Description:C'est la crise. Le capitalisme bat de l'aile et la résistance salariale s'organise par elle-même. Gabriel est maussade, d'autant que Chéryl, sa coiffeuse préférée est à Cannes pour un congrès. Son ami Gérard, patron de bistrot, l'envoie en Belgique à la recherche de bières pour son troquet, histoire de lui remonter le moral. Là-bas, au pays de la guerre Jupiler-Stella-Duvel, Gabriel découvre le monde des canaux, fréquente avec délice les conducteurs de péniche, bien loin de l'homme du Picardie. Quand deux meurtres attirent son attention : on retrouve un macchabée dans une péniche qui transporte des déchets métalliques et un autre entre les portes d'une écluse. Deux crimes macabres dans un pays en proie au désespoir à trois jours d'intervalle, il n'en faut pas plus au Poulpe pour se réveiller. Et cinq bières, deux rhums, ce sera le minimum pour s'enfoncer dans l'imbroglio.
Quinze ans après La petite écuyère a cafté, premier roman de la série, Jean-Bernard Pouy revient avec un nouvel opus, tout aussi brillant. L'écriture est inventive, souple et bourrée d'humour. L'intrigue est vaseuse à souhait. Les cinquante premières pages installent le décor de la frontière Nord-Belgique : bières à gogo, bouffe autochtone, climat pesant, et de magnifiques passages sur l'univers de la rivière et des péniches. Puis vient l'errance du Poulpe, sans queue ni tête, foisonnant de personnages truculents, où le Poulpe multiplie les fausses pistes et les impasses, bousculant tel un Maigret, par sa seule présence, la première impression pour arriver aux magouilles cachées. Les quarante dernières pages voient, tout en sous-entendus, la mise en place du puzzle. Pas de coup de théâtre ou de longs monologues : le Poulpe cogne et extorque du pèze, sans donner l'impression de vraiment dénouer le vrai du faux. Cela se termine sur la sensation d'un rêve inachevé, d'une errance à la Lewis Caroll.