Riyâd As-Sâlihîn Les jardins des vertueux L’imam An-Nawawi (1233-1277) Traduction Rachid Maach Découverte de l’islam 1 Libre de droits Pour toute remarque sur cette traduction ou toute information sur l’islam, nous contacter à cette adresse : [email protected] 00966550790349 DefenseProphete@ 1ère édition : 2020 2 Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux CHAPITRE 1. LA SINCÉRITÉ DE L'INTENTION DANS TOUS LES ACTES, PAROLES ET ÉTATS APPARENTS ET CACHÉS Allah le Très Haut dit : Ils ont simplement reçu l’ordre d’adorer Allah en Lui vouant un culte exclusif et sincère, d’accomplir la prière et de faire la charité, professant ainsi la religion de vérité. (98, 5) Ni leur chair, ni leur sang ne parviendront à Allah. Seules Lui parviennent les œuvres que vous accomplissez dans le but de Lui plaire. (22, 37) Dis : « Que vous dissimuliez vos pensées ou que vous les exprimiez, Allah les connaît parfaitement. » (3, 29) 1. Le prince des croyants, Abou Hafs, ‘Oumar ibn Al-Khattâb ibn Noufayl ibn ‘Abd Al-‘Ouzzâ ibn Riyâh ibn ‘Abdillah ibn Qourt ibn Razâh ibn ‘Adiyy ibn Ka’b ibn Louayy ibn Ghâlib Al- Qourachi Al-‘Adawi () rapporte avoir entendu le Messager d’Allah () dire : « Les actes ne valent que par leurs intentions et chacun sera récompensé selon son intention. Quiconque aura émigré pour Allah et Son Messager obtiendra ce pour quoi il aura émigré et quiconque aura émigré dans un but purement terrestre ou pour épouser une femme obtiendra ce pour quoi il aura émigré. » [Rapporté par les deux savants de référence du hadith : Abou ‘Abdillah Mouhammad ibn Ismâ’îl ibn Ibrâhîm ibn Al-Moughîrah ibn Bardizbah Al-Jou’fi Al-Boukhâri et Abou Al-Housayn Mouslim ibn Al-Hajjâj ibn Mouslim Al-Qouchayri An-Naysâbouri - qu’Allah les agrée - dans leurs recueils 3 authentiques qui sont les livres les plus authentiques jamais composés par les hommes] 2. D’après la mère des croyants, l’épouse du Prophète (), Oumm ‘Abdillah, ‘Âïchah, qu’Allah l’agrée, le Messager d’Allah () a dit : « Une armée se mettra en marche à la fin des temps pour détruire la Ka’bah. Arrivés à Al-Baydah1, ces hommes seront engloutis par la terre du premier au dernier. » ‘Âïchah s’étonna : « Messager d’Allah ! Comment seront-ils engloutis du premier au dernier alors qu’il y aura parmi eux des commerçants et des personnes qui ne feront que les suivre ? » Il répondit : « Ils seront engloutis du premier au dernier, puis chacun sera ressuscité selon ses intentions. » [Al-Boukhâri - dont c’est la version - et Mouslim] 3. Selon ‘Âïchah, qu’Allah l’agrée, le Prophète () a dit : « Les habitants de la Mecque ne sont plus tenus d’émigrer après sa conquête, mais seulement de participer au djihad avec l’intention sincère de faire triompher la religion. Si donc vous êtes appelés au combat, répondez à l’appel. » [Al-Boukhâri et Mouslim] L’émigration, l’hégire, cesse d’être obligatoire uniquement pour les habitants de la Mecque, puisque celle-ci est devenue terre d’islam. 4. Abou ‘Abdillah Jâbir ibn ‘Abdillah Al-Ansâri, qu’Allah les agrée lui et son père, rapporte : Nous participions aux côtés du Prophète () à une expédition lorsqu’il nous dit : « Il y a des hommes à Médine qui, à chaque trajet que nous avons effectué et à chaque vallée que nous avons traversée, étaient avec nous. 1 Zone désertique proche de Médine en direction de la Mecque. 4 En effet, seule la maladie les a empêchés de nous accompagner. » Dans une autre version : «…partagent notre récompense. » [Mouslim] Al-Boukhâri rapporte également ce hadith d’après Anas () qui relate : Alors que nous revenions, aux côtés du Prophète (), de l’expédition de Tabouk, il nous dit : « Nous avons laissé à Médine des hommes qui, à chaque défilé que nous avons emprunté, à chaque vallée que nous avons traversée, étaient à nos côtés. Ils avaient, en effet, des raisons valables de ne pas nous accompagner. » 5. Abou Yazîd Ma’n ibn Yazîd ibn Al-Akhnas, qu’Allah les agrée, - Ma’n, son père Yazîd et son grand-père Al-Akhnas étaient tous des compagnons - relate : Mon père Yazîd voulut un jour faire l’aumône de quelques pièces d’or qu’il confia à un homme de la mosquée. Je me rendis ensuite à la mosquée et reçus cet argent. Puis j’allai voir mon père qui me dit : « Par Allah ! Il ne t’était pas destiné. » Nous avons alors soumis notre cas au Messager d’Allah () qui nous dit : « Toi Yazîd, tu seras récompensé en fonction de ton intention et toi Ma’n, ce que tu as obtenu t’appartient. » [Al-Boukhâri] 6. Abou Is’âq Sa’d ibn Abi Waqqâs Mâlik ibn Ouhayb ibn ‘Abd Manâf ibn Zouhrah ibn Kilâb ibn Mourrah ibn Ka’b ibn Louayy Al-Qourachi Az-Zouhri (), l’un des dix compagnons promis au Paradis, relate : Le Messager d’Allah () se rendit à mon chevet l’année du pèlerinage d’adieu, alors que j’étais très souffrant. - Messager d’Allah ! Dis-je. Comme tu peux le constater, je suis gravement malade. Or, je dispose de richesses et n’ai 5 qu’une fille pour en hériter. Puis-je faire l’aumône des deux tiers de mes biens ? - Non, répondit-il. - Alors de la moitié, Messager d’Allah ? - Non, répéta-t-il. - Alors du tiers, Messager d’Allah ? - Le tiers soit, et le tiers c’est déjà beaucoup. Il vaut mieux laisser tes héritiers au-dessus du besoin plutôt que dans le besoin, contraints de tendre la main. Et sache que tu ne feras aucune dépense pour plaire à Allah - y compris la bouchée que tu places dans la bouche de ton épouse - sans en être récompensé. - Messager d’Allah ! Dis-je, vais-je rester à la Mecque après le départ de mes compagnons ? - Si tu dois demeurer à la Mecque, tu n’accompliras aucune œuvre pour plaire à Allah sans être, pour cela, élevé en degrés. Il se peut que tu vives longtemps et que tu sois utile à certains et préjudiciable à d’autres. Ô Allah ! Aide mes compagnons à accomplir leur émigration et empêche-les de revenir sur leurs pas. En vérité, le malheureux est Sa’d ibn Khawlah, ajouta le Messager d’Allah, s’attristant de sa mort à la Mecque. [Al- Boukhâri et Mouslim] 7. D’après Abou Hourayrah ‘Abd Ar-Rahmân ibn Sakhr (), le Messager d’Allah () a dit : « Allah le Très Haut ne regarde ni votre corps, ni votre apparence, mais Il regarde vos cœurs et vos œuvres. » [Mouslim] 8. D’après Abou Mousâ ‘Abdoullah ibn Qays Al-Ach’ari (), le Messager d’Allah () fut interrogé au sujet d’un homme qui 6 combat par bravoure, un autre pour sa patrie, et un troisième par ostentation : « Lequel combat pour la cause d’Allah ? » Il répondit : « Celui qui combat pour faire triompher la parole d’Allah, voilà celui qui combat réellement pour la cause d’Allah. » [Al-Boukhâri et Mouslim] 9. D’après Abou Bakrah Noufay’ ibn Al-Hârith Ath-Thaqafi (), le Prophète () a dit : « Lorsque deux musulmans croisent le fer, le tueur et sa victime vont en Enfer. » Je m’étonnai : « Messager d’Allah ! Le tueur d’accord, mais pourquoi sa victime ? » Il répondit : « Celle-ci était elle aussi déterminée à tuer son adversaire. » [Al-Boukhâri et Mouslim] 10. D’après Abou Hourayrah (), le Messager d’Allah () a dit : « La prière en commun est plus de vingt fois supérieure à celle accomplie au marché ou à la maison. En effet, lorsque l’un d’entre vous effectue soigneusement ses ablutions, puis se dirige vers la mosquée avec la seule intention d’accomplir la prière, il ne fait pas un seul pas sans qu’Allah ne l’élève par cela d’un degré et ne lui efface par cela un péché, jusqu’à ce qu’il entre dans la mosquée. Une fois à l’intérieur, il est considéré comme étant en prière tant que c’est celle-ci qui le retient. Les anges ne cessent alors de prier pour lui tant qu’il reste à sa place, disant : “Ô Allah ! Fais-lui miséricorde. Ô Allah ! Accorde-lui Ton pardon. Ô Allah ! Accepte son repentir”. Et ce, tant qu’il ne fait de tort à personne et ne perd pas ses ablutions. » [Al-Boukhâri et Mouslim, dont c’est la version] 11. Selon Abou Al-‘Abbâs ‘Abdoullah ibn ‘Abbâs ibn ‘Abd Al-Mouttalib, qu’Allah l’agrée lui et son père, le Messager d’Allah () a dit, d’après ce qu’il rapporte de son Seigneur, béni et exalté soit-Il : « Allah le Très Haut a inscrit les bonnes et les mauvaises actions », puis il expliqua. « A celui qui a l’intention 7 d’accomplir une bonne action, mais en est empêché, Allah, béni et exalté soit-Il, la lui inscrit auprès de Lui comme une bonne action à part entière. S’il l’accomplit, Allah la lui inscrit auprès de Lui comme dix bonnes actions, et jusqu’à sept cents bonnes œuvres, et bien plus encore. S’il décide de commettre une mauvaise action, mais y renonce finalement, Allah le Très Haut la lui inscrit auprès de Lui comme une bonne action à part entière. Et s’il la commet, Allah la lui inscrit comme une seule mauvaise action. » [Al-Boukhâri et Mouslim] 12. Abou ‘Abd Ar-Rahmân ‘Abdoullah ibn ‘Oumar ibn Al- Khattâb, qu’Allah les agrée lui et son père, rapporte avoir entendu le Messager d’Allah () dire : « Trois hommes, parmi ceux qui vous ont précédés, prirent un jour la route. Ils trouvèrent refuge dans une caverne pour y passer la nuit lorsque soudain un rocher dévala de la montagne, condamnant l’entrée de la grotte. Ils se dirent : “Nous ne serons délivrés que si nous prions Allah en mentionnant nos bonnes actions”. L’un d’eux dit : “Ô Allah ! Mes parents étaient très âgés et je ne faisais jamais boire ma famille ou mes esclaves avant eux. Un jour, je me suis éloigné plus qu’à l’accoutumée à la recherche de pâturage et, à mon retour, je les ai trouvés endormis. J’ai trait mes bêtes pour eux, mais je n’ai voulu ni les réveiller, ni donner à boire le lait à ma famille ou à mes esclaves avant eux. Je suis donc resté à leurs côtés jusqu’aux premières lueurs de l’aube, le bol dans la main, attendant leur réveil, alors que mes enfants hurlaient de faim et pleuraient à mes pieds. Mes parents se réveillèrent enfin et burent leur lait. Ô Allah ! Si j’ai agi ainsi pour te plaire, délivre-nous de ce rocher”. Le rocher s’écarta, mais pas suffisamment pour leur permettre de sortir. Le deuxième dit : “Ô Allah ! J’avais une cousine qui j’aimais plus 8 que tout au monde (Dans une autre version : que j’aimais de cet amour ardent que portent les hommes aux femmes). Je l’ai donc convoitée, mais elle s’est refusée à moi, jusqu’au jour où, touchée par la famine, elle vint me trouver. Je lui proposai alors cent vingt pièces d’or à condition qu’elle s’offrît à moi. Elle y consentit. Mais, alors qu’elle était à ma merci (Dans une autre version : alors que je m’étais allongé sur elle), elle s’écria : Crains Allah, ne force l’hymen qu’à travers une union légitime. Je la laissai donc, alors que je la désirais plus que tout au monde, lui abandonnant l’or. Ô Allah ! Si j’ai agi ainsi pour te plaire, délivre-nous de ce rocher”. Le rocher s’écarta encore mais pas assez pour les laisser sortir. Le troisième homme dit alors : “Ô Allah ! J’avais engagé des travailleurs que j’ai rétribués à l’exception d’un homme qui s’en est allé sans demander son salaire. Je fis fructifier son argent au point que sa valeur augmenta considérablement. Il réapparut au bout d’un certain temps et me dit : - Serviteur d’Allah ! Donne-moi mon salaire. - Tous les chameaux, les vaches, les moutons et les esclaves que tu vois, voilà ton salaire, répondis-je. - Serviteur d’Allah ! Dit-il, ne te moque pas de moi ! - Je ne me moque pas de toi, rétorquai-je. Il emporta alors tous ses biens sans rien en laisser. Ô Allah ! Si j’ai agi ainsi pour te plaire, délivre-nous de ce rocher”. Le rocher s’écarta et ils purent quitter la grotte. » [Al-Boukhâri et Mouslim] CHAPITRE 2. LE REPENTIR Selon les savants musulmans, il est obligatoire de se repentir de chaque péché. Si le péché se limite aux rapports entre le serviteur et Allah le Très Haut, sans que les droits d’une 9 personne aient été lésés par le pécheur, trois conditions doivent être remplies pour que le repentir soit accepté : La première : renoncer au péché. La seconde : regretter son acte. La troisième : être déterminé à ne plus jamais s’adonner à ce péché. Si l’une de ces trois conditions manque, le repentir n’est pas valable. Et si, par ce péché, une personne a été lésée, quatre conditions doivent être réunies. En plus des trois premières, il faut réparer le tort commis. Si la personne a été lésée dans ses biens, il faut les lui restituer. Dans le cas d’un préjudice corporel ou moral, il faut accepter la compensation exigée par la victime ou réclamer son pardon. S’il s’agit de médisance, il faut lui demander pardon. Il est obligatoire de se repentir de tous les péchés. Si le pécheur se repent d’une partie seulement de ses péchés, son repentir - selon l’avis le plus juste - est valable pour ces péchés, mais il doit encore se repentir de ses autres péchés. De l’avis unanime des savants de l’islam, qui se fondent sur de nombreux textes du Coran et de la Sounnah, le pécheur doit obligatoirement se repentir. Ainsi Allah le Très Haut dit : Revenez tous repentants à Allah, ô croyants, dans l’espoir de faire votre bonheur et votre salut. (24, 31) Implorez le pardon de votre Seigneur, puis à revenez à Lui, pleins de repentir. (11, 3) Vous qui croyez ! Revenez à Allah en vous repentant sincèrement. (66, 8) 10