Volume 9 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Éditions Larousse en 1974 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Éditions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 9 terrains de l’ère primaire, vieux de actuelles, soulevant les roches du subs- elles étaient du moins esquissées, et France 250 à 450 millions d’années. Un plis- tratum et leur couverture, qui glissa en les principaux tracés hydrologiques sement important (dit « hercynien ») charriages sur ses flancs. Un élargis- étaient en place. État de l’Europe occidentale ; les a fait surgir durant une période sement se produisit ensuite, en même Mais la disposition n’est pas tout, et 550 000 km 2 ; 52 millions d’hab. longue de 20 à 30 millions d’années ; temps qu’une nouvelle surrection. il est bien des éléments du relief qui (Français). Capit. Paris. mais la surrection fut combattue aus- Des massifs centraux, la couverture se ne concordent pas avec l’architecture sitôt, et les chaînes qui en résultèrent, décolla et se plissa, réalisant alors les mise en place. D’autres facteurs sont rabotées parfois jusqu’à leurs racines, Préalpes, celles du Nord, de Digne, de LE MILIEU intervenus pour élaborer le modelé. ne laissent plus voir maintenant que Castellane, de Nice. Le Jura apparaît leur tréfonds de roches cristallines ou en discontinuité avec les Alpes. C’est Le territoire français, de forme hexa- La trame de l’évolution du métamorphiques ; ce sont les massifs qu’il s’agit d’un bassin sédimentaire, gonale, a une configuration à la fois modelé anciens (armoricain, vosgien, arden- tôt débité par la tectonique en une mo- assez massive, articulée et équilibrée Certains traits de la morphologie du nais, central). Déjà à la fin de l’ère saïque de voussoirs soulevés surtout (environ 1 000 km du Nord aux Py- pays se sont réalisés alors même que primaire, ceux-ci se trouvèrent réduits durant la seconde moitié du Tertiaire, rénées et de la Bretagne à l’Alsace). se mettaient en place les lignes struc- à des surfaces mollement ondulées et dont les sédiments de couverture, Tant par son climat que par sa struc- turales essentielles. Les volumes créés (pénéplaines). Leur aplanissement d’est en ouest, ont alors constitué les ture, la France participe au monde de appelaient d’eux-mêmes les forces s’est poursuivi jusqu’à la formation plis du Jura oriental et les pincées entre l’Europe du Nord-Ouest et au monde de l’érosion : celles-ci ont décapé les de lagunes et de cuvettes, où une nou- des éléments de plateau dans le Jura nord-méditerranéen. Du premier, elle terrains sédimentaires restant sur les velle sédimentation les a fossilisés, ou occidental. Ces trois grandes unités a les montagnes anciennes et usées, les massifs anciens, sauf là où ils étaient jusqu’à ce que de nouvelles déforma- (Alpes, Pyrénées, Jura) ont continué ensembles de plaines et de bas plateaux trop épais (Causses) ; elles ont buriné tions et d’autres phases d’érosion les encore à subir des relèvements d’en- des bassins sédimentaires ; du second, les versants et creusé les couloirs qui défigurent ou les retouchent. semble tardifs (fin du Tertiaire) et des les montagnes jeunes et vigoureuses. acheminaient les débris arrachés aux Durant l’ère secondaire, qui débuta déformations récentes, dont les effets D’où une certaine diversité, enrichie montagnes. il y a quelque 190 millions d’années s’inscrivirent notamment dans leurs par les paysages littoraux, où alternent (et s’étendit sur 130), la sédimentation avant-pays. En outre, de vastes aplanissements falaises, plages, marais, voire deltas. ont pu se constituer sous les climats S’y ajoute la diversité, sans excès, des domina. Les mers submergèrent alors Pendant ces bouleversements, le tropicaux qui ont dominé durant l’ère une bonne partie des massifs anciens ; reste du territoire connut de notables ambiances climatiques, du fait d’une tertiaire, rabotant les massifs anciens très profondes au sud et au sud-est du modifications. Les massifs anciens, large ouverture aux influences océa- comme les marges des montagnes et les territoire français actuel, elles accumu- en fonction de leur plus ou moins niques (que le relief et la continenta- parties émergées des bassins sédimen- lèrent dans des géosynclinaux les ma- grande proximité des chaînes en for- lité dégradent inégalement) et d’une taires. Certains furent antérieurs aux tériaux qui constitueront les Alpes et mation et de la nature de leurs terrains, emprise du domaine méditerranéen sur phases alpines majeures, et d’autres les Pyrénées. Ailleurs, elles emplirent enregistrèrent des soulèvements et des les régions méridionales. postérieurs. Il en est qui ont même joué des cuvettes plus stables et moins pro- déformations d’ensemble, des gauchis- En fait, l’espace français n’est pas un rôle dans les modalités des plisse- fondes, les bassins sédimentaires, où sements (Massif armoricain), des bas- un puzzle. L’arrangement des reliefs ments, car ils ont alors modifié les don- se déposèrent des couches assez régu- culements (Vosges) et des cassures ; est le fait de solidarités étroites entre nées mécaniques et volumétriques pour lières de terrains souvent à faciès alter- certaines de celles-ci furent de grande les montagnes et leurs avant-pays, les phases orogéniques ultérieures. En nant : marnes ou argiles et calcaires. ampleur, comme celles qui ont engen- entre les reliefs et les zones sédimen- tout cas, les reliefs hérités du Tertiaire Cependant, la submersion ne fut ni dré les plaines d’effondrement telles taires. Les aptitudes physiques d’une intégraient des caractères dont l’ori- totale ni exempte d’interruptions dans que les Limagnes ou le fossé rhénan. région ne se comprennent, souvent, le temps et dans l’espace ; épisodique- Le Massif central a, de plus, été mar- gine n’était pas que structurale. C’est qu’avec référence aux espaces qui les ainsi que la disposition du réseau ment, certaines parties des anciennes qué par le volcanisme, dont les mani- environnent. La disposition de l’hy- chaînes ont subi de nouvelles, mais festations se sont échelonnées entre hydrographique lorrain, par exemple, drographie majeure s’explique par les modestes déformations. la seconde moitié du Tertiaire et le est le fait de la pente vers le nord d’un rapports et les articulations des unités aplanissement ; c’est en fonction de Pyrénées, Alpes et Jura se sont Quaternaire. Les bassins sédimentaires traversées. surfaces couvrant à la fois le Massif constitués essentiellement au cours de n’eurent plus alors que des mers loca- Si, aujourd’hui, les données natu- l’ère tertiaire (60 millions d’années) lisées, des lacs ou des lagunes, avant central et ses pays bordiers au nord relles s’estompent devant la primauté en plusieurs mouvements coupés de d’être entièrement émergés. Mais des et à l’ouest que s’expliquent les topo- de l’économie et de la technique, et si rémissions. À ce moment aussi se zones déprimées s’y accusèrent aussi graphies du sud du Bassin parisien et la géographie de la France n’est plus formèrent les montagnes de Corse. (creux de Paris), ainsi que des gout- de l’Ouest aquitain (vastes épandages celle des multiples « pays » qui la com- Les Pyrénées se sont édifiées les pre- tières (basse Loire, Aquitaine), attirant de sable de la Sologne, de la Brenne, posent, il demeure que la variété des mières, incorporant beaucoup de ma- ou faisant converger les axes hydrogra- des brandes du Poitou et du Périgord conditions physiques fournit encore tériaux hercyniens cassés et fracturés phiques. Des ondulations apparurent comme de la Double). bien des explications au développe- à maintes reprises. Dès la dernière également (Artois, Boulonnais, pays Le court moment (1 million d’an- ment hétérogène des régions et que partie du Secondaire, des plissements de Bray, Charentes...). Par ailleurs, nées) du Quaternaire a aussi apporté la situation du pays à l’extrémité du complexes de leur couverture se pro- en lisière des chaînes, des dépres- une contribution essentielle et mul- continent donne toute leur valeur aux duisirent, mais les épisodes majeurs sions formant des lacs ou des couloirs tiforme. Le refroidissement du cli- isthmes que la nature y a inscrits. se placèrent au début ou au milieu du importants se comblèrent des débris mat a permis à plusieurs reprises une Tertiaire, selon les auteurs. Les plisse- arrachés aux montagnes et connurent extension considérable des glaciers. Traits généraux et ments correspondants modifièrent les d’ultimes occurrences marines (couloir Pyrénées, Vosges du Sud, sommets de répartition des premiers, s’étendirent vers le nord, en rhodanien et sud de l’Aquitaine par du Massif central et de Corse en ont ensembles physiques Aquitaine (où ils sont enterrés) et en exemple) ; ces dépôts ont enregistré abrité, tandis que ceux des Alpes, Languedoc, tandis qu’un isthme allait les derniers mouvements du sol. On plus puissants, descendirent jusqu’à L’architecture jusqu’en Provence occidentale. Les peut dire que presque tout le territoire Lyon et recouvrirent presque tout le Les fondations géologiques de la Alpes s’esquissèrent, elles, à l’orée français avait, à la fin du Tertiaire, sa Jura. Sculptant des cirques, défonçant France sont issues d’une longue et du Tertiaire. Puis un gros bourrelet se disposition actuelle. Si les limites ma- les vallées, ils furent responsables de épaisse sédimentation responsable des forma dans la partie centrale des Alpes ritimes n’étaient qu’en partie acquises, l’aération des montagnes comme de 4571 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9 divers aspects de leur beauté. Ceux qui glaciers au débouché des montagnes tude reste faible. Les reliefs sont suffi- des roches. Les formes lourdes, les dis- subsistent actuellement (500 km 2 dans (bas Dauphiné, Lannemezan), couver- samment atténués pour que la circula- locations compactes, les vieilles sur- les Alpes, 25 km 2 dans les Pyrénées) tures de loess, sols mêlés des versants, tion soit aisée, sauf au coeur du Massif faces creusées de gorges, une dissec- ne représentent plus qu’une très faible etc. central et des Vosges. La ligne préci- tion dense en rapport avec des terrains part de leur importance d’alors. tée rassemble précisément les points imperméables sont le lot des massifs Sur les côtes, les oscillations du Dans les régions plus basses, ou niveau marin ont pu, par places, retou- culminants des unités géologiques qui cristallins aux sols acides et lessivés ; s’y terminent, et les seuils qu’elle com- les étendues rocailleuses et burinées plus sèches, le froid est intervenu sur cher le modelé continental, mais c’est le modelé par l’action du gel. Les dé- surtout lorsque, à la fin des grandes porte s’en trouvent valorisés d’autant. des plateaux calcaires secs, aux ri- bris de roches ainsi fragmentées sont glaciations, le niveau des eaux s’est C’est sur elle que prennent naissance un vières plus rares, affectées de pertes, venus tapisser les versants, encom- relevé (jusqu’à dépasser légèrement grand nombre de fleuves et de rivières, contrastent avec eux. Mais, ailleurs, brer les fonds de vallée. La végétation les côtes actuelles) que les rivages du Tarn à la Moselle, en passant par la l’organisation du relief, dans le détail, étant raréfiée, le vent a pu y prélever ont pris la physionomie que nous leur Loire et la Seine ; c’est la limite entre combine la structure et l’agencement de quoi former les vastes manteaux connaissons. Les basses vallées élar- les bassins hydrographiques gagnant hydrographique ; les aptitudes phy- de loess qui enrobent bien des bas pla- gies et approfondies devinrent des es- l’Océan ou ses mers annexes, et ceux siques y dépendent aussi des terrains teaux du Bassin parisien, du Nord et tuaires ou des « rias » que maintenant qui sont dirigés vers la Méditerranée. superficiels. quelques contrées alsaciennes. Mais, la marée remonte. Sur les basses terres Les premiers ne tiennent pas compte s’édifièrent des marais que l’homme des différentes unités géologiques, Modération et variété de indirectement, le froid est également responsable de phénomènes plus gé- tentera de conquérir (polders). Le tracé tant fut étroite la solidarité morpholo- l’ambiance climatique et leurs du littoral est désormais acquis, et les gique entre les massifs anciens et les conséquences néraux. Modifiant les conditions de retouches ultérieures seront fort limi- bassins sédimentaires. À l’est et au sud l’écoulement des eaux, il a permis le Les oppositions fondamentales réali- façonnement de nombreux versants en tées : poursuite de l’édification du delta dominent les montagnes mises en place sées sur le plan du relief ont leur trans- du Rhône, de l’envasement de certains par les grands mouvements tertiaires glacis lorsque les roches s’y prêtaient. position dans les nuances du climat ; il golfes ou estuaires, du colmatage des et leurs avant-pays, ainsi que quelques Puis, avec le stockage de l’eau dans les n’y a pas exacte coïncidence toutefois. étangs languedociens, remaniement secteurs effondrés (Alsace, plaine de énormes glaciers du globe, le niveau Les « Midis » aquitain et méditerra- des dunes landaises par exemple. la Saône). C’est la France aux reliefs des mers a sensiblement baissé, ce néen, par leurs hivers atténués et leur qui a provoqué presque partout l’inci- Présentement, l’évolution du relief jeunes, aux contrastes topographiques chaleur estivale, s’apparentent déjà accusés, aux systèmes hydrogra- sion des vallées par les cours d’eau, est ralentie presque partout (sauf dans aux climats subtropicaux. Le reste de puissamment alimentés pendant les le domaine soumis au climat méditer- phiques plus complexes, guidés par les la France s’inscrit dans la zone tem- périodes de dégel (bon nombre des ranéen et dans les montagnes) grâce accidents structuraux. pérée stricto sensu ; mais les mers, la rivières sont aujourd’hui dans leurs à la protection d’un couvert végétal À l’intérieur de ces deux unités, les continentalité, la latitude et le relief vallées comme dans un vêtement trop suffisamment dense, que l’on doit au nuances sont d’un autre ordre. Dans se combinent pour en diversifier les grand ; leurs méandres sont flétris, caractère tempéré du climat actuel. les chaînes de formation récente, les caractères. L’ample ouverture du ter- leurs lits encombrés). On peut donc zones géologiques ordonnent la répar- ritoire sur l’Atlantique et ses annexes estimer que le « modelé en creux » que L’organisation du relief tition des paysages. Mais d’autres dif- (Manche, mer du Nord), bénéficiant l’on observe est, pour une bonne part, Une grande ligne en S, allant de la férences proviennent du degré de la des effets de la dérive des eaux chaudes le fait de cette période somme toute Montagne Noire (sud-ouest du Massif marque glaciaire et de l’agressivité des (prolongement du Gulf Stream), per- récente : mise en valeur (et évolution) central) aux Vosges par les Cévennes, eaux courantes. Ainsi le Jura, atteint met une large extension des temps des reliefs de côtes, approfondissement le Vivarais, le Charolais, le plateau de par les glaces mais non sculpté par perturbés de l’Ouest, caractéristiques des gorges des massifs anciens ainsi Langres, jalonne la limite entre deux elles, a un relief moins heurté que les des climats tempérés et de l’ambiance transformés en « pays coupés ». La espaces. À l’ouest, c’est le domaine Préalpes et les Alpes ; les Alpes du « océanique ». Des pluies fréquentes et variété des terroirs et de leurs aptitudes hercynien et la France des grandes Sud et les Pyrénées orientales doivent abondantes réparties sur toute l’année, est de même partiellement due à cette plaines et des bas plateaux, aux hori- beaucoup de leurs traits physiques à la des contrastes thermiques modérés période quaternaire : terrasses fluviales zons marqués par les aplanissements torrentialité méditerranéenne. Dans la (action régulatrice des eaux maritimes) sur les bords des principales vallées, et par l’incision des vallées, ou par le France hercynienne, certaines distinc- entre un hiver « tiède » et un été frais cônes édifiés par les eaux de fonte des moutonnement des collines dont l’alti- tions se fondent surtout sur la nature sont les caractères dominants. Mais 4572 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 9 la latitude explique que les hivers de leur de l’été (autour de 10 à 15 °C), car Les familles de paysages de vallée, humides, portent des prairies Dunkerque n’aient que 2 à 3 °C de tem- la diminution des températures est de verdoyantes. Les massifs anciens pérature moyenne, contre 6 à 7 °C à l’ordre de 1 °C pour 200 m en moyenne. En dehors de cas où les lignes du Brest et sur toute la côte atlantique. À Cela n’exclut pas cependant un enso- Les vieilles terres des montagnes usées relief proviennent de la lithologie, mesure que l’on progresse vers l’inté- leillement important, que dissimulent se signalent par des paysages profon- l’essentiel de la trame des paysages rieur aussi, les étés deviennent plus les chiffres moyens. L’exposition y dément liés à la nature des roches. découle des mouvements qui ont re- chauds, alors que les hivers voient les multiplie les contrastes locaux, tels que Celles-ci commandent parfois le mo- levé des vieilles terres. Leur rigidité froids s’accuser. Les endroits dépri- ceux qui se manifestent entre les ver- delé de détail ; mais en tout cas elles leur a fait répondre aux poussées par més, les bas plateaux situés à plus de sants orientés au sud et à l’est (adrets, sont, par leur rigidité, responsables des gauchissements et des cassures, 100 km des rivages deviennent plus soulanes), ensoleillés et cultivés, et les du comportement des terrains lors des des basculements, des soulèvements ou secs (Beauce, pays de la Loire, plaine versants tournés vers le nord et l’ouest mouvements du sol ; leur composition effondrements de blocs entiers. D’où de Toulouse : 500 à 600 mm de pluies (ubacs, ombrées), plus frais et plus boi- siliceuse se répercute sur les sols qui en encore la possibilité de garder la trace par an, contre 700 à 1 200 mm sur les sés. Elle engendre, à l’échelle des mon- dérivent, tout comme leur imperméa- des aplanissements qui les ont affectés. côtes). La progression des altitudes dès tagnes entières, des nuances entre les bilité les prédispose aux landes et aux Terres ingrates, elles voient leurs la Lorraine, le sud-est du Bassin pari- secteurs accessibles les premiers aux forêts. aptitudes réduites encore par le lessi- sien et le Limousin y permet cependant vents pluvieux d’ouest (Vosges, Pré- Ces roches sont : des sédiments an- vage des eaux de pluie. Rien d’éton- une recrudescence des précipitations, alpes et Jura, ouest du Massif central et ciens, fortement redressés et plissés, nant alors à ce que la rudesse des traits dans lesquelles la neige joue un rôle des Pyrénées) et l’intérieur du massif où dominent les schistes, les grès et les ne se trouve pas atténuée par l’opu- non négligeable. alpestre ou le centre et l’est des Pyré- quartzites (les calcaires sont parfois lence de la mise en valeur. Même for- nées. L’altitude, de toute façon, régé- Le climat méditerranéen s’étend présents, mais dans de faibles propor- tement peuplés, les massifs anciens ne nère les conditions favorables aux pré- jusqu’à la rencontre de la ligne des tions) ; des matériaux métamorphiques, se prêtent qu’à une agriculture beso- cipitations. Dans cette augmentation reliefs qui, au sud et au sud-est, ourlent c’est-à-dire partiellement « digérés » gneuse, s’inscrivant souvent dans un des précipitations, une partie notable le Massif central ; il déborde jusqu’à la par les roches cristallines de profon- cadre de bocage et d’habitat dispersé, tombe sous forme de neige. Capitali- haute Durance et à la Drôme sur les re- deur (schistes, gneiss) ; ou encore des grignotée sur les landes ou les forêts sées ainsi (ou sous forme de glace), les liefs méridionaux des Alpes. Le rétré- affleurements de terrains de la famille qui constituent leurs parures les plus eaux sont restituées en saison chaude cissement du couloir rhodanien et les des granites. Cette composition, même fréquentes. aux rivières, qui, de ce fait, ont des montagnes empêchent une extension lorsqu’elle est variée, atténue les apti- régimes à fortes pulsations (selon la Des nuances importantes existent plus grande vers le nord des rythmes tudes à l’érosion différentielle, qui part de la neige et des pluies, ou les toutefois. Le Massif armoricain et l’Ar- et des traits de ce type climatique ori- n’est exploitée que de manière subor- interférences de fonte et de pluies, les denne ont plusieurs traits comparables : ginal, caractérisé par une sécheresse donnée. La cohérence des matériaux rythmes d’écoulement et les crues sont la faiblesse des altitudes d’abord (les accusée de l’été, des pluies de saisons les a rendus aptes à conserver la trace plus ou moins complexes). Abondants points culminants de l’Armorique ne froides tombant en brutales averses, des surfaces d’aplanissement qui les et rapides à cause des pentes, les cours dépassent guère 400 m, l’Ardenne se une luminosité exceptionnelle de l’at- ont successivement retouchés après d’eau acquièrent une puissance élevée tient vers 200 m à l’ouest, 500 m à mosphère, des vents locaux violents le démantèlement posthercynien, et d’érosion qui marque les paysages : im- l’est) ; la nature des terrains ensuite (mistral). Associé à des pentes impor- leur résistance à l’incision fait alterner portance des ravinements et des cônes (l’Ardenne est surtout faite de roches tantes, un tel climat favorise le ruissel- les interfluves lourds et les vallées en lement, l’érosion des sols, l’évapora- de déjection, chenaux instables des sédimentaires anciennes, et le Massif gorge, par l’intermédiaire de versants rivières dans les fonds de vallée. Heu- armoricain, plus métamorphique, reste tion ; le déficit estival des sols en eau convexes. reusement, l’humidité favorise un cou- encore apte à la mise en valeur des oblige l’agriculteur à pratiquer l’irriga- tion, tout comme la brutalité des crues vert végétal protecteur, étagé. Aux prés Dans les secteurs les plus relevés barres de roches dures, quartzites par et aux champs des parties inférieures des massifs et dans leurs parties les exemple, donnant un relief dit « appa- menace les établissements humains dans les vallées ou à leur débouché et des versants succèdent les forêts, de plus internes, les formes dominantes lachien »). Il en résulte des paysages permet les atterrissements du littoral. feuillus d’abord, puis de conifères sont souvent des dômes lourds (« bal- de crêtes allongées de grès entre des Les travaux hydrauliques y sont, par jusque vers 1 500 - 1 800 m. Au-des- lons vosgiens »), des éléments de dépressions, à côté des formes planes, conséquent, nécessaires pour des rai- sus, une pelouse (les « alpages ») de plateau d’érosion hérissés seulement qui restent dominantes. Les principaux sons multiples. plantes adaptées à la longueur et à la de quelques blocs résiduels ou de accidents topographiques sont les val- rudesse de l’hiver s’étend jusqu’aux quelques crêtes plus résistantes, ou qui lées encaissées. L’altitude assez faible Les reliefs les plus importants pierrailles et aux neiges persistantes, se creusent d’alvéoles dus à l’altération est due à l’éloignement des zones de créent encore d’autres milieux clima- qui commencent vers 3 000 à 3 500 m. en surface des roches cristallines (Mor- surrection montagneuses du Tertiaire. tiques. Les bassins d’effondrement se Climats et reliefs engendrent donc van « troué », Les déformations n’y manquent pas ce- signalent par l’exagération des ten- dances continentales : rigueur des hi- deux grands ensembles spatiaux, une Massif central). Une partie de ces pendant, qui interfèrent avec la nature France occidentale, où l’emportent les altérations est d’ailleurs héritée de des roches pour expliquer la répartition vers (0,6 °C en janvier à Strasbourg), persistance de l’enneigement, même faibles altitudes, les contrastes de re- ce que l’on a appelé la « maladie ter- des reliefs. Malgré cela, l’individuali- s’il est peu abondant, occurrence plus liefs atténués, les traits océaniques du tiaire » (attaque chimique sous cli- sation dans la topographie des terrains fréquente du gel et chaleur des étés climat, la variété des sols, les rivières mat tropical). Les tourbières (fagnes, anciens par rapport aux assises sédi- accompagnée de manifestations ora- à régime pluvial ou pluvionival, et une faings...) et la lande à bruyères et à mentaires qui sont venues s’y appuyer, geuses (Alsace, Limagne, plaine de la France marquée par de forts contrastes fougères s’y étendent aisément. Vers de manière irrégulière souvent, n’a pas Saône). On peut y ajouter la possibilité, de relief et de climats. l’extérieur et près des artères hydro- toujours été réalisée. en hiver, d’inversions de température Ici dominent les fortes dénivella- graphiques principales, le défoncement Les Vosges du Sud et le Massif cen- du fait de la stagnation de l’air froid tions, et les volumes montagneux s’y par les cours d’eau réduit ces formes tral dans ses parties internes et orien- dans ces dépressions, pendant que les étendent bien plus que les plaines : les à l’état de lambeaux. Les paysages tales se signalent par d’autres traits. reliefs encadrants, exposés aux vents climats se diversifient, prennent des ca- deviennent ceux de « pays coupés » où Les sommets y dépassent 800 m et d’ouest, reçoivent de l’air moins froid. ractères plus tranchés et ont des consé- les versants s’encombrent parfois de peuvent atteindre 1 500 m. Affectés Dans les massifs montagneux, l’alti- quences plus sensibles ; la circulation chaos de boules (Huelgoat, Sidobre) de mouvements de soulèvement et de tude accentue le froid hivernal (– 5 à est rendue plus difficile. Les couloirs ou de débris fins (arènes) d’où suintent bascule, ils ont subi un défoncement 15 °C) dans les Alpes et réduit la cha- de plaine s’en trouvent valorisés. les sourcins en bas de pente. Les fonds plus sensible, guidé par des accidents 4573 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9 anciens ayant rejoué. Le relief des suffisance des équipements, plus attirés centraux est plus ample, découpée par ment lui-même est maintenant source parties élevées reste lourd du fait de par les hautes montagnes). de grandes « cluses » en massifs ori- de profit (le ski s’ajoutant à l’alpi- la nature essentiellement cristalline ginaux, du Chablais au Vercors, plus nisme, plus traditionnel) ; les cures des terrains, de la dimension des blocs Les montagnes confuse dans les pays de la Drôme et d’altitude, le thermalisme résultent issus du compartimentage tectonique, de la Haute-Provence où s’observent également des éléments physiques que Les montagnes jeunes offrent des pay- de la marque des anciens aplanisse- les chevauchements des « baous ». l’on a su exploiter. sages plus grandioses et plus variés. ments. Mais l’empreinte des glaciers Les Alpes françaises comptent, en Les mouvements ont porté les terrains Entre les Préalpes et le Jura orien- s’y est inscrite ; les morsures des outre, une unité interne, plus violem- jusqu’à de très fortes altitudes (2 500 à tal et méridional, les similitudes cirques sur les flancs des crêtes, les ment plissée en nappes de charriage de 4 000 m). Malgré l’érosion, ces mon- sont celles qu’offrent des montagnes lacs d’origine glaciaire s’ajoutent aux dureté variable, aux vallées profondé- tagnes forment encore des barrières moyennes (1 000 à 2 500 m) dominées, beautés naturelles des hautes terres ment entaillées. imposantes, aux sommets vigoureux, structuralement, par la disposition froides, que couvrent des chaumes, ciselés en aiguilles, crêtes et dents, La disposition des unités et l’orga- plissée de leurs assises : des chaînons des « gazons » (Vosges) ou des landes ou modelés en lourdes coupoles. Les nisation des vallées permettent une parallèles, individualisant des « vals » (Margeride, Forez). Les versants de vallées profondes, défoncées par les pénétration aisée des Alpes, montagnes ou s’ouvrant de dépressions intérieures vallées, élargies ou approfondies par fleuves ou les glaciers, engendrent ouvertes par un grand et profond sillon profondes (« combes ») que dominent les langues glaciaires quaternaires, se des dénivellations considérables ; sur qui court de l’Arly au Champsaur et aé- les « crêts » calcaires bordiers. Ce prêtent à l’étagement de la végétation les versants et les parois se lisent les rées par les grandes vallées de l’Isère, sont des montagnes aux horizons plus et de l’habitat et à l’estivage des trou- de l’Arc ou de la Durance et de leurs actions de la glace (cirques), du gel, réguliers aussi, encore que dans les peaux. Les côtés les plus abrupts, déri- des avalanches, de la torrentialité, des affluents ; divers ensellements et pas- Préalpes les aspérités soient bien plus vés de grands accidents cassants, sont sages transversaux ajoutent encore à glissements de terrain et des éboule- fréquentes, les plissements ayant été en revanche l’objet d’une dissection leur pénétrabilité. Celle des Pyrénées ments. La raideur des dénivellations, le plus énergiques et l’érosion plus im- plus marquée, à la faveur du bas niveau est plus restreinte, car il n’existe de caractère impétueux des cours d’eau, portante (altitudes plus fortes, glaciers de base que constituent les dépressions sillon qu’avec des tronçons de vallées l’enneigement abondant, la violence anciens plus puissants). L’abondance voisines. Une division des flancs en de l’Ariège et du Salat. Les vallées, des forces d’érosion imposent aux des précipitations (plus de 2 m) rend lanières, ou « serres », y défigure très transversales, sont en cul-de-sac vers hommes des conditions de vie sévères verdoyants ces pays calcaires, grâce vite les éléments de surface, qui sont l’amont, et les cols sont élevés, sauf et incommodes, réduisent les espaces aussi aux dépôts glaciaires et aux revê- au contraire mieux reconnaissables sur aux extrémités. Une glaciation moins exploitables, freinent la circulation, tements marneux. De belles prairies, de les pentes douces des blocs basculés. intense dans cette montagne « méri- tandis que le climat frais de l’été, rude magnifiques forêts donnent à ces deux Ces hautes terres ont un climat plus dionale » a réduit aussi les défonce- de l’hiver limite les cultures. unités une certaine ressemblance dans rigoureux, humide, et connaissent un ments. En compensation, les formes la composition des paysages. Du point de vue de leur structure enneigement prononcé. Des nuances lourdes des Pyrénées comportent, près existent plusieurs ressemblances entre pourtant y opposent les parties occi- des sommets, des surfaces étendues, Plaines et bas plateaux Alpes et Pyrénées, Préalpes et Jura. dentales, très arrosées, et les secteurs des « plâs », ou « calms », à l’altitude Alpes et Pyrénées comportent une Trois types de structure les permettent : orientaux et les dépressions intérieures, des alpages. Dans les Alpes, ceux-ci plus sèches et plus ensoleillées. Voués zone axiale granitique ou schisteuse, se trouvent surtout dans l’encadrement les bassins sédimentaires, les couloirs celle des Pyrénées en position fron- d’effondrement ou d’avant-pays, et aux cultures pauvres, à l’herbe et aux des hautes vallées ; de toute façon, forêts, ces massifs se sont révélés aussi talière, celle des Alpes s’étendant du il existe dans les deux chaînes des les espaces de remblaiement fluvial ou aptes à l’industrie grâce à leurs eaux Mont-Blanc à l’Oisans, et une bande conditions favorables à l’estivage des marin. vives, aux bois et aux gîtes minéraux. de terrains plissés où dominent les as- troupeaux. y Le premier type, en France, se ren- Ils ont attiré la première métallur- sises calcaires. Cette bande est étroite contre dans les Bassins aquitain et pa- Chacune des deux montagnes a un gie, les industries textiles (il convient (maximum de 30 km) et vigoureuse- risien, comblés par des sédiments se- secteur voisin de la Méditerranée, où d’ajouter, pour le Massif central, le ment redressée, formant un véritable condaires puis tertiaires, qui ne furent la neige est plus rare (la glaciation le rôle du charbon) et la sériciculture. Le « front », dans les Pyrénées, que de- que très faiblement affectés de défor- fut aussi) et la torrentialité plus accu- tourisme s’y développe, suscité par la vancent seulement sur une modeste mations. Plus vaste, le Bassin parisien sée. Les Pyrénées, plus « défilées » des beauté des paysages et des forêts, et longueur des Prépyrénées peu impres- a un relief plus différencié. Les lignes vents d’ouest que les Alpes, qui les maintenant par la neige, malgré cer- sionnantes et vite enfouies sous la sédi- directrices en sont les « côtes », termi- reçoivent de plein fouet, ne sont très tains handicaps (irrégularité de la sai- mentation aquitaine. Dans les Alpes, naisons abruptes des assises calcaires humides qu’en Pays basque et sur le son de neige, difficulté d’accès et in- la zone plissée en avant des massifs inclinées vers l’intérieur de la cuvette front externe jusqu’à l’Ariège, alors et mises en valeur par le déblaiement que les Préalpes au nord de la Drôme des terrains argilo-marneux sous- sont copieusement arrosées, ainsi que les massifs centraux. L’intérieur des jacents, et les talus des entablements subhorizontaux dans la partie la plus deux chaînes connaît une atténuation relative des précipitations, mais celles- centrale. Sur le revers des côtes, en ci restent suffisantes pour que de belles Lorraine, en Normandie, en Sancer- forêts poussent aux étages favorables rois ou Berry, comme sur le revers et que les rivières soient bien alimen- de l’Artois et à la surface des éten- tées. D’où les richesses fort intéres- dues de calcaires tertiaires, s’étendent santes des montagnes, encore dotées les « champagnes », les unes enri- de gisements minéraux (charbon de La chies de limon superficiel, les autres, Mure, fer du Canigou et de l’Ariège, non. Paysages ici de plates-formes autres métaux, pierres) dont dérivent sèches et rocailleuses traversées par la vieille métallurgie et un artisanat des rivières encaissées, aux versants encouragé par la longueur des hivers. retouchés par le gel quaternaire, aux D’où aussi l’intérêt hydro-électrique boisements médiocres en partie dé- de ces massifs, où les dénivellations et frichés cependant, là, en revanche, les lacs ne font pas défaut. L’enneige- profondément humanisés et intégrale- 4574 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 9 ment cultivés, aux espaces découverts en des revers de plateaux calcaires, les une faune variée protégée par une « ré- long des Landes, ou du Languedoc, et sans verdure. Au contraire, des « garrigues », que couvre une végéta- serve », et possède de vastes salines. c’est-à-dire là où de grandes dérives plaines humides et verdoyantes, quel- tion de steppe arbustive issue de la dé- des eaux permettent le cheminement quefois parsemées d’étangs (Woëvre, gradation d’une forêt, et des collines Les littoraux des sables que le vent remodèle en Saulnois en Lorraine), se rencontrent caillouteuses, les « costières », avant dunes en arrière des vastes plages. Le La France possède 3 100 km de côtes en disposition allongée au pied des de passer à une zone basse littorale. delta du Rhône est de même retouché (chiffre que l’on pourrait doubler si côtes (Lorraine, Normandie occiden- y Les abords des littoraux localisent l’on tenait compte des nombreuses dans ses contours. tale), aux abords des massifs anciens la troisième catégorie de plaines. indentations) ; aucun point du territoire Au total, l’espace français connaît (Bessin, Terre Plaine morvandelle) Issus du remblaiement flandrien, ce n’est à plus de 400 km d’un littoral. une superposition de trames liées aux ou au coeur d’ondulations éventrées sont par exemple les marais de vase Ces côtes sont souvent fort belles, et facteurs physiques qui aboutissent à (Bray, Boulonnais) ou à leur lisière ou de bri des côtes de la mer du Nord leur diversité est le reflet de la variété différencier des domaines à contours (Flandre intérieure). Les champagnes (Flandre maritime), de la Manche même de l’arrière-pays. Toutefois, il flous mais ayant toutefois de fortes ne sont pas absentes de l’Aquitaine, (Marquenterre, basse Seine, marais de faut se souvenir que le tracé actuel personnalités, contenant les uns et les mais se limitent à la Charente, à la Dol) ou de l’Atlantique (marais bre- est hérité des dernières pulsations du autres des bons et des mauvais pays, Saintonge et au Périgord, car le relief ton, poitevin, charentais, palus borde- niveau marin au Quaternaire et que le et ayant leurs propres équilibres et leur de côtes n’y est que médiocrement lais). Situés dans des golfes tendant à caractère dominant d’un littoral ennoyé capital de richesses naturelles. représenté. En revanche, les terres se déprimer, dans des estuaires ou à est dû à la remontée toute récente des H. N. lourdes y sont présentes sous la forme l’abri de cordons littoraux, ils se col- eaux (transgression flandrienne). des « terre-forts », sols des collines matent par les apports marins qu’une La topographie des rivages tient mollassiques de l’Armagnac et du LA POPULATION végétation halophile fixe et exhausse compte étroitement des reliefs conti- Toulousain aux croupes multiples et que l’homme s’approprie progres- nentaux. Dans les zones montagneuses et confuses. Dans les deux bassins Au recensement de 1968, on dénom- sivement par des « prises » (pol- (Provence, Alpes maritimes, Corse oc- sédimentaires aussi existent d’autres bra 49 778 540 habitants, répartis ders). Leurs surfaces planes exigent cidentale, Pyrénées orientales), le litto- plaines, sous forme d’amples vallées : sur un territoire (grandes étendues une organisation du drainage et de la ral est souvent élevé, très articulé, avec Val de Loire et basse Seine, couloir lacustres et grands glaciers exclus) de protection (chenaux, digues) qui sont des falaises déchiquetées, des promon- de la Garonne et « rivières » du Lot, 544 000 km 2 : soit une densité kilomé- les aspects marquants du paysage, toires indentés, des calanques étroites, du Tarn ou de la Dordogne ; les sols trique de 92. Augmentant ces dernières encore que l’on y oppose les secteurs des baies évasées. Des îles prolongent alluviaux légers (boulbènes en Aqui- années de 300 000 unités par an, cette externes, asséchés, cultivés ou trans- les principaux accidents (axes de plis, taine) des terrasses et des graves s’y population compte, au début de 1974, formés en prés-salés (voire en marais blocs soulevés). Des contours capri- prêtent aux cultures légumières et 52 000 000 de personnes environ. Si salants ou en parcs pour les élevages cieux caractérisent aussi les côtes du fruitières et à la vigne. Enfin, dans les la France est le pays le plus étendu marins), et les parties internes et plus Massif armoricain ; les rocs solides y deux cas, il ne faudrait pas négliger d’Europe, U. R. S. S. exclue, elle est tourbeuses, plus difficilement drai- donnent de belles falaises que la mer le rôle des dépôts superficiels qui s’y moins peuplée que ses grands parte- nées par suite des tassements (marais cisèle en exploitant les moindres fai- sont formés ou accumulés : argile à naires de la Communauté économique « mouillés »). blesses (car son action est très sélec- silex, sidérolithique et sables aux sols européenne (R. F. A., Italie, Grande- tive), ou des littoraux plus bas, mais pauvres et froids, pays de gâtines et de Régulière et basse, la plaine à Bretagne), et moins densément habi- tout aussi résistants et tourmentés. « brandes » (landes et bois) devenus lagunes qui s’allonge du Roussillon tée que ses voisins, Espagne et Suisse Les principaux caps, les alignements des bocages ou des terrains de chasse, à la Camargue représente une autre exceptées. d’îles sont liés soit à des môles rele- sans parler de la vaste nappe sableuse forme de remblaiement, continental vés, soit à des roches plus résistantes. des Landes, récemment assainie et celui-là. Formée d’alluvions quater- La situation actuelle Les embouchures ennoyées (« abers », plantée de pins. naires marneuses et sableuses, elle a « rivières ») y multiplient les rentrants, La localisation peu à peu colmaté un ancien golfe y La seconde famille de plaines parfois ramifiés. Les rades les plus est associée aux effondrements et dans les lagunes peu profondes dont La population est répartie de façon ouvertes ont les principales plages, aux régions de plissement. Dans les les « étangs » sont les vestiges. La mer très inégale sur le territoire national. mais les anfractuosités logent aussi fossés, les matériaux provenant des se contente de redistribuer les maté- Une vaste région de faible peuplement d’innombrables criques de sable ou de bordures viennent, avec les alluvions riaux que lui apportent des rivières (densités moyennes de l’ordre de 50 à galets. des cours d’eau qui les empruntent, y fortement chargées par l’efficacité de 60 ; densités rurales inférieures à 50, recouvrir les dépôts sédimentaires qui l’érosion méditerranéenne. Derrière Dans les secteurs de bassins sédi- voire à 40, et pouvant même tomber au en constituent le substratum : Alsace, les cordons qui les isolent, les lagunes mentaires, le tracé des côtes est de voisinage de 10) prend en écharpe le Limagne ou Forez, Roussillon, plaine tendent d’ailleurs à se combler. Les même en étroit rapport avec les ondu- pays de l’Ardenne aux Pyrénées. L’est de la Saône. La complexité des jeux sols médiocres, sableux ou salés, le lations de terrain pour les avancées du Bassin parisien (région Champagne- tectoniques, la diversité des apports pullulement des moustiques, l’absence (Boulonnais, pays de Caux, îles cha- Ardenne, Lorraine occidentale) et les de remplissage, voire le volcanisme d’arbres n’avaient pas poussé à un peu- rentaises) comme pour les rentrants pays de la Loire moyenne comptent (Limagne) expliquent la variété des plement dense de ce rivage, jusqu’à (baie de Seine, marais saintongeais). 3 200 000 habitants ; on en dénombre terroirs. Leur climat d’abri, aux l’avancée de la vigne à la fin du XIXe s. Il est en outre dépendant des affleu- 2 millions et demi en Bourgogne et en tendances continentales, permet la et à l’aménagement que l’on y réa- rements de roches qui se succèdent Franche-Comté, dont une grosse part culture de la vigne et du maïs. Les lise aujourd’hui. La Camargue, enfin, et que la mer recoupe (Normandie). le long de la Saône, au pied occidental plaines d’avant-pays montagneux autre construction fluviale, est encore C’est là que s’observent les principaux du Jura et dans la porte de Bourgogne. reculs (que l’on exagère volontiers sont encore plus complexes, car s’y pour un tiers couverte de marécages et Deux millions de personnes vivent en ajoutent les matériaux corrélatifs de d’étangs. Terre amphibie et sauvage, cependant), au détriment des falaises Limousin et en Auvergne, où seule la crayeuses (Caux) ou marneuses. multiples surrections, des phases gla- menacée par les crues du Rhône et Grande Limagne fait figure d’îlot de ciaires et interglaciaires. Le sillon les infiltrations d’eau salée, elle porte Les côtes régularisées par des cor- peuplement dense. De la Vendée aux rhodanien offre ainsi une marque- une végétation particulière, l’engane, dons sont également bien représentées Pyrénées et de l’Atlantique au seuil terie de sols aux aptitudes inégales. steppe tout juste bonne à l’élevage ; en France : en Flandre, comme en li- du Lauragais, on compte un peu plus La plaine du Bas-Languedoc est d’un mais on a pu en améliorer les aptitudes sière de la Picardie, par exemple, au de 6 millions d’habitants : la côte cha- type intermédiaire ; elle se décompose (riz). La Camargue sert aussi d’asile à sud du Cotentin et en Vendée, ou au rentaise et la vallée de la Charente, les 4575 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9 sée et aux campagnes encore très peu- prônent-ils le développement de huit plées, et 9,25 millions dans la Région métropoles d’équilibre d’au moins un parisienne, essentiellement urbaine. million d’habitants chacune : Lille, Au total environ 22,5 millions de per- Nancy, Strasbourg, Lyon, Marseille, sonnes (soit 45 p. 100 de la population) Toulouse, Bordeaux et Nantes. vivent sur 133 000 km 2,à peine le quart du territoire national. Une population rajeunie L’Est français, de la Lorraine à la Il y a en moyenne un peu plus de Méditerranée, montre trois foyers de 105 femmes pour 100 hommes, soit peuplement dense séparés par les ré- un excédent global de l’ordre de gions peu peuplées de la Bourgogne et 1 300 000 en 1968. Parmi les personnes de la Franche-Comté d’une part, des nées après 1923 (moins de 45 ans en Alpes du Sud d’autre part. Les densités 1968), les hommes sont plus nombreux régionales y sont partout supérieures que les femmes. C’est l’inverse pour à 100 habitants au kilomètre carré. les gens plus âgés. La durée de vie est Près de 3,7 millions de personnes ré- en moyenne sensiblement plus faible sident dans le Nord-Est, en Lorraine, pour les hommes (68 ans) que pour les où les ruraux sont peu nombreux, et femmes (75 ans), et les générations en Alsace, où, au contraire, la popu- masculines les plus âgées (nées entre lation rurale reste très forte. Sur les 1880 et 1900) ont été décimées par la 4,4 millions d’habitants de la Région Première Guerre mondiale : cela se tra- Rhône-Alpes, un quart se concentre duit par une dissymétrie très nette sur dans l’agglomération de Lyon, mais le la pyramide des âges. peuplement est aussi fort diffus dans deux tiers). D’Afrique du Nord et de En 1970, un tiers des Français ont l’est du Massif central, dans les val- Yougoslavie viennent aussi une très moins de vingt ans (donc nés après la lées de la Saône, du Rhône et de l’Isère large majorité de travailleurs. Seconde Guerre mondiale) ; près de inférieure, ainsi que dans les grandes 13 p. 100 ont 65 ans et plus, et envi- La population étrangère est très iné- vallées et cluses des Alpes du Nord : ron 54 p. 100 sont des adultes de 20 galement répartie sur le territoire. Près aussi les densités rurales sont-elles à 64 ans. Parmi ceux-ci sont particu- de 350 000 étrangers, de nationalités de 40 à 50 dans ces régions. Plus de lièrement peu nombreux ceux qui sont fort variées, vivent dans la Région pa- 5 millions de personnes sont recensées nés entre 1914 et 1918 et entre 1935 et risienne, vers laquelle par ailleurs les dans la France méditerranéenne. Dans 1945 ; ce sont les « classes creuses », plus forts contingents d’immigrants ont les régions viticoles et maraîchères, les dont l’existence se marque, sur la convergé ces dernières années. Malgré ruraux sont nombreux ; en Provence, le pyramide des âges, par des rentrants les difficultés économiques récentes, peuplement est essentiellement urbain grandes vallées aquitaines, notamment marqués. Pays à fort pourcentage de les étrangers sont encore nombreux et littoral ; on a recensé 270 000 habi- celle de la Garonne, et le piémont pyré- personnes âgées, la France a aussi une dans le Nord (Polonais, Nord-Afri- tants (chiffre d’ailleurs exagéré) seu- néen rassemblent les plus gros effec- population sensiblement rajeunie, ce cains) et dans la Lorraine sidérurgique lement en Corse. Il y a, au total, plus tifs. Au total, moins de 14 millions de qui pose de délicats problèmes d’aide (Italiens, Nord-Africains) : la Moselle de 13 millions de personnes dans cet personnes (moins de 30 p. 100 de la aux personnes âgées et de formation est un des départements où les étran- ensemble, soit un peu plus du quart de population nationale) vivent sur envi- scolaire et universitaire, à une époque gers sont proportionnellement les plus la population totale sur une superficie ron 270 000 km 2,près de la moitié de où est relativement faible le nombre nombreux. Très fortes aussi sont les proportionnellement à peu près équiva- la superficie du pays. de gens en âge de travailler, donc de colonies étrangères de la région lyon- lente du territoire. À l’ouest d’une ligne tirée de Sedan produire la richesse nationale (parmi naise et des Alpes du Nord (Italiens et Au total, 30 p. 100 desFrançais vivent lesquels se situe la majeure partie des à Orléans et à La Rochelle, les den- Nord-Africains entre autres), des pays dans des communes rurales (c’est-à- sités moyennes régionales sont de 75 travailleurs étrangers, qui rapatrient méditerranéens (Italiens en Provence, dire où il y a moins de 2 000 habitants à 100 habitants au kilomètre carré et une part importante de leurs gains). Espagnols en Languedoc et en Rous- groupés), et 70 p. 100 sont des citadins. elles dépassent 300 dans le Nord, Les régions du Sud et du Centre (y sillon) et du Sud-Ouest (Espagnols Plus de 10 p. 100 résident dans des cités approchant 800 dans la Région pari- compris le sud-est du Bassin parisien et et Portugais surtout) : c’est au sud de moins de 10 000 habitants, et plus sienne. Exceptions faites des confins de le Morvan, mais en excluant la région d’une ligne tirée de Bordeaux à Tou- de 12 p. 100 dans des villes de 10 000 l’Île-de-France et de la Picardie d’une lyonnaise) comportent les plus forts louse et à Briançon que les étrangers à 50 000 âmes. Les grandes villes sont part, du sud de la Normandie, du Maine pourcentages de personnes âgées. Les sont, proportionnellement à la popula- peu nombreuses, et souvent de taille et de l’Anjou d’autre part, les densités jeunes sont au contraire plus nombreux tion totale, les plus nombreux. Si des relativement modeste : les aggloméra- rurales sont supérieures à 60 (voire à dans l’Ouest (Bretagne et Normandie), étrangers travaillent dans l’agriculture, tions de 100 000 à 200 000 habitants 80 dans le Nord). Fortement ruraux, dans le Nord et les Ardennes, en Alsace notamment dans le sud de la France, rassemblent un peu plus de 8 p. 100 les pays de l’Ouest armoricain (régions et en Lorraine, ainsi que dans les Alpes et d’autres comme gens de maison, la de la population nationale, et les plus de programme des Pays de la Loire, du Nord. Les Charentes, les pays de la plupart d’entre eux sont employés dans grandes (Paris excepté) 16,7 p. 100. de Bretagne et de Basse-Normandie) Loire moyenne, les régions du centre l’industrie, essentiellement comme Mais, au total, la vingtaine d’agglo- comptent plus de 6 millions d’habi- mérations de plus de 200 000 habitants du pays, l’est du bassin de Paris et la manoeuvres : la carte de la popula- tants. L’existence de nombreuses n’est guère plus peuplée que la seule Bourgogne ont des effectifs élevés de tion étrangère en France se calque en villes, de tailles fort diverses, au mi- agglomération parisienne, qui ras- jeunes et de vieux. grande partie sur celle de la population lieu de campagnes peu peuplées font semble le sixième des Français. L’in- urbaine et sur celle des centres indus- Une forte minorité étrangère que la Haute-Normandie et la Picardie fluence de Paris n’est pas suffisamment triels. Les étrangers sont par contre rassemblent plus de 3 millions d’habi- contrebalancée par celle des villes de Plus de 2 600 000 étrangers ont été re- peu nombreux dans le sud et l’ouest du tants ; on en compte 3,8 millions dans province. Aussi les responsables de la censés en France en 1968, soit un peu Massif central, ainsi qu’à l’ouest d’une la Région du Nord, fortement urbani- politique d’aménagement du territoire plus de 5 p. 100 de la population totale. ligne Bordeaux-Tours-Le Havre. 4576 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 9 4577 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9 La répartition spatiale des actifs vite et, de 1935 à 1939, les décès furent ment de l’âge moyen du mariage et une de 10 à 30 p. 100 de leurs effectifs de par secteurs chaque année plus nombreux que les moyenne plus élevée d’enfants par fa- population. naissances, dont la fréquence annuelle mille. Ce renouveau fut favorisé par la Environ 40 p. 100 des Français exer- Les petites villes, les capitales régio- pour 1 000 habitants tomba aux envi- politique nataliste des gouvernements çaient une activité en 1968 : soit un peu nales et surtout Paris ont accueilli la rons de 13. C’est une France très affai- français depuis la guerre : en votant en plus de 20 millions. Les travailleurs plupart de ces migrants. Au XIXe s., les blie démographiquement, et continuant 1939 le Code de la famille, le Parle- de l’agriculture, dont le nombre ne paysans ont d’autant plus facilement à s’affaiblir, que frappèrent les deux ment inaugura une politique qui trouva cesse de décroître, sont environ 3 mil- quitté des campagnes surpeuplées que guerres mondiales. De 1914 à 1918, sa pleine application à la Libération. lions (soit 15 p. 100 de la population l’industrie urbaine naissante deman- 1 500 000 hommes furent tués et près Néanmoins, depuis 1965, le taux de active totale). Parmi eux, on compte dait des bras. Cet exode a encore été de 1 million, mutilés. On enregistra par natalité s’est sensiblement affaissé, et 500 000 salariés seulement, employés accentué par les crises du monde rural ailleurs une chute brutale de la natalité la fécondité a beaucoup diminué, sans surtout dans les régions de grande et par la ruine de nombreux artisans, qui se répercuta vingt ans plus tard sur qu’on puisse encore dire quelle est culture du nord de la France et dans victorieusement concurrencés par la la nuptialité et la natalité (d’autant plus l’importance du développement des la région méditerranéenne. Le nombre grande industrie. Les brassages de po- que cela correspondait à une période de pratiques anticonceptionnelles dans des travailleurs de l’industrie (bâtiment pulation qui se sont produits lors des graves difficultés économiques) : de là cette nouvelle évolution. et travaux publics inclus), en progrès deux guerres mondiales ont renforcé le déficit des naissances enregistré à la constants, approche les 8 millions, soit le mouvement. Enfin, depuis une quin- veille de la Seconde Guerre mondiale. L’exode rural près de 40 p. 100 de la population ac- zaine d’années, le nombre des agricul- Celle-ci causa à son tour la perte d’en- tive : la très grosse majorité est, dans Si le renouveau démographique risque teurs diminue très rapidement (150 000 viron 600 000 vies humaines, mais de ce secteur, constituée de salariés. Plus d’avoir été un phénomène de courte par an en moyenne). Ce délestage agri- personnes d’âges et de sexes différents. rapide encore est le développement des durée, l’exode rural, d’ampleur sécu- cole n’est du reste pas généralisé : de emplois tertiaires : près de 9,2 mil- Depuis 1945, la France a connu laire, se poursuit encore. En fait, la véritables colonisations intérieures ont lions de personnes, soit 45 p. 100 de un vigoureux renouveau démogra- répartition actuelle de la population, été entreprises (landes de Gascogne, la population active, travaillent dans phique, donnant un croît naturel de les différences régionales dans les taux périmètres irrigués du Bas-Languedoc, ce secteur, aux activités de plus en plus plus de 300 000 personnes (soit de 7 de mortalité et de natalité sont le résul- Corse orientale) mais d’une portée diversifiées. à 8 p. 1 000 en moyenne) par an, tout tat de plus d’un siècle d’exode rural. limitée. au moins jusqu’en 1967. L’excédent Faute de documents suffisamment Dans les régions situées à l’ouest provient en partie d’une diminution anciens, il n’est pas possible de fixer d’une ligne allant du Havre à Dijon et Quatre-vingts ans d’immigration de la mortalité, encore que, compte avec certitude le point de départ de au delta du Rhône, les agriculteurs sont étrangère tenu du fort pourcentage de personnes cette évolution. Toutefois, si le mouve- encore très nombreux. Ils constituent L’affaiblissement démographique pré- âgées, le taux de mortalité (qui était, il ment d’exode rural a touché certaines la majorité de la population active coce de la France l’a amenée à se tour- est vrai, supérieur à 15 p. 1 000 avant régions dès les dernières décennies du dans les régions faiblement urbani- ner très tôt vers des sources étrangères. 1939) n’a pu être ramené au-dessous de XVIIIe s. ou la période révolutionnaire sées (Ouest armoricain, Massif central De 400 000 sous le second Empire, le 11 p. 1 000. Les taux les plus élevés sont et impériale, il ne se généralisa qu’à et Aquitaine intérieure) ; ils sont aussi nombre des étrangers fut porté à 1 mil- enregistrés dans le centre de la France partir du milieu du XIXe s. Au recense- nombreux que les travailleurs de l’in- lion au début du XXe s. Les plus forts (Limousin, Auvergne, Bourgogne) et ment de 1846, les trois quarts des Fran- dustrie et du secteur tertiaire dans les effectifs étaient alors recensés à Paris, dans la moitié méridionale du pays. Le çais étaient des ruraux. La population régions et départements à taux d’urba- dans la région du Nord, en Meurthe- déclin de la mortalité reflète du reste urbaine devint plus nombreuse que la nisation croissant (Basse-Loire et Loire et-Moselle (où on fit alors appel à de très largement celui de la mortalité in- population rurale au recensement de moyenne, Charentes, Bas-Languedoc, nombreux Italiens pour la mise en va- fantile, ramenée, elle, de 160 p. 1 000 1931. Après avoir quelque peu stagné piémont pyrénéen et surtout Gironde et leur des mines de fer) et surtout dans au début du XXe s. à 65 p. 1 000 de 1946 de 1931 à 1946, l’exode rural et l’essor Haute-Garonne). Dans la partie orientale les départements provençaux. à 1950, à 20 p. 1 000 de 1960 à 1965 et urbain ont repris depuis un quart de du pays, seuls les pays de la Saône et le à 17 p. 1 000 actuellement. siècle. Les gros besoins en main-d’oeuvre Jura d’une part, la Champagne, la Lor- pour la reconstruction de l’économie raine occidentale et la Picardie d’autre Mais le renouveau démographique L’exode rural a touché toutes les nationale après 1919 nécessitaient part gardent une forte teinte agricole. a été essentiellement lié à une reprise régions de France, mais il a sévi avec d’autant plus le recours à des étran- Les régions frontalières de la Belgique fort vigoureuse de la natalité au lende- une rigueur particulièrement forte dans gers que les classes en âge de travailler (de Sedan à la mer), le Nord-Est, la main de la Seconde Guerre mondiale et quelques-unes. Les montagnes de la avaient été fortement décimées par la Loire et l’Isère ont une population en au début des années 50 (taux de natalité France méridionale ont été parmi les guerre. Le nombre des étrangers ins- majorité industrielle ; les activités ter- supérieur à 20 p. 1 000, soit de 800 000 plus touchées : la population actuelle tallés en France s’éleva de 1 500 000 tiaires l’emportent dans la Basse-Seine, à 900 000 naissances par an). Ce taux est inférieure de 30 à60 p. 100 au maxi- en 1921 à 2 700 000 en 1931 ; jamais, l’Alsace du Nord, la Provence et la Côte s’est affaissé au cours de la décennie mum atteint dans les Alpes du Sud, le d’Azur. Secteurs secondaire et tertiaire 1960-1970 au point de se rapprocher sud du Massif central et les Pyrénées par la suite, les arrivées ne furent aussi nombreuses qu’entre 1925 et 1930. s’équilibrent à peu près dans l’agglomé- d’un niveau voisin de celui d’avant- centrales ; les villages en ruine, encore ration parisienne. guerre (16 p. 1 000 environ). Il reste peuplés de quelques vieilles personnes, Convergèrent alors vers la France des que, la population étant aujourd’hui les friches qui progressent partout tra- Italiens, pour la plupart originaires du Un siècle d’évolution plus nombreuse, on enregistre encore duisent la misère démographique de nord de leur pays, notamment du Frioul plus de 800 000 naissances par an ces régions. Souvent aussi fortes ont et de Vénétie, et des Belges ; arrivèrent Un renouveau démographique (contre 600 000 avant 1939) ; cette na- été les pertes humaines en Aquitaine en grand nombre des Tchèques et qui semble s’achever talité est par ailleurs plus forte dans les centrale (Lot, Tarn-et-Garonne, Gers), plus encore des Polonais venant tra- Du milieu du XIXe s. à la Seconde régions situées au nord des lignes La dans le Limousin (Creuse notamment), vailler dans les mines de charbon du Guerre mondiale, le rythme d’accrois- Rochelle-Orléans-Genève que dans les sur les confins armoricains (Orne, Nord. Lors de la démobilisation, cer- sement naturel de la population n’avait régions méridionales, où le vieillisse- Mayenne), dans le Morvan et sur les tains Algériens restèrent en France. Le cessé de diminuer. Si la mortalité ré- ment de la population est plus marqué. plateaux de l’est du bassin de Paris, de mouvement d’immigration se ralentit gressait, la natalité baissait encore plus Cette évolution reflète d’abord la forte Dijon à Sedan (Haute-Saône, Haute- dans les années 1930. S’il est vrai que vite. L’excédent naturel annuel dimi- reprise de natalité, liée aux mariages Marne et Meuse notamment). Sans la France accueillit des réfugiés espa- nua alors assez régulièrement. Légè- différés, dans les années qui ont suivi être aussi spectaculaire, l’exode rural gnols lors de la guerre civile qui ensan- rement remonté après 1918, il retomba la guerre ; elle traduit aussi un abaisse- a vidé la plupart des autres régions glanta ce pays, nombre de Tchèques 4578 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 9 et de Polonais regagnèrent leur pays. des Lorrains gagnent aujourd’hui quo- viron 47 milliards et, salaires et impôts hivers rigoureux. C’est la conjonc- La guerre provoqua le départ de nom- tidiennement la Sarre, et des Alsaciens déduits, à un revenu brut d’exploitation tion de la chaleur et de l’humidité qui breux étrangers et la disparition d’un le pays de Bade. de 36 milliards. fait du Sud-Ouest aquitain un milieu grand nombre d’israélites. En 1946, il propice au maïs. C’est la douceur des Si la valeur économique de l’agri- n’y avait plus que 1 700 000 étrangers Conclusion littoraux atlantiques qui permet à des culture n’atteint pas le dixième des (dont 450 000 Italiens, 423 000 Polo- cultures délicates, par exemple de lé- activités nationales, la France est pour- De 27,5 millions d’habitants en 1801, nais et 302 000 Espagnols) ; il est vrai gumes, de remonter assez haut en lati- tant, parmi les grandes puissances, année où fut effectué le premier re- que, de 1936 à 1946, le nombre des tude. La variété du relief, enfin, permet l’une de celles où l’agriculture tient censement, la population française naturalisés s’était élevé de 400 000 à de nombreuses complémentarités, en encore une place très au-dessus de la s’est élevée à environ 52 millions en 900 000. particulier dans les différentes parties moyenne. Les actifs agricoles repré- 1974. L’effondrement démographique Dans les années qui suivirent la Se- sentaient, en 1946, plus de 36 p. 100 des cycles de l’élevage. des campagnes et la croissance urbaine conde Guerre mondiale, les effectifs du total des personnes actives. Malgré Bien entendu, ces aptitudes ne se- se sont effectués dans un cadre admi- d’étrangers résidant en France se sta- les profonds changements intervenus raient rien sans la qualité de l’envi- nistratif immuable, issu des réformes bilisèrent. En 1954, on recensa 1,8 mil- depuis, ils étaient encore 16 p. 100 ronnement économique général et administratives de la Constituante. Les lion d’étrangers. L’expansion écono- du total en 1968, ce qui est nettement sans le poids des attitudes passées et 52 millions de Français vivent dans plus mique qui s’amorça alors suscita une supérieur aux taux allemand (9 p. 100), présentes, d’autant qu’elles sont bien de 37 000 communes, très diverses. Si nouvelle vague d’immigration presque britannique ou américain (3 p. 100) : relatives : c’est ainsi que de nombreux Paris compte plus de 2,5 millions d’ha- aussi forte que celle des années 1920. un peu moins de 3 millions de travail- terroirs ont été complètement transfor- bitants, et si près de 300 communes Cette immigration est organisée par leurs, dont 300 000 salariés, sur envi- més par les amendements et les engrais constituant l’agglomération parisienne l’Office national d’immigration, créé ron 1 500 000 exploitations (1 587 600 (Ségala, Bretagne du Nord et même rassemblent 8,2 millions d’habitants, en 1945, mais qui doit se contenter en 1970, 2 284 000 en 1955), soit 20 ha certaines landes comme les Brandes près de 1 000 circonscriptions adminis- souvent de régulariser des entrées en moyenne par exploitation et 10 ha poitevines) ; la craie champenoise, tratives ont moins de 50 habitants, en clandestines. Arrivent de plus en plus par UTH (unité travailleur-homme à réputée fort médiocre jusqu’au milieu comptant au total seulement 33 100 ; des travailleurs isolés, décidés à res- plein temps). Mais les statistiques dans du XXe s., porte désormais de superbes 2 900 autres, de 50 à 99 habitants cha- ter quelques années seulement : aussi, ces domaines sont fort variées et com- récoltes grâce à l’addition d’engrais et cune, en rassemblent 221 000. Ces ina- chaque année, les départs sont-ils nom- plexes, et les définitions fluctuantes. à la culture mécanique ; les nouvelles daptations et ces disparités justifient breux et les naturalisations peu fré- variétés de maïs ont fait remonter la les divers essais de réformes adminis- quentes. Les Polonais et les Tchèques Les conditions naturelles limite septentrionale de sa culture tout tratives (dont la réalisation se heurte à n’émigrent plus. Jusqu’au début des au nord de la France. Mais, du moins, le de fortes inerties), ainsi que la mise en années 1960, les Italiens, originaires Ces chiffres élevés tiennent en partie territoire national pouvait-il répondre place d’organismes pluricommunaux de toutes les régions de leur pays, ont à l’ampleur et à la qualité de l’espace efficacement aux progrès de la techno- (syndicats intercommunaux, commu- été les plus nombreux ; depuis 1961, cultivable. La surface agricole utili- logie. Trop même, peut-être, dans la nautés urbaines). leur nombre a sensiblement diminué. sée (S. A. U.) occupe 33 421 000 ha : mesure où une agriculture moins dif- Par contre arrivent de gros contingents S. L. 60 p. 100 du territoire national. C’est ficile que dans d’autres États a évolué d’Espagnols, de Portugais et d’Algé- près de la moitié (47 p. 100) de la moins radicalement aussi, et admet riens. La France emploie aussi des L’AGRICULTURE S. A. U. de la Communauté écono- encore bien des traits du passé : une travailleurs originaires d’Europe du mique européenne. L’ensemble se concentration insuffisante des moyens, Sud-Est, du Maroc et même d’Afrique divise en 17 200 000 ha de labours, Son importance chiffrée une productivité qui n’est pas partout à noire. Ajoutons qu’il lui a fallu intégrer dont la surface a longtemps régressé la hauteur des voisins de l’Europe du dans l’économie nationale les Français La France est, à plusieurs titres, l’une (26 millions au maximum de 1862, 19 Nord-Ouest. qui avaient dû quitter l’Algérie : le plus des grandes puissances agricoles du en 1960), 13 900 000 ha d’herbages grand nombre d’entre eux s’est établi monde, et tout d’abord par le volume et 2 300 000 ha de cultures spéciali- L’héritage du passé dans la France méditerranéenne, mais de ses productions. Ces dernières an- sées (vigne, fruits, etc.). D’autre part, de gros effectifs se sont aussi installés nées, la France a produit 13 à 15 Mt la France bénéficie d’une heureuse Le monde agricole s’est fortement dans le Sud-Ouest, la région lyonnaise, de blé (cinquième producteur mon- convergence pédologique et clima- contracté depuis le milieu du XIXe s. les pays de la Seine et le Nord-Est. dial, quatrième exportateur), 8 Mt tique. Elle réunit en effet sur son ter- Sans doute, les familles de cultivateurs d’orge (quatrième producteur) et 2 Mt ritoire quelques-uns des espaces les avaient, depuis des siècles, contribué Par ailleurs, de 120 000 à 150 000 travailleurs saisonniers sont d’avoine (sixième), 7,5 Mt de maïs plus doués en Europe. C’est d’abord à l’accroissement de la population ur- (sixième), 17,5 Mt de betterave à sucre une part, ici élargie, de la longue bande baine. Mais jamais les densités rurales recrutés chaque année par l’inter- médiaire de l’O. N. I. pour exécuter (troisième), 9 Mt de pommes de terre de plaines limoneuses qui, non loin n’avaient été plus fortes qu’à la fin du un certain nombre de travaux agri- (cinquième), 60 à 75 Mhl de vin (pre- du front des anciens glaciers quater- XVIIIe et au début du XIXe s. Des terroirs coles. La plupart sont des Espagnols, mier ou deuxième producteur selon les naires, ont été recouvertes de dépôts très difficiles, notamment en altitude, employés les uns dans les régions de années). Elle compte 22 M de bovins fins, supports des excellents sols qui se avaient dû être occupés péniblement. culture de betterave à sucre (Nord et (dixième rang) produisant 320 Mhl de suivent du Bassin parisien à l’Ukraine Alors, les surcharges rurales d’un Bassin parisien), les autres pour les lait ; 10 M d’ovins et 11 M de porcins. en passant par le Brabant et les Bör- côté, l’appel des villes et des mines de vendanges, dans le vignoble languedo- C’est, de loin, le premier État agricole den de Westphalie. C’est aussi l’ample l’époque de la révolution industrielle cien essentiellement. Enfin, des mou- d’Europe (U. R. S. S. mise à part) et façade méditerranéenne, où l’ensoleil- de l’autre ont déclenché l’exode rural. vements complexes de travailleurs sont probablement le sixième du monde. lement favorise la culture de la vigne et Les jeunes et les femmes ont fui des enregistrés dans les régions fronta- L’ensemble de la production repré- des fruits et, joint à l’irrigation à partir campagnes d’autant plus surpeuplées lières. Des Espagnols viennent travail- sente 8 à 9 p. 100 du produit national, des fleuves alimentés par les précipita- que s’y éteignaient une à une les acti- ler sur la Côte basque française ; des c’est-à-dire une valeur brute supé- tions montagnardes, permet certaines vités artisanales et les petites indus- Belges viennent dans les usines textiles rieure à 70 milliards de francs, dont cultures très intensives. C’est l’en- tries d’appoint, compromises par la de l’agglomération lilloise, et des Fran- 44 p. 100 seulement en produits végé- semble des collines arrosées de l’Ouest, concurrence victorieuse des grandes çais passent en Belgique. Alors qu’il taux (14 p. 100 en céréales). Si l’on ôte favorables à la pousse de l’herbe et en industries nouvelles. On a pu, surtout y a quelques années des Allemands les consommations intermédiaires, cela général à la croissance des végétaux, en montagne, arriver au point où l’am- travaillaient en Lorraine et en Alsace, correspond à une valeur ajoutée d’en- sous un climat qui ne connaît pas les pleur de l’exode a découragé tous les 4579
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