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Le Manuel Du Généraliste - Allergie PDF

34 Pages·2009·2.967 MB·French
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0 2-0040 4 0 0 2- Allergie alimentaire e n ci e d é M e d e u q ati Pr e di é op EBeaudouin,GKanny,JFlabbee,DAMoneret-Vautrin cl y c n E S O AK L e diagnostic repose sur une anamnèse précise, une analyse du régime alimentaire, suivies de tests cutanés ciblés. ©2001EditionsScientifiquesetMédicalesElsevierSAS.Tousdroitsréservés. Mots-clés: allergiealimentaire,diététiquethérapeutique,allergènealimentaire. n Introduction 1 Tableauxcliniquesren- 100 s contrésaucoursdel’aller- L’allergiealimentairecorrespondàl’ensembledes centage 9800 DCAsehtrohmcm aaetnitaep ahtyolpaicqtuiqeue gdieel’aâlgime.eCntIaCiBreAeAn,àfopnrcotpioons manifestations cliniques liées à une réponse ur Œdème de Quincke de703patients. o immunologique vis-à-vis d’un allergène alimentaire. P 70 Elle est le plus souvent immunoglobulines 60 (Ig) E-dépendante mais d’autres mécanismes immunologiques sont possibles. La fréquence de 50 l’allergiealimentaireestenaugmentationconstante. 40 Sa prévalence est aujourd’hui estimée à 3,5% en France.L’allergiealimentaireestl’expressionclinique 30 laplusprécocedelamaladieatopique. 20 n 10 Tableaux cliniques 0 0-0,5 0,5-1 1-3 3-6 6-15 15-30 30-45 45-60 > 60 Âge (ans) Lesmanifestationscliniquesdel’allergiealimentaire sont variées. Elles peuvent être généralisées (choc postuléechezlenourrisson.Laperméabilitéintestinale Lesallergèneslesplusfréquentschezlenourrisson anaphylactique) ou avoir pour cible des organes est accrue par la prise d’alcool ou d’aspirine, les sontl’œuf(63%),l’arachide(15%)etlelait(9%).Les commelapeau(urticaire,dermatiteatopique),l’arbre infections virales, parasitaires et les lévuroses allergènesimpliquéschangentavecl’âgedupatient, respiratoire (asthme, rhinite), le tube digestif intestinales. L’effort peut révéler une allergie leur nombre augmente avec la diversification (régurgitations, vomissements, constipation, diarrhée, alimentaire et être à l’origine d’une anaphylaxie alimentaire.Laprévalencedel’allergieàl’œufetaulait malabsorption) ou plusieurs organes simultanément. n’apparaissant que lorsqu’un effort est associé à la diminue avec l’âge, alors que l’allergie à l’arachide Ladermatiteatopiqueestlesymptômeleplusprécoce prisedel’alimentallergisant. semble persister (fig2). L’allergie à l’arachide est un d’allergiealimentaire,représentant80%destableaux phénomène relativement récent et affectant encore cliniquesentrel’âgede0et1an,75%entre1et3ans, n peu l’adulte. La guérison est rare et le risque 34%entre3et6ans,16%entre6et15anset4% Allergènes alimentaires d’anaphylaxieoud’asthmeaigugraveparallergieà aprèsl’âgede15ans.Lestableauxcliniqueschangent cetalimentestélevé. avecl’âge(fig1).L’asthmeestplusfréquentchezles Lesallergiesalimentairesauxallergènesvégétaux adolescentsetlesjeunesadultes.Lafréquenceduchoc (fruits et légumes) sont plus fréquentes chez l’adulte anaphylactique augmente avec l’âge. Le choc (cid:226) Nature (84%descas).Leurfréquenceaugmenteavecl’âge, anaphylactique représente 30% des symptômes Lesallergènesalimentairesoutrophallergènessont parallèlementàl’acquisitiondelasensibilisationaux aprèsl’âgede30ans,alorsqu’ilestexceptionneldans engénéraldesglycoprotéinesdemassemoléculaire pollensenraisondesphénomènesd’allergiecroisée lapremièreenfance. de10à70kDa,10kDaétantlalimiteinférieurepour pollens-fruits et légumes (fig3). Les tendances n être immunogènes (c’est-à-dire induire une réponse marquantes des 3 dernières années sont la immunitaire)et70kDalalimitesupérieurepourqu’ils progression des allergies alimentaires aux fruits et Facteurs favorisants soientabsorbésauniveaudigestif.Unalimentcontient légumescroisantaveclelatex(avocat,kiwi,banane, ou aggravants plusieurs protéines allergéniques. On appelle châtaigne),désormaisendeuxièmeplace(14,3%)et allergènesmajeursceuxquisontreconnusparlesIgE l’inquiétante et récente progression des allergies spécifiquesdeplusde50%dessujetssensibilisés. alimentaires au sésame qui est un aliment à haut L’allergie alimentaire dépend d’une part de risqueanaphylactique,ensixièmeplace(4,4%). (cid:226) Fréquence l’allergénicitédesprotéinesalimentairesetd’autrepart (cid:226) Influencedestechnologies du passage d’une certaine quantité de molécules Les allergènes le plus souvent incriminés agroalimentairessurl’allergénicité intactes dans la circulation. L’immaturité de la dépendentdeshabitudesalimentairesdupatient:riz muqueuse digestive et du système immunitaire au Japon, farine et tomate en Italie, poisson en Les technologies agroalimentaires induisent de intestinal (GALT: gut associated lymphoid tissue) est Scandinavie,arachideauxÉtats-Unis,etc. nombreusesmodificationsdel’allergénicité: 1 2-0040-Allergiealimentaire récemmentintroduitdansl’alimentationhumaine.Le 2 Évolution de la fré- rôle de protéines ubiquitaires comme les profilines, 100 quence des allergènes en s d’unpoidsmoléculairede14kDa,estavancé. age 90 fonctiondel’âge. Il existe également une réactivité croisée entre le nt ce Œuf latex responsable d’allergie professionnelle chez le our 80 Arachide personnel soignant et certains fruits (kiwi, avocat, P Lait de vache châtaigne,banane...). 70 D’autresréactivitéscroiséessontdécritespourles 60 allergènes animaux: syndrome œuf-oiseau qui correspond à une sensibilisation aux protéines de 50 plumes d’oiseau associée à une allergie à l’œuf; syndrome porc-chat qui correspond à une 40 sensibilisationauxallergènesdechatassociéeàune allergiealimentaireàlaviandedeporc.Lerôledela 30 réactivité croisée entre les albumines animales est 20 avancé. 10 n Éléments du diagnostic 0 0-0,5 0,5-1 1-3 3-6 6-15 > 15 Âge (ans) Le diagnostic nécessite un bilan allergologique spécialisé.Sil’implicationd’unalimentestidentifiable 3 Évolutiondessensibili- par les patients dans les manifestations aiguës de 100 sationsauxallergènesani- l’allergie alimentaire (syndrome oral, œdème de ges 90 maux et végétaux selon Quincke,urticaireaigu,chocanaphylactique),elleest centa 80 l’âge. s(eocuzvéemnat,imaspthomsseib,lceodnasntipsaletiocnas...)dde’amuatalandtipeluchsrqouneiqluees our 70 aliments sont consommés de façon répétée ou P Allergènes végétaux masquéecommec’estlecasdel’œuf,del’arachide,du 60 Allergènes animaux lait,delafarinedeblé... 50 Le diagnostic repose sur une anamnèse précise, 40 une analyse du régime alimentaire, suivies de tests cutanésciblés.Silasensibilisationestétablieparles 30 testscutanés,lestestsdeprovocationoralepermettent 20 de départager ce qui est sensibilisation simple sur 10 terrain atopique (pas de manifestation clinique d’allergie à cet aliment) de ce qui est allergie 0 alimentaire vraie (aliment responsable des < 1 1-3 3-6 6-15 15-30 30-45 > 45 manifestations cliniques). Ces mêmes tests de Années provocationoralepermettrontdesuivredansletemps l’évolutiondel’allergiealimentaireetl’apparitiond’une – utilisation croissante de protéines alimentaires comme le lysozyme du blanc d’œuf utilisé comme tolérance. Leur réalisation est de l’expertise de commeadditifsetauxiliairesdefabrication; agent bactéricide dans la préparation de certains l’allergologue et ils doivent être réalisés dans un – modification d’allergénicité liée au chauffage: fromagesoudanscertainsmédicaments...Cepeutêtre environnement médical apte à gérer la réaction certains allergènes alimentaires sont thermolabiles unadditifalimentairecommelecarmindecochenille, anaphylactique. c’est-à-dire détruits par la chaleur, d’autres extraitd’unelarved’insecte,ouencoredesingrédients n thermostables; l’allergénicité de certains aliments diversenpetitesquantités:œuf,lait,soja,arachide... commel’arachidepeutêtreaccrueparlechauffage; Lorsque ces protéines sont allergéniques, leur Traitement – modification d’allergénicité liée au stockage: présencedevraitêtresignaléesurl’emballage.Cen’est l’allergène majeur de la pomme augmente avec sa pas encore le cas pour les ingrédients car la durée de conservation, de nouvelles protéines réglementationactuellen’imposel’étiquetagequesila (cid:226) Basesthérapeutiques allergéniquesapparaissentdanslanoixdepécan...; quantitéd’ingrédientsestsupérieureà25%duproduit – modificationsliéesàdesprocédésphysicochimi- fini. Le traitement de l’allergie alimentaire est fondé ques de traitement des protéines: texturisation du quasiexclusivementsurlamanipulationraisonnéede (cid:226) Réactivitécroisée soja,dupoisson(surimi)...; l’environnement alimentaire. Les régimes d’éviction – apparition d’aliments transgéniques dont le La réactivité croisée correspond à la possibilité correspondentàuneprescriptionmédicalequinepeut risqueallergiquepotentieldoitêtreévalué; qu’ontlesIgEspécifiquesd’unallergènedereconnaître s’établir qu’au terme d’un bilan allergologique – introduction de nouvelles protéines dans des allergènes d’autre origine présentant une soigneusementconduit.Ilsexcluentdefaçonstricteles l’alimentationhumaine:alimentsexotiques,farinede communauté antigénique. Ainsi, il existe de allergènes identifiés. Bien conduits, ils sont très lupin... nombreuses communautés antigéniques entre efficaces:83%despatientsprésentantunedermatite certains fruits et légumes et certains pollens. Des atopique associée à une allergie alimentaire sont (cid:226) Allergènesmasqués réactivités croisées préférentielles ont été décrites: améliorésà2moisavec17%decasdeguérisonà2 Unallergènemasquéestunallergèneinapparent pollensdebétulacéesetdrupacées(pommes,noisette, mois, 33% à 6 mois et 29% à 1 an. Ces régimes pour le consommateur. Diverses protéines cerise, abricot, pêche...), pollens de composées doiventéviterl’ingestiond’allergènesmasquésetêtre alimentairessontincorporéesàfaiblesdosescomme (armoiseenparticulier)etombellifères(céleri,fenouil, précisément expliqués. La collaboration d’une ingrédientsdeproduitsalimentairesetdeviennentdes carotte, persil, coriandre, tournesol). L’allergie croisée diététiciennespécialiséeestd’autantplusutilequ’elle allergènesmasquésentraînantunrisqued’anaphy- dans une même famille botanique est possible, proposedesalternativesauxévictionsetqu’elleveille laxie grave et d’accidents récidivants d’allergies comme dans le groupe des légumineuses (arachide, à l’équilibre nutritionnel. Les contraintes de ces alimentairesmalgrélesrégimesd’éviction.Ilpeuts’agir petitpois,soja,lentille,poischiche,lupin...).Ainsi,on régimesd’évictionsontminimesenregarddubénéfice d’unauxiliairedefabricationcommel’alpha-amylase, insiste actuellement sur le risque élevé d’allergie thérapeutique et du confort apporté au patient. Les extraite d’Aspergillus orizae, améliorant des farines, croiséeentrel’arachideetlafarinedelupin,aliment échecs de ces régimes d’éviction relèvent de quatre 2 Allergiealimentaire-2-0040 sansallergènes.Lesfichesderégimeetdes«recettes Diagnosticdifférentiel:lesfaussesallergiesalimentaires sans...» sont régulièrement proposées dans la revue Lesréactionspseudoallergiquesoufaussesallergiesalimentairessontdéfiniesparla Alim’inter et disponibles sur le site internet: possibilitépourdessubstancesd’induiredesréactionscliniquesmimantl’allergie, www.cicbaa.com. maiscesréactionsnerépondentpasàunmécanismeimmunologique.Différents Ladiététiquethérapeutiquecomported’autrepart desaspectsinterventionnelsparlamiseenplacede mécanismessontpossibles: protocoles de tolérance orale prescrits par – libérationnonspécifiquedemédiateurscommel’histamine:c’estlecasdela l’allergologue. S’y ajoute l’application de régimes classiqueurticaireaprèsingestiondefraises; d’éviction visant à la prévention des allergies – ingestiond’alimentsrichesenhistaminecommelesfromagesfermentés,les alimentaireschezl’enfantànaître,lenouveau-néetle poissons,saucissons...; nourrissonàhautrisqueallergique. – troubledumétabolismedel’histamine:déficitacquisd’activitédeladiamine Lorsdelamiseenplaced’unrégimed’éviction,il oxydaseparinteractionavecdesxénobiotiquesoudesmédicaments...; faut éviter la consommation excessive d’aliments richesenhistamineoutyramine,histaminolibérateurs – synthèseendogèned’histamineliéeàundéséquilibredelafloredigestive; qui peuvent exacerber les manifestations d’allergie – anomaliesneurovégétatives:bronchospasmed’originevagaleinduitparles alimentaire de façon non spécifique. L’équilibre sulfites... alimentaire doit être réalisé sans excès catégoriel: féculents susceptibles d’entretenir des processus de fermentation colique... Il évite les facteurs favorisant causes principales: manque de compliance, croisée avec des allergènes alimentaires (exemple: l’irritationdelamuqueusedigestive:épices,alcool... méconnaissance des allergènes masqués (et c’est là syndromeœuf-oiseau,porc-chat...). Lemédecinéviteralaprescriptiondemédicaments l’intérêtdedocumentsdétaillantdefaçontrèsexplicite (cid:226) Régimeenpratique pouvant favoriser ou aggraver les manifestations toutes les évictions), polyallergie passée inaperçue, Pour suivre et comprendre un régime d’éviction, cliniques de l’allergie alimentaire : b-bloqueurs, enfinautrefacteurenvironnementalnégligé(animaux, aucun document écrit n’est suffisant, la double inhibiteursdel’enzymedeconversion,aspirineetanti- acariens, moisissures...). L’allergologue complète consultationdeladiététicienneetdel’allergologueest inflammatoiresnonstéroïdiens. éventuellementlerégimeparlaprescriptiond’apports nécessaire.Lesévictionssontlimitéesetdéterminées n médicamenteuxsubstitutifs(calcium,fer...),définitles par le bilan allergologique mené à son terme. Il est paramètresdesurveillanceclinique,fixeladuréedu adaptéauxparticularitésdel’alimentationdupatient. Conclusion régimeavantuneprochaineévaluation. Dans certains cas de régimes d’éviction d’un La mise en place de mesures d’éviction doit être nourrisson allaité, le régime est appliqué à la mère globale:ilestnécessaired’éviterlecontactavecles allaitante.Dansunsecondtemps,encasderémission La prise en charge optimale allergologique et allergènes alimentaires ou présentant une réactivité incomplète de la maladie allergique, l’enquête diététique des manifestations d’allergie alimentaire croisée apportés par d’autres voies que digestive: alimentairepermetladétectiond’allergènesmasqués permetunemaîtrisedecettemaladieetouvrelavoie médicaments et excipients, cosmétiques (huiles ou d’identifier de nouveaux allergènes passés au développement de protocoles interventionnels végétales,protéinesd’œuf,delait...),latexdestétines inaperçus lors du premier bilan. Des alternatives visant la prévention de l’allergie alimentaire et oujouets,allergènesaériensprésentantuneréactivité nutritionnellessontproposéesainsiquedesrecettes l’inductiond’unetoléranceorale. ÉtienneBeaudouin:MédecindesHôpitaux. GisèleKanny:MédecindesHôpitaux. JennyFlabbee:Généralisteallergologue. Denise-AnneMoneret-Vautrin:ProfesseurdesUniversités,chefdeservice. Servicedemédecineinterne,immunologiecliniqueetallergologie,centrehospitalieruniversitaire, hôpitalcentral,29,avenueduMaréchal-de-Lattre-de-Tassigny,54035Nancycedex,France. Touteréférenceàcetarticledoitporterlamention:EBeaudouin,GKanny,JFlabbeeetDAMoneret-Vautrin.Allergiealimentaire. EncyclMédChir(EditionsScientifiquesetMédicalesElsevierSAS,Paris,tousdroitsréservés),AKOSEncyclopédiePratiquedeMédecine,2-0040,2001,3p Références [1] Kanny G, Moneret-Vautrin DA, Sergeant P, Hatahet R. Diversification de [4] Moneret-VautrinDA,KannyG,TheveninF.Apopulationstudyoffoodal- l’alimentation de l’enfant.Applications au cas de l’enfant de famille atopique. lergyinFrance:asurveyconcerning33110individuals.JAllergyClinImmunol MédNutr1996;32:127-131 1998;101(suppl):S87 [2] Moneret-VautrinDA,KannyG.Faussesallergiesalimentaires.EncyclMéd [5] SampsonH.Foodhypersensitivity-manifestations,diagnosis,andnaturalhis- Chir(ÉditionsScientifiquesetMédicalesElsevierSAS,Paris),Endocrinologie, tory.FoodTechnol1992;46:141-144 10-386-B-10,1996:1-4 [3] Moneret-VautrinDA,KannyG,SergeantP.Ladiététiquethérapeutiquedes allergiesalimentaires.RevFrAllergol1999;39:325-338 3 ¶2-0093 Allergologie en pratique M.Raffard, H.Partouche L’incidencedesmaladiesallergiquesestenconstanteaugmentation.Pourexpliquercephénomène,on discute des modifications du style de vie dans les pays industrialisés, du rôle de l’environnement, de l’apparitiondenouveauxallergènesetdesphénomènesd’allergiescroisées.Devantdesmanifestations cliniquesmultiples,complexes,parfoistrompeuses,certainsrepèrescliniquessonttrèsutilesaumédecin généraliste pour orienter le diagnostic vers une allergie, en particulier une allergie alimentaire. L’identification des allergènes et la décision thérapeutique qui en découle nécessitent une bonne coordination des soins entre l’allergologue et le médecin généraliste. Ce dernier doit bien connaître la nature du bilan allergologique pour l’expliquer au patient. Il pourra pratiquer ensuite, dans certaines situations précises, l’immunothérapie spécifique selon des règles de bonne pratique. Une place prépondérante doit être donnée à la gestion par le patient lui-même de son allergie. Cet objectif n’est atteintquesilessolutionsproposéessontsimplesetapplicablesetsilessituationsdecriseouleséchecs ontétéanticipés. ©2008ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés. Motsclés: Allergie;Atopie;Rhinite;Conjonctivite;Asthme;Eczéma;Urticaire;Anaphylaxie;Prick-test; Testsépicutanés;Immunothérapiespécifique Plan Quellessontlesbonnespratiquesdel’immunothérapieinjectable parlemédecintraitant? 8 Quelestl’avantagedel’immunothérapiespécifiquesublinguale? 8 ¶Introduction 1 Quellessontlesnouvellesthérapeutiques? 8 ¶Questionsdedéfinition 1 ¶Conclusion 8 Quelssontlesdifférentstypesd’allergie? 1 ¶Questionsd’épidémiologie 2 Laprévalencedesmaladiesallergiquesa-t-elleréellement ■ Introduction augmenté? 2 Quellessontlescausesdel’augmentationdeprévalencede l’allergie? 2 L’allergie est une cause de plus en plus fréquente de recours aux soins. Les conséquences des manifestations allergiques en ¶Questionsdeclinique 3 termes de qualité de vie et de coût de santé en font un pro- Quelssontlesargumentsenfaveurd’uneallergierespiratoire? 3 blème de santé publique. La présentation clinique d’un phéno- Surquelscritèrescliniquespeut-onévoquerunerhiniteallergique? 3 mène allergique n’est pas toujours typique. L’hypothèse Quelssontlesélémentsenfaveurd’uneconjonctiviteallergique? 4 allergique doit être évoquée devant des situations cliniques Quelleestlaplacedel’allergiedanslamaladieasthmatique? 4 parfoiscomplexes.Laconfirmationduliendecausalitéentreles Quellessontlesmanifestationsallergiquescutanéeslesplus symptômes et le ou les allergènes soupçonnés est la règle. C’est fréquentes? 4 la condition initiale d’une prise en charge thérapeutique de Quandpenseràuneallergiealimentaire? 5 qualité qui nécessite, en pratique, une bonne coordination des ¶Questionsdedémarchesdiagnostiques 5 soins avec l’allergologue. Commentpeut-onconfirmerlediagnosticd’allergieenmédecine générale? 5 ■ Questions de définition Quandadresseràl’allergologuedeville? 6 Quelestlanaturedubilandel’allergologue? 6 Quels sont les différents types d’allergie ? Dansquellessituationslebilanallergologiquedoit-ilêtreréalisé àl’hôpital? 7 Une nouvelle nomenclature proposée par un groupe interna- ¶Questionsdepriseenchargethérapeutique 7 tional d’experts précise, aux vues des données immunologiques Quelssontlesprincipauxmédicamentspourl’allergie récentes, les définitions des termes d’hypersensibilité, d’allergie danslatroussed’urgence? 7 et d’atopie [1]. Les maladies allergiques communes y sont Commentenvisagerlapréventiondelamaladieallergique? 7 détaillées: rhinite, conjonctivite, asthme et allergies cutanées Quellessontlesindicationsdel’immunothérapiespécifique(ITS)? 8 dont la grande variété témoigne de mécanismes pathogéniques distincts (Fig. 1). 1 TraitédeMédecineAkos 2-0093¶Allergologieenpratique Figure1. Nouvellenomenclaturedesmala- Hypersensibilité diesallergiques. Hypersensibilité Hypersensibilité non allergique allergique non immunologique non IgE dépendante IgE dépendante Éosinophiles Atopique Non atopique IgG Eczéma Venins Lymphocytes T Rhinite Médicaments Autres Asthme Parasites Tableau1. Tableau2. Prévalencedel’asthmechezlesadultesjeunesenpopulationgénérale Résultatdel’étudeISAACenFrance[4]. (d’aprèsLiardRetal.BEH1995;45:197-8). Asthme Chezlesenfantsde6-7ans,laprévalencecumulée Année Populations, Nombre Prévalence Prévalence estde9,3%àBordeauxetde6,7%àStrasbourg.Pour âgesmoyens cumulative delarhinite lesadolescents,laprévalenceestplusélevéedansleSud del’asthme allergique etdansl’Ouestetchezlesgarçons;Bordeaux:15,1%, Strasbourg:10,5% 1968 Étudiants,21ans 8140 3,3% 3,8% 1982 Étudiants,21ans 10559 5,4% 10,2% Rhinite Laprévalencedesrhinitesestplusélevéechez lesadolescentsquechezlesenfantsetnettementplus 1992 Populationgénérale, 356 13,9% 28,5% fortedanslarégiondeMontpellier sous-groupe des20-24ans Eczéma 18%chezlesenfantset7à8,9%chezlesadolescents prévalences chez l’enfant de 6-7 ans et l’adolescent de L’hypersensibilité est un terme général qui correspond à 13-14 ans. La phase I est une enquête par questionnaire en toutes sortes de réactions inattendues de la peau et des populationgénérale(3000enfantsparcentre)ciblantl’asthme, muqueuses. Les symptômes ou les signes cliniques sont objec- la rhinite et l’eczéma. La phase II précise les allergies chez les tivement reproductibles, initiés par une exposition à un enfants sélectionnés. La phase III répète la phase I, 3 ans plus stimulus défini, à une dose tolérée par des sujets normaux. tard. En France[4] les résultats de la phase I concernent L’allergie est une réaction d’hypersensibilité initiée par des 25000 sujets (Tableau 2). mécanismes immunologiques. Elle peut être à médiation humorale ou cellulaire. Quelles sont les causes de l’augmentation L’atopieestunetendancepersonnelleoufamilialeàproduire des anticorps IgE, en réponse à de faibles doses d’allergènes, de prévalence de l’allergie ? généralement des protéines, et à développer des symptômes typiques comme l’asthme, la rhinoconjonctivite ou l’eczéma. Lagénétiquenetient-ellepasuneplacecentrale ? La génétique a effectivement un rôle majeur comme le ■ montrent les études familiales, qui commencent à permettre de Questions d’épidémiologie localiser de nombreux gènes de susceptibilité des allergies respiratoires[2]. Le risque pour un enfant de développer une La prévalence des maladies maladie atopique est de 40 % à 60 % si ses deux parents sont allergiques a-t-elle réellement augmenté ? atopiques. Ce risque est compris entre 5 et 10 % si aucun des deux parents n’est atopique[2]. Oui. La fréquence de l’asthme de l’enfant progresse, par L’allergie est aussi une maladie de l’environnement. La exemple, de 6 à 10 % par an depuis 1960[2]. Nous verrons que théorie dite «hygiéniste» en est une belle illustration[5]. Von plusieurs facteurs, souvent intriqués, y contribuent. L’étude Mutius a mis en évidence une différence de prévalence des parisiennedeNeukirchmenéechezdesadultesjeunesconfirme maladies allergiques entre les deux Allemagne, peu après la cette tendance (Tableau 1). réunification. À l’Ouest, les maladies respiratoires allergiques EnFrance,lesmaladiesallergiquessesituentaupremierrang prédominent, aux dépens des bronchites chroniques plus des maladies chroniques de l’enfant. Les enquêtes récentes prévalentes à l’Est où la pollution est plus forte. De plus, dans montrentdestauxdeprévalenceélevésinégalementrépartissur les familles nombreuses d’Allemagne de l’Est, le pourcentage le territoire. d’asthmatiques est inversement proportionnel à la taille de la Une enquête européenne comprenant 22 pays et 48 centres, fratrie: les petits enfants, fréquemment contaminés par les portant sur 140 000 individus [3], montre qu’il existe un grandsontunmodederéponseimmunitaireTH1(lymphocytes gradient de prévalence, en Europe, du Nord vers le Sud et T Helper) au détriment d’un mode TH2 (producteur d’IgE) d’Ouest en Est. Il en est de même en France, de Paris- propre aux maladies allergiques. Montpellier-Bordeaux à Grenoble-Nancy. Les allergènes identi- La vie à la campagne, en présence de différents animaux fiés par tests cutanés sont par ordre décroissant les acariens, les familiers et du bétail, protégerait également les enfants des pollens de graminées, les chats. maladies allergiques en les exposant aux lipopolysaccharrides L’étude ISAAC (International Study of Asthma and Allergies (LPS)desgermesàGramnégatifdesexcrémentsd’animaux,qui inChildhood),menéeentroisphasesdepuis1991,portesurles stimulent le système TH1[5]. 2 TraitédeMédecineAkos Allergologieenpratique¶2-0093 Tableau3. déclencher des réactions croisées avec toutes sortes de fruits, Allergiescroisées(d’aprèsAalberseRC,AkkerdeasJH,vanReeR.Cross- souventexotiques,delégumesetd’épices,dontlalistes’allonge reactivityofIgEantibodiestoallergens.Allergy2001;56:478-90). tous les jours[8]. Ambrosia/melon 1970(Glaser) ■ Pomme/bouleau 1977(Lahti) Questions de clinique Armoise/céleri 1983(Kremser) Latex/banane/avocat 1991(Vervloet) Quels sont les arguments en faveur d’une allergie respiratoire ? Quelssontlesliensentreallergieetpolluants? L’interrogatoire est un temps essentiel dans la démarche diagnostique en allergologie. Pour identifier le caractère allergi- La pollution atmosphérique, en particulier par les voitures à que d’un symptôme il faut préciser les facteurs suivants. moteur Diesel, est constituée de fines particules de diamètre inférieur à 10 µm (PM10) qui peuvent initier des réactions Facteursprédisposants allergiques aux pneumallergènes de l’environnement. Les pics Recherche précise et détaillée d’antécédents personnels et d’ozone (O ) et de dioxyde d’azote (NO ) sont associés aux 3 2 familiaux de maladies atopiques: eczéma, asthme associé à une épisodesd’exacerbationd’asthme.Enfin,lespollensàproximité rhinoconjonctivite. des villes sont modifiés par ces polluants et libèrent plus facilement leurs allergènes. Facteursétiologiques Toutefois,lapollutionintérieureest,enOccident,enprogres- sion.Leshabitantsviventplutôtdansuneatmosphèreconfinée Unité de temps, unité de lieu, de déclenchement des crises (température et hygrométrie élevées), favorisant la multiplica- par des pneumallergènes: acariens de septembre à avril, puis tion des acariens. Les particules d’acariens, mêmes morts, sont persistance toute l’année ou crises en présence d’animaux, ou sensibilisantes. D’autres polluants domestiques aggravent les bien survenant à une époque bien définie: pollens d’arbres au manifestations respiratoires comme le tabagisme passif, le printempspuisdegraminéesetplustarddansl’étéd’herbacées. dégagement de CO2 par les cuisinières à gaz et les feux de bois On peut se référer aux calendriers polliniques disponibles sur dans les cheminées à foyer ouvert. Les produits ménagers en internet: www.pollens.fr. spray augmentent la pénétration des fines particules dans les Facteursfavorisants bronches. Les mousses isolantes et les colles à base de formal- déhyde de certains meubles dégagent des composés organiques Lapollutionatmosphérique,letabagismeetcertainsproduits volatils (COV) irritants pour les bronches. chimiques favorisent les crises qui peuvent aussi survenir dans Denouveauxallergènesapparaissentcommeleficus;grâceà certaines conditions professionnelles. sa sève en suspension dans l’air des appartements et des Les infections respiratoires bronchiques et sinusiennes bureauxdepuissonintroductionmassive,ilseclasseau3erang aggravent ou entretiennent l’allergie et provoquent des exacer- des allergènes domestiques, derrière les acariens et le chat. bations d’asthme. Enfin, un nouvel améliorant, identifié sur les étiquettes Le rôle du reflux gastro-œsophagien (RGO) sans symptômes comme «protéines de blé» (et non farine, ou blé tout court), digestifs évidents est souvent discuté. déclenche des crises d’urticaire et d’anaphylaxie ainsi que des allergies de contact quand il est incorporé aux crèmes de soins. Rôledel’environnement Cette fraction protéique du gluten de blé (ou «isolat de blé») La concordance entre le début des symptômes et les modifi- issue de l’industrie agroalimentaire est destinée à améliorer la cationsdel’environnementpeutêtreuneaideimportante.C’est consistance de certaines préparations de charcuterie comme le surtout au regard des résultats de l’inventaire allergologique cassoulet, les escalopes reconstituées de volaille. (tests)quel’étudedel’environnementestindispensable:niches àacariens,literie,logementhumide,malventilé,inventairedes Lesallergiescroiséesont-ellesunrôledanscette animaux. évolutionépidémiologique ? De nouveaux allergènes « croisants » ont provoqué, ces Sur quels critères cliniques peut-on évoquer dernières années, l’explosion des allergies alimentaires. une rhinite allergique ? Le bouleau est de plus en plus allergisant, probablement par l’augmentationdel’expressiondesonallergènemajeur(Betv1) La rhinite est une maladie fréquente souvent associée à une qui appartient à la famille des «Pathogenesis-Related Proteins». conjonctivite et à l’asthme. Cette dernière association est Cet allergène a une homologie fonctionnelle et une forte courante. En effet, la muqueuse est identique et réagit par une homologie de structure avec celui des fruits de la famille des inflammation locale aux mêmes stimuli. Demoly[9] a récem- Rosacées (pomme, poire, pêche, nectarine, abricot, cerise, ment rappelé qu’allergie nasale et asthme sont une même amande), ce qui explique le déclenchement des réactions maladie. En effet quatre asthmatiques sur cinq souffrent de allergiques buccales (syndrome de Lessof) après ingestion de rhinite et un patient atteint de rhinite sur quatre développe un fruits chez 70 % des allergiques au pollen de bouleau[6]. asthme. Depuis les années 1970, de plus en plus d’allergies croisées La rhinite allergique est caractérisée par un prurit nasal entre pollens et aliments végétaux ont été décrites (Tableau 3). associé à un prurit pharyngé et auriculaire, une rhinorrhée Une vingtaine de familles de protéines allergisantes (sur les aqueuse, des éternuements et parfois une toux souvent associée 7677 familles végétales) sont progressivement répertoriées. La à une irritation conjonctivale. profiline est impliquée dans près de 20 % des sensibilisations L’examen clinique est souvent peu contributif car aucun des croisées entre les pollens de bouleau, d’armoise et la carotte ou aspects de la muqueuse elle-même n’est spécifique d’une le céleri. Il s’agit d’une sensibilisation primaire aux pollens et étiologie allergique. secondaire aux fruits. Les diagnostics différentiels sont: Aux États-Unis l’allergie à l’arachide, véritable problème de (cid:127) la rhinite vasomotrice qui survient plutôt lors des change- santé publique (0,8 à 1,5 % de la population), donne lieu à des ments de température, n’importe quand dans l’année et en allergies croisées à d’autres fruits à coques. Elle est en progres- n’importe quel lieu et qui, à la différence de la rhinite sion en France où une étude menée sur 4737 consultants allergique ne s’accompagne pas de prurit pharyngé et montrequelasensibilisationestde1à2,5%,avecuneallergie conjonctival; estimée entre 0,3 et 0,75 % pour la population française[7]. (cid:127) pour la polypose nasale c’est l’obstruction qui domine Le latex provoque des réactions anaphylactiques qui peuvent avec anosmie et agueusie. La fibroscopie nasale permet le survenir au décours d’une intervention chirurgicale. Il peut diagnostic. 3 TraitédeMédecineAkos 2-0093¶Allergologieenpratique Tableau4. Asthme ClassificationdesrhinitesallergiquesARIA(AllergicRhinitisanditsImpact onAsthma)(d’aprèsBousquetJetal.Allergicrhinitisanditsimpacton asthma.JAllergyClinImmunol2001;108:S147-S334). 1 Intermittentelégère Asthme non allergique Asthme allergique 2 Persistantelégère 3 Intermittentemodéréeàsévère 4 Persistantemodéréeàsévère Asthme IgE dépendant Asthme non IgE dépendant Figure2. Nouvelleclassificationdel’asthme[1]. Tableau5. Intensitédessymptômesetmodificationsdelaqualitédevie(d’après BousquetJetal.Allergicrhinitisanditsimpactonasthma.JAllergyClin Quelle est la place de l’allergie Immunol2001;108:S147-S334). dans la maladie asthmatique ? Rhiniteslégères Rhinitesmodéréesàsévères Les mécanismes allergiques à IgE jouent un rôle dans 80 % (unouplusieursitems) des asthmes infantiles[11] et dans plus de 50 % des asthmes de Symptômespeugênants Symptômesgênants l’adulte. L’asthme est une maladie plurifactorielle et toutes les Sommeilnormal Sommeilperturbé étiologiesdoiventêtreprisesencompte.Chezlenourrisson,des Activitéssocialesetloisirsnormaux Activitéssocialesetloisirsperturbés bronchiolites récidivantes à virus respiratoire syncytial sont associées à un asthme précoce, en cas de terrain familial Activitésscolairesouprofessionnel- Activitésscolairesouprofessionnel- atopique. lesnormales lesperturbées La recherche d’une cause allergique est primordiale chez tout asthmatique car l’éviction de l’allergène, par des mesures adaptées permet une amélioration des symptômes de la mala- Les autres causes de rhinites chroniques sont plus rares et die. Les acariens sont les allergènes les plus fréquemment en nécessitentl’avisdel’ORL:médicaments,maladiessystémiques, causeetlesplusasthmogènes,loindevantlespollens,maisleur mycoses,rhinitesprofessionnelles,dyskinésieciliaire,anomalies évictionestdifficile.Lespetitsgarçonssontlesplusvulnérables. anatomiques, etc. Des signes unilatéraux évoquent une cause Le chat est l’allergène le plus fréquent et le plus sensibilisant tumorale. parmi les animaux, il peut déclencher des crises graves, et si le L’association à une sinusite aiguë n’est pas en faveur d’un contact persiste l’éviction ultérieure ne permettra pas une mécanisme allergique. En revanche «l’allergie fait le lit de guérison de la maladie asthmatique. Les moisissures sont plus l’infection». Certains patients ont des symptômes allergiques rarement en cause ou le fait de cas particulier: alternaria, modérés, compliqués fréquemment de surinfections hivernales. moisissure estivale (perannuelle dans le Midi de la France) est fréquemment asthmogène en particulier chez les enfants qui La sévérité de certaines rhinites allergiques peut entraver la sontégalementtrèssensiblesàuneinfestationdesappartements qualité de vie. C’est pourquoi, en parallèle à la classification par les blattes. GINA de l’asthme (Global INititiative for Asthma www. Les asthmes allergiques non IgE dépendants, à IgG (précipiti- ginasthma.com),desexpertsORLetallergologueseuropéensont nes), avec élévation des éosinophiles sont rares: alvéolites des proposé une classification de la rhinite allergique, dans le but éleveurs d’oiseaux (déjections) ou à Aspergillus fumigatus. Le de faciliter son diagnostic et de déterminer la stratégie terme d’asthme intrinsèque n’est pas recommandé par la thérapeutique. nouvelle nomenclature[1] qui propose la classification donnée L’analysedeladuréeetdelagravitédescrisesdistinguequatre dans la Figure 2. paliers(Tableau4). Les patients consultent souvent pour les symptômes qui les L’intensitédessymptômesetlesmodificationsdelaqualitéde gênent le plus, rhinoconjonctivite ou symptômes évocateurs vie définissent la gravité des crises (Tableau 5). La rhinite d’asthme : toux, dyspnée d’effort, sifflements, oppression intermittente,paroppositionàlarhinitepersistante,évoluepar thoracique, réveil nocturne. Un asthme léger peut être passé crised’uneduréeinférieureà4joursdesuiteparsemaine,oubien soussilence,c’estpourquoiilfautposerclairementlesquestions moinsde4semainesdesuite. concernant les manifestations bronchiques mineures. L’auscultation est parfois normale, en dehors des crises qui Quels sont les éléments en faveur d’une ont souvent lieu la nuit. La mesure du souffle grâce au débit- conjonctivite allergique ? mètre de pointe ou au Pico6® peut mettre en évidence un déficit. Toutefois, il peut exister parfois une discordance entre La conjonctivite est la manifestation la plus fréquente de les signes cliniques et un bon résultat du débit expiratoire de l’allergieoculaire.Larougeurdelaconjonctive,lelarmoiement, pointeouduVEMS/VEM6(>80%)àcaused’uneatteinteisolée le chémosis (œdème) et surtout le prurit sont toujours bilaté- des petites voies aériennes. En cas de déficit, même modeste, raux et surviennent dans les mêmes circonstances: au prin- l’étude de la réversibilité après un bronchodilatateur s’impose. tempsencasd’allergiepolliniqueetenassociationàunerhinite Les explorations fonctionnelles respiratoires montrent un saisonnière[10]. trouble ventilatoire obstructif variable, réversible sous l’effet de Les conjonctivites chroniques dues aux acariens peuvent être la thérapeutique et une hyperactivité bronchique avec la isolées et sont de diagnostic difficile. Il faut différencier un œil métacholine et/ou l’histamine. sec ou des anomalies de convergence qui entraînent une L’associationàunerhiniteetuneconjonctivitesignel’origine fatigabilité oculaire, en particulier à l’écran en sachant que la allergique. conjonctiviteallergiquechroniquepeutentraînerunesécheresse oculaire. Quelles sont les manifestations allergiques Les autres causes de conjonctivite chronique sont multiples: cutanées les plus fréquentes ? infections virales, blépharite chronique, rosacée, médicaments, irritations chroniques par la pollution atmosphérique, la fumée L’urticaire et l’eczéma, qu’il soit allergique à IgE (atopie) ou de tabac, les particules irritantes (sciures, maquillage ou decontact,sontlesmanifestationslesplusfréquentes,ainsique climatisation) ou l’abus de collyres contenant du chlorure de les réactions cutanées médicamenteuses dont les mécanismes benzalkonium. Au cours de la ménopause, une conjonctivite pathogéniques et les présentations cliniques sont très divers - chronique par involution des glandes lacrymales peut être exanthème maculopapuleux symétrique, eczéma, érythème observée. L’avis de l’ophtalmologiste est souvent nécessaire. pigmenté fixe, érythrodermie. 4 TraitédeMédecineAkos Allergologieenpratique¶2-0093 L’urticaire, éruption de papules blanc rosé, surélevées, très Tableau6. prurigineuses, entourées d’érythème, est labile et peut s’associer Allergie alimentaire (d’après Kanny G et al. Population study of food à un angio-œdème (terme remplaçant celui d’œdème de allergyinFrance.JAllergyClinImmunol2001;108:133-40). Quincke). Elle correspond à un groupe hétérogène de patholo- Symptômes Alimentsencause gies qui induisent la libération d’histamine à partir des masto- cytes cutanés. Il faut noter que 15 à 20 % des sujets feront au Urticaire=57% Rosacées(pomme,pêche)=14% moins une fois dans leur vie une crise d’urticaire. Le dermogra- Angio-œdème=26% Légumes=9% phisme est une forme bénigne d’urticaire. Symptômesdigestifs=22% Lait=8% Ondistingueurticaireaiguë-criseisoléeouàrépétition-qui Eczéma=22% Crustacés=8% nécessite alors la recherche d’une étiologie, et urticaire chroni- Rhinite=6,5% Fruitsdemer=7% que qui a une durée d’évolution de plus de 6 semaines et dont Syndromeoral=6,5% Alimentsdugroupelatex=5% les mécanismes étiopathogéniques sont complexes. Cette Asthme=5,7% Œuf=4% dernière affection est fréquente, le plus souvent bénigne mais invalidante[12,13]. Chocanaphylactique=2,7% Noixd’arbres=3% L’anaphylaxie[1] est une réaction d’hypersensibilité générali- Conjonctivite=1,4% Cacahuètes=1% séeousystémiquesévèremenaçantlepronosticvital.Lessignes cliniques se développent progressivement, par des démangeai- sonsdespaumes,desplantesoudelagorge,pouraboutiràune Moneret-Vautrin a créé pour la France, un réseau d’allergovi- urticaire généralisée, se compliquant de manifestations polyvis- gilance en allergie alimentaire, pour répertorier les allergies cérales: rhinoconjonctivite, associée à une dysphagie, une alimentaires graves et pouvoir informer les autorités sanitaires: dysphonieouunedyspnéeetparfoisunasthmesévère.Lacrise 107 cas ont été enregistrés en 2002. Une large étude sur culmine avec une hypotension jusqu’au choc parfois mortel. 44000 personnes a recensé les allergies alimentaires à l’aide L’hypotension et le bronchospasme sévère ne doivent pas d’unquestionnaireenvoyéà20000foyers.33110réponsesont nécessairement être présents pour qu’une réaction soit classée permis de dénombrer 20,8 % de symptômes d’allergie ressentie comme anaphylactique. mais le bilan y compris le test de provocation orale en double En dehors du mécanisme à IgE, d’autres mécanismes allergi- aveugle contre placebo (TPODA) n’en a retenu que 3,24 % ques peuvent intervenir dans l’anaphylaxie, tel le complément, (Tableau 6). un complexe IgG ou un mécanisme à médiation cellulaire: Si l’on classe les aliments selon la gravité des réactions (cid:127) anaphylaxie non allergique; (anaphylaxies sévères) [13], le soja, les lentilles et surtout (cid:127) anaphylaxie allergique non IgE dépendante; l’arachide sont en tête avec 20 % des cas, puis les autres fruits (cid:127) anaphylaxie allergique IgE dépendante. à coque - noix, noisette, amande, pistache, noix de cajou et de Les lésions d’eczéma atopique sont souvent sèches, prurigi- Macadamia (14 %) -, les crustacées 10 % (crevettes le plus neuses et fixes, la lésion élémentaire est une vésicule. Leur souvent), enfin les aliments qui ont des réactions croisées avec topographie varie selon l’âge et l’étiologie. Elles prédominent le latex - avocat, kiwi, banane, poivron, mangue, etc. (7 %). Il chez le nourrisson, sur les grands plis de flexion et tendent à faut noter que le sarrasin (blé noir des crêpes bretonnes) est à disparaître dans l’enfance avec une éventuelle transformation égalitéaveclelaitdevacheetlecéleri,justeaprèslebléetsuivi ultérieure en asthme[14, 15]. de près par les graines de sésame. Les lésions d’eczéma de contact sont souvent localisées aux mains ou au visage. L’amélioration pendant les congés apporte ■ Questions de démarches un argument décisif en faveur d’une allergie de contact profes- sionnelle. Les diverses lésions prurigineuses et récidivantes du diagnostiques visage sont plus fréquentes chez les femmes. Il est parfois difficilededistingueruneintolérance,d’uneirritationoud’une Comment peut-on confirmer le diagnostic allergie de contact aux produits de cosmétologie mais aussi aux d’allergie en médecine générale ? produits ménagers en aérosols. Si la prescription de produits de soins non allergisants, la suppression du maquillage et des Dans toutes les situations, l’hyperéosinophilie n’est qu’un parfums ou des aérosols n’améliorent pas la situation, il faut élément d’orientation. Le dosage d’IgE totales n’est pas recom- envisager des tests épicutanés (cf. infra)[16]. mandéenpratiquecarcen’estpasunbonindicateurdeterrain atopique, hormis chez l’enfant asthmatique de moins de 3 ans Quand penser à une allergie alimentaire ? et dans l’eczéma atopique (Haute autorité de santé [HAS]). En Le syndrome oral (syndrome de Lessof) est un signe patho- effet 20 % de la population a un taux d’IgE totales supérieur gnomonique avec prurit buccal et parfois œdème des lèvres au aux normes. coursdel’ingestiondefruitsoudelégumes.Uneallergiecroisée Devant une manifestation respiratoire, on peut facilement avec le pollen de bouleau (rhinite de mars à mai) est possible. obtenirlaconfirmationdesonétiologieallergiqueparledosage Une urticaire peut survenir dans les minutes qui suivent la d’IgE spécifiques par multitests, principalement le Phadiatop® prise alimentaire. L’analyse des ingesta alimentaires doit être (recommandation de l’Agence nationale d’analyse et d’évalua- très méticuleuse, en vérifiant la concordance entre l’aliment tion des soins [ANAES]). Le MAST-CLA® pneumallergènes ou suspecté et le déclenchement de la crise. Il peut être utile de mixte(pneumallergènesettrophallergènes),estsourced’erreurs, faire un cahier alimentaire où tous les ingrédients sont notés, en particulier avec des faux positifs par diffusion de la forte boissons,friandisescomprises,sansoublierlesmédicamentspris réactivité à un des allergènes du test. au cours du repas. Plus les réactions sont proches de la prise LedosagedesIgEspécifiquesnedoitpasêtrefaitenpratique alimentaire, plus elles sont graves. Elles peuvent faire interrom- courante en première intention. Il doit, selon les recommanda- pre le repas[12, 13]. tions HAS de 2005, être limité aux situations suivantes: Une manifestation anaphylactique d’origine alimentaire peut (cid:127) allergies respiratoires, en complément des tests cutanés, parfoissurveniraprèsuneffort,mêmeminime-marcherapide, éventuellement avant l’immunothérapie spécifique; danse,maisleplussouventcourseouactivitésportive-dansles (cid:127) allergie aux venins d’hyménoptères, en cas d’accident sévère, suites d’une prise alimentaire bien supportée au repos. après un délai de 1 mois; Lesallergènesalimentaires,lesplusfréquentsdeparlemonde (cid:127) allergiesaulatex,seulementsilacliniqueestévocatriceouen et dont le rôle allergisant a été contrôlé[17] sont, par ordre cas d’allergie alimentaire croisée; décroissant: œuf de poule, lait de vache, poissons, crustacés, (cid:127) pour les allergies médicamenteuses - b-lactamines, ammo- arachide, soja, noisette. Cet ordre de fréquence varie selon niums quaternaires - pas de dosage en 1re intention; l’âge: chez les petits enfants le lait de vache, l’œuf de poule et (cid:127) pourlesallergiesalimentaires,pasdedosageisoléàl’aveugle; l’arachide sont les plus fréquemment en cause tandis que chez (cid:127) enfin, concernant l’urticaire chronique, la réalisation d’exa- les adultes, ce sont les poissons, les fruits et les légumes[7]. mens complémentaires est controversée[12]. 5 TraitédeMédecineAkos 2-0093¶Allergologieenpratique Tableau7. Tableau8. Recoursàl’allergologue. Méthodologiedesprick-testscutanés. Avisdiagnostiqueetthérapeutique Arrêtdesantihistaminiques Pouraffirmerlecaractèreallergiqueduproblèmeprésenté(rhinite, -5joursavantpourlaplupartdesanti-H1 eczéma...) -15jourspourleZaditen® Pouridentifierl’allergèneet/oulescirconstancesd’apparition -24heurespourlaPolaramine® dessymptômes Faceantérieuredel’avant-bras Pourproposeruntraitementadaptéetfixerlesobjectifsthérapeutiques Solutionsglycérinéesd’allergènesstandardisés encollaborationaveclemédecingénéraliste Témoinnégatifettémoinpositif Aideausuivi Lancettecalibrée Éducationdupatientallergique,lesmesuresd’évictiondesallergènes Lectureaprès15/20min Encasd’échecd’uneévictionbienmenée Compte-renduremisàchaquepatient:résultatsenmm Encasd’échecdestraitementsspécifiquesbienconduits Encasderechuteàl’arrêtd’untraitementmédicamenteux Encasdesurvenued’unasthme(aggravationdelamaladieallergique) C animaux: chat, chien, selon l’interrogatoire: lapin, rat, souris, chinchilla, plumes... C moisissures: Alternaria, Cladosporium, Aspergillus, Peni- Quand adresser à l’allergologue de ville ? cillium; (cid:127) pollens pour les symptômes du printemps et de l’été, en Le patient allergique entre bien souvent, avec sa maladie, rapport avec la pollinisation anémophile de la région: dans un statut de porteur de maladie ou de symptômes chroni- C pollen d’arbres: bouleau, frêne, cyprès, olivier, platane; ques. Cette situation nécessite une prise en charge adaptée au C pollen de graminées entre avril et juillet selon l’altitude; long cours, des objectifs thérapeutiques partagés et réalisables. C pollen d’armoise au nord de la Loire et de pariétaire dans La surveillance du traitement et l’éducation thérapeutique du le Midi. patient nécessitent une bonne coordination des intervenants: (cid:127) trophallergènes (aliments). Les tests sont pratiqués avec les l’allergologue, le médecin généraliste, le médecin du travail, les extraitsallergéniquescommercialisés-poissons,crevette,œuf, spécialistes d’organe. viande et certains fruits à coque - et avec les aliments Les rhinoconjonctivites saisonnières peuvent être contrôlées apportésparlepatientpourlesplatssuspectésainsiquefruits par un traitement médicamenteux bien conduit (antihistamini- et légumes crus dont les allergènes sont fragiles. ques, corticoïdes locaux, collyres antiallergiques). Toutefois, en Chezl’enfant,lesprick-testscutanéspermettentundiagnostic cas de rhinite persistante, modérée à sévère avec prise continue étiologique précoce, dès l’âge de 3 mois[18]. Les tests sont à de médicaments, un bilan allergologique s’impose. De même, répéter, selon la clinique, en cas de négativité (réponse cutanée un bilan de 2e ligne est envisagé lorsque la rhinite s’accompa- plus faible chez le nourrisson) chaque année ou tous les 2 ans gned’unasthmeoulorsdelapersistancedessymptômes,après et jusqu’à 6 ans par crainte d’apparition de nouvelles sensibili- éviction de l’allergène supposé par l’interrogatoire ou par le sations. Ils permettent aussi, la mise en place d’une éviction bilan biologique (Tableau 7). précise des allergènes, d’un traitement spécifique avec des Chaquepatientayantunasthme,mêmed’apparitiontardive, médicaments adaptés et éventuellement la mise en route d’une doit faire l’objet d’un bilan complet, y compris allergologique, immunothérapie spécifique, pour éviter le développement pour mettre en place une éventuelle éviction qui diminue la d’autres allergies[18]. réactivité bronchique. Devant une urticaire aiguë grave ou récidivante un bilan Testsdeprovocationallergéniquespécifique allergologique est utile, sachant que l’allergène même alimen- taire ne peut pas toujours être identifié. En effet, malgré une Pour confirmer un diagnostic discordant entre l’interroga- enquête étiologique soigneuse 60 à 80 % des urticaires chroni- toire,laclinique,labiologieetlesrésultatsdestestscutanés,on ques restent idiopathiques[12]. pratiquedestestsdeprovocationspécifiqueauxallergènes:test L’eczéma atopique de l’enfant doit être exploré s’il est de provocation conjonctivale pour la conjonctivite[10], nasale persistant et sévère, selon les conclusions de la conférence de pour la rhinite et l’asthme. consensus de 2005[15]. L’extrait allergénique spécifique suspecté est utilisé pour reproduirelasymptomatologieencause.Laprised’antihistami- niques est suspendue comme pour les prick-tests. Le test se Quel est la nature du bilan pratiqueendehorsd’unecriseaprèsexamenORLouophtalmo- de l’allergologue ? logique soigneux. Une première dose de diluant est déposée suivie de doses progressivement croissantes d’allergènes après La consultation en allergologie est une consultation longue. contrôle toutes les 15 à 20 minutes de l’état clinique. Des Le bilan de l’allergologue débute par une anamnèse très abaques ont été publiés et les scores cliniques sont totalisés. détaillée incluant les bilans et traitements antérieurs. La Le test de provocation labiale se pratique en cas d’allergie réalisation des tests cutanés dépend des signes d’orientation, alimentaire en posant sur la face interne de la lèvre l’aliment obtenus par l’interrogatoire et l’examen clinique. suspecté.L’ingestiondel’alimentsuspecténepeutsefairequ’en milieu hospitalier. Prick-tests La reproduction des symptômes permet d’affirmer le rôle de L’enquête allergologique par prick-tests nécessite quelques l’allergène,maiscestestssontlongsetparfoisdifficilesàmettre précautions: arrêt, quelques jours avant, des antihistaminiques en œuvre. per os (Tableau 8) et de l’application cutanée de corticoïdes sur Testsépicutanés[16] les avant-bras. Les corticoïdes, par voie générale ou inhalés, ne sont pas gênants. La lecture est effectuée au bout de 15 à Lestestsépicutanéspermettentl’identificationd’unallergène 20 minutes et un compte-rendu est remis aussitôt au patient. de contact, en appliquant les produits sur la peau du dos, Les différents allergènes utilisés pour les prick-tests en pendant 48 heures avec une lecture à la 48e et à la 72e heure. pratique courante sont: Les produits, non toxiques, bien identifiés et à une dilution (cid:127) pneumallergènes domestiques: pour les symptômes évoluant adéquate, non irritante, sont maintenus en place à l’aide de pendant toute l’année: bandelettes spécifiques. Les produits les plus allergisants faisant C acariens: Dermatophagoides pteronyssinus et farinae; partie de la batterie standard sont toujours testés avec les C blatte germanique; produits personnels, sélectionnés par l’allergologue. 6 TraitédeMédecineAkos

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