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Le Parti communiste français et la question littéraire, 1921-1939 PDF

352 Pages·1972·21.331 MB·French
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Preview Le Parti communiste français et la question littéraire, 1921-1939

J.-P. A. BERNARD LE FASTI COMMVNISTE FRANCA1S ET LA QUESTION LITTEIUURE 1921 1939 PRESSES UNIVERSITAIRES DE GRENOBLE NUNC COCNOSCO EX PARTE THOMAS J. B ATA LI BRARY TRENT UNIVERSITY Jean-Pierre A. BERNARD est ne en 1940. II est Maitre-Assistant a I’Universite des Sciences Sociales de Grenoble (Institut d’Etudes Politiques) Digitized by the Internet Archive in 2019 with funding from Kahle/Austin Foundation https://archive.org/details/leparticommunistOOOObern Jean-Pierre A. BERNARD Maitre- Assistant a I'Universite des Sciences Sociales de Grenoble LE PARTI COMMUNISTE FRANQAIS ET LA QUESTION LITTERAIRE 1921-1939 PRESSES UNIVERSITA1RES DE GRENOBLE rt /\ ou / / w A la memoire de Jean TOUCHARD, respectueusement, fidelement. “Pendant que nous nous perdons en querelles cherchant quelque sens secret un sanglot immense secoue les choses : “Donnez nous des formes nouvelles”. Plus d’imbeciles Pour attendre en foule beante que tombe un mot de la bouche du “maitre”. Camarades, donnez un art nouveau qui tire de la boue la Republique”. Vladimir Maiakovski. “Ordre n° 2 a l’armee de rart’’(1922) In : Maiakovski Vers et Proses. Paris, Editeurs Fran^ais Reunis, 1957, p. 176. PREFACE Litterature et politique : la mise en relation de ces deux termes ouvre a la recherche une perspective des plus fecondes. Outre qu’elle etablit un lien entre des disciplines — histoire litteraire, etude des idees politiques — qui, souvent, s’ignorent, elle eclaire les communications souterraines entre opinions politiques et inclinations esthetiques. De combien d’engagements ideologiques la racine n’est- elle pas culturelle ? Aussi ne penetrera-t-on les origines des options et des comportements que le jour ou Ton aura scrute le soubassement constitue par les gouts artistiques et les sensibilites litteraires. D’une telle recherche la necessite est peut-etre plus pressante encore si elle s’applique a l’une de ces ideologies qui entendent proposer une vision d’ensemble de la realite et se presentent comme des systemes complets : ainsi du marxisme. Pour lui, en effet, non seulement la production litteraire trouve et son explication et sa signification par reference a un etat de la societe et des forces de production, mais encore il ne saurait y avoir de litterature desinteressee : la lutte de classe exclut la gratuite de la creation. Toute litterature est invitee a se faire militante. Le marxisme- leninisme pousse a la limite la notion de l’engagement. Aussi l’etude, a laquelle Jean-Pierre Bernard a choisi de consacrer sa these, des relations entre le Parti communiste frangais et la litterature dans les vingt premieres annees de Pexistence de celui-ci presente-elle un interet specifique. On a certes deja beaucoup travaille et passablement ecrit sur les ecrivains qui ont adhere au communisme ou qui ont accepte de faire a ses cotes un bout de chemin. On a denombre les ecrivains engages, analyse leur etat d’ame, leurs scrupules, leurs revirements. Le mouvement Clarte ou les rapports entre le surrealisme et le communisme ont ainsi inspire d’excellents travaux que J.P. Bernard n’a pas eu la pretention de renouveler. Le propos est autre. II s’interesse a l’autre versant du sujet, le volet complementaire des relations entre le commu¬ nisme et les intellectuels. Encore qu’il retrace avec minutie et sagacite l’itineraire d’un Gide ou d’un Malraux, c’est essentielleinent a la politique litteraire du parti communiste qu’il s’attache. Dans quelle mesure est-elle conforme a l’ideologie inspiratrice ? A-t-elle varie au cours de ces deux decennies qui ont enregistre d’amples oscillations de la strategie globale du communisme, tant en France que pour la 1 1 I e Internationale ? La reference a la dimension internationale n’est pas fortuite. Le parti en effet ne se determine pas seulement en fonction de la doctrine ; il s’inspire aussi de l’experience sovietique. Ou plutot, pour depasser la distinction simplificatrice et polemique entre doctrine et praxis, la ligne de conduite du communisme fran^ais est largement deduite de la doctrine telle qu’elle est vecue a travers l’exemple du premier pays qui a accompli la Revolution. Les vicissitudes de la politique interieure sovietique ont ainsi leurs repercussions dans les fluctuations de la 4 strategic du P.C.F. et de la critique litteraire de YHumanite. II s’evertue a faire naitre une litterature proletarienne a l’image de celle qui eclot en U.R.S.S. : a l’instar de ce qui se passe la-bas, il encourage les ecrivains ouvriers, les “rabcors”. Grossierement la courbe que decrit la politique litteraire du parti communiste epouse la chronologie de sa strategie globale. Elle se decompose pareillement en trois phases successives. A la periode des debuts, caracterisee par la confusion et l’equivoque, et qui se traduit dans la redaction de YHumanite par la variete des collaborations, succede une phase de raidissement doctrinal, qui est le pendant de la bolchevisation du parti. L’accent est mis sur l’edification d’une litterature proletarienne. La tentative se soldera par un echec complet. Etait-il raisonnable d’entreprendre la creation de pareille litterature dans un pays ou le proletariat n’est pas au pouvoir ? La difference des situations entre la France et l’U.R.S.S. ne devrait-elle pas conduire a s’affranchir d’une dependance trop reverencieuse a 1’egard de la litterature sovietique ? A vrai dire, Jean-Pierre Bernard montre que les ecrivains et critiques communistes n’ont pas tarde a en prendre a leur aise avec les directives sovietiques : ont-ils meme jamais cru profondement a la litterature proletarienne ? En tout cas, ils n’ont pas attendu le grand tournant de la strategie politique de 1’Internationale pour amorcer un revirement capital en matiere de politique litteraire : c’est des 1932 qu’ils abandonnent le sectarisme doctrinaire de l’attache- ment a la litterature proletarienne pour adopter une politique de large rassemble- ment. Done bien avant que soit arretee officiellement la tactique des Fronts populaires, avant meme la victoire du national socialisme et l’arrivee d’Hitler a la chancellerie. Cette anteriorite de la politique culturelle sur la politique generale et la discordance des deux chronologies sont au nombre des conclusions de Jean-Pierre Bernard qui meritent le plus de retenir l’attention des historiens de la periode et du communisme. Ce changement d’orientation tire la le^on de l’echec de la politique ante- rieure. II correspond aussi au desir des communistes de rompre l’isolement ou ils se sont enfermes depuis plusieurs annees. Dorenavant le parti renonce aux exigences qui rebutaient les sympathies et detournaient de lui les ecrivains. II se fait accueillant a tous ceux qui sont disposes a s’allier pour faire echec au fascisme et defendre la culture. II s’emploie a susciter le plus large rassemblement sur cette plate-forme. Plutot que d’encourager une litterature orthodoxe et bien intention- nee, mais d’une uniforme et accablante mediocrite, il prefere rallier des ecrivains de talent a qui il se garde bien de demander de modifier leur inspiration et leur maniere. Les ecrivains ne sont plus juges sur leurs choix litteraires, mais sur leurs options et leurs engagements politiques. Ainsi le romancier Mauriac trouve grace aupres des critiques de YHumanite en raison des positions courageuses qu’il prend sur la guerre d’Espagne. La doctrine du realisme socialiste qui s’elabore alors en Union sovietique ne fait pas obstacle a cet effort d’ouverture. La reference aux principes est plus une fa$on de justifier a posteriori l’oeuvre dont l’auteur a su prendre l’engagement que commandaient les circonstances. Ainsi la ligne de conduite de la critique communiste en matiere de litterature est-elle bien le pendant de l’attitude generate du parti dans la phase du Front populaire. Des observations analogues se deduisent de l’autre aspect de l’etude de Jean-Pierre Bernard. Il ne s’est pas borne a reconstituer 1’evolution de la strategie. S’etant convaincu par experience de l’importance et de l’interet de la rubrique litteraire de YHumanite, il en a entrepris une analyse systematique, avec I’inten-

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