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Le prix de l’engagement politique dans la Tunisie autoritaire : gauchistes et islamistes sous la Tunisie de Bourguiba et Ben Ali (1959-2011) PDF

372 Pages·2017·6.93 MB·French
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LE PRIX DE L’ENGAGEMENT POLITIQUE DANS LA TUNISIE AUTORITAIRE ARTHALA ARTHALA LE PRIX DE L’ENGAGEMENT POLITIQUE DANS LA TUNISIE AUTORITAIRE IRMC Karthala 20, rue Mohamed 22-24, Ali Tahar boulevard Arago 1002 Tunis 75013 Paris «Le Maghreb revisité. Nouvelles lectures en sciences sociales et humaines» «Nouveaux paradigmes maghrébins» «Savoirs maghrébins: Nouvelles lectures en sciences humaines et sociales» La particularité de cette collection, dirigée par l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain (IRMC) est de diffuser des travaux,inédits sur le Maghreb, réalisés par de jeunes chercheurs dans le cadre de leur travail doctoral. Elle s’inscrit solidement dans une perspective pluridisciplinaire et territoriale. Les ouvrages proposés sont tous issus de travaux de thèses et de réflexions académiques, validés par un jury d’universitaires garant de la qualité et de l’exigence des savoirs produits. Le but de cette nouvelle collection, outre qu’elle promeut une version plus courte et vulgarisée d’une thèse de doctorat, entend valoriser des approches réflexives originales et des objets et des terrains de recherche qui renouvellent les paradigmes de la connaissance sur le Maghreb. Elle représente la vitrine actualisée et dynamique de la nouvelle recherche en sciences sociales et humaines telle qu’elle se déploie et s’anime dans les universités françaises et maghrébines. Préparation éditoriale:Romain Costa. PAO et couverture : Besma Ouraïed. Préface AMAU Professeur émérite des universités, spécialiste du monde arabe et musulman, Ex directeur de l’IRMC Le titre d’un livre n’est jamais qu’un choix parmi d’autres possibles dans une quête du meilleur. Il lui faut, en effet, concilier précision et concision, description et « séduction ». Son énoncé produit des effets d’annonce qui orientent la lecture, à moins qu’ils n’en dissuadent. Le titre, résume Gérard Genette, «est un relais, et, comme tout relais, il lui arrive parfois, si l’auteur a la main trop lourde, de faire écran et finalement obstacle à la réception du texte». Et de conclure, «Moralité: ne soignons pas trop nos titres –ou, comme disait joliment Cocteau, ne parfumons pas trop nos roses ». Prolongeons le propos, les bons livres offrent toujours plus que ce que leur titre promet. Pour tenir la promesse, ils construisent et mettent en œuvre des catégories de pensée, des «notions communes» dans l’acception spinozienne d’idées générales ou généralisables. Autrement dit, leur relation avec le titre dépasse la simple littéralité. Leprix de l’engagement politique dans la Tunisie autoritaireest de ceux-là. Michaël Ayari, oserais-je, n’a pas trop parfumé ses roses. Il a adopté un titre d’une grande sobriété, qui ouvre sur une série d’inter-rogations. Le livre y apporte des réponses précises et circonstanciées, fondées sur les résultats d’une vaste enquête et l’analyse de données biographiques de près de 250 militants «gauchistes» et «islamistes». L’accroche du titre fixe notre attention sur «le prix de l’engagement». Avec le référent «de Tunisie autoritaire», elle sollicite notre imaginaire de la répression et de ses victimes ou ses héros. Tout honnête homme – le français, langue masculine, n’offre pas d’équivalent féminin dépourvu d’équivoque – entend une petite voix intérieure laissant planer le doute 8 LEPRIXDEL’ENGAGEMENTPOLITIQUEDANSLATUNISIEAUTORITAIRE sur sa propre aptitude à s’acquitter du « prix » en de telles situations. Defait, celui-ci s’affiche, de la manière la plus crue, dans les épreuves de la torture, de la prison et de l’exil, traversées par nombre de militants et, pour certains, à plusieurs reprises. Toutefois, derrière celles-ci, et après elles, se profile une autre dimension non moins attentatoire aux droits et aux libertés. Dans quelle mesure les interruptions de trajectoire consécutives à l’incarcération ou à l’exil hypothèquent le devenir social et professionnel des personnes ? L’analyse des «conséquences bio- graphiques» de l’engagement démontre que dans la majorité des cas celui- ci ne se paie pas au prix exorbitant de «la perte de tout». L’engagement permet, en effet, l’accumulation de ressources politiques, professionnelles et relationnelles. Le sujet est susceptible de les valoriser à la faveur d’une nouvelle conjoncture, une fois achevé le cycle de contestation dont il était partie prenante. Mais que veut donc dire « s’engager » ? La question, ou plutôt la réponse, interfère avec celle du prix. L’engagement n’est point affaire d’improbables prises de cartes de militants ni même de résolutions ou de stratégies individuelles. Il relève de logiques de situations qui exposent à des coûts et à des risques. Les coûts se rapportent aux « sacrifices » personnels de tous ordres liés à l’activité au sein d’un groupe : temps investi, relations familiales, moyens de subsistance, etc. Quant aux risques, ils tiennent principalement à la répression policière et judiciaire. Les variations des coûts et des risques sont fonction des dispositions des individus, de la ligne de conduite du groupe et de la gestion de la conflictualité politique par l’appareil gouvernemental. L’engagement consiste dans le cas de figure où le sujet ne lésine pas sur les coûts alors même que le risque « objectif»augmente. Le qualificatif «objectif» dessine en creux la part du «subjectif». Tous les militants ne perçoivent pas les risques de la même manière ; au demeurant, leurs perceptions peuvent évoluer au fil de leurs parcours. La marge entre risques « objectifs » et « subjectifs » donne prise à d’éventuels malentendus, qui produisent des « malgré eux », non point de l’engagement mais de l’héroïsme. Subir la répression vaut brevet de militantisme au regard du groupe, qui pour les besoins de son action et de sa cohésion se livre le cas échéant à une héroïsation. Il reste que la répression en régime autoritaire, du moins en Tunisie, s’avère PRÉFACE 9 sinusoïdale. Il est des périodes de décompression autoritaire, où le risque objectif apparaît relativement faible. La participation aux activités du groupe crée alors des liens affectifs et moraux qui pèseront de tout leur poids, le moment de l’engagement venu, autrement dit de l’augmentation des risques. Ils tendent à inhiber la tentation de la défection en mettant en cause l’estime de soi et la reconnaissance par les pairs. À cet égard, les coûts et les risques du désengagement relèvent du même registre que ceux de l’engagement. Les modalités de l’engagement dépendent des rapports différenciés des militants au binôme coûts-risques. Le livre en dresse une typologie dont les critères combinent les caractéristiques des trajectoires individuelles et le degré d’intensité de la militance. Cette approche de l’engagement transcende le clivage politique entre «gauchistes» et «islamistes». Certes, l’appartenance de groupe compte, mais de manière contre-intuitive. Tout semble séparer ces cohortes de militants, de la chronologie des engagements et des événements à l’idéologie des collectifs et des individus. Or, à la lumière de l’analyse diachronique et synchronique de la population militante, l’appartenance à l’un ou l’autre des deux groupes ne constitue qu’une variable intervenante. À plusieurs reprises, le traitement des données permet d’identifier un « effet de groupe », mais celui-ci ne joue qu’à titre secondaire. Sans doute, observera quelque lecteur de Jean-Claude Passeron, « ce que dit un tableau et ce qu’on en dit » ne peuvent être abstraits des conditions de production des données et de leur catégorisation. Le fait même de réunir en un même échantillon, sous le label « révolutionnaires-contestataires », des militants recensés les uns comme « gauchistes » et les autres comme « islamistes » procède d’un préalable méthodologique. Celui-ci oriente l’ensemble des questions et des réponses. Jusqu’à preuvedu contraire, la démarche conserve toute sa pertinence. Elle est, en effet, étayée par le recours à des « notions communes» qui tout à la fois justifient et démontrent. Je ne saurais entrer dans les détails de ce modus operandi. Une préface, au mieux, ouvre sur le livre; elle n’en assure pas plus «l’introduction» que le résumé. Dans cet esprit, je me bornerai à préciser en quoi, à mes yeux, cet ouvrage offre plus que les promesses de son titre. 10 LEPRIXDEL’ENGAGEMENTPOLITIQUEDANSLATUNISIEAUTORITAIRE Au-delà d’une sociologie du militantisme contestataire, Le prix de l’engagement en régime autoritaire revisite la question des élites en Tunisie. Le trait ne tient pas seulement au fait qu’un grand nombre d’anciens «contestataires-révolutionnaires» jouent les premiers rôles sur la scène politique tunisienne post-autoritaire. Plus fondamentalement, il procède d’une approche des militants suivant un protocole transposable à l’ensemble des élites. D’une manière générale, les élites vivent une contradiction inhérente à leur statut réel ou supposé. Quelle que soit leur revendication de légitimité, avant-garde des masses, porte-parole des dominés ou défenseurs des valeurs centrales de la société, elles prétendent tout à la fois s’identifier à une totalité et s’en distinguer. «Mystère du ministère», disait Pierre Bourdieu. Michaël Ayari évoque, pour sa part, la position de l’étranger au peuple qui aspire à le façonner à sa propre image alors qu’il éprouve les plus grandes difficultés à le trouver. Le peuple, en l’occurrence, figure une insoutenable altérité dans la bonne ou mauvaise conscience du sujet. «Aller au peuple», le mot d’ordre bourguibien des années de lutte pour l’indépendance constitue le paradigme missionnaire du politique chez les élites, tous courants confondus. Pour les « gauchistes » comme pour les « islamistes », il s’imposait d’autant plus que leur engagement et leur audience avaient initialement l’Université pour terreau. La thématique de «la jonction», avec les «masses laborieuses» puis avec «le prolétariat», s’est imposée dans les débats et les publications du mouvement «Perspectives » et de ses avatars. La ligne, à vrai dire les lignes successives, qu’elle a inspirées ont desservi le maintien de la position dominante des «gauchistes» sur la scène universitaire et lycéenne sans pour autant leur en assurer de solides au sein de «la classe ouvrière». En dépit ou en raison, c’est selon, des «rectifications», le mouvement, éclaté en plusieurs groupes, est demeuré pris en étau entre la répression et le conservatisme social. Le «Mouvement de la tendance islamique», devenu par la suite Ennahda, a mieux réussi sa sortie de l’enceinte universitaire. Il a essaimé en occupant l’espace de la prédication, de l’entraide et de l’accompagnement des pratiques rituelles. Il a mis en place un réseau de zaouïas d’un nouveau type, d’ailleurs préfiguré par les cellules du parti destourien sous la colonisation. Pour autant, il n’est pas sûr qu’il ait opéré

Description:
Cet ouvrage permet de découvrir l’histoire des militants d’extrême gauche et islamistes tunisiens et leur combat politique de jeunesse notamment sur les campus universitaires. Il offre des clés de lecture historiques et sociologiques essentielles pour décrypter trajectoires et stratégies de
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