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Le juif errant est arrivé PDF

175 Pages·2016·1.04 MB·French
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ALBERT LONDRES LE JUIF ERRANT EST ARRIVÉ ALBERT LONDRES LE JUIF ERRANT EST ARRIVÉ 1930 Untextedudomainepublic. Uneéditionlibre. ISBN—978-2-8247-0069-4 BIBEBOOK www.bibebook.com À propos de Bibebook : Vousavezlacertitude,entéléchargeantunlivresurBibebook.comde lireunlivredequalité: Nous apportons un soin particulier à la qualité des textes, à la mise en page, à la typographie, à la navigation à l’intérieur du livre, et à la cohérenceàtraverstoutelacollection. Les ebooks distribués par Bibebook sont réalisés par des bénévoles del’AssociationdePromotiondel’EcritureetdelaLecture,quiacomme objectif:lapromotiondel’écritureetdelalecture,ladiffusion,laprotection, laconservationetlarestaurationdel’écrit. Aidez nous : Vouspouveznousrejoindreetnousaider,surlesitedeBibebook. http://www.bibebook.com/joinus Votreaideestlabienvenue. Erreurs : Sivoustrouvezdeserreursdanscetteédition,mercidelessignalerà: [email protected] Télécharger cet ebook : http://www.bibebook.com/search/978-2-8247-0069-4 Credits Sources: — AlbinMichel — BibliothèqueÉlectroniqueduQuébec Ontcontribuéàcetteédition: — Association de Promotion de l’Ecriture et de la Lecture Fontes: — PhilippH.Poll — ChristianSpremberg — ManfredKlein Licence Letextesuivantestuneœuvredudomainepublicédité souslalicenceCreativesCommonsBY-SA Except where otherwise noted, this work is licensed under http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/ Lirelalicence CetteœuvreestpubliéesouslalicenceCC-BY-SA,cequi signifie que vous pouvez légalement la copier, la redis- tribuer,l’envoyeràvosamis.Vousêtesd’ailleursencou- ragéàlefaire. Vous devez attribuer l’œuvre aux différents auteurs, y comprisàBibebook. I CHAPITRE Un personnage extravagant L vontdeCalaisàDouvress’appellentdesmalles. Au début de cette année, la dix-neuf cent vingt-neuvième de l’èrechrétienne,j’étaisdansl’unedecesmalles. Ellesemblaitassezbienfaite,l’ordreyrégnait.Danslecompartimentle plus bas, des voyageurs, passeport au bout des doigts et formant une longue file, attendaient de se présenter devant la police. D’autres, au coupdecinqheures,serendaientpieusementaurendez-vousritueldela théière.L’escalierétaitbourrédecœursinquiets.Qu’allaitfairelamer? Descendrait-onaufonddelamalle?S’installerait-onsursoncouvercle? Lecouverclel’emporta,lafoulegagnalepont. Là,c’étaitlagrandeparadedesvalises! Lebateau,jusqu’icimuet,semitalorsàparler.Parlamagiedeleurs étiquettes,lesvalisesracontaientleurvoyage.Shéhérazadeeûtétémoins éloquente.UnevueduParthénondisaitquecelle-civenaitd’Athènes.Elle s’étaitarrêtéedansunpalaceàRome,puisdansun«albergo»àFlorence. 1 Lejuiferrantestarrivé ChapitreI Cette autre devait être une indécise : n’avait-elle pas changé trois fois d’hôtelauCaire?UnetoutepetitevenaitdeBrisbaneavecescaleàCo- lombo. Plusieurs arrivaient de l’Inde. Les images des hôtels de Bombay étaient plus jolies que les images des hôtels de Calcutta. Dans un coin, unemalheureuseregrettaitBiskra,unpalmiercolléàsonflanc.Menton, Saint-Raphaëlenrenvoyaientunevingtaine.LaSuisseaussi.Surdubeau cuirdevache,laneigeetlesoleildesautrespaystraversaientmélancoli- quementledétroit. Soudain,tandisquejepensaisàtouscessmokingspliésetambulants quirentraientenAngleterre,unpersonnageextravagantsurgitparmices bagages. Il n’avait de blanc que ses chaussettes; le reste de lui-même était toutnoir.Sonchapeau,autempsdubelâgedesonfeutre,avaitdûêtre dur; maintenant, il était plutôt mou. Ce galurin représentait cependant l’unique objet européen de cette garde-robe. Une longue lévite débou- tonnéeetremplissantl’officedepardessuslaissaitentrevoiruneseconde léviteunpeuvertequeserraitàlatailleuncordonfatigué.L’individupor- taitunefollebarbe,maisleclou,c’étaitdeuxpapillotesdecheveuxqui, s’échappantdesonfameuxchapeau,pendaient,soigneusementfrisées,à lahauteurdesesoreilles. LesAnglais,enchampionsdurasoir,leregardaientaveceffarement. Lui,allait,venait,bienau-dessusdelamêlée. C’étaitunJuif. D’où venait-il? D’un ghetto. Il faisait partie de ces millions d’êtres humainsquiviventencoresouslaConstitutiondictéeparMoïseduhaut duSinaï.Pourplusdeclarté,ilconvientd’ajouterqu’àl’heureprésenteils viventaussienGalicie,enBukovine,enBessarabie,enTransylvanie,en UkraineetdanslesmontagnesdesMarmaroches.Autrementdit,sansces- serd’apparteniruniquementàDieu,ilssont,parlamalicedeshommes, sujetspolonais,roumains,russes,hongroisettchécoslovaques. L’accoutrementdecelui-ciauraitpuluiservirdepasseport.Ilarrivait probablementdeGalicie,sansdouteétait-ilrabbi,etquantaubutdeson voyage, pour peu que l’on connût quelques traits de la vie de ces Juifs, onlepouvaitaisémentfixer:lerabbiserendaitàLondresrecueillirdes haloukah(aumônes). 2 Lejuiferrantestarrivé ChapitreI LamallenetardapasàdéversersoncontenusurlequaideDouvres. Jem’attachaiauxpasdusainthomme.Unevalisedeboisciréàlamain, ilsuivaitlafoule.UnpolicemancoifféàlaMinervesouritàsavue.Lui, passa.Onfutbientôtdevantlabanquettedeladouane.Ilyposasacaisse. Àcetinstantetpourlapremièrefoisdemavie,monâmeéprouvadestres- saillements de douanier. Qu’attendait-on pour lui faire déballer sa mar- chandise? Enfin, on l’en pria. La caisse livra son secret. Elle contenait unchâleblancrayénoiretfrangé,unepairedechaussettes,deuxpetites boîtesunpeupluslonguesquenosboîtesd’allumettes,épaissesdeuxfois commeellesetfixéesàunelanièredecuir,deuxgroslivresqui,detrès loin, sentaient le Talmud, et quelques journaux imprimés en caractères bizarres. D’anciennes incursions dans les synagogues d’Europe orientale me permirentdereconnaîtrequelechâleétaitunchâledeprière,untaliss, etquelesdeuxpetitesboîtesreprésentaientlestéfilinquetoutJuifpieux lieàsonfrontetàsonpoignetgauchelesjoursdegrandeconversation avecleSeigneur. Undouanierprotestantétaitendroitd’ignorerlasaintetédetelsob- jets;aussilestraita-t-ilcommeileûtfaitdeboîtesàpoudreoud’unchâle espagnol. Lavisiteachevée,lerabbigagnalequaidelagare. Illaissapartirlepullmanetprit,dixminutesaprès,letraindesgens raisonnables. Naturellement,jem’installaienfacedelui. Maconduitenem’étaitpasdictéeparuncaprice.Cethommetombait àpointdansmavie.Jepartaiscettefois,nonpourletourdumonde,mais pourletourdesJuifs,etj’allaisd’abordtirermonchapeauàWhitechapel. JeverraisPrague,Mukacevo,OradeaMare,Kichinev,Cernauti,Lem- berg, Cracovie, Varsovie, Vilno, Lodz, l’Égypte et la Palestine, le passé et l’avenir, allant des Carpathes au mont des Oliviers, de la Vistule au lacdeTibériade,desrabbinssorciersaumairedeTel-Aviv,destrente-six degréssouszéro,quedesjournauxsanspitiéannonçaientdéjàchezles Tchèques, au soleil qui, chaque année en mai, attend les grimpeurs des ÉchellesduLevant. MaisjedevaiscommencerparLondres. 3 Lejuiferrantestarrivé ChapitreI Pourquoi? Parce que l’Angleterre, voici onze ans, tint aux Juifs le même lan- gage que Dieu, quelque temps auparavant, fit entendre à Moïse sur la montagned’Horeb.DieuavaitditàMoïse:«J’airésoludevoustirerde l’oppressiondel’ÉgypteetdevousfairepasseraupaysdesChananéens, desHéthéens,desAmorrhéens,desPhérézéens,desHévéensetdesJébu- séens,enuneterreoùcoulentdesruisseauxdelaitetdemiel.» LordBalfours’étaitexpriméavecmoinsdepoésie.Ilavaitdit:«Juifs, l’Angleterre,touchéeparvotredétresse,soucieusedenepaslaisserune autregrandenations’établirsurl’undescôtésducanaldeSuez,adécidé devousenvoyerenPalestine,enuneterrequi,grâceàvous,luirevien- dra.» L’Angleterre défendait ses intérêts mieux que Dieu les siens. Dieu avaitdonnéd’uncouplaPalestineetlaTransjordanie. LordBalfourgardaitlaTransjordanie. Entrelesdeuxépoques,ilestvrai,Mahometavaiteuunmotàdire. † Letrainroulait.Monrabbinsommeillait.Sonfameuxchapeau,s’étant déplacé légèrement, découvrait la calotte qu’il portait en dessous. Tout Juiforthodoxedoitavoirainsideuxcoiffures.Uncoupdevent,unedis- tractionpourraientfairequelapremièrequittâtsonchef.Quelleincon- venancesilenomduSeigneur(bénisoitsonnom!)étaitalorsprononcé devantlatêtedécalottéed’unJuif! À Chatam, mon compagnon rouvrit les yeux. Il les avait beaux. Si monhommearrivaitdeGalicie,sesyeuxvenaientdebeaucoupplusloin. L’Orientleshabitaitencore.AyantextraitsonTalmuddesavaliseenbois, cesujetpolonaisseplongeadansl’hébreu. LesAnglaisenpromenadedanslecouloirjetaientsurlevoyageurun regardscandalisé.Onpeutapparteniràunpeupletouristeetn’avoirpas toutvu.Cesontles«peycés»(lespapillotes)quileurdonnaientsurtout uncoup dans l’estomac.Le rabbidevintbientôt l’attraction du compar- timent.Ceuxquil’avaientdécouvertlesignalaientàleursvoisins.Etles curieux,feignantlebelairdel’indifférence,passaientetpassaientencore devantnotrebox.Unvulgairecontemporainsefûtdresséetleureûtde- mandé:«Quedésirez-vous,gentlemen?»MaisquandonflirteavecDieu 4 Lejuiferrantestarrivé ChapitreI àtraversdedifficilescaractèresd’imprimerie,a-t-ondespenséespourde sottescréatures?Et,calme,lerabbinbroutaitsontexte,leslèvresactives commeunlapinquidéguste. † CefutLondres.Levoyageurétaitattendu.Deuxhommes,ceux-làha- billésàl’européenne,lesaluèrentsansenleverlechapeau.Ilslesaluèrent desépaules,ducou,d’unfrémissementdesnarinesetd’unegymnastique dessourcils.Letrioentraenconversationet,naturellement,s’agita.Leurs mainsd’automatedessinaientlaformedeleurspensées.Legeste,enef- fet,estl’accentd’Israël.UnJuifs’exprimeautantaveclesdoigtsqu’avec lalangue.Manchot,ilseraitcertainementdemi-muet! Ilsnégligèrentlestaxis.Ilssortirentdelagare.Ilsmarchaient. L’undesEuropéensportaitlacaisse.LerabbiavaitsonTalmudsous uneaisselle.Letroisièmetraçait,àcoupsdebras,desarabesquesdansla nuit. Bientôtilsfirenthalte.Était-ilnécessaired’êtredétectivepourcom- prendrequ’ilsattendaientl’autobus?Aprèsquelquessouriresdelafoule londonienne,legracieuxvéhiculearriva.Onleprit.Oùlesfilsd’Abraham m’emmenaient-ils? J’aperçus Piccadilly, je devinai l’entrée du Strand, puis il me sembla que l’on traversait la Cité. Les discoureurs parlaient plusvitequen’allaitl’autobus,et,quandlemonstres’arrêtait,euxconti- nuaient.Lacoursepritfin.Ilsdescendirentdevantungrandbâtimentqui, soustoutesréserves,devaitêtreleLondonHospital.NousétionsWhite- chapelRoad. Cen’étaitpastrèsanimé.Jelessuivissansdifficulté.Ilremontèrent l’artèrecentraleets’engagèrentdansSilverstreet,puisdansChicksand street.C’étaitunetrèspetiteruesombreetpoisseuse.Leslumignonsdes boutiquiersl’éclairaientseuls.Aunuméro17letriodisparutdansuncou- loir.Lamaisonétaitdebriquessalesetlerez-de-chausséeabritaitunmar- chanddevolaillesquivendaitdescanardsetdespouletsmalplumés. —Àdemain!fis-jementalementennotant,l’adresse. Je revins sur mes pas. Les murs des bâtisses suintaient. Derrière les carreaux,onvoyaitdesfamillespauvrementattablées.JeretrouvaisWhi- techapel Road. Tout en avançant, j’épelais les enseignes des magasins : Goldman, Appelbaum, Lipovitch, Blum, Diamond, Rapoport. Sol Lévy, 5

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et latins. Aussi trouvent-ils indispensable que les descendants d'Abraham restent assis où l'autre, je veux dire Job, aimait à s'asseoir. Le problème.
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