ebook img

Le génocide des arméniens PDF

1010 Pages·2006·9.051 MB·French
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview Le génocide des arméniens

RAYMOND KÉVORKIAN LE GÉNOCIDE DES ARMÉNIENS Le Génocide des Arméniens RAYMOND H. KÉVORKIAN Le Génocide des Arméniens © ODILEJACOB, SEPTEMBRE2006 15, RUESOUFFLOT, 75005 PARIS www.odilejacob.fr ISBN 978-2-7381-8020-9 Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3°a, d’une part, que les «copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective» et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale ou par- tielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite» (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Préface L e travail qui nous est livré dans ce fort volume est aussi remarquable par la minutie de ses recherches que par sa rigueur. Les faits concernant l’extermination program- mée des Arméniens d’Asie Mineure (1915-1916) sont répertoriés, classés, analysés et jettent une lumière plus précise, sinon nouvelle, sur notre connaissance de ces événe- ments et leurs conséquences, notamment dans la construction de la Turquie moderne. À la fin de la Première Guerre mondiale, la population arménienne d’Asie Mineure a disparu. Ce résultat est dû aux ordres officiels de déportation décrétés par le gouvernement jeune-turc, supervisé par le Comité central d’Union et Progrès. C’est pendant et après ces déportations, comme l’indique Raymond Kévorkian, qu’est commis ce qu’on appelle dés- ormais un génocide, terme inventé par le juriste Raphaël Lemkin pour désigner l’élimina- tion concertée des Juifs d’Europe par le régime hitlérien. « Ce ne fut qu’après l’extermination de 1 200 000 Arméniens au cours de la Première Guerre mondiale que les alliés victorieux promirent aux survivants de cet abominable mas- sacre une loi et un tribunal. Il n’en fut rien », signalait Lemkin dans un discours prononcé à New Haven (Connecticut) en 1949, à l’occasion de la Convention pour la répression et la prévention du génocide1. C’est au terme d’un long silence que la reconnaissance historique de cette tragédie, à l’époque mondialement connue puis oubliée, s’est progressivement imposée au cours des trois dernières décennies grâce, entre autres, aux travaux d’historiens ou de documents d’archives réédités ou édités pour la première fois : Léo Kuper, Robert Melson, Helen Fein, Israel Charny, Vahakn Dadrian, Yves Ternon, Richard Hovannisian, Frank Chalk, Kurt Jonassohn, Leslie Davis. D’autres événements faisaient suite aux actions violentes à l’encontre d’ambassades turques dans le climat tiers-mondiste des années 1970 qui avaient ramené l’attention des médias sur ce déni, à commencer par la tenue du Tribunal permanent des Peuples, à Paris, en 1984, consacré au génocide des Arméniens2, avec la participation de Sean Mc Bride, créateur d’Amnesty International et de deux autres prix Nobel. Le génocide fut reconnu par la sous-commission des droits de l’homme de l’organisation des Nations Unies à Genève (19853), puis par le Parlement européen (1987) et successivement par plus d’une quinzaine de pays occidentaux, dont la France (2001). En Turquie même, malgré l’hostilité agissante d’éléments ultranationalistes ou conserva- teurs s’élevaient, à partir des années 1980, des voix comme celle du courageux défenseur des droits de l’homme, Akin Birdal. En 2005 se faisait entendre la voix du plus célèbre des écrivains turcs, Orhan Pamuk, qui mentionnait, dans un périodique suisse la dispari- tion «d’un million d’Arméniens et de trente mille Kurdes»4. L’Empire ottoman qui entre en guerre à la fin de 1914 aux côtés des empires centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie) a subi, au cours des quelques années précédentes, une série de défaites : perte de la Libye (1911), de la Macédoine et de la traditionnellement fidè- le Albanie (1912). Le comité Union et Progrès n’avait plus, comme lors de la révolution de 1908, pour ambition un ottomanisme fondé sur l’égalité des sujets de l’empire. Le courant turquiste et panturc l’avait emporté d’autant plus nettement que la perte des dernières 6PRÉFACE possessions balkaniques ramenait l’empire autour du noyau anatolien largement turc, flan- qué seulement du croissant fertile arabe modestement peuplé. Les buts de guerre visent à se débarrasser des capitulations, à reprendre le contrôle des territoires annexés par l’empire tsariste en 1878 (Kars, Ardahan, Batoum). Enfin, les Jeu- nes-Turcs veulent une « frontière commune qui nous permettrait de nous unir à nos frères de race » (déclaration du comité Union et Progrès du 11 novembre 1914). Pour les pan- turquistes du comité Union et Progrès, les Arméniens constituent, dans les six vilayet(pro- vinces) orientaux, une présence démographique faisant obstacle à leurs objectifs au Cau- case et, potentiellement, une menace territoriale en cas de victoire russe. Lorsque l’Empire ottoman intervient dans le conflit, en fin novembre, les Arméniens mobi- lisés rejoignent les unités ottomanes et participent à la guerre sur le front du Caucase comme sur celui des Dardanelles. Cependant, le député d’Erzeroum, Armen Garo, contre l’avis des autres dirigeants dachnak, rejoint le Caucase russe fin août et, par la suite, fait partie des quelque 4 000 à 5 000 volontaires d’Arménie turque à prendre les armes con- tre l’Empire ottoman. Du côté de l’armée turque, il y avait, de la même façon, une légion géorgienne et plusieurs milliers de volontaires tcherkesses originaires du Caucase dominé par les Russes. Enver, nommé vice-généralissime, prend le commandement de la IIIearmée et se lance, fin décembre, dans une offensive dans le Caucase. Il espère couper les Russes de leur base de Kars et s’ouvrir, par une percée victorieuse, les routes de Tiflis et de Bakou. Ce plan audacieux échoue à SarıkamiÒ. L’échec au Caucase et la menace russe précipitent les événements. Dès fin janvier, les soldats arméniens de la IIIe armée sont désarmés et employés à des travaux de voierie. Bientôt ils sont liquidés par petits groupes. La guerre scelle le destin de la population arménienne. La loi provisoire de déportation du 27 mai 1915 vise d’abord les populations arméniennes des vilayet orientaux, celles qui sont les plus proches du front du Caucase. L’extermination des Arméniens d’Anatolie se fait par phases successives, décrites dans le détail par Raymond Kévorkian. Comme le note l’auteur, les hommes adultes sont souvent éliminés avant même le départ des convois ou en route dans les sites-abattoirs5où l’Organisation spéciale (TeÒkilat-i Mah- susa), composée en partie d’anciens repris de justice, s’occupe de l’élimination des Armé- niens. Cette organisation qui dépend du ministère de la Guerre est coiffée par Bahaeddin ∑akir. Tandis que les déportations massives ont lieu en mai-juin, le 24 avril 1915, une rafle, à Constantinople, élimine les intellectuels et les notables de la capitale. « La chronologie des déportations montre un décalage dans le temps entre les déporta- tions massives de mai-juin 1915 dans les provinces orientales et celles des populations d’A- natolie occidentale et de Cilicie qui ne seront expulsées de leur lieu d’origine qu’en août- septembre 1915 », note l’auteur. Un certain nombre de vali (gouverneurs) de province refusent d’exécuter les ordres de déportations et sont démis. C’est le cas de Celal bey, valid’Alep qui, muté à Konya, refu- se une seconde fois d’obtempérer, de ReÒid bey, valide Kastamonu, et de Hasan Mazhar, vali d’Angora. En marge des atrocités commises en route, soit par l’Organisation spéciale, soit par des tribus nomades kurdes, la population turque, dans son ensemble, pas plus que les Kurdes sédentaires ne participent, en général, à la mise à mort. Des femmes sont raptées et deviennent des épouses dans une société encore polygame. Des enfants sont recueillis et sauvés, par des Turcs ou des Kurdes. Les Yézidis du Sindjar accueillent les réfugiés avec bienveillance et les soustraient au sort qui leur était réservé. PRÉFACE7 Ceux qui ont survécu aux marches comme ceux qui sont arrivés indemnes de l’Ouest se trouvent concentrés, au début de 1916, dans la région de Der Zor, dans le désert syrien. La partie la moins connue du travail de Raymond Kévorkian concerne le sort de ces cen- taines de milliers d’Arméniens et l’organisation de leur destruction dans des camps de regroupements. L’ouvrage est très précis sur ce processus, sur ceux qui furent nommés pour le mener comme sur l’encadrement des camps. On choisit des volontaires, souvent tcherkesses. On retrouve, dans ces camps d’extermination, des caractéristiques familières à ceux qui connaissent la littérature afférente aux camps nazis ou staliniens et montrent, une fois encore, le degré d’asservissement et de déshumanisation auquel les conditions de détentions finissent par soumettre les individus. « Le directeur nomme un surveillant en chef et des gardiens parmi les déportés arméniens, en leur offrant en échange de les nour- rir et de leur laisser la vie sauve. Ceux-ci sont notamment chargés de surveiller les camps durant la nuit. Le choix des surveillants semble répondre à une logique visant à les recru- ter parmi les couches sociales les plus modestes, afin d’accentuer l’antagonisme déjà existant entre les déportés aisés, c’est-à-dire ceux qui pouvaient encore se payer de quoi manger, et les autres qui crevaient littéralement de faim. Tous les témoignages révèlent, en effet, que ces supplétifs arméniens étaient tout aussi brutaux que leurs collègues “otto- mans” et particulièrement agressifs à l’égard de leurs compatriotes. On aura compris que ce genre de circonstances particulières était propice à l’épanouissement des instincts les plus vils et au développement d’une agressivité apparemment infondée entre déportés. Celle-ci devait se superposer aux antagonismes sociaux traditionnels, traversant tous les milieux indistinctement, comme si les victimes se reprochaient mutuellement le sort que les bourreaux leur faisaient subir. » Sur cette seconde phase du génocide qui se situe loin des fronts militaires, l’auteur remar- que : « Le Comité central ne peut plus s’abriter derrière son discours sécuritaire et sa théo- rie du complot contre l’État. En l’occurrence, il vise à liquider une population très majori- tairement formée de femmes et d’enfants. » Non seulement les Jeunes-Turcs visent, au nom d’une idéologie panturquiste, à créer une continuité géographique avec la population turcophone du Caucase mais à éliminer le groupe non musulman, géopolitiquement le plus gênant. Les Arméniens se trouvent, en quelque sorte, au mauvais endroit au mauvais moment. Ce nettoyage ethnique n’est pas réservé aux seuls Arméniens, même si ce sont eux qui subissent les pertes les plus lourdes (Constantinople, où se trouvent les ambassa- des, n’est que partiellement épargnée, tout comme Smyrne grâce à l’intervention person- nelle de Liman von Sanders, le généralissime allemand) mais les chrétiens d’Orient et sur- tout les Grecs du Pont sont également liquidés en masse à la fin de la guerre. En somme, dans ce processus de remodelage dont les Arméniens payent le prix le plus fort, le comité Union et Progrès homogénéise de façon sensible l’Asie Mineure, noyau de la présence turque et contribue à la construction de la Turquie. Par la suite, la guerre gréco-turque menant à la victoire de Mustafa Kemal qui sauve l’in- tégrité territoriale de la Turquie, suivie de l’échange de population avec la Grèce, parachè- ve cette homogénéisation ethnique. L’unique élément hétérogène d’importance reste celui des Kurdes que la Turquie oblige à l’assimilation, ou réprime par la force, tout au long du siècle écoulé. Quels que soient les chiffres auxquels on se réfère, le recensement ottoman et ceux du patriarcat divergent fortement mais tous indiquent qu’au moins 50 % de la population arménienne a été détruite. Les événements de 1915-1916 ne sont rien moins que l’assas- 8PRÉFACE sinat d’un peuple. Raymond Kévorkian, avec Le Génocide des Arméniensa réussi un tour de force. Son livre est sans doute, à ce jour, ce qu’on a écrit de plus complet sur les acteurs et les victimes de cet étrange processus qui consiste à éliminer tout ou partie d’un groupe ethnique, religieux ou linguistique. Bien sûr, comme il l’écrit lui-même, il manque les archi- ves du Comité central jeune-turc et celles qui se rapportent à l’Organisation spéciale. Peut- être un jour en saurons-nous davantage. Les faits ici relatés sont connus et reconnus. C’est maintenant aux Turcs, comme l’a cou- rageusement fait Orhan Pamuk, d’assumer leur passé. Le génocide des Arméniens est désormais aussi leur problème. L’État turc continue activement à contester les faits, et l’of- fre à l’Arménie de réunir une assemblée d’historiens pour les établir n’est qu’une manifes- tation supplémentaire de négationnisme. J’ai lu beaucoup d’ouvrages consacrés aux camps d’extermination nazis et aux camps sta- liniens où moururent tant d’opposants politiques, réels ou supposés. Et j’ai été frappé par le fait que de nombreux auteurs, particulièrement en faisant référence au génocide des juifs, utilisent les termes « indicible » ou « impensable » pour désigner l’« inhumanité » des bourreaux et la tragédie finale des victimes. Pour l’historien des conflits qui prend note des faits au fil des siècles, cette « inhumanité » de bourreaux circonstanciels qui se manifestent au sein de notre espèce n’est que trop fréquente. Il n’y a rien d’impensable ou d’indicible – bien qu’il soit difficile d’exprimer ce qui a été subi – dans la furie qui s’empare de grou- pes donnés lorsque les circonstances permettent à certains de débonder d’anciennes frus- trations, des griefs ressassés, des haines longuement mûries et contenues ; ainsi de certains conflits balkaniques. C’est plus généralement l’idéologie, qu’elle soit religieuse ou séculiè- re, qui désigne la victime expiatoire comme coupable, ce qui fut le cas des Arméniens ou des juifs, et suscite le soupçon sur son caractère malin et sur le danger qu’il représente pour le groupe majoritaire. Conçu par l’État et organisé par la structure mise en place à cet effet, la liquidation d’un groupe ethnique ou religieux peut dépasser le cadre du massacre massif pour atteindre un paroxysme : la tentative d’en finir une fois pour toutes avec un peuple ou un groupe donné. Au cours du siècle, ce fut le cas des Arméniens et des juifs auxquels sont venus s’ajouter les Tutsis du Rwanda, dans l’indifférence de l’organisation des Nations Unies et des États occidentaux. La répression du génocide, crime imprescriptible, continuera d’être à dimension variable tant que seuls les États vaincus ou les régimes ayant perdu le pouvoir seront dénoncés et condamnés et la prévention ne sera qu’un leurre tant que les États qui gèrent le statu quo mondial continueront à obliger à vivre ensemble ceux qui, comme au Kosovo ne le sou- haitent pas, qu’il s’agisse des Albanais par rapport à la Serbie ou des Serbes du Kosovo qui n’auront d’autre alternative lorsque le Kosovo sera déclaré indépendant, que de quit- ter le pays ou d’être massacrés. Gérard CHALIAND 1. Archives de R. Lemkin offertes en 1965 aux Archives juives américaines, disponibles sur : www.prevent-geno- cide.org. 2. Tribunal permanent des Peuples, le crime de silence, préface de Pierre Vidal-Naquet, Flammarion, 1984. 3. Varoujan ATTARIAN, Le Génocide arménien devant l’ONU, préface d’Adolfo Esquivel, Complexe, 1999. 4. Un procès lui fut intenté pour « insulte à l’identité turque ». Le chiffre des victimes kurdes correspond aux évé- nements survenus depuis 1984 et non aux massives saignées entre 1925 et 1937. 5. Voir Yves TERNON, Mardin 1915, numéro spécial de la Revue d’histoire arménienne contemporaine, 2002; Deuxième édition, Geuthner, 2006. Introduction L a destruction de groupes historiques par un État est toujours l’aboutissement d’un processus complexe qui ne peut se développer que dans un environne- ment politique et social particulier, notamment dans un contexte multieth- nique. Le passage à l’acte est systématiquement précédé d’une période de matura- tion qui s’est nourrie d’expériences diverses, d’échecs collectifs, de frustrations, d’antagonismes virulents. Il est légitimé par une construction idéologique qui envi- sage l’exclusion du corps social d’«ennemis intérieurs». Chaque cas de violence génocidaire obéit toutefois à une logique interne qui lui donne sa singularité. L’éli- mination physique de la population arménienne de l’Empire ottoman a elle-même un trait particulier: elle a été conçue comme une condition nécessaire à la construc- tion de l’État-nation turc, finalité suprême du programme des Jeunes-Turcs. Autre- ment dit, les deux phénomènes sont indissociablement liés ; on ne peut étudier l’un en ignorant l’autre. Cet ouvrage a été conçu sur ce postulat qui en induit la structure. «Détruire pour se construire», tel aurait pu être le slogan adopté par le Comité Union et Progrès, tel est le fil directeur de cette étude. Ce faisant, j’ai adopté un niveau d’observation privilégiant les élites jeunes-turques et arméniennes; j’ai opté pour un examen méthodique de l’évolution interne de ces cercles restreints; j’ai cherché à évaluer les réactions des deux groupes dans les situations de crise; j’ai enfin examiné la nature des relations que ces élites entretenaient, leurs points de convergences comme de divergences, voire leur proximité idéologique. C’est donc la politique intérieure otto- mane, examinée au niveau de ses élites, qui sert de cadre de référence et dicte à cet ouvrage sa problématique. Ce point de vue le distingue des études antérieures qui s’articulent le plus souvent autour de la Question d’Orient et de l’interventionnisme européen dans l’Empire ottoman. Je n’ai pas éprouvé le besoin d’évoqué ici les tra- ditions historiographies sur le sujet, peut-être pour essayer de mieux m’en soustrai- re. Le dossier est d’ailleurs lourd et nécessiterait en lui-même une étude spécifique qui nous éloignerait de notre objet principal. Cela dit, je me suis surtout interrogé sur les mécanismes institutionnels, politiques, sociologiques, voire psychologiques qui ont abouti à la destruction des Arméniens ottomans. J’ai cherché plus particulièrement à isoler les phases successives de radi- calisation des cercles jeunes-turcs; j’ai porté une attention particulière aux procédu- res de prise de décision, phénomène complexe s’il en est. Les débats d’idées au sein des élites jeunes-turques, la formation, puis la radicalisa- tion de leur idéologie ont été confrontés au développement parallèle du nationalis- me porté par les mouvements révolutionnaires arméniens. Dans l’opposition au régime du sultan Abdülhamid II, puis à la tête de l’État, ces élites n’ont jamais cessé de débattre du sort de leur société commune, et j’ai cherché à en rendre compte. Une attention spécifique a été accordée à la troublante intimité des élites arménien- nes et jeunes-turques, l’une comme l’autre se considérant comme investie d’une mission «sacrée», celle de sauver la «nation». L’ouvrage passe donc alternativement de l’examen des pratiques d’un groupe à l’autre.

See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.