européenne peut être considérée comme la conséquence naturelle de la présence de la Turquie pendant l’élaboration de la CEDH et de l’instauration de la démocratie à partie de 1946. La CEDH a donc été mise en vigueur sous la Constitution de 1924. Par rapport à la CEDH, la Constitution de 1961 représentait le « standard maximum » alors que l’inspiration de la CEDH par la Constitution 1982 était plutôt limitée du point de vue des critères de restrictions. C’est à 6 BENOIT-ROHMER F., KLEBES H., Le droit du Conseil de l’Europe, Vers un espace juridique paneuropéen, éd. Conseil de l’Europe, 2005, p. 32. 7 La requête individuelle est entrée dans le système du droit européen avec l’entrée en vigueur du Protocole 11, le 1er novembre 1998. 8 Le 18 mai 1954. 2
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