Description:Souvent confondu avec Oppien de Corycos, Oppien de Syrie (dit aussi Oppien d'Apamée) vivait en Syrie au IIIe siècle après J.-C. Il est l'auteur d'une œuvre poétique de 2 042 vers en quatre chants (le dernier est incomplet) consacrée à la chasse, intitulée les Cynégétiques et dédiée à Caracalla. Il vivait à Apamée, grande ville située au sud-est d'Antioche et dont on ne connaît, aujourd'hui, que d'importants vestiges.Les observations sont bien plus fantaisistes, d'ailleurs, que l'œuvre sur la pêche d'Oppien. Oppien de Syrie affirme ainsi que les éléphants sont doués de la parole (même s'il ne faut voir là qu'une formule poétique pour décrire leur intelligence). Il écrit également que les rhinocéros ne comptent qu'un seul sexe, masculin, les femelles n'existant pas chez cette espèce. Que la lionne met d'abord à bas, lors de sa première portée, cinq lionceaux, puis quatre à sa deuxième portée, puis trois, puis deux et enfin un seul. Que l'ourse donne naissance à des petits informes, que c'est leur mère qui, en les léchant, leur donne une apparence d'ourson. Qu'un tambour fait de la peau d'un agneau reste muet si on frappe près de lui un tambour fait avec une peau de loup... Dans son premier chant, il décrit les différentes races de chevaux et de chiens. Dans son deuxième chant, il nomme les animaux que l'on chasse comme le bison, le mouflon (qui n'avait pas encore disparu d'Italie), l'oryx... Dans le troisième chant, il parle des félins (lions et panthères) que l'empereur avait reçus en présent ainsi que d'autres animaux exotiques : girafe, ichneumon, chameau, autruche... Dans le quatrième chant, Oppien décrit les différentes techniques de chasse comme les filets, les armes, etc. Il semble qu'il a existé un cinquième chant.
Professeur de philologie et linguistique grecques à l'Université Lumière-Lyon 2, directeur de la collection "La roue à livres" aux éditions Les Belles lettres (en 1991)
Arrien et Oppien ont chacun écrit une « Cynégétique », c'est-à-dire un ouvrage sur la chasse au moyen des chiens, l'un en prose, l'autre en vers. Ces deux auteurs suivent une tradition, inaugurée par Xénophon d'Athènes, qui vise à vanter les bienfaits de la chasse et à en exalter les vertus aristocratiques. Les Grecs de l'Antiquité qui associaient les chasses mythiques au mode de vie de leurs ancêtres, s’étaient construit un univers, où les images reliées à chasse faisaient office de code, un code qu’exploitent Arrien et Oppien. Malgré ce but commun, les deux œuvres diffèrent considérablement. Chez Oppien, l’animal est toujours dangereux, souvent étrange et même monstrueux ; le chasseur est un explorateur courageux qui fréquente des contrées où nul ne voudrait s’aventurer sans armes. Arrien est un stoïcien pour qui la chasse n’élève l’esprit que si elle est dénuée de cruauté ; l’animal sauvage est un adversaire que l’on doit respecter et même protéger. Au-delà de la chasse, chaque œuvre nous offre une perspective fascinante sur la perception du monde naturel propre à son auteur et au monde ancien. Louis L'Allier est professeur à l'Université Laurentienne, où il enseigne la littérature grecque. Il travaille notamment sur l'œuvre de Xénophon et sur la perception du monde animal en Grèce ancienne.