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Le Paraclet PDF

371 Pages·1946·38.812 MB·French
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LA SAGESSE DIVINE ET LA THÉANTHROPIE * * SERGE BOULGAKOF LE PARACLET Traduit du russe par CONSTANTIN ANDRONIKOF AUBIER, ÉDITIONS MONTAIGNE, PARIS TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION : La doctrine du Saint-Esprit dans la littérature patris- tique. . . . . . . . . . . . 7 I. Le Christianisme primitif . . . . . . . . 7 A. La période post-apostolique . . . . . . 7 B. Les apologistes . . . . . . . . . . . 8 C. Le siècle patristique et la pneumatologie . 10 II. Le subordinatianisme de Tertullien et la philosophie stoï- cienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 III. Le subordinatianisme ontologique de la doctrine trinitaire d'Origène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 IV. L'homoousianisme dans la doctrine trinitaire de S. Athanase d'Alexandrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29- V. La doctrine de la Sainte-Trinité et du Saint-Esprit chez les Cappadociens . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 VI. Le système occidental de théologie trinitaire et homoousienne (S. Augustin) . . . . . . . . . • . . . . . . . . ; . 47 VII. La doctrine trinitaire et pneumatologique de S. Jean Demas- cène. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 CHAPITRE PREMIER : La place de la Troisième hypostase dans la Sainte- Trinité . . • • . . . . . . . . . . 61 I. La trinitarité et la Troisième hypostase . 6 I Le nombre et les Trois . . . . . . . 6 x Le Moi et les autres . . . . . . . . . 6:z Les Personnes trinitaires . . . . . . . 64. Les définitions relatives et la causalité . . 6 5 La définition ontologique . . . . . . . . 68 Conscience persona.elle et révélation de soi 69. La vie triadique et la révélation parfaite . . . 71 L'amour trinitaire . . . . . . . . . . . . 73 II. L'ordre des hypostases dans la Sainte-Trinité . . . . . 75 Les formules scripturaires et l'interprétation de S. Basile. 75 La notion de nombre . . . . . . . . . 78 Hiérarchie et ordre trinitaires . . . . . . 80 Le malentendu de l'origine . . . . . . . 8:z Sens ontologique et axiologique de l'ordre . 82 Hiérarchie et relation dyadique . . . . . 84 La formule baptismale . . . . . . . . . 86 CHAPITRE DEUXIÈME : A. La procession du Saint-Esprit . 87 I. Les premières doctrines orientales : 3Lâ ou et (que) 87 Poser le problème . . . 87 Le Symbole . . . . . 88 Le IV8 siècle . . . . . 89 S. Épiphane de Chypre . 90, S. Cyrille d'Alexandrie . 91 Didyme . . . . . . . 91 380 LE PARACLET II. S. Jean Damascène • . . . . . . 91 Conclusion . . . . . . . . . . . 93 III. La théologie occidentale : S. Augustin . 94 Orient et Occident . . • . . . . . 97 13. Lapolémiquegréco-latine. . . . • • . . 101 I. La doctrine du Patriarche Photius sur la procession du Saint-Esprit . . . . . . . . . . . . . 101 II. La polémique gréco-latine au xm0 siècle et le Concile de Lyon (1274) . . . . • • . . . . . . . • . . . . . . 105 III. La polémique gréco-latine au xv0 siècle et le Concile de Ferrare-Florence (1438-39) . . . . . . . 107 IV. La doctrine occidentale et le dogme florentin . 115 V. Conclusions générales: 81rx -roù 'YLoù etFilioque 123 Stérilité de la controverse . . . . . . . . . . 123 Le malentendu dogmatique . . . . . . . . . . . . . . . 124 L'erreur d'abstraction et la contingence des définitions causales . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 Définitions corrélatives et trihypostatiques de l'aséité . 130 L' ousie et les hypostases . . . . . . . . . . . . . 131 Diversité pneumatologique . . 135 Défaut de dogme . . . . . . 139 La conciliation possible . . . 138 Divergence et schisme . . . . 140 Le filioque et l'union dyadique. 141 CHAPITRE TROISIÈME : Esprit de Dieu et Esprit-Saint . 145 Esprit et Esprit-Saint . . . . . . . . . . 145 Esprit-Saint et Révélation . . . . . . . . 146 Le terme« Esprit de Dieu» . . . . . . . . 147 I. L'Esprit de Dieu et le Saint-Esprit dans l'Ancien Testament. 147 La Genèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 Les Prophètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 Les dons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 II. L'Esprit de Dieu et le Saint-Esprit dans le Nouveau Testament 153 Les Synoptiques . . . 15 3 Le Quatrième Évangile . 15 5 Le Prologue . . . . 155 Chapitres II-XII . . 156 Le Dernier Entretien 159 Le Paraclet . . . 161 L'A pocalypse 165 Le Livre des Actes 165 Les Épîtres . . . 166 L'hypostase secrète 167 CHAPITRE QUATRIÈME : La Dyade du Verbe et del'E sprit. 171 I. Dans la Sophie divine . . . . . . . . . . . 171 Corrélations dyadiques irréversibles . . . . . 171 Mouvement et abnégation de l'Amour . . . . . . 174 Compénétration et révélation dans la Sophie divine . 175 Économie dyadique . . . . . . . . • • • • . . 177 Double unité sophianique de l'homme • . . . . . 179 ttre et révélation . . • . . . • • • • . . . . . 180 TABLB DBS MATiàRES 38t II. Dans la Sophie de créature. • . . 182. Le Créateur trihypostatique . . 182 La création par la Sophie . . . . 183 La participation de l'Esprit-Saint . . . . . . 185 Primat du Père et inséparabilité des hypostases . 187 Le sens du monde vivant . . . . . . . . . . . . . . 189 Le panenthéisme. Énergie essentielle et forme de beauté . 191 La beauté et le mal . . . . • . . . . . . . . . . 194 Sens ontologique de l'évolution. La grâce de la nature . 199 Le logos du monde . . . . . . . . . . 203 Connaissance et inspiration . . . . . . . . 204 La muse et la vie. L'inspiration créatrice . . 206 Thème sophianique et création nouvelle . . . 20& CHAPITRE CINQUIÈME : La révélation du Saint-Esprit • 21 x. I. La kénose du Saint-Esprit dans la création . 2n L'absolu relatif . . . . . . . . . . . . . 2II Bénédiction de la matière . . . . . . . . . 212 L'inspiration théanthropique . . . . . . . . . 214 Réseau des influences psychiques et spirituelles . 215 Ubiquité de la vertu de !'Esprit-Saint . . . . . 218 II. L'inspiration divine dans l'Ancien Testament . 219 L'Église de l'Ancien Testament . . . . . . . 219 Pentecôte . . . . . . . . . . . . . . 220 La mission du Saint-Esprit . . . . . . . 224 Le paganisme, Ancien Testament naturel . 224 III. L'inspiration chez le Christ . . 235 Le don et le Donneur . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 Relation entre la descente de l'Esprit et l'incarnation du Verbe . . . . . . . . . . 236 La Déi-Maternité . . . . . . 238 L'incarnation, œuvre dyadique i39 La Pentecôte du Christ . . . . 240 Transfiguration et glorification 241 Kénose extrême de la Passion . 242 ... et de la Mort . . . . . . . 243 La Grâce outre-tombe . . . . . . . . . . . . . . 244 Action conjointe dans la résurrection et la glorification . 244 La mission de !'Esprit-Saint et les missions . 248 IV. La Pentecôte . . . . . . . . . . . . . 256 La Personne et les dons . . . . . . . . 25& Union dyadique et théanthropie hi-unique . 259 Nécessité de la descente personnelle . . 261 Révélation commune . . . . . . . . . 262 Le mystère de la révélation inachevée . . . 263 Présence permanente et transfiguration . . 265 La fin miraculeuse . . . . . . . . . . . 266 Durée et mesures historiques de la Pentecôte . 268 V. Les dons de la Pentecôte . . . 27z a) La descente du Saint-Esprit 27z b) Le don de prophétie ... 276 c) La vie spirituelle . . . . . 285 Palingénésie et adoption . . 285 L'accession à la vie divine . 287 La voie ascétique . . . . . 289 Sens ecclésial de l'ascèse . . 291. LB PARACLET Le salut cosmique . . . . . . . . . . . . . 292 L'assurance créatrice et l'antinomie de la Croix . 292 L'action historique . . . 295 L'humilité et l'assurance . 295 Règle et création . . 298 d) Le don d'amour . . . . 301 Fondement essentiel . . 301 La forme inférieure . . . . . 302 L'amour spirituel fondamental 303 Le don de la charité . . . . . 304 L'amour catholique . . . . . 305 Le tout et la personne . . . . 307 L'amitié . . . . . . . . . . . . . 307 Éros et agapé. Polarité de l'homme . . 309 L'antinomie du sexe . . . . . . . . 3 II Sens ontologique de l'éros et du sexe . 313 Dégradation et sublimation . . . . • 315 Le mariage . . . . . . . . . . 3 I 7 La chasteté . . . . . . . . . . 3 I 9 Le commandement catholique . . 320 Permanence de l'éros dàns l'Eglise . 321 L'amour du genre . . . . . . . 324 e) Les limites de la Pentecôte . . . . . . . • 326 Durée de l'être et transfiguration du monde . 326 La matière et !'Esprit . . . . . 328 Kénose et accomplissement. . . 333 Le mystère de l'amour humilié . 336 L'aspect eschatologique . . . . 337 f) La Théanthropie • . • . . . . 339 ÉPILOGUE servant aussi de PROLOGUE aux premier et deuxième tomes du traité sur la Sagesse divine et la Théanthropie.Le Père . . . 343 INTRODUCTION LA DOCTRINE DU SAINT-ESPRIT DA!NS LA LITTÉRATURE PATRISTIQUE 1. Le Christianisme primitif. A. LA l'tRIODE POST-APOSTOLIQUE. La révélation sur la Troisième hypostase, sur le Saint-Esprit, non , pas en tant que don de l'esprit de Dieu, mais en tant que Personne J?iv~ne de la Saintè-Trinité, est inscrite en lettres de feu dans l'Évangile. Le Christ lui-même nous a annoncé « un autre Consolateur », qu'Il nous enverrait de Son Père, après qu'Il se serait éloigné du monde; et le nom de ce Consolateur, Il le proclame en l'incluant dans le Nom de la Très-Sainte-Trinité : « Baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-:-Esprit. » Cette formule du baptême est bien la confession générale de notre foi en l'être hypostatique, non seulement du Père et du Fils, mais aussi du Saint-Esprit. La doctrine de la Sainte-Trinité i i et, en particulier, de la Personne du Saint-Esprit, est présentée par le: ?llÇ>uyeau -:r~stament comme un dogme inébranlable, qu'aucun com.:. I mentaire ne saurait nier ni diminuer. Comme tel, l'Église l'a toujours reçu. La Pentecôte fut la vivante révélation de ce dogme. Les dons du i Saint-Esprit, dans l'Église primitive, s'étaient répandus sur les chré- : tiens d'une façon si éclatante et si abondante que ce dogme leur était 1 d'une entière évidence ; ce dont témoigne tout le contenu des Actes aussi bien que des Épitres apostoliques. Le Saint-Esprit était la vie même de l'Eglise primitive ; si les Ap~tres avaient connu le Christ · durant Sa vie terrestre, l'Église apostolique connaissait, encore qu'au trement, mais avec une évidence identique, « le Consolateur Lui même », qui vivait en elle. Cette présence du Paraclet, Son action et Ses dons dans leur évidence, sont manifestes non seulement à l'inté rieur de l'Église mais encore au-delà de ses limites, même, par exemple, pour un Simon le Magicien. Et cette di'llinité des dons et du Saint Esprit qui les accorde procédait d'une certitude intime et d'une authen ticité immanente que même la personnalité du Christ n'avait pas aux yeux de ses disciples. Un long apprentissage fut nécessaire à ceux-ci pour qu'ils fussent capables de la confession, exprimée par la bouche de Pierre : « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant », et par la bouche de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Il fallait pour cela (et il ' faut encore) une intuition spéciale, dont le défaut peut même être par donné par le Seigneur : « Le péché contre le Fils de l'Homme sera pardonné. » Alors qu'envers le Saint-Esprit, l'homme, dans l'Église primitive, se trouve placé devant une certaine cc auto-évidence i> divine, qu'il ne peut plus rejeter par impuissance, par irréflexion ou par erreur, mais seulement par sa volonté directe, qui est de cc mentir à l'Esprit Sainî. » (Act., V, 3) en s'opposant à la Divinité; c'est pourquoi, « le .blasphème contre l'Esprit ne sera pas remis ... ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir » (Mt., XII, 31). On peut dire que tout le livre des Actes est une relation sur !'Esprit-Saint qui se révèle dans l'Église, que ce livre est la manifestation vivante du dogme du Saint-Esprit. Et, à la lumière de cette évidence, la littérature néotestamentaire ne rapporte pas Qui Il est, le Dispensateur des dons, mais comment Il apparaît et quels sont les dons qu'Il distribue. A mesure que nous nous éloignons de la Pentecôte dans les profon deurs nouvelles de l'histoire, à mesure que nous nous écartons, pour ainsi dire, de la source de lumière, cette dernière s'affaiblit. Néanmoins, l'époque post-apostolique détient encore la connaissance bénie de la possession. Cet âge abonde des dons apostoliques que le première génération chrétienne avait reçus immédiatement, il reste encore pneu matophore et charismatique. Aussi bien, dans la conscience qu'il a de lui-même, telle qu'elle se reflète dans les écrits des Pères Apostoliques, la révélation de la Troisième hypostase et ses charismes ont-ils le caractère d'un fait. Il lui suffit de le constater, sans commentaire dogmatique. C'est ce que nous trouvons dans les premiers écrits chré tiens. Ils reflètent encore l'âge d'or de l'enfance, bien que celui-ci s'épuise déjà et approche de sa fin. Le temps n'est pas encore venu de la réflexion dogmatique ni, à plus forte raison, de la spéculation théo logique. Nous n'avons là que le témoignage réel de la foi en l'Esprit Saint à travers Ses dons. En ce sens, on peut dire qu'il n'y a pas encore de théologie directe du Saint-Esprit dans la période des Pères Aposto liques, et cela ressort de ieurs épitres 1• B. LES APOLOGISTES. De même, chez les apologistes, nous ne trouvons qu'une exposition des règles de la foi, qu'ils ne dépassent pas, du moins en ce qui concerne la pneumatologie. Dans la mesure où l'on peut parler de leur théologie, œlle-ci se réduit en substance à une logologie : ils avaient à affronter le problème du Logos, dans ses aspects théologique aussi bien que cos- 1. Nous ne croyons pas utile de procurer ici les analyses des différents écrits, que l'on retrouvera facilement dans les ouvrages d'histoire des dogmes et de patrologie (Tixeront, Lebreton, Swete ... ). La notion même de Trinité n'est pas encore pleinement mise en lumière. ~appelons-nous particulièrement le passage connu du Pasteur d'Hermas (Simil., IX, 1 ; P. G., Il, 979). où nous lisons que le c Fils est !'Esprit-Saint , ; il y a plutôt là une Dyade qu'une Trinité ; le Christ reste en dehors, comme témoin. Ce passage a été très discuté par les commentateurs. L,.L., Jfi.1..1.,.1. ,J.;,U.J..l.'\,,A,.&, -,i,1,,1,."IU ....,,1.., ....,.,..,..,....,.,,...__..._ .... .,,.,... .,.,.,., ______ , __ mologique. Leur tâche naturelle était de justifier leur foi, de la défendre contre les accusations de polythéisme (en tout cas de dythéisme) et, en même temps, de manifester la puissance du Logos dans le monde et dans la vie de l'homme (non sans subir l'influence de Philon et non sans confondre ou identifier le Logos suréternel et la Sophie de créa ture) 1. Donc, « en général, parmi les idées maîtresses des apologistes, il n'y avait point de place pour une doctrine du Saint-Esprit; et quand ils parlent de Lui, il ne faut y voir que les traces de la tradition chré tienne, qu'ils entendaient mal)) 2• Telles sont, par exemple, les mentions de Saint Justin "3, d'Athénagore 4, etc. Quand ils essayent de définir plus rigoureusement la relation entre le Logos et }'Esprit, c'est l'iIPpré cision et la confusion; et, quoique saint Justin donne l'épithète de prophétique à l'Esprit, il dit en même temps : « Ceux qui prophéti saient étaient inspirés par nuj autre que le Logos de Dieu 5• n Le but exprès des apologistes exigeait qu'ils concentrassent leur attention sur la christologie, quelque insuffisante qu'eût été celle-ci, et ils ne s'occu paient que fort peu de pneumatologie. Parmi les écrivains du ne siècle, Saint Irénée, évêque de Lyon, occupe une place à part. Il développe, dans sa lutte contre le gnosti cisme, la doctrine orthodoxe fondée sur 1a regula fidei. Certes, une théo rie dogmatique du Saint-Esprit y participe, encore qu'Irénée ne lui consacre, comme on doit s'y attendre, qu'une attention secondaire en comparaison des questions"christologiques. << L'Esprit conduit au Verbe et le Fils conduit au Père 6• )) A l 'Esprit-Saint est attribuée la force accomplissante, aussi bien dans la création du monde, quand Il est· . l'instrument et la main du Père (Adv. Haer., IV, 20, 1), que dans le· gouvernement du monde. Le salut de l'homme en Jésus-Christ· s'exprime par le fait que l'Esprit vivifiant revient vers lui 7 et que l'imap,e de Dleu est restaurée en lui 8• Malgré toute la valeur de ces 1. Voir le tome 1er Du Verbe Incarné (particulièrement, les tr• et 2• parties: la Sagesse divine, la Sagesse créée) (N. d. t.). 2. Prof. A. Spasski, Histoire des mouvements dogmatiques à l'époque des conciles œcu méniques, Moscou, 1906, p. 14 (en russe). 3. Apol., I, 13: , Nous savons qu'il est le Fils du vrai Dieu, et nous Le mettons à la deuxième place ; et !'Esprit prophétique à la troisième» .... , Nous glorifions le Créateur de toutes choses par Son Fils Jésus-Christ et par !'Esprit-Saint, (prière eucharistique), etc. 4. Les chrétiens confessent , Dieu le Père, et Dieu le Fils, et !'Esprit, et reconnaissent , Leur unité selon la puissance et Leur distinction selon l'ordre ,, (Suppl., c. 10). 5. Apol., I, 23 ; cf. 35 et 37. Notons encore la définition du Saint-Esprit comme Sagesse chez Théophile (Ad Autolicum, II, 10). De même, on le sait, chez S. Irénée (Adv. Haer., IV, 20, 3). . 6. Adv. Haer., V, 36, 2. D'une part, !'Esprit montre le Verbe, et c'est pourquoi les pro phètes avaient annoncé le Fils de Dieu ; de l'autre, le Verbe donne une forme à !'Esprit, et c'est pourquoi Il est l'inspirateur des prophètes. De plus, le Fils est le chef de !'Esprit, de même que le Père est le chef du Fils (V, 20, 2). 7. , Le Seigneur a répandu !'Esprit du Père pour la réunion et la communion de l'homme avec Dieu, en posant Dieu dans l'homme par !'Esprit ,, ( V, 6, 6) ; ainsi, « l'homme a reçu l'adoption, il est devenu fils de Dieu, il contient le Fils de Dieu» (III, 19, 1). 8. Un trait de la théologie antignostique de S. Irénée mérite toute notre attention : par la venue du Saint-Esprit, l'image de Dieu est non seulement rendue à l'âme, mais elle est aussi procurée à la chair:• !'Esprit-Saint prend possession de la chair» (V, 9, 3.) IO LE PARACLET remarques sotériologiques, nous chercherions en vain, chez saint Irénée, théologien de l'Incarnation, une doctrine sur le Saint-Esprit. Voilà, en somme, ce que nous retirons de la pneumatologie des deux premiers siècles. Elle garde avec fermeté la règle de la foi léguée par l'Évangile et par la prédication apostolique, dans la plénitude d'une expérience ecclésiale vivante et dans une vie de grâce. Le Saint-Esprit est pour elle une réalité charismatique, incessamment vécue par la communion des fidèles. Néanmoins, la pensée théologique ne se pose pas encore le problème d'une doctrine sur Je Saint-Esprit, dans l'unité et la structure de la Sainte-Trinité, ni sur la place qu'Il occupe en Elle. En un mot, on n'avait pas encore conscience du problème pneumato logique en tant que d'un problème trinitaire ; alors qu'il est tel en réalité, car le Saint-Esprit ne peut être pensé qu'en relation avec la tri-unité divine. Ce problèm;e, le ne siècle l'a légué, sans le résoudre, et même sans le poser, aux siècles suivants. C. LE SIÈCLE PATRISTIQUE ET LA PNEUMATOLOGIE. Le me siècle devait, sinon résoudre, tout au moins poser, dans toute son ampleur, le problème trinitaire et donc, en particulier, le pneumato logique' : c'est non seulement la question de l'action du Saint-Esprit dans la création et dans la Providence, c'est aussi la question de ce qu'il est Lui-même par Soi et dans la Sainte-Trinité, en tant que Troisième Hypostase. Le dogme de la Sainte-Trinité se dressa devant la pensée théolo gique comme un problème .spéculatif exceptionnellement difficile, qui dépassait tout ce que les philosophies et les religions, et la probléma tique même du monde antique avaient atteint jusqu'à ce jour. Aucun point d'appui qui permît une construction systématique et une déduc tion théologique du dogme trinitaire : la théologie commençante en était réduite à ses propres moyens. D'autre part, il était facile de perdre pied et de s'égarer dans le labyrinthe de la philosophie païenne, étant donné toute la richesse et la complexité de ses systèmes. En même temps, on ne pouvait pas se passer de l'aide de cette philosophie, qui était une école indispensable pour la pensée chrétienne et, pour ainsr dire, son Ancien Testament naturel. Cette importance de la philosophie antique, comme propédeutique de la théologie, ressort quand on étudie l'histoire du dogme ou la biographie des différents Pères de l'Église. Elle fut comme un destin pour la théologie chrétienne, et l'on ne peut s'empêcher d'y voir une prédétermination et une pré-élection. Si la philosophie représente en général une culture intellectuelle nécessaire à la théologie, on peut dire que l'antique, justement à ce titre, était unique et supérieur!". C'est pourquoi spontanément, par la force d'une parenté et d'une sélection naturelles, et de mêll'e que l'art chrétien avait assimilé l'antique, la théologie chrétienne reçut la philosophie païenne ; ainsi prit place cette µl;Lc; ou xpiimc; de la philosophie et LE SAINT-ESPRIT DANS LA LITTÉRATURE PATRISTIQUE II de la religion, mélanl!'e légitime ou peut-être illégitime, mais en tout cas inévitable et irrémédiable, et si caractéristique pour la théologie chrétienne qu'on a pu l'appeler die akute Hellenisierung des Christen thums. Cette combinaison eut pour résultat le plus élevé de trans former la pensée antique en la pensée chrétienne, ce fut une création nouvelle; ce qu'est essentiellementla théologie chrétienne, quand nous l'examinons à la lumière de l'histoire de la philosophie. Mais cette transformation ne fut pas toujours obtenue d'une manière égale, et il surgissait parfois des constructions réellement syncrétiques où la douceur chrétienne laissait percer l'amertume du paganisme. En un certain sens, on peut parfois parler d'une véritable hellénisation de la théologie, de l'influence excessive et de l'ingérence illégitime de principes hétérogènes. Telle était la difficulté du problème qui se posa à la pensée chrétienne dès le me siècle, à l'issue de celui des apo logistes. Il s'agissait encore d'une apologétique; mais qui n'était plus. négative, qui n'avait plus à écarter les malentendus, à repousser les calomnies ni à exposer plus précisément« les règles de la foi» ; c'était une apologétique positive dont la fonction était de vaincre spirituelle ment un ennemi puissant et, finalement, de le convertir. Au lieu de l'hellénisation du christianisme, la conversron de l'hellénisme fut la tâche victorieusement accomplie par l'Église. « Tu as vaincu, Gali léen!» : tel a été l'aveu de l'histoire, prononcé par un romantique attardé qui rêvait de restaurer l'antiquité. Cependant, cette victoire ne s'obtient que par une lutte difficile et dangereuse, elle n'est ni immédiate ni aisée. Et nous voyons, dans les premiers essais de la philosophie chrétienne, créateurs, et dès lors nobles, non seulement des victoires, mais aussi des défaites. La phi losophie païenne, en effet, pénètre parfois la théologie chrétienne, sans. s'y dissoudre, lui communique son parfum et la pervertit en prenant sur elle une influence excessive. Celle-ci reste sans doute transparente· et imperceptible aux yeux même des théologiens. Ce n'est pas dans des doctrines définies qu'elle apparaît surtout, c'est dans la problématique,. dans la manière d'aborder un problème, dans celle de le poser, lesquelles déterminent le cheminement· de la pensée. C'est ainsi que la philoso phie antique s'infiltre, suivant différents courants, dans la probléma tique de la théologie chrétienne. Cette dernière, en règle générale, n'introduit pas dans ses constructions de positions ni de doctrines; philosophiques en tant que telles ; cependant, elle les reçoit comme des prémisses évidentes, qui s'incluent insensiblement dans la structure même de la dogmatique. On peut l'apprécier de deux façons. D'une part, il est normal que la philosophie païenne représente comme une prophétie naturelle de la raison sur les vérités chrétiennes ; mais, de l'autre, il y a là une influence philosophique directe. En tout cas,. nous pouvons constater la présence influente de tel ou tel système. philosophique dans divers systèmes de théologie. Le platonisme, sur tout, est entré à jamais dans la dogmatique chrétienne, comme la théo-·

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