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Le Droit des gens PDF

160 Pages·1998·4.409 MB·French
by  RawlsJohn
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J·ohn Rawls · Le droit _des gens · bibliothèques 10 18 110118 12, avenue d'Italie - Paris XIII" LE DROIT DES GENS PAR JOHN RAWLS Traduit de l'américain et avant-propos de Bertrand GUILLARME Commentaire par Stanley HOFFMANN 1101181 « Bibliothèque 10/18 » dirigé par Jean-Claude Zylberstein ÉDITIONS ESPRIT Titre original : The Law of Peoples JoHNR AWLSe st professeur émérite de l'université de Har vard. STANLEYH oFFMANNes t professeur de science politique à l'université de Harvard. BERTRANGDU ILLARMeEn seigne à l'université de Lille-II. Il est l'auteur de Rawls et l'égalité démocratique, Paris, PUF, coll. « Questions », 1997. « Le droit des gens » est la traduction de « The Law of Peoples », qui fait partie du volume édité par S. Shute et S. Hurley, On Human Rights: The Oxford Amnesty Lec tures, New York, Basic Books, novembre 1993. © Éditions Esprit, 1996 pour la traduction française ISBN 2-264-02804-1 AVANT-PROPOS BERTRAND GUILLARME Y a-t-il des principes de justice pertinents hors des frontières des régimes démocratiques ? La conception normative présentée par Rawls a toujours été accusée de négliger les injustices qui surgissent en dehors des frontières nationales. Ce reproche tient en particulier au cadre sur lequel l'auteur a choisi de concentrer son attention. Au début de la Théorie de la justice 1 Rawls annonce , ainsi qu'il s'intéressera seulement à un cas parti culier du problème de la justice, puisqu'il s'estimera satisfait s'il est possible de formuler une conception raisonnable de la justice adaptée à la structure de base de la société, que nous concevons [. .. ] comme un système clos, isolé des autres sociétés2 • Il ne s'écarte de cette ligne directrice que lorsqu'il indique brièvement comment sa doctrine du contrat social peut aussi servir à justi~er les principes qui régissent les relations entre les Etats. Il imagine une position originelle, dans laquelle les créatures fic- 1. John Rawls, A Theory of Justice, Cambridge, Mass., Har vard University Press, 1971. Traduction française parue sous le titre Théorie de la justice, Paris, Seuil, 1987. 2. J. Rawls, Théorie de la justice, op. cit., p. 34. 9 tives qui sélectionnent des principes de justice sont les représentants, non plus d'individus, mais de nations. Elles sont placées derrière un voile d'igno rance qui leur cache certaines informations concer nant le peuple qu'elles représentent, comme sa taille, sa force ou sa richesse. C'est de cette manière que Rawls présente la justification philosophique des principes d'autodétermination et d'autodéfense 1 • Certains auteurs ont critiqué la prééminence accor dée par Rawls au cadre national. Ils ont mis en avant le fait que les frontières étaient « arbitraires du point de vue moral », reprenant ainsi la critique opposée par Rawls lui-même contre la prise en compte dans le raisonnement moral des inégalités individuelles en matière de qualités innées. Une théorie de la jus tice comme équité ne peut sélectionner le cadre national comme pertinent, puisque le véritable sys tème de coopération - dans lequel certains n'obtiennent pas leur part équitable - est celui que constitue le système économique mondial2. Ces auteurs ont voulu substituer à la position originelle « internationale » imaginée par Rawls une situation initiale « globale », dans laquelle les personnes fic tives se comporteraient comme les représentants, non de nations, mais de n'importe quel individu du monde. L'effet substantiel de ce changement de perspective serait considérable, car de l'application du « principe de différence » sans tenir compte des frontières nationales résulterait une redistribution fortement égalitaire des ressources mondiales. 1. J. Rawls, Théorie de la justice, op. cit., p. 417-419. 2. Charles Beitz, Political Theory and International Rela tions, Princeton, NJ: Princeton University Press, 1979, p. 125- 161. 10 La seconde génération des écrits de Rawls, qui trouve son aboutissement dans son livre Libéralisme politique, crée de nouvelles difficultés1 Dans cet • ouvrage, Rawls veut montrer que sa théorie de la justice est stable, c'est-à-dire qu'elle engendre son propre support : il lui faut expliquer pourquoi des personnes qui acceptent un éventail de doctrines morales variées s'accorderaient pour affirmer libre ment sa conception de la justice. La solution qu'il propose exploite le fait que la justification philo sophique des principes de justice formalisée par la position originelle reflète des idéaux de la société et de la personne qui sont implicites dans la culture politique publique d'une société démocratique. Cette caractéristique explique, selon lui, que sa conception politique de la justice, qui se borne à envisager la justice de la structure de base de la société, soit le lieu d'un« consensus par recoupement» de perspec tives morales différentes. Jusqu'à l'énoncé de ce nouveau pan de la théorie rawlsienne, on pouvait regretter que celle-ci se concentre sur la structure de base d'une société, et laisse ainsi de côté la perspec tive d'une redistribution mondiale des richesses. Mais on pouvait au moins se réjouir en pensant que l'universalisme de la théorie de la justice consistait à traiter toutes les sociétés de la même manière. On apprend au contraire dans Libéralisme politique que la justification du libéralisme égalitaire qui figure dans la Théorie de la justice n'est pertinente que pour les sociétés qui partagent une même culture politique démocratique. C'est parce que l'idéal de 1. John Rawls, Political Liberalism, New York, Columbia University Press, 1993. Traduction française : Libéralisme poli tique, Paris, PUF, coll. « Philosophie morale», 1995. 11

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