Description:Le Chant de l'équipage, est son premier véritable succès littéraire. Derrière Le Chant de l’Equipage se profile un « roman de guerre » pour le moins surprenant. Disciple de Zola, Barbusse entend proposer un témoignage historique dont le caractère fictionnel est un mal nécessaire à la dénonciation de la guerre. Tandis que Stevenson défendait le roman dans toute sa diversité, dans le contexte historique de la Grande Guerre, Mac Orlan semble avant tout préoccupé par le pacte communicationnel qui se noue autour du roman entre écrivain et lecteur et qui entérine un brouillage entre fiction et réalité. Le Chant de l’Equipage s’ouvre sur Joseph Krühl, riche hollandais10, qui hante de sa présence un petit village de Bretagne littéralement vidé de sa substance par la Grande Guerre. Du passé de Krühl nous ne saurons rien : en 191611, il n’existe plus au monde que par un récit impossible de lui-même, forgé au fil de ses lectures. Comparé aux habitants de ce village côtier, il a beaucoup lu : essentiellement des textes ayant trait à l’histoire de la flibusterie, « les ouvrages d’Oexmelin, du capitaine Johnson, de Whitehead et de quelques autres auteurs »12 et un peu de poésie baudelairienne. Piochant de-ci, de-là des images, il se tisse une identité imaginaire qui se surimpose à celle de bourgeois désoeuvré sans pour autant la remettre en question. Sorte de pirate textuel, Krühl aborde tous les textes écrits sous le même angle et confond pillage de textes et imagination. La confrontation, pleine de sens et de saveur, de l'aventurier passif, Joseph Krühl, qui se contente de rêver aux pirates, et de l'aventurier actif, Simon Eliasar, occupé de chasse au trésor. Tous deux pourtant s'embarquent ensemble et leur destin s'accomplira sur une île.