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Le communisme primitif n'est plus ce qu'il était PDF

472 Pages·2012·7.963 MB·French
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Christophe Darmangeat Le communisme primitif n'est plus ce qu'il était Aux origines de l'oppression des femmes & Une histoire de famille Seconde édition remaniée SMOLNY Toulouse, 2012 ISBN : 978-Z-9528276-4-5 © Smolny 2012 43, rue de Bayard 31000 TOULOUSE Internet: www.collectif-smolny.org Contact : infoflcollectif-smolny.org Le blog de l'auteur : cdarmangeat. blogspot. corn Première édition réalisée avec la collaboration de Véronique Chevillon, Laurence Fleury, Frans IJpelaan, Patrick Moll, Sylvie et Joël Oustalet, Florence et Éric Sevault. Nouvelle édition préparée par Marie Laigle, Pascale NoyTet, Sébastien Plutniak, Florence et Éric Sevault. Avant-propos de l'éditeur à la première édition E N 1859, il y a tout juste cent cinquante ans, paraissaient deux brûlots matérialistes qui allaient fournir les fondements des théories de l'évo- lution : pour le règne animal et végétal il s'agit bien sûr de L'Origine des espèces de Charles Darwin, tandis que la Critique de l'économie politique permettait à Karl Marx d'exposer amplement sa méthode pour déchiffrer l'évolution des sociétés humaines. Ce qui fera dire à Friedrich Engels, lors d'un discours sur la tombe de son ami en 1883 : « Tout comme Darwin décou- vrit la loi du développement de la nature, Marx découvrit la loi du dévelop- pement de l'histoire humaine ». S'appuyant en partie sur des notes de lecture de Marx le même Friedrich Engels proposait l'année suivante un essai appelé à devenir un livre phare pour des générations de marxistes, L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État. Cependant, à la lumière de plus de cent ans d'avancées anthro- pologiques, il était temps de secouer ce vénérable cocotier, planté en 1884. C'est à cette investigation critique que Christophe Darmangeat nous invite dans sa vaste synthèse sur les sociétés primitives et les sources de l'oppres- sion des femmes. Écartant dogmes et idées reçues, ouvert à la polémique, l'auteur ne craint pas de souligner les faiblesses de l'ouvrage d'Engels, d'une façon qui évoque irrésistiblement ce que disait Rosa Luxemburg : « Pour le mouvement prolétarien, l'autocritique, une autocritique sans merci, cruelle, allant jusqu'au fond des choses, c'est l'air, la lumière sans lesquels il ne peut vivreb. » Cette dernière avait d'ailleurs saisi toute l'importance pour le mouvement ouvrier de s'approprier la question de l'évolution des rapports sociaux dans toute sa dimension historique (ou préhistorique), illustrant en quelque sorte la fameuse maxime de Marx : « Être radical, c'est saisir les choses à la racine, mais la racine, pour l'homme, c'est l'homme lui-mêmec. » Ainsi, à l'école a. Notamment de l'anthropologue Lewis Henry Morgan. b. R. LUXEMBURG, La crise de la social-démocratie (1915), Spartacus, 1993, p. 29. c. K. MAKX, Introduction à la Critique de la philosophie du droit de Hegel (1844), in Œuvres m - Philosophie, Bibliothèque de la Pléiade, 1982, p. 390. 8 LE COMMUNISME PRIMITIF N'EST PLUS CE QJJ'IL ÉTAIT du parti social-démocrate où elle était en charge des cours sur l'économie politique, avait-elle consacré une part significative de son enseignement aux sociétés « communistes » primitives et à la destruction des anciennes formes sociales précapitalistes Rien de surprenant à cela. Confrontés à la réalité de la domination et de l'exploitation qu'ils subissent sous l'emprise du capital, les prolétaires « sont forcés de considérer d'un œil détrompé la place qu'ils tiennent dans la vie, leurs rapports mutuelsb » et cherchent donc à élaborer une conscience démystifiée du monde et des relations que les hommes y nouent. Ce que Christophe Darmangeat nous donne justement à voir et à penser, c'est la multiplicité de ces rapports sociaux, leur évolution et l'enracinement de l'op- pression dans des rapports anciens. Dans ce foisonnement extraordinaire, la méthode matérialiste de Marx est nécessairement critique. Du sacré d'abord, puisque « c'est l'homme qui fait la religion, et non la religion qui fait l'homme0 ». D'une nature humaine posée a priori ensuite, puisque « l'essence humaine n'est point chose abs- traite, inhérente à l'individu isolé. Elle est, dans sa réalité, l'ensemble des relations socialesd. » C'est une invitation à se débarrasser de toutes ces repré- sentations qui finissent toujours par être mobilisées « pour asservir les condi- tions objectives de l'existence vivante" », et au premier rang, celles des femmes. Il nous semble que c'est de cette méthode que procède l'auteur dans cette réactualisation bienvenue de l'étude des sociétés humaines. S'il est vrai que « toute vie sociale est essentiellement pratique1 », alors cette compré- hension des rapports sociaux, des conditions de leur émergence et de leur évolution, ne deviendra effectivement pratique que dans la perspective de leur bouleversement : « La critique a saccagé les fleurs imaginaires qui ornent la chaîné, non pour que l'homme porte une chaîne sans rêve ni consolation, mais pour qu'il secoue la chaîne et qu'il cueille la fleur vivante g. » Octobre 2009 a. Voir les chapitres « La société communiste primitive » et « La dissolution de la société communiste primitive » dans son Introduction à l'économie politique, Smolny & Agone, 2009, p. 182-307. b. K. MAUX, Manifeste du parti communiste, in Œuvres I - Économie I, Bibliothèque de la Pléiade, 1965, p. 164-165. c. K. MAUX, Introduction..., op. cit., p. 382. d. K. MARX, « ad Feuerbach », VI, in Œuvres IH - Philosophie, Bibliothèque de la Pléiade, 1982, p. 1032. e. K. MARX, Principes d'une critique de l'économie politique (Ébauche, 1857-1858), in Œuvres D - Économie II, Bibliothèque de la Pléiade, 1968, p. 316. f. K. MARX, « ad Feuerbach », VIII, op. cit., p. 1033. C'est Marx qui souligne. g. K. MARX, Introduction..., op. cit., p. 383. Remerciements de l'auteur Je souhaite tout d'abord remercier le collectif d'édition Smolny pour avoir pris le pari de publier cet ouvrage. Ma gratitude va bien sûr à celles et ceux qui ont accepté d'en lire le manus- crit et qui m'ont éclairé de leurs remarques, critiques ou suggestions — sans oublier l'ingrate chasse aux insuffisances et la fastidieuse cueillette des erreurs, auxquelles certains se sont livrés avec abnégation. Que soient donc salués : Dominique Bignard, Michèle Bloch, Baptiste Calmés, Véronique Chevillon, Arnaud Dosnon, Maurice Fhima, Laurence Fleury, José Moreno, Marie Moreno, Simon Pereire, Nassera Rahmani (à qui l'on doit également les illustrations du chapitre vin, « Les témoignages du passé »), Florence Sevault, Michel Stambouli et David Stem. Il me faut également exprimer ma dette envers Alain Testart, à l'oeuvre et au séminaire duquel ce livre doit beaucoup, et qui a lui aussi accepté de relire et critiquer ce texte. À l'occasion de la deuxième édition, j'ajoute à cette liste Cédric Fluckiger, Yann Kindo, Marie Laigle, Pascale Noyret et, last but not least, Annette Hamilton qui, à l'autre bout du monde, a bien voulu instruire l'in- connu que j'étais avec une gentillesse et une disponibilité admirables. J'adresse enfin une pensée particulièrement chaleureuse à Marcel Roelandts. L'enthousiasme avec lequel il a accueilli ce manuscrit, le soutien indéfectible qu'il lui a témoigné par la suite, ses conseils toujours avisés et son inlassable détermination à le faire publier ont été irremplaçables. Sans lui, ce projet n'aurait sans doute jamais vu le jour. Bien entendu, selon la formule consacrée, le contenu de cet ouvrage relève de la seule responsabilité de son auteur et ne saurait donc engager personne d'autre que moi-même. À toutes les femmes qui luttent pour leur émancipation. Et à la femme de ma vie. C. D. 10 LE COMMUNISME PRIMITIF N'EST PLUS CE QJJ'IL ÉTAIT Remerciements de l'éditeur Nous exprimons notre reconnaissance aux éditions Picard pour avoir bien voulu permettre l'utilisation de l'illustration de première page de couverture. Philippe Dos, avec sa compétence et sa bienveillance coutumières, avait effec- tué la composition de la couverture de la première édition, dont nous repre- nons ici quelques éléments. La couverture de cette nouvelle édition a été artistiquement composée par Mily Cabrol. Nous les remercions tous deux bien chaleureusement. Avant-propos à la seconde édition S E MESURER à un sujet aussi vaste et difficile qu'une actualisa- tion marxiste de L'Origine de la famille était une entreprise HST quée ; téméraire, même, si l'on songe au fait que l'auteur ne peut se prévaloir d'aucune compétence professionnelle en anthropologie. Quelque deux ans après sa publication, et malgré ses trop nombreuses faiblesses, l'ouvrage peut néanmoins se flatter d'avoir rencontré un certain écho auprès du public auquel il se destinait. Les réactions des lecteurs, leurs judicieuses remarques, leurs ques- tions et leurs critiques, en plus de mes propres lectures et réflexions, m'ont persuadé d'amender notablement le texte de l'ouvrage à l'occa- sion de cette seconde édition, entièrement revue. La modification la plus visible a consisté à inverser l'ordre des deux parties principales, renvoyant ainsi en appendice les chapitres consa- crés aux questions de parenté par lesquels s'ouvrait le texte initial. Avec le recul, la pertinence de cette modification me semble aujour- d'hui indéniable. Dès la première édition, la relative aridité de cette première section m'avait paru assez palpable pour que l'introduction conseille au lecteur éventuellement désemparé de la passer ; cet aver- tissement est devenu superflu. Cette partie que l'on retrouve sous l'in- titulé « Une histoire de famille » peut se lire comme une introduction générale à quelques uns des aspects essentiels de la science anthro- pologique et constitue, de ce fait, une contribution relativement indé- pendante à la thèse majeure de l'ouvrage : la condition des femmes. Pour être plus discrets, les autres changements ont en réalité souvent été les plus importants. Certains relèvent certes de pures questions de forme, évacuant un développement jugé superflu, rac- courcissant une énumération inutilement longue, ajoutant un exemple plus significatif. De nombreux autres, en revanche, ont touché au fond. J'ai ainsi modifié ici une formulation insatisfaisante, apporté là une nuance ou un raisonnement nouveaux et, je l'avoue bien volontiers, corrigé quelques erreurs factuelles. De nouvelles lectures m'ont 12 LE COMMUNISME PRIMITIF N'EST PLUS CE QJJ'IL ÉTAIT convaincu de remodeler certains passages de fond en comble. Plus que tout autre, l'ensemble australien a mobilisé mon énergie : les insuffi- sances des pages qui lui étaient consacrées ont motivé leur réécriture complète. Sans modifier les thèses essentielles du texte et les arguments sur lesquels elles s'appuient, cette nouvelle édition se présente donc dans des habits neufs ; pour paraphraser le poète, le livre n'est désormais ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. J'ai fait de mon mieux pour le rendre tout à la fois plus exact, plus riche (le nombre de références bibliographiques a presque doublé) et plus accessible que la version initiale. Il ne me reste plus qu'à faire le vœu que cette opinion sera partagée par ceux qui me feront l'honneur de s'intéresser à ces lignes. Christophe Darmangeat, décembre 2011 AUX ORIGINES DE L'OPPRESSION DES FEMMES L'humanité civilisée, sous la pression du mode mécanique de production, s'oriente vers une société basée sur la propriété commune, dans laquelle la femme délivrée des chaînes économiques, juridiques et morales qui la ligotent, pourra développer librement ses facultés physiques et intellectuelles, comme au temps du communisme des sauvages. P. Lafargue, 1904 Le féminisme est une théorie extrémiste qui consiste à considérer les femmes comme des êtres humains. Une manifestante anonyme, années 2000

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