Le gisement de vertébrés pliocènes de Çalta, Ankara, Turquie. 9. Cervidae et Giraffidae

11 Pages·1998·2.9 MB·French

by  Denis Geraads

Le gisement de vertébrés pliocènes de Çalta,
Ankara, Turquie. 9. Cervidae et Giraffidae
Denis GERAADS
CNRS-EP 1781,59 rue Pouchet, F-75017 Paris (France)
[email protected]
Geraads D. 1998. — Cervidae et Giraffidae. in Sen S. (ed.). Le gisement de vertébrés plio¬
cènes de Çalta. Ankara, Turquie. 9, Geodiversitas 20 (3) : 455-465.
RÉSUMÉ
MOTS CLÉS
Le cerf de Çalta est un cerviné vrai qui semble peu différent de Cervus perrieri
Cervidae,
Giraffii, du Villafranchien inférieur d'Europe. Les os des membres du giraffidé, rap¬
Giraffidae, proché de Girajfa jumae du Plio-Pléistocène d’Afrique, sont déjà très voisins
Artiodactyla,
de ceux de la girafe actuelle. Ces deux espèces parlent en faveur d’un niveau
Pliocène,
Turquie. élevé dans le Pliocène.
ABSTRACT
Pliocène vertebrate locality of Çalta, Ankara, Turkey. 9. Cewidae and Giraf¬
KEYWORDS
fidae. The deer from Çalta is a true cervine, which looks little different from
Cervidae,
Giraffa, Cervus perrieri of thc European lower VÜlafranchian. The limb bones of the
Giraffi dae, giraffid, which is close to Giraffa jumae of the African Plio-Pleistocene, are
Artiodactyla,
already similar to those of rhe récent giraffe. Both species suggest a rather late
Pliocène,
Turkey. Pliocène âge.
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y
Geraads D.
INTRODUCnON base du Pliocène (li^aes/aome^acrros Vislobokova,
1983 ; Eik'huio-ceros prohouUi Dong Wei et Ye Jie,
Le gisement pliocène de Çalta près d’Ankara 1996), mais elles sont très minoritaires par rap¬
(Turquie) a livré une riche faune de vertébrés qui port aux précédents er il est bien improbable qu il
a fait IVibjer de plusieurs nores préliminaires faille en rapprocher le cervidé de Çalta. Bien que
(Ginsburg et al, 197*4 ; Sen & Rage 1979) : y h documentation Fossile soit très. lacunaire, il
sont cirés Cemis cf perrieri et Giraffa sp. Lérude semble que ce soit vers la fin du Pliocène seule¬
détaillée du matériel permet de confirmer et de ment que les cervidés de taille moyenne à grande
préciser quelque peu ces déterminations. deviennent plus fréquents (Vislobokov.a 1990).
En Fransbaïkalie, Vislobokova et ni. (1995) ont
décrit quelque.s dejits de la taille de celles de
Çalta ; il en est de meme à Wèze en Pologne, avec
ÉTUDE SYSTÉMATIQUE
Cervm wnrthae Czyzcwska. 1968. l'âge de ces
faunes est encore imprécis, mais probablement
Famille Ckrvidah Gray» 1821
voisin de trois millions d’années. Le
Genre CVrm* Linnaeus, 1758 s.L
VillafrancbicJi de France er d'Espagne esc un peu
plus récent, mais grâce au monumental travail de
Ceruus sp. ch C perrieri
Heintz (1970), scs cervidés' peuvent être comparés
Croizet ef Joberf, 1828.
plus en detail. Parmi eux, seul C perrieri, surtout
MatériKI.. — Un maxillaire supérieur avec P2-M2 connu aux Étuuaires (environ 2,5 Ma) est très
(ACA-970) : un métatarsien droit (AGA-14). semblable au cervidé de Çalta, ec la détermination
ac'ancce par Sen & Rage (1979) peur donc être
Dusc:Rin iON i-r comparaisons conservée. Très spetularivemenr, la taille un peu
Les dimensions du maxillaire correspondent à inférieure de la forme turque pourrait être corré¬
celles du métatarsien, indiquant un cervidé de lée à un âge un peu plus ancien que celui des
taille relativement grande. Étouaires. [I semble en tout cas, malgré l’extrême
•P
Les faces linguales de P2 er P3> mais non celle de rareté du marérich que le cervidé de Çalta suggère
P4, sont très nettement bilobées et la muraille plutôt un âge relarivement récent dans le Pliocène
interne envoie de Forts éperons dans la vallée cen¬ ( \'INI6 plutôt que MN15 en terminologie euro¬
trale. La M 1 est presque dépourvue de cingulum, péenne).
mais possède une colonnette et un éperon hypo-
conal, également présent sur M2, dont la DlMhNS10N.S
muraille interne est incomplète (Fig. IC, D).
Çalta C. perrieri C. warîhae
La morphologie dentaire des cervidés est très uni¬
Étouaires
forme et ne permet d’écarter de la comparaison min.-max. moy.
que quelques genre.s, tel Arveraoceros Ileintz,
1970 du Pliocène terminal de France, à cingulum P2T4 44 48.5-55 51.3 46-49
P2-M3 ±100 102,5-120,5 113 98-100
très marqué (Heintz 1970) ou les Alcini. La raille.,
larg. P4 19,6 18-21.5 19,7 18
en revanche, est un bien meilleur critère, puisque larg. Ml 22,6 20-24,5 22,1
la plupart des cervidés connus dans le Pliocène de Long. Mt. 262 267-337 308
FAncIen Monde sont nettement plus petits ; c'est
la cas de.s formes morphologiquement proches
des Munfjac.s {hostyloceros Zdausky 1925 ; Famille GlRAFUOAr Gray, 1821
Teilhard de Chardin & Frassaert 1937), de celles
semblables aux chevreuils (Zdansk)< 1925 ; Dong l.es giraffidés sont surtout représentés â Çalta par
Wei &c Yc Jie 1996), ou de CemiGtus IChomenko, des os des membres, ainsi tjue par deux dents iso¬
1913 (= Cervocerns : IChomenko, 1913 Zdansky lées. Rien ne suggère l’existence de plus d’une
1925 ; Feilhard de Chardin & Trassaert 1937). espèce, mais de légères différences de caille de
Quelques formes de grande taille existent dès la certains os (métapodes, radius, phalanges) mon-
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Cervidae et Giraffîdae de Çalta
Fig. 1. — a, b. Giraffa cl jumae ; A, P4 : B ; M1 : C. D. Cervus cf. perneri. maxillaire avec P2-M2 ; C. vue labiale : D, vue occlusale.
Échelle : 1 cm.
trent que le nombre minimum d'individus est de (ACA-958a, b) ; cubo-naviculaire (ACA-33) ; méta¬
deux. Le giridfidé de Çalta peut surtout être tarsien (ACA-220).
comparé la girafe actuelle, Gimffà cumeloparda-
lis, aux espèces fossiles du Plio-PIcistoccnc afri¬ Dt-SCRiniON
Derih (fig. lA, B)
cain (Lcake)'^ 1^65 ; [lanis 1976a. b ; Harris
1991 ; Singer 6c Ronc 1960) ainsi qu'à l’espèce Une prémol.iire supérieure est beaucoup plus
voisine BoiAinià attica Gaudry et Lartct, 1856 du large que longue, et possède une face labiale
Miocène supérieur de Méditerranée orientale presque symétrique ; ce doit donc être une P4.
(Bohlin 1926 ; Geraads 1974, 1979). Line molaire supérieure esr netremenr plus large
que cette prémolaire et il s’agit donc probable¬
ment d’une M2 plutôt que d^une ML Si ces
Genre Giraffa Brisson, 1762 dents sont correctement déterminées, leurs
dimensions sont à peine inférieures .tux moyennes
Giraffa sp. cf. Giraffa jumae Leakey, 1965. de 67. camelofmrdalis (.Singer 6c Botté 1960) :
Maiérirl. — Dcu\ detu-s ^upt’riourcs isolées (ACA- Çalta moy. actuelle
955. ACA-9S6) ; luunérus sans épiphyse proximale
(ACA-356) : nidius (y\CA-223, ACA-226) ; scaphoïde Long. X larg. P4 21.5x28 22,2 X 29.65
Long. X larg. M2 31 X 33,5 317x33.83
(ACA-36) ; scrni-lunairc (ACA-43) ; pyramidal (ACA-
39) ; capitatO'tr.Tpéy.oVdc (ACA 42) ; uncifornu*
incomplet (AC A-'22S) ; métacarpiens (ACA-227. Ces dents .sont braebyodontes, d'aspect globu¬
ACA'957) ; phalanges I (ACA-3L ACA-32. ACA- leux- avec des styles et piliers saillants mais arron¬
34. ACA-37, AC:A-40, ACA-219 et ACA-224); pha¬ dis. séparés par des vallées étroites, sur la face
langes 2 (ACA-38, ACA-4L Ac:A-248 et ACA-288) ;
labiale de P4 et le premier lobe de M2. Les for¬
sésamoïdes {ACL‘\-22 et ACA-274) ; Iraginent de bas¬
mations accessoires dans les vallées sont réduites.
sin IACA'225} : diaphm- de fémur (AGA-213) ; lihLila
(ACA-35) ; calcanéum (ACA'3Û), peut-êne du même 11 n'y a pas de cingulum interne, et l.i colonnette
individu qu’un métatarsien et un cubo-naviculaire de M2 est très faible. Ces caractères distinguent
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Geraads D.
Tableau 1. — Dimensions des os des membres du giraffidé de Çalta.
Radius Radius Métacarpe Métacarpe Métatarse Métatarse
ACA-226 ACA-223 ACA-227 ACA-957 ACA-220 ACA-958a
L 645 + 700 + ±600 635 650 630
(± 660)
DT art. prox. 68
DT max. prox. 94,5 76,5 76
DT mil. 66 53 ±49
DT art. dist. 103.5 (radio-ulna) 100 {id.) 90 94 ±81 ±79
DT max. dist. 115 {/ûf.)
Calcanéum Cubo-naviculaire Fibula Scaphoïde Semi-lunaire Pyramidal
ACA-30 ACA-958b ACA-35 ACA-36 ACA-43 ACA-39
L = 208 DT max. = 92 DAP max. = 57,2 DAP art.dist. = 58 DAP = 59 DT dist. = 35
DT max. = 66 H mini. = 35 DT max. = 33.3 DT = 35 DT =42.5 H mini. = 41,5
H = 91.5 H = 37 H = 41.5 H max. = 44
aisément ces dents de celles de tous les giraffidés individu, il est difficile de tirer des conclusions
du Miocène supérieur, mais on les retrouve en sur leurs proportions relatives. Il semble néan¬
revanche tant chez la girafe actuelle que chez les moins que le scaphoïde soit plus bas et le semi-
représentants fossiles du genre Girnjfa, qui nétait lunaire plus étroit que chez la girafe actuelle.
pas connu avec certitude en dehors d'Afrique. Comme chez cette dernière, les facettes articu¬
laires de ccc os pour le capitato-trapezoïde et
Humérus (AÇA-.556) l'unciforme sont très inégales, et le capitaro-
L’os est dépourvu de son extrémité proximale et rrapézoïde est dépotn vu de la surface postéro¬
i’épiphvsc distalc est très endommagée. latérale qu'on trou\e chez Bohlînia,
Radius (ACA'223 et ACA-226, appartenant à Métacarpien
deux individus différents) Les deux os de Çalta sont malheureusement
Comme clie/ Ciraffa et Bohlinia Matthew, 1929 déformés, et les surfaces articulaires proximales
l’ulna est réduit et intimement soudé au radius sur abîmées. Il est certain, cependant, que la diaphyse
toute sa longueur. A rextrcmiié disr.üe, la disposi¬ n’était pas élargie comme chez la girafe ; le plus
tion des coulisses pour les extenseurs et celle dcvS faible poids des especes néogènes est sans doute,
surfaces articulaires semble intermédiaire encre les là encore, responsable de cette différence.
deux genres, mais la variabilité individuelle de
l’espèce actuelle interdit d’ètte plus précis. Fibula
La partie médiale, qui vient s encastrer dans la
Carpiens face latérale de Lascragale, est, comme chez
Les surfaces articulaires du carpe sont, dans Giraffiu plus saillante que chez Bohlinia,
l’ensemble, moins larges que dans l'espèce actuel¬
le, sans doute en raison du moindre poids des Calcanéum
individus de l'espèce de Çaira, Les divers carpiens Cet os est cxJTêmcmcnt variable chez G. camelo-
n’appartenant malheureusement pas au même pardalisy au point de rendre vaine route compa-
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Cervidae et Giraffîdae de Çalta
Fig. 2. — Giraffa cf. jumae ; A-C. métacarpe (ACA-957) ; A, vue antérieure ; B, vue palmaire ; C, vue proximale ; D-F, métatarse
(ACA-220) : D, vue antérieure ; E, vue plantaire, F ; vue proximale : G-H. radius (ACA-226) : G, vue médiale ; H, vue distale ; I, pha¬
lange I (postérieure ?) (ACA-37) ; J. phalange I (antérieure ?) (ACA-34). Échelle : 20 cm.
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Cîeraads D.
Fig. 3. — Giraffa cf. jumae, cubo-naviculaire eî cunéiformes (ACA-958b) ; A, vue médiale ; 8, vue distale (les flèches indiquent les
cunéiformes soudés) ; C. vue latéro-supéro-externe (la flèche indique le faible sillon du m, long péronier). Échelle : 5 cm.
raison détaillée. Celte variabilité porte sur : le petit cunéiforme (Btjhlin 1926) ; il devait pro¬
— la concavité de la surface fibulaire ; bablement ici s’insérer sur le métatarsien. B. attica
— Textension vers l'avant de la surface latérale présente selon Bohlin (1926) la même disposi¬
(parasagittale) pour l’astragale ; tion que Giraffa. mais je ne l’ai pourtant obser¬
— la présence ou l'absence d'une petite surface vée (Geraads 1979) ni sur le matériel de Bikermi
plantaire pour le même os ; (MNI IN) ni sur celui de Ditiko (université de
— le développement du sustentaculum tali. Thessaloniquc) ; seul le spécimen PIK-1534 pré¬
Deux caraciêres distinguent néanmoins tous les sente des cunéiformes soudes, mais les suifaces
G. camelojynrdalis du giniffldc de Çalta, plus sem¬ cubo-métnrarsieanes sont bien séparées.
blable a B. aitîca ; cc sont ;
— Tasymérrie du ttther en vue postérieure, alors Phalanges
qu’il es't presque symétrique tant à Çalta que chez Chez les giraffidés, les phalanges antérieures se
B. attkn ; distinguent des postérieures par leur plus grande
— le raccourcissement du tiiber relativement à la longueur et leur épiphyse proximale plus large,
partie articulaire. de concout plus carré. La plupart des spécimens
de Çalta .sont, hélas, écrasés transversalement et
Cubo'HavlctiUiireWx^. 3) leur déterminarion, compliquée par la présence
Comme chez Girajfa et Bohlhiia, et à la différence de deux individus au moins, est un peu délicate.
de la plupart des autres giraffidés, les deux tenons Il est presque certain, pourcani. que la dîflérencc
de la face proximale sont de hauteurs peu de massivité était moindre que chez 6'. camelo-
inégales. Comme chez Gimffby une surface arti¬ pardaliSy comme si l'avant-train avait été moins
culaire recouvre le sommet du tenon externe, qui nettement prépondérant.
devait donc s’encastrer dans l'astragale. L'articula¬
tion carso-mératarsienne est caractéristique de PRt')PüRT10NS OE-S OS LONGS
Giraffhy peu diftérente de celle d'Okupiay mais La comparaison avec les autres girafïinés est diffi¬
dérivée pai rapport à celle de tous les autres giraf- cile du fait de fabscncc à Çalta de certains os, ou
fidés fossiles : tous tes cunéiformes sont fusion¬ au moins de certaines épiphyses (fémur, libia) et
nés, les deux surfaces cubo-métatarsicnnes soin de l'appartenance dos os présents à deux indivi¬
contiguës, et la face externe du cuboïde e.s't dus au moins. J’ai donc considéré qu'il exivStair
dépourvue du sillon pour le muscle long péronier deux individus, un grand et un plus petit,
latéral. Ce tendon sépare normalement les sur¬ l'humérus- appartenant a l’un ou à Paulre, mais
faces cubo-métatarsiennes, avant de s’insérer sur plus probablement au plus grand. Les squelettes
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Cervidae er GirafTidae de Çalta
—(cid:9632)— Çalta 1 —ù- G. pygmaea KF —— Act. moy.t?
—(cid:9633)— Çalta 2 -O- G. gracilis HWKII - Act. moy.9
Log. de différence avec la moyenne de G. camelopardalis 2
c3/î C3O 0) 0(O)
CO
(cid:9632)CD (cid:9632)0} -O s B
£>< £w CecODn (cid:9632)OE (cid:9632)0£) (cid:9632)O£ (cid:9632)B0£X)
C£dO) TIQ-i ocO> T\(-0i CCOD OQ .
cO Û Û
Fig. 4. — Graphique de Simpson de quelques mesures des os des membres. Référence : moyenne des femelles actuelles de
G. camelopardalis (Harris 1976b) Çalta i et 2 ; deux individus de Çalta, rhumérus étant rattaché à l’un ou à l'autre. KF. Koobi Fora
(Harris 1976a). HWKII, Olduvai bed II {id.).
de giraffidés en association sont exceptionnels en girafe actuelle, chez laquelle ces deux os sont
dehors de ceux de la girafe actuelle. Pour cette presque de même longueur. Le seul autre Girajfa
dernière, j’ai utilisé pour comparaison les don¬ chez lequel cette proportion soit connue avec
nées de Harris (1976, 198'^), de Singer ik Boné précision est le squcleue de H. gradtis du bed II
(I960) et les stjueleties du Laboratoire d'Olduviii, dont les proportions sont semblables
d’Anatomie comparée du MNHN, en homogé¬ à celles de Çalta. B. tUtica semble en revanche
néisant toutes les mesures, au besoin à l'aide de avoir eu un métacarpe plus long que le métatarse,
facteurs correctifs (les mesures' de Harris, par si on en juge par les quelques os connus, qui pro¬
exemple, donnent la longueur du radio-uina, viennent, hélas, de plusieurs gisements diffé¬
rarement complet chez les fossiles). rents :
Si on considère l'ensemble du squelette, aussi
bien le graphique de Simpson (Fig- 4) que l’ACP
(Fig. 5) monrrenr que le giraffidé de Çalta se rap¬ Çalta B. attica
proche des femelles actuelles par les dimensions
Long. Mc 600, 635 710(Pikerm(),
de ses os des membres, mai.s il ne peut malheu¬ 661 et 693 (Vathylakkos)
reusement être comparé à B. airitu, dont le sque¬ Long. Mt 630, 650 690 (Pikermi),
658 (Diliko)
lette reste trop incomplèremcnt connu.
680 (Salonique,
L.a différence clé longueur entre métatarsien et
fouilles Arambourg)
métacarpien est un peu plus marquée que chez la
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Geraads D.
OÇalta M S (cid:9633) 9 A sexe indét.
Fig. 5. — Analyse en composantes principales à partir des mêmes mensurations, sur des individus actuels (Singer & Boné 1960 ;
Harris 1976b : Laboratoire d’Anatomie comparée du MNHN, Paris) ; Çalta et les moyennes en individus illustratifs.
Les métacarpiens de Çaica sont non sculcmcni Dongyaozitou ( Lang Yingjun èc [i Hongxiang
un peu plus courts^ mais aussi plus massifs que 1983) a livre un maxillaire de giraffidé, Paheo-
ceux de Bahlmia ils sont aussi plus robustes que migm progyessm^ effectivement semblable aux
la plupart des spécimens cst-africainS) à l'cxccp- formes du Miocène supérieur rapportées à ce
tion du métacarpiens appartenant au type de genre, dont les dents sont bien différentes de celles
G. jurnae Leakcy {Lig* 6). de Çalta. L^ans les Siwaliks, il existe au moins un
Morphologiquement, les caractères utilisables giraffidé (en dehors de Sit^atheriiiw) dans le
sont peu nombreux ; le meilleur est sans doute Pliocène» mais’ ce groupe ne semble pas y avoir été
celui de l'atttcularion cubo-métatarsicnne, révisé depuis Colbert (1935). Les dents de Giraffa
double che? BohUnui et chez le Giraffa ancien de punjahiemh'VW^nnu 1910 sont semblables à celles
Langehaanweg (Harris 1976a), mais simple, de la girafe actuelle, de sorte qu il .se pourrait que
comme ;i Çalta, dans les formes plio-pléistocènes cette espèce soit proche de celle de Çalta. mais son
est-africaincs et chez ractuel. squcletrc posc-cranicn na pas été décrit.
Dans le Miocène terminal de Pavlodar au
COMPAR-MSONS Kazakhstan, les giralfidé.s sont représentés par un
Les giraffidé.s sont rares hors d’Afrique après le Samotheriiim Forsyth Major, 1888 (5. irtyshense
Miocène supérieur. En Chine, la faune de Godina, 1962) bien caractéristique, sans rapport
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Cervidae et Giraffidae de Çalta
X Çalta B actuels, indet. • Afrique de l’Est
(cid:9632) actuels S (cid:9633) actuels 9 A Bohlinia
120 Métacarpe : L x DT prox. B
E
110
Type G.jumae
100
X (cid:9632) •
O
a 90
A
t-
Q
A
80
70
750 800
60 -I--1-1-i-h -H
550 600 650 700
Longueur
Fig. 6. — Proportions du métacarpe chez Giraffa et Bohlinia.
donc avec l’espèce de Çalta. À Kvabebi, en ( 1965) sous le nom de PUotragus ardeus, La mor¬
Géorgie (Pliocène supérieur), il n y a pas de giraf- phologie tic la région tarso-métararsicnne en est
fidé (Vekua 1972). un peu incertaine, Bolomey ne figurant de sillon
Dans le Pliocène terminal (à Equus) de Kuruksai du m. long péronier sur le cubo-naviculairc. mais
au Tadjikistan, Cdiarapov (1974) a décrit sous le meniionnant et figurant deux surface.s arti¬
nom de Stfgdiiifiotherium un crâne â cornes culaires disjoiiués pour cet os sur le métatarse, ce
supra-orbicaires pointues, plutôt provorsc.s, qui qui est quelque peu contradictoire. Quoi qu’il en
pourrait être un « Paléotraginc (cid:9658)> tardif. soit, le métacarpe niesuferair scion Bolorney
Macedonitheriim mariiriii Sickenberg, 1967 du « quelque 400 mm et serait donc, comme celui
Pliocène de Wt*laks en Vlaccdoine grecque, sur¬ de Macedonitherittnu bien plus court que celui de
tout connu par un massacre, pourrait être voisin Girajfit.
de la forme d’Asie centrale ; ses métapodes En Europe occidentale, les giraffides ont disparu
(NLfB, Hanovre) sont courts. Il a aussi été cité à à cette époque, à l'exception peut-être d’une
Dahtero par Kostopoulos &: Koufos (1994) et en forme de grande taille (sivatbcriinc ?) citée avec
Turquie à Güliazi par Sickenberg (197S), mais doute à ivlontpcllicr (Guérin 1986).
sans description du materiel. On peut aussi en En liirquic, enfin, les quelques giraffides décrits
rapprocher A/ili lu h othe ri u m i n exsffcc ta tu m (Scnyürck 1954 ; Ozan.soy 1965 : Geraads
Samson et Radulcsco, 1966, du Villalranchicn 1994), tous du Miocène supérieur, sont manifes¬
SLipcrieut de Roumanie, qui présente l'întérct de tement sans rapport avec celui de Çalta.
montrer que cc giralfidc attarde dans le C’est donc assurément, soit parmi les espèces afri¬
Pléistocène cPEurope était relativement hypso- caines pliocènes, soir parmi celles des Siwalîks,
donte (Samson Radule.sco 1966, fig. 1) et dif¬ qu'il faut tecbercher les plus proches parents delà
férent par ce caractère de celui de Çalta. Selon girafe de Çalta. En Atrit|ue, Giraffa apparait vers
ces auteurs, et Hciiuz (comm. pers. 1974), c'c.st à la limite Mio-Pliocène à Langc-baanwcg (Harris
MacedoriftheriumlMitlLtriotherium qu’il faut rat¬ 1976a) et peut-être à Lothagam (Churcbei 1979 ;
tacher les os des membres décrits par Bolomey Geraads 1986), de sorte que l’espèce turque ne
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Geraads D.
saurait être son ancêtre comme sa position géo- Ionique (Grèce). HuHetin du Muséum nattonal
d'Hisîoirç naturelle^ série 4, C 1 (4) : 377-389.
graphique, intermédiaire entre Bohlinia de Grèce
— 1986. — Remarques sur la .systématique et la phy¬
et Girajfa d'Afrique orientale, aurait pu le laisser
logénie des Giraffidés. Géobios 19 (4) : 465-477.
supposer. Toutes ces formes sont trop mal - 1994. — Les gisements de Mammifères du
connues ou incomplètement décrites pour qu'il Miocène supérieur de Kcmiklitepe, Turuutt : 8.
soit possible de préciser leurs relations. Les Giraffidae. Bulletin du Muséum national d'Histoire
naturelle, série 4, C 16 : 159 -174.
quelques caractères morphologiques observables
Ciinsburg L., Heintz H. Bc Sen S. 1974. — Le gise¬
sur la girafe de Çalta et les proportions de scs os
ment pliocène à Manmnlèrcs de Çalta (Ankara,
des membres sont compatibles avec ceux de Turquie). Comptes-retuius de l'Académie des Sciences,
G. jumaey connue dès le Pliocène moyen en D 278 : 2739-2742.
Afrique orientale (Harris 1976b, 1987). Godina A, la. 1962. — [Une nouvelle espèce de
Samutheriurn di\ Kazakhstyn]. Paleontological
Journal 1 ; 131 -139 [en russe].
Remerciements
Godina A. Ta. & Baigusheva V. .S. 1985. — A new
Je remercie S. Sen qui a bien voulu me confier spedes of Palaeotragus from ihe upper Pliocène in
Tetude des cervidés et giraffidés de Çalta, ainsi ihe sea of Azov région. Paleontological Journal 3:
que L. Ginsburg et F. Renonir qui m’ont permis 68-73.
Guérin C. 1986. — Un Giraffidae dans le Pliocène de
d’accéder aux collections du Muséum national
Mtmtpcilicr? Palaeovertehrata 16 (3); 185-189.
d’Histoire naturelle (MNHN). Les photos sont
Harri.s J. M. 1976a. — PÜoeene Giraffaidea
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