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Larousse. La Grande encyclopédie. Tom 4 PDF

573 Pages·2016·25.2 MB·French
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Volume 4 Cet ouvrage est paru à l’origine aux Éditions Larousse en 1972 ; sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL. Cette édition numérique a été spécialement recomposée par les Éditions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la BnF pour la bibliothèque numérique Gallica. La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 4 (1804-1886) et à la manière roman- tiel, mais non exclusif du degré de cette inclinaison, le fluage commence. Boudin (Eugène) tique, Boudin évite toute dramatisation viscosité. À ce moment, les liaisons rigides sont comme toute anecdote. Point de tem- rompues, la valeur f s’annule durant le Selon la composition et le degré Peintre français (Honfleur 1824 - pêtes, ni de précisions sur un gréement, mouvement et la tranche de boue peut d’affinité des éléments les plus fins Deauville 1898). mais une analyse de la lumière. reprendre la forme d’une surface hori- du mélange, la boue, au point de vue Dans l’histoire de la peinture du Ce souci de l’essentiel, un pro- rhéologique, peut avoir les caracté- zontale, ainsi que son équilibre. Par le XIXe s., la situation de Boudin est assez blème de valeurs et d’harmonies colo- ristiques d’un liquide très visqueux et repos, les liaisons rigides, dues à la for- paradoxale. Mariniste autodidacte, il rées, apparaît spécialement dans les sans structure notable, ou celle qui est mation spontanée d’une microréticula- mène une carrière indépendante et ef- scènes de plage, faites sur les conseils voisine d’une suspension colloïdale tion intergranulaire, se reconstituent en facée, dont le sérieux et la constance, d’Isabey et auxquelles Boudin dut ses douée d’un certain degré de rigidité, un temps plus ou moins bref, appelé surtout, lui vaudront une célébrité tar- premiers succès. Crinolines et redin- résultant d’une réticulation intergra- durée de raffermissement ; le liquide, dive. Loué cependant dès ses débuts gotes, cabines et parasols permettent nulaire tridimensionnelle. Ce degré de rendu simplement visqueux durant le par Baudelaire, aidé des conseils de l’emploi de tons locaux larges et forts, rigidité peut être défini, pour une visco- mouvement (c’est-à-dire obéissant à la Courbet* et de Millet*, collaborateur qui contrastent avec le raffinement sité apparente déterminée, par l’angle formule avec V > V), rede- de Constant Troyon (v. Barbizon), ini- des teintes naturelles. Là encore, une qu’il convient d’imposer à une tranche vient rigide dès que la position hori- tiateur de Monet*, ce peintre en marge même formule est inlassablement répé- d’épaisseur donnée et de surface hori- zontale est retrouvée. Durant le fluage, peut être regardé comme un original tée : les estivants sont placés parallè- zontale, pour qu’il y ait rupture d’équi- d’ailleurs, l’effort F diminue au fur et précurseur de l’impressionnisme*. lement à la mer, sur toute la longueur libre statique par fluage de la boue. à mesure que la surface se rapproche du tableau, ce qui permet d’abrupts de nouveau de l’horizontalité ; la Boudin donne l’exemple d’une vo- cadrages. À la différence de Constan- vitesse V diminue proportionnelle- cation impérieuse, mais développée Propriétés générales tin Guys (1802-1892), Boudin ne fait ment à l’effort F, et, quand, de nou- sans rupture avec son milieu d’origine. pas une chronique sociale, moins sou- La valeur de l’effort F qui doit être veau, l’horizontalité est acquise, les Né d’une modeste famille de marins, cieux de psychologie et de mode que appliqué à un élément de surface de deux quantités F et V s’annulent ; la mousse puis commis au Havre, il des conséquences colorées de cette 1 cm 2, parallèle à la surface d’une valeur F se reconstitue ensuite. Cette montre un goût décidé pour le dessin transition entre ciel et terre que font les tranche de boue fine d’épaisseur e, propriété de réversibilité entre deux et la peinture. Une bourse obtenue en personnages. pour donner à cet élément un déplace- états, fluidification par le mouvement 1851 lui procure un séjour de trois ment à la vitesse V est fournie par la et rigidification par le repos, qui peut se ans à Paris, occasion de copier les On retrouve la même approche du formule répéter un nombre indéterminé de fois, Hollandais du Louvre ; mais Boudin sujet dans le troisième des genres pra- est dénommée thixotropie. Elle est, en travaille seul, sans passer par les ate- tiqué par Boudin (et particulièrement fait, une propriété colloïdale ; c’est la liers, et se confirme dans le choix de bien représenté au musée du Havre), étant un coefficient de viscosité pure faculté de passage d’un sol (solution à ses sujets, liés à sa province et àla mer. celui des paysages avec ou sans ani- Les années qui suivent, difficiles, sont maux et des scènes de la vie rustique : et f un facteur caractérisant la « rigi- l’état fluide) à un gel (solution à l’état analyse géométrique et nerveuse des dité ». En général et en première ap- rigide). Les sols, ou solutions colloï- marquées par le retour au Havre et des formes, qui donne l’essentiel ; nota- proximation, les nombres (coefficient dales, sont des dispersions d’éléments séjours successifs en Bretagne, à Étre- tions chromatiques permettant de se de viscosité) et f (coefficient de rigi- très fins, ou micelles, de dimensions tat, à Honfleur (ferme Saint-Siméon) et consacrer aux seules variations de la dité) sont des constantes. La valeur de f variables, mais comprises entre 0,2 et à Trouville. lumière et de l’atmosphère sur le motif. peut varier, selon la nature de la boue, 0,02 . À partir de 1861, installé l’hiver à depuis une valeur nulle jusqu’à une Les émulsions sont comparables, par Aussi, l’essentiel de l’oeuvre de Bou- Paris, où il travaille pour Troyon et valeur caractéristique, toujours relati- leurs propriétés, aux sols colloïdaux, din reste peut-être cette série de dessins expose régulièrement au Salon, Bou- vement faible vis-à-vis de la quantité mais avec des grosseurs de particules et de pastels qui avaient tant frappé din consacre le reste de l’année à ses plus fortes (de 0,5 à 5 ). Elles peuvent Baudelaire ; méthodiquement conser- paysages bretons et normands. À partir 1. Si le coefficient f est nul, on a être constituées par des dispersions sta- vés par l’artiste, légués au Louvre, ils de 1868, le succès s’affirmant, il peut La boue est douée de viscosité pure, bilisées soit de globules d’un liquide constituent son mémento : annales du étendre son horizon par des voyages en sans aucune structure rigide interne. Si non miscible au liquide aqueux dis- temps et des jours qui, sans les raffi- Belgique, en Hollande et en Italie. faible que soit la force F, la vitesse de persant, soit de particules solides de nements littéraires d’un Whistler* et Peintre de marines, plus exactement déformation V n’est pas nulle ; de ce dimensions analogues à celles des glo- avec une tension moindre que celle de « paysages de mer », il se cantonne fait, si petit que soit l’angle d’inclinai- bules. Les émulsions, qu’il s’agisse de d’un Jongkind*, traduisent bien les dans son domaine et sait d’emblée ce son donné à la tranche de boue à partir globules liquides ou de fines particules ambitions et les succès d’un art à la foi qu’il veut atteindre. Dès 1854, dans ses de l’horizontale, il y a rupture d’équi- solides, sont maintenues à l’état de impressionniste et réaliste. carnets, il exprime ses doutes et son libre et fluage jusqu’à ce qu’une nou- liquides stables grâce à des substances B. F. désir de perfection, tout entier tourné velle surface horizontale soit atteinte. appelées émulsifs, qui sont adsorbées en G. Cahen, Eugène Boudin, sa vie et son oeuvre vers l’ambiance atmosphérique : La vitesse ne s’annule que si la force couche monomoléculaire à la surface (Floury, 1900). / G. Jean-Aubry, Eugène Bou- « Nager en plein ciel [...] arriver aux din d’après des documents inédits (Bernheim, F devient nulle. Le rapport est le des micrograins ou des microglobules 1922 ; nouv. éd., Bibliothèque des arts, 1968). tendresses du nuage [...] quelle jouis- gradient de déformation de la tranche dispersés, mais qui ne les empêchent CATALOGUE D’EXPOSITION. Boudin, aqua- sance et quel tourment. » Toutes ses de boue d’épaisseur e et caractérise la de se souder et de se réticuler que du- relles et pastels (Cabinet des dessins du musée marines, du Havre à Venise, résolvent du Louvre, Paris, 1965). « distorsion » imposée à cette tranche. rant un temps plus ou moins long. En « des états d’atmosphère, des jeux de 2. Si le coefficient f n’est pas nul, on fait, les émulsions acquièrent une très lumière [...] des brumes en suspension, peut écrire La vitesse de légère rigidité par le repos ; elles se des ciels lourds, l’indécision des hori- déformation V ne prend naissance que trouvent donc plus ou moins gélifiées, boue zons marins » (G. Geffroy). La for- si la différence F – f est positive ; si état de transition qui aboutit finalement mule varie peu : format rectangulaire F = f, la vitesse V est nulle et le reste à la rupture de l’état émulsifié, c’est-à- allongé, ciel occupant les deux tiers Dispersion, dans l’eau, de poussières tant que l’effort F n’atteint pas la va- dire à la floculation des éléments ; c’est de la surface, bateaux le plus souvent de natures diverses, minérales et orga- leur f, qui peut être très faible. Une un phénomène tout à fait comparable parallèles à la ligne d’horizon, point niques, formant un mélange stable, de tranche de boue horizontale peut donc à la floculation des colloïdes, la flocu- de vue surélevé repoussant le premier consistance variable suivant le rapport prendre une certaine inclinaison sans lation étant caractérisée par la sépara- plan. Par rapport à Eugène Isabey pondéral poussière/eau, facteur essen- que l’équilibre soit rompu ; au-delà de tion totale des phases dispersantes et 1681 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4 dispersées, opérée brutalement, avec Les propriétés des dispersions fines de ce sol. Elle doit en outre garder sel à cation trivalent, tel que le sulfate extériorisation de ces phases, tandis et stables dans l’eau (gélification, flo- sa densité d’une manière uniforme et d’alumine ou les sels ferriques. Pour que la gélification, ou formation d’un culation, thixotropie, sédimentation, s’opposer à toute sédimentation. Dans la floculation des boues floconneuses gel, est une séparation partielle, plus ou crémage, coalescence) sont applicables la pratique, on utilise surtout la ben- des eaux usées, on utilise des sels fer- moins complète, des deux phases, qui, à la plupart des boues, dont certaines tonite sodique, colloïde argileux du riques, plus économiques que le sulfate toutefois, ne s’extériorisent pas, mais sont utilisées industriellement, notam- type montmorillonite, mais avec ions d’alumine, qui est le floculant le plus demeurent étroitement mêlées. Un fac- ment les boues de forage en matière sodiques incorporés ; cette dispersion a actif. teur qui joue un rôle essentiel dans les de recherches pétrolières et les boues des propriétés thixotropiques très éle- ruptures d’équilibre, telles que la flo- activées dans les techniques d’assainis- vées, et son pouvoir rétenteur d’eau est Boues activées culation, est le mouvement brownien, sement des eaux usées. énorme, atteignant de dix à trente fois Ce sont des boues tirées des eaux usées dû au bombardement des particules le volume de la bentonite proprement qui sont soumises alternativement à dispersées par les molécules du liquide Boues de forage dite. l’aération et au repos. Elles comportent dispersant, sujettes à l’agitation molé- dans leur sein des substances vivantes, Ces boues sont utilisées dans la tech- culaire, en relation avec la température. Assainissement et notamment des Bactéries, et des subs- nique de creusement des puits de pé- Le mouvement brownien est sensible clarification des tances organiques en décomposition. trole. Il s’agit de boues à la fois très dans les émulsions dont la dimension eaux usées Leurs flocons apparaissent sous une fines et très denses et en outre stables des particules est fine, c’est-à-dire ne forme gélatineuse. Les Protozoaires et dépassant pas 1 . Il est intense quand qui jouent un double rôle. Au niveau La plupart des matières en suspension les Bactéries qui s’y trouvent transfor- les particules ont une dimension infé- le plus bas du forage, elles lubrifient dans les eaux usées sont si fines qu’on ment l’ensemble en attaquant la ma- rieure à 0,5 ; comparée à la vitesse de le trépan et l’empêchent de s’échauffer ne peut les retenir par des tamis, aussi tière colloïdale et en laissant des rési- sédimentation ou de « crémage », selon dangereusement durant le percement serrés soient-ils ; en outre, on ne saurait dus solides, dont la décantation clarifie la densité de la phase dispersée par rap- des roches dures. Elles s’opposent espérer pouvoir les concentrer et les les eaux usées. port à la densité du milieu dispersant, aussi au phénomène d’abrasion par éliminer par écumage, car ces matières dans le cas où les grains sont très petits les éléments fins provenant des roches sont plus denses que le milieu qui les Fleuves de boue ou dans le cas où la différence de den- usées, qui mettraient rapidement le disperse. Aussi doit-on les séparer en sité des deux phases est faible, la vi- trépan hors d’usage en émoussant son provoquant leur sédimentation sur les Quand des terrains glaiseux, dans les- tesse des particules dans le mouvement tranchant. Mais leur rôle essentiel est fonds des décanteurs. quels remontent normalement des eaux brownien est beaucoup plus forte que de s’opposer aux éboulements. Elles capillaires à partir de la nappe phréa- celle du mouvement continu de chute se comportent en effet comme un élé- Boues grenues tique, sont soumis à des gelées fortes ou de remontée. ment qui fait corps avec la paroi, sans Les boues grenues, dont les principales et surtout prolongées (parfois durant risquer de détremper et de ramollir Une particule solide de 1 , en sus- sont les limons sablonneux, les terres des semaines), il se forme au niveau celle-ci, tout en la contre-butant. Ce pension dans l’eau, et animée d’un glaiseuses, les boues charbonneuses, inférieur de la frange congelée, de rôle est d’autant mieux assuré que la mouvement brownien, a une vitesse sont constituées par des éléments en 0,70 m à 1,20 m de profondeur, selon boue est plus rigide et plus dense. Ces moyenne de 3 /s, soit cinquante fois suspension, individualisés, qui préci- l’intensité du gel, des accumulations sujétions conduisent à réaliser la pré- plus grande que la vitesse de chute ou pitent, indépendamment les uns des d’eaux anormales, qui sont bloquées au paration de boues stabilisées avec des de remontée due à l’action de la pesan- autres, suivant la loi de Stockes, à vi- fur et à mesure au niveau inférieur du éléments ultra-fins, à très forte den- teur. On pourrait donc penser qu’il tesse constante pour chaque grosseur sol congelé. Cette eau gèle sous forme serait impossible, en raison du mou- sité de grains en suspension. De telles de grains. de lentilles de glace. Au dégel, le sol, boues doivent être essentiellement vement brownien, d’obtenir la décan- imbibé à ce niveau de deux à trois fois tation, par sédimentation ou crémage, thixotropiques, leur thixotropie étant Boues floconneuses son volume d’eau, se liquéfie littérale- caractérisée par un temps de raffer- des particules dont les dimensions sont Les boues floconneuses ne peuvent ment en formant une couche de boue li- missement aussi court que possible, ce inférieures à 0,5 , au sein de disper- précipiter que par le phénomène de la quide rendant toute la partie supérieure qui facilite leur rôle de contre-butée en sions stables ou stabilisées. Mais un coalescence : elles s’agglutinent en élé- instable, et l’on assiste à des coulées de autre phénomène intervient pour gros- s’opposant aux éboulements dans les ments qui grossissent constamment, de glaise diluée qui entraînent avec elles parties « calmes », nettement au-dessus sir les particules et accroître, de ce fait, telle sorte que leur vitesse de décanta- tout ce qui est édifié à flanc de coteau, la vitesse de décantation, due à la loi de la zone d’attaque du trépan. D’autre tion va en croissant. On peut d’ailleurs en dévalant la pente jusqu’au fond de de Stokes, vitesse qui croît comme part, l’injection de boue dans le trou hâter la floculation par adjonction de la vallée. le carré des diamètres des particules. de forage facilite l’extraction des dé- sels de métaux trivalents, le pouvoir Ce phénomène est celui de la coales- blais et permet, même pour des forages floculant croissant considérablement Boues glaciaires cence : il arrive que deux particules se très profonds, de ne faire suivre le tu- avec la valence. La formule de Duriez rencontrent de plein fouet, et, sous le bage qu’après achèvement du trou de montre que la concentration C Celles-ci se forment à la base des mo- choc, les répulsions d’ordre électrosta- sonde ; la pression du courant liquide raines et, avec le temps, donnent nais- en millimols, qui provoque la flocula- tique ne peuvent suffire à empêcher le qui s’oppose aux déformations et aux sance à des bancs d’argile compacte tion, croît comme la puissance a de la contact direct entre ces deux grains, qui affaissements des parois du forage en valence n du cation métal du sel flocu- plus ou moins épais. se soudent par affinité. assure la stabilité. Dans le cas d’un fo- J.A. lant, k étant une constante spécifique Les éléments stabilisant les dis- rage cylindrique, la boue de forage n’a du colloïde et a un exposant compris M. Duriez et J. Arrambide, Nouveau Traité guère, d’ailleurs, à résister, sur le péri- de matériaux de construction (Dunod, 1961- persions sont le plus souvent soit des entre 5 et 3, limites incluses selon les 1962 ; 3 vol.). mètre, qu’à des contraintes modérées, savons, soit des éléments résineux ou, colloïdes. Il en résulte que le pouvoir la pression du sol en place, qui s’exerce dans les boues en particulier, des subs- que possède un sel à cation monova- sur la circonférence d’un trou cylin- tances organiques colloïdales (pro- lent — tel le sel marin — de floculer drique, ayant pour effet de former un téines, gommes, albumines, caséines, des boues fluviales (avec formation Bouffons anneau pratiquement incompressible. etc.) mêlées à des microorganismes de deltas aux embouchures des cours (querelle des) vivants, qui les attaquent et qui, grâce La boue doit former un film obtura- d’eau) est considérablement moindre aux déchets produits, peuvent pour- teur dense au contact du sol en place que celui d’un sel à cation divalent, tel suivre le même rôle que les émulsifs pour que l’élément liquide ne pénètre que le chlorure de calcium, et beau- Un des épisodes de la guerre des par- primitifs. pas dans les vides et les capillaires coup plus faible encore que celui d’un tisans de la musique italienne contre 1682 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 4 ceux de la musique française pendant n’a ni mesure, ni mélodie, la langue n’y musique française (Éd. de la Nouvelle France, des mythes les plus durables de l’exo- 1945). le XVIIIe s. étant pas favorable. tisme, celui du merveilleux « paradis On y distingue quatre périodes : De plus, la polyphonie, le récitatif, polynésien ». avant 1752 ; l’attaque du baron Mel- le souci expressif, la mise en oeuvre Parti de Brest avec la frégate la chior von Grimm (1753) ; les ripostes Bougainville orchestrale sont appréciés en faveur Boudeuse (déc. 1766), Bougainville à J.-J. Rousseau (1754) ; les résultats. de ce « naturel » que Rousseau croit (Louis Antoine de) va céder officiellement les Malouines La période antérieure à 1752 se signale l’apanage des Italiens. Les ripostes aux Espagnols, puis il assiste en Uru- par la lutte entre les ramistes et les lul- guay aux suites de l’expulsion des sont très vives. E. Fréron, M. A. Lau- lystes. Ces derniers défendent l’idéal Navigateur français (Paris 1729 - id. Jésuites, événement considérable, gier, C. Baton, C. H. Blainville, L. Tra- de la tragédie en musique, fondé sur 1811). dont il fera un commentaire objectif. venol et Rameau viennent, parmi une déclamation rigoureuse et sur un Fils d’un notaire parisien, Louis An- En décembre 1767, il pénètre dans le accompagnement musical et harmo- d’autres, renforcer la défense d’un art toine de Bougainville ne semblait pas détroit de Magellan, prend contact avec nique efficace et discret. Les ramistes national. La musique française devient destiné à courir les mers. De fait, doué les Fuégiens, puis entreprend la traver- défendent l’apport de Rameau dans le l’objet de nombreuses « apologies », pour les études, il est d’abord reçu avo- sée de la « mer du Sud », ce qui exige domaine du coloris orchestral, de l’art au moment où l’Opéra reprend avec cat au barreau de Paris et s’intéresse cinquante-deux jours de navigation. Le vocal et du pouvoir harmonique. La succès des oeuvres de Rameau, brouillé aux mathématiques, publiant à vingt- fréquence élevée des représentations cinq ans un Traité du calcul intégral 5 avril, il atteint Tahiti, la « Nouvelle à jamais avec les encyclopédistes, et d’oeuvres de Lully après 1740 semble (1754-1756). Malgré ces débuts pro- Cythère », où il restera dix jours. Le où les Bouffons regagnent l’Italie, leur donner l’avantage aux lullystes, tandis metteurs, il cherche une voie moins récit de ce séjour (Voyage autour du contrat expiré. En 1754, il semble que que Rameau est soutenu par le cercle sédentaire et croit la trouver dans monde, 1771) sera ce qu’attendent ses le parti français l’ait emporté, en ap- plus réduit des « modernes ». l’armée. Il apprend le métier d’officier contemporains, fervents lecteurs de parence tout au moins. À l’origine, la Dans ce climat troublé, l’Opéra, aux mousquetaires noirs, puis se lance Rousseau. Bougainville y montre le querelle débute sur une donnée fausse : usant de son privilège, fait venir en dans la diplomatie : envoyé à Londres, bon sauvage : « Dans ce jardin d’Eden, on ne peut comparer deux genres aussi il participe à des négociations sur les 1752 la troupe des Bouffons d’Eus- un peuple nombreux jouit des trésors tachio Bambini. Du 1er août 1752 au différents que la tragédie en musique limites de la Nouvelle-France et de la que la nature verse à pleines mains sur 7 mars 1754, cette troupe joua treize et l’opéra bouffe. On ne peut ensuite Louisiane. Enfin, grâce à l’appui de la lui [...]. Partout, nous voyions régner opéras bouffes. Seule La Serva pa- comparer deux styles différents et deux marquise de Pompadour, sur laquelle l’hospitalité, le repos, une joie douce sa bonne mine fait heureuse impres- drona eut un succès considérable et conceptions, également valables mais et toutes les apparences du bonheur. » sion, il est nommé capitaine des dra- prolongé jusqu’à nos jours. Ces spec- opposées, de l’art du chant. La querelle Quelques ennuis, de nombreux larcins, gons et premier aide de camp de Mont- tacles divisèrent l’opinion en deux s’enferme dans ce cercle. une rixe au cours de laquelle trois Tahi- calm : l’aventure commence. camps : le coin du roi réunit les parti- Elle est favorisée par les défauts de tiens sont tués par les Français altèrent sans de la musique française ; le coin Débarqué avec son chef à Québec le l’opéra (interprétation lourde du récita- un peu l’optimisme des premières de la reine, ceux de l’italienne. Le 13 mai 1756, il participe bientôt à des premier moment culminant de la lutte tif, indiscipline de l’orchestre, médio- escarmouches qui opposent les Fran- heures. se situera en janvier 1753 ; elle éclate crité des livrets, lassitude envers un çais aux Anglais et, le 9 août 1757, Le retour, enfin, est difficile : la fa- par la publication du Petit Prophète genre qui ne se renouvelle pas) et par s’empare du fort William-Henry, sur mine règne avant que l’on atteigne la de Boehmischbroda de M. von Grimm, des étrangers, musiciens amateurs, peu le lac Champlain, faisant 2 000 pri- première des Moluques. Bougainville piquante satire de l’opéra français, sensibles aux conceptions originales sonniers. Il étudie aussi les moeurs des est de retour à Saint-Malo le 16 mars de ses chanteurs, de ses danses, de des Français en matière musicale. Indiens, participe parfois à leurs céré- 1769. son orchestre, de son exploitation du monies et s’unit, dit-on, à une jeune Ceux-ci défendent un idéal musical Premier capitaine français à avoir « sauvagesse ». « merveilleux », qui empêche de traiter fondé sur l’expression sonore d’un effectué le tour du monde, il n’en reste des grandes passions et de peindre des En 1758, il est envoyé en France contexte littéraire ; ceux-là sont sen- pas moins roturier et, à la fin de sa car- caractères. La contre-attaque vient de pour chercher du renfort. Il n’obtient sibles au développement du lyrisme, rière, dans le corps très exclusif des la représentation de Titon et l’Aurore, que 300 soldats, mais est promu colo- à une simplicité, à un « naturel » ap- officiers de marine, en souffre. pastorale de Mondonville (protégé nel. Revenu au Canada, il ne peut parents. Cette querelle a pour consé- par de Pompadour). Cette oeuvre contribuer à éviter le désastre des Promu chef d’escadre en 1779, il Mme courte, d’un ton voluptueux, tenant quences de favoriser l’éclosion de plaines d’Abraham, où Montcalm retourne sous les ordres du comte de compte de la déclamation lullyste, mais l’opéra-comique en France et de don- trouve la mort. Il dirige la retraite, puis Grasse, qui l’accusera de s’être trop d’une orchestration brillante, va aux ner un rôle prépondérant à la critique est chargé d’organiser la capitulation tôt retiré du combat lors de l’échec des nues. Plus de soixante brochures retra- musicale, qui tombe dans le domaine des troupes françaises. Saintes (12 avr. 1782), et reçoit une cent les prises de position dans la que- des littérateurs. Paris va devenir, en Revenu en France, il met sur pied « admonestation » du Conseil de guerre relle. Des étrangers (Grimm, Holbach, matière musicale, un centre cosmo- un projet de colonisation des îles Ma- de Lorient. Il reprend du service au Rousseau) attaquent l’opéra français, polite, un lieu d’élection pour musi- louines (les îles Falkland des Anglais), début de la Révolution, en 1790, mais défendu par des littérateurs comme dans l’Atlantique Sud. En 1763, il va y ciens étrangers. Cette querelle, où les reste fidèle à Louis XVI, et la Terreur J. Cazotte, l’abbé de Voisenon, L. de installer plusieurs familles d’Acadiens. musiciens eurent peu de part, s’inscrit lui vaudra quelques mois de prison. Il Boissy, F. L. Marin, etc., tandis que les Mais, en raison de son importance stra- enfin dans ce puissant mouvement de retrouve les honneurs avec le Consu- encyclopédistes (d’Alembert, Diderot) tégique, les Anglais mettent la main sur défense et d’attaque contre l’hégémo- lat. Napoléon le fait sénateur, comte et sont plus réservés, mais J.-J. Rousseau l’archipel (1765). Pour éviter l’humi- parviendra à faire basculer les ency- nie artistique française, qui se fait jour liation d’un abandon, la France cède grand officier de la Légion d’honneur. clopédistes parmi les bouffonistes. En dans l’« Europe des lumières » vers ses droits à l’Espagne, qui rembourse S. L. novembre 1753, alors que la faveur du 1750. de ses frais l’initiateur de la colonisa- J. Lefranc, Bougainville et ses compagnons (A. Michel, 1929). / J. Dorsenne, la Vie de Bou- public s’éloigne des Italiens et que la M. B. tion. L’argent de cette cession permet gainville (Gallimard, 1930). / Ch. de La Ron- querelle s’apaise, Rousseau publie sa à Bougainville de lancer une autre L. Richebourg, Contribution à l’histoire de cière, Bougainville (Éd. de la Nouvelle Revue Lettre sur la musique française, où il expédition, qui fera sa gloire : le récit la « Querelle des Bouffons » (Nizet et Bastard, critique, 1942). / J. E. Martin-Allanic, Bou- nie l’existence de cette musique, qui 1938). / N. Boyer, la Guerre des Bouffons et la de son grand voyage développera l’un gainville navigateur et les découvertes de son 1683 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4 temps (P. U. F., 1964 ; 2 vol.). / M.-C. Touchard, ment d’une durée de deux minutes. Évolution de la bougie les Voyages de Bougainville (A. Michel, 1974). Une bougie a tendance à provoquer Les contraintes électriques et ther- de l’auto-allumage lorsque le refroi- miques augmentant sans cesse en rai- dissement insuffisant de la partie de son du développement ininterrompu du bougie l’isolant exposée dans la culasse et moteur à grande puissance massique, de l’électrode centrale autorise la for- à régime et à rapport volumétrique Appareil assurant l’allumage de la mation d’un point chaud aux extré- de compression élevés, la bougie, masse gazeuse contenue et comprimée mités des électrodes, qui se trouvent tout en continuant à garder sa forme dans la culasse du moteur à explo- portées au rouge. On distingue deux primitive, a subi de profondes modi- sion en transformant en étincelles les sortes de bougies : la bougie chaude, fications internes. Attaquées à la fois pulsations électriques périodiques à à degré thermique faible et dont l’iso- par les produits de la combustion, qui haute tension fournies par le système sont corrosifs, et par les arcs élec- lant long est bien exposé à la flamme, d’allumage. triques, qui éclatent à la cadence répé- et la bougie froide, à degré thermique tée de plusieurs milliers par minute, très élevé et dont l’isolant court lui Constitution de la bougie les électrodes, qui doivent résister à la permet de refroidir rapidement. La corrosion, sont faites de métaux très Elle est composée d’une tige métal- bougie chaude a perdu beaucoup de durs : aciers spéciaux, platine allié à lique centrale noyée dans une masse son intérêt depuis la réduction de son des métaux rares à la pointe de l’élec- isolante et qui porte à son extrémité pouvoir d’autodécrassement. La com- trode centrale, où ils sont assemblés supérieure une borne où s’insère le bustion du mélange carburé provoque par soudure électrique. Comme les fil amenant le courant à haute tension la formation de carbone à l’intérieur isolants doivent évacuer rapidement la provenant du distributeur d’allumage. de la culasse. L’huile et le carburant chaleur, leur épaisseur est réduite de L’isolant est entouré par un culot mé- 18 à 14 mm et même, à titre expéri- en excès qui s’y rencontrent sont trans- tallique à la base duquel on place une mental, à 10 mm. La matière isolante formés en composés chimiques plus ou plusieurs petites tiges métalliques, devant continuer à supporter, sous une qui sont mises à la masse lorsqu’on ou moins conducteurs de l’électricité. moindre épaisseur, des tensions très visse le culot dans la culasse. L’étin- Lorsqu’il était possible d’utiliser le vé- élevées, le matériau utilisé est à forte celle jaillit entre l’électrode de masse hicule à vitesse de croisière constante, teneur en alumine (92 p. 100 chez AC). et l’électrode centrale, qui sont écar- la bougie chaude brûlait ces résidus. On s’efforce de réaliser une texture tées l’une de l’autre de 5/10 à 8/10 de Actuellement, le trafic en ville impose très fine résistant à la pénétration inter- millimètre, selon le type considéré. une marche au ralenti qui entraîne un granulaire (Marchal). Dans la bougie plusieurs reprises, déporté, il s’enfuit abaissement sensible de la température Lodge est incorporé à l’isolant un petit en Allemagne. À Cracovie, il rencontre interne de la culasse, et la bougie n’est éclateur qui donne une résistance à Lénine, qui lui demande d’écrire dans plus assez chaude pour intervenir effi- l’encrassement quatre fois supérieure à la Pravda. En 1914, il est en Autriche, celle d’une bougie classique. La résis- d’où il gagne la Suisse, la Suède, la cacement. Lorsque la vitesse du véhi- tance à l’éclatement de l’arc et la sensi- Norvège, le Danemark et New York ; cule peut retrouver sa valeur normale, bilité à la pression sont réduites. Enfin, il entre en relation avec Trotski et édite il en résulte un accroissement rapide lorsque l’usure de l’électrode centrale le journal Novyï Mir. À la révolution de la température interne de la culasse, apparaît, la distance des électrodes de de février 1917, par le Japon, il gagne et les dépôts sont transformés en une masse au bord de l’isolant ne varie pas, la Russie. matière vitreuse semi-conductrice que et la hausse de tension qui en résulte la bougie ne peut détruire en totalité. est réduite. L’enfant chéri du parti La résistance de l’isolant diminue en J.B. entraînant une baisse de tension à la F Allumage. Il soutient les « thèses d’avril » de Lénine contre Kamenev et Staline. Élu source de courant. R. Guerber, l’Automobile, t. I : le Mo- membre du Comité exécutif du soviet teur (Technique et Vulgarisation, 1960). / Y. Dhermy, Cours de technique automobile de Moscou et membre du Comité du (Dunod, 1963). parti pour Moscou, il devient, en dé- cembre 1917, rédacteur en chef de la Pravda ; il le restera dix ans. Lors des Importance du degré négociations avec l’Allemagne, il se Boukharine thermique prononce contre le traité de Brest-Li- (Nikolaï tovsk. Lénine le considère comme l’un La résistance de la bougie à l’auto-al- des espoirs du parti, et les jeunes audi- Ivanovitch) lumage et à l’encrassement est carac- toires apprécient la vivacité de sa pen- térisée par son degré thermique. On sée, sa parole incisive, ses boutades : il l’évalue en utilisant un moteur expé- Économiste russe et militant bolche- est choisi, avec Preobrajenski, pour ré- rimental à rapport volumétrique de viste (Moscou 1888 - id. 1938). diger un A. B. C. du communisme, que compression variable. On augmente les deux auteurs considèrent comme un progressivement ce rapport jusqu’à ce Les années de formation « cours rudimentaire » de marxisme ; que l’on parvienne à la zone d’auto- çà et là, cependant, pointe un révision- allumage. Le degré thermique corres- Né de parents instituteurs, Nikolaï nisme latent. pond à la valeur maximale du rapport Boukharine suit les cours de l’uni- volumétrique de compression, à partir versité et participe dès 1905 à des En 1920, Boukharine publie un duquel on observe une baisse de puis- mouvements de grèves ; en 1906, il ouvrage, l’Économie de la période de sance du moteur après un fonctionne- adhère au parti bolcheviste. Arrêté à transition ; expliquant le communisme 1684 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 4 de guerre, il justifie la prolongation La chute l’armée, va se satisfaire, à la faveur fils de Louis-Philippe, le fait nommer de la dictature du prolétariat, qui per- des circonstances, dans le domaine général de brigade (1880) ; le chef des Alors qu’en 1927 la Grande Encyclo- mettra de poursuivre la révolution et politique. radicaux, Georges Clemenceau, son pédie bolcheviste le dépeignait encore de porter la lutte de classe à un plus ancien camarade au lycée de Nantes, le comme un des leaders de la révolution haut niveau. La même année, dans Un ministre propose à Freycinet pour le ministère d’Octobre, éminent théoricien, écono- la controverse sur l’avenir du syndi- de la Guerre, non sans s’être assuré de « républicain » (1886- miste et sociologue, il est maintenant calisme, il se prononce, avec Trotski, son républicanisme. 1887) dénoncé comme un déviationniste de pour l’étatisation des syndicats. Une propagande tapageuse (por- droite et se voit privé de la plupart de Lorsque Boulanger devient ministre En 1921, poursuivant son oeuvre traits, images d’Épinal) popularise ses fonctions. de la Guerre dans le troisième cabinet d’éducation, il publie la Théorie du ma- rapidement la silhouette du « brave Il est cependant chargé de plusieurs Freycinet, puis dans le cabinet Goblet térialisme historique, manuel populaire général », qui, soucieux de s’attacher missions à l’étranger. Au cours de (7 janv. 1886 -18 mai 1887), beau- de sociologie marxiste, issu de discus- l’armée, lance un train de réformes l’une d’elles, à Paris, il rencontre Dan, coup de Français sont mécontents du sions avec les étudiants de l’université propres à se faire adorer du soldat : port social-démocrate en exil, et lui lance : régime : au marasme qui atteint les pro- Sverdlovsk. (« Il serait étrange que la admis de la barbe, assiettes remplaçant « Staline n’est pas un homme ; c’est un ducteurs et les commerçants s’ajoute théorie marxiste piétine toujours sur la gamelle, guérites tricolores, adop- démon. » À son interlocuteur, qui lui une grave crise sociale. place. ») A-t-il, à cette époque, attiré tion du fusil Lebel, projet de loi (mai demande pourquoi alors il retourne en l’attention de Lénine sur la politique Inquiète de son isolement diploma- 1886) sur le recrutement dit « des curés U. R. S. S., il répond que Staline reste des nationalités pratiquée par Staline tique en face de l’Allemagne, lassée sac au dos ». l’incarnation du socialisme dans les dans le Caucase ? de l’instabilité ministérielle et des que- Pour plaire à la gauche, Boulanger masses ignorantes. En décembre 1936 - Quand Lénine disparaît, en janvier relles du Palais-Bourbon, la France est ordonne à la troupe, lors des grèves janvier 1937, le Courrier socialiste de 1924, il semble assuré de l’avenir. Les prête à se donner à celui qui lui rendra de Decazeville, de partager « sa soupe Dan publie sur l’assassinat de Kirov dirigeants du parti savent comment Lé- confiance et prospérité. Boulanger se et son pain » avec les mineurs, et, peu une « Lettre d’un vieux bolcheviste », nine l’a jugé dans son « Testament ». croira appelé à jouer ce rôle de sau- après, il fait rayer des cadres de l’armée dont ce journal, en novembre 1959, ré- L’action peut corriger ce qu’il a encore veur ; il se laissera porter par une for- les princes d’Orléans, ses bienfaiteurs. vélera qu’elle émanait de Boukharine. de scolastique. midable vague de popularité. C’est donc un général républicain En mars 1937, celui-ci est exclu Il abelle prestance ce militaire, mais, que le peuple parisien acclame fol- du parti comme trotskiste. Du 2 au Boukharine et les pour gouverner la France, il lui faut lement à la revue de Longchamp le 13 mars 1938, devant le tribunal mi- paysans être lancé. Deux parrains lui mettent 14 juillet 1886. Cet engouement subit litaire se déroule le procès où, avec le pied à l’étrier : le duc d’Aumale, de la France pour le général « La Re- vingt autres militants, il est accusé de De 1924 à 1927, Boukharine est consi- haute trahison. Il plaide coupable : tout déré comme le cerveau de la N. E. P. en niant l’espionnage, le sabotage, le (Nouvelle Politique économique), que meurtre et la trahison, il admet qu’il Staline continue d’appliquer. Pour lui, a eu « objectivement » une activité le maintien d’une solide alliance entre contre-révolutionnaire. Condamné à la paysannerie et le prolétariat permet- mort, il est exécuté. tra d’établir les fondations nécessaires : G. L. une croissance industrielle liée à une agriculture prospère. Sa déclaration du P. Knirsch, Die ökonomischen Anschauun- gen Nikolaj I. Bucharins (Berlin, 1959). / 17 avril 1925 lui vaut d’être appelé « le P. Broué, « Introduction » in N. Boukharine et Guizot du bolchevisme » : « Aux pay- E. Préobrajenski, A. B. C.du communisme (Mas- sans, nous devons dire : Enrichissez- péro, 1963). / G. Haupt et J. J. Marie, les Bolche- viks par eux-mêmes (Maspéro, 1969). vous. Développez vos fermes. Ne crai- gnez pas que la contrainte s’exerce sur vous. Aussi paradoxale que la chose puisse paraître, nous devons dévelop- Boulanger per les fermes aisées pour aider les (Georges) paysans pauvres et moyens. » Boukharine ne croit plus à la proxi- mité d’une révolution mondiale. Il ne Général et homme politique français pense plus qu’une révolution ouvrière (Rennes 1837 - Ixelles, Belgique, en Europe occidentale et centrale 1891). puisse résoudre tous les problèmes. Il La carrière militaire du général Bou- n’espère plus en un prochain retour à langer ressemble fort à celle des offi- la démocratie intérieure dans le parti. ciers sortis de Saint-Cyr au début du Mais il croit en une réanimation du second Empire : il fait les campagnes marché par la hausse des prix agricoles, d’Algérie (1857), d’Italie (1859), de en une stimulation de la production par Cochinchine (1862), la guerre franco- l’accroissement de la consommation prussienne. Il a à son actif 6 blessures. paysanne. Quand Staline, abandonnant Son ascension est rapide : à trente- la N. E. P., inaugure la planification quatre ans, Boulanger est lieutenant- et entreprend la collectivisation, Bou- colonel et commandeur de la Légion kharine, dans un article de la Pravda d’honneur. Divisionnaire en 1884, il (30 sept. 1928) intitulé Notes d’un commande durant un an (1884-85) le économiste, laisse entendre qu’il est en corps expéditionnaire en Tunisie. Son désaccord profond. ambition dévorante, limitée du côté de 1685 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4 vanche » manque d’ailleurs de provo- langiste » aun nom : le Comité républi- semblement boulangiste, mais l’aven- ments dans les forêts de la zone tem- quer une guerre avec Bismarck. Lors cain de protestation nationale. ture est terminée. pérée froide. de l’affaire Schnaebelé (avr. 1887), Au Parlement, cependant, Charles Elle aura cependant des consé- Boulanger présente à la signature de Description Floquet, devenu président du Conseil quences importantes. Le nationalisme Grévy, qui ne suit pas son bouillant mi- (3 avr.), s’oppose au « dictateur », revanchard, qui, jusqu’alors, était à Les Bouleaux et les Aulnes sont par- nistre, un ordre mobilisant les troupes avec qui il se bat en duel et qu’il blesse gauche, passe à droite, tandis que les fois groupés en une famille spéciale, de couverture. À peine a-t-il quitté le (juill.) ; de son côté, Clemenceau fonde les Bétulacées, parfois rangés parmi les républicains du centre et de la gauche gouvernement qu’une élection partielle la Société des droits de l’homme pour Amentacées (v. Amentifères). deviennent méfiants à l’égard de — à laquelle il ne s’est pas présenté — « combattre la réaction » qu’il a impru- Les Bouleaux sont le plus souvent lui donne, à Paris, 39 000 voix (22 mai l’armée. demment réveillée. Le 19 août, Bou- des arbres de taille moyenne, qui ont 1887). P. M. langer est élu triomphalement à la fois des fleurs unisexuées réunies en cha- À la Chambre, les groupes s’in- M. Barrès, l’Appel au soldat (Fasquelle, dans la Somme, la Charente-Inférieure tons ; les fleurs mâles sont groupées 1900). / Branthôme, Der tapfere General Bou- quiètent. Le 28 juin, son successeur et le Nord : il opte encore pour ce der- par trois à l’aisselle d’écaillés trilo- langer (H. Jonquières, Paris et Leipzig, 1931). au ministère de la Guerre, le géné- nier département. bées représentant un périanthe réduit, / M. Duplay, le Général Boulanger (Éd. natio- ral Ferron, le nomme commandant nales, 1936). / A. Dansette, Du boulangisme à la l’ensemble formant les chatons mâles, Le 27 janvier 1889, Boulanger du corps à Clermont-Ferrand. Le 13e révolution dreyfusienne, le Boulangisme, 1886- cylindriques et pendants ; les étamines semble avoir atteint son but : il est élu 8 juillet, une foule cocardière et hysté- 1890 (Perrin, 1938) ; le Boulangisme (Fayard, sont au nombre de quatre par fleur. Les à Paris par 245 236 suffrages contre rique envahit la gare de Lyon pour em- 1946). / P. Barlatier, l’Aventure tragi-comique chatons femelles sont, eux aussi, com- 162 875 au radical Édouard Jacques. du grand général Boulanger (les Éditeurs réu- pêcher le départ du « train de César ». posés de groupes de trois fleurs, qui, On le presse de marcher sur l’Élysée, nis, 1949). / G. Cahen-Salvador, le Procès du Boulanger doit quitter Paris sur une à maturité, donnent des fruits plus ou général Boulanger, 1886-1891 (France-Illus- que Sadi Carnot se prépare à quitter. locomotive haut le pied. tration, 1953). / H. Juin, le Pouvoir, pour quoi moins ovales, arrondis, munis d’une Boulanger ne se décide pourtant pas à faire ? L’exemple du général Boulanger (Éd. fr. aile membraneuse. La fécondation se franchir le Rubicon. Désir de prendre À l’assaut de la réunis, 1958). / H. Muller, le Général Boulan- fait ici par la chalaze (chalazogamie), légalement le pouvoir un peu plus tard ger, dictateur ou roi de coeur (Gallimard, 1959). république (1887-1889) ce phénomène exceptionnel se rencon- ou, plus simplement, hâte de retrouver / J. Néré, le Boulangisme et la presse (A. Colin, trant également chez les Casuarinas, En novembre 1887, le scandale des de Bonnemains, sa maîtresse ? En 1964). / F. Pisani-Ferry, le Général Boulanger Mme arbres d’un type très primitif. Les élé- décorations éclabousse les modérés. À (Flammarion, 1969). tout cas, ses hésitations vont causer sa ments du bois ont des parois terminales Jules Grévy, démissionnaire, succède perte. très obliques par rapport à l’axe du le pâle Sadi Carnot. Une vague d’an- vaisseau et qui ne sont pas complète- tiparlementarisme secoue le pays ; le La fin de l’aventure ment résorbées ; elles ont l’apparence « brave général » va devenir le « syn- (1889-1891) de perforations scalariformes ; ce fait dic des mécontents ». est, lui aussi, considéré comme un ca- En effet, le gouvernement s’est res- Autour de Boulanger se constitue un ractère primitif. saisi : le rétablissement du scrutin groupe hétéroclite qui va de l’extrême La couleur blanche de l’écorce d’arrondissement, l’interdiction des droite bonapartiste, militariste et revan- des Bouleaux est due à ce que, dans charde (Déroulède, Barrés) à l’extrême candidatures multiples coupent la voie le liège, de nombreuses couches de gauche radicale (Rochefort, Naquet). au système plébiscitaire. Constans, cellules sont entièrement remplies Il s’agit d’abattre « le système » et ministre de l’Intérieur du deuxième d’air ; cette écorce s’exfolie en minces d’établir une république plébiscitaire, cabinet Tirard (22 févr. 1889 -14 mars lamelles, que certaines industries pri- voire une monarchie, car le « parti bou- 1890), fait courir le bruit d’une arresta- mitives ont utilisées. Les feuilles, plis- langiste », animé par le baron Armand tion imminente du général Boulanger, sées en éventail dans le bourgeon, sont de Mackau (1832-1918), président de qui gagne alors la Belgique, puis l’An- assez nettement pétiolées et s’agitent l’intergroupe parlementaire de l’Union gleterre. De son côté, le Sénat, trans- au moindre vent chez le Bouleau blanc des droites, reçoit des subsides de la formé en Haute Cour, le condamne par et pubescent, alors que, chez Betula duchesse d’Uzès (1847-1933) et du contumace, pour atteinte à la sûreté nana, les feuilles sont presque sessiles. comte de Paris. de l’État, à la détention perpétuelle Les branches fines sont flexibles ; aussi, Pour y parvenir, ses partisans pré- (14 août 1889). Ses amis le présentent leurs extrémités sont-elles recherchées sentent Boulanger à chaque élection aux élections cantonales ; mais il n’est comme matériau pour faire des balais partielle. En février 1888 paraît la élu que dans douze cantons sur quatre- grossiers. Cocarde, « organe boulangiste », qui vingts ; dans le XVIIIe arrondissement, lance le programme « Dissolution, il l’emporte sur Jules Joffrin mais il Distribution Révision, Constituante ». Mis en non- refuse de rentrer en France, si bien géographique activité (14 mars), le général devient que son adversaire, malgré l’interven- Le plus grand épanouissement des éligible. Successivement, il est « plé- tion éclatante de Déroulède, est validé Bouleaux (une quarantaine d’espèces) biscité » en Dordogne et dans le Nord : (9 déc.). Un dernier essai, lors des élec- se fait dans les régions froides d’Eu- c’est ce dernier département qu’il choi- tions municipales de 1890, ne donne rope, d’Asie et d’Amérique, princi- sit de représenter à la Chambre (4 juin). rien. Boulanger prononce lui-même la palement dans les régions boréales et Tandis qu’il réclame la révision de la dissolution du Comité national. Re- montagneuses. Ces arbres vivent sur- Constitution et la dissolution de l’As- venu en Belgique, il assiste Margue- tout au nord de la zone des Chênes et semblée, la frénésie boulangiste déferle rite de Bonnemains dans ses derniers des Hêtres, et s’avancent ainsi jusqu’au Bouleau sur la France. Le portrait du général est moments et, par désespoir sentimental, Spitzberg et sur la côte orientale du répandu à des milliers d’exemplaires, se suicide sur sa tombe au cimetière Groenland. En Finlande et en Scan- et trois cent soixante-dix chansons d’Ixelles le 30 septembre 1891. Ses Arbre à l’écorce blanche et au feuillage dinavie, le Bouleau blanc, associé à célébreront sa gloire. Le « parti bou- obsèques donnent lieu à un grand ras- léger, qui forme d’importants peuple- l’Épicéa et au Pin, forme des forêts 1686 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 4 pauvres depuis la limite nord du Chêne forme dans ces régions la limite nord (vers 61° de lat. N.) jusqu’au cap Nord. des feuillus) est un bois employé en Dans les régions arctiques, ce sont sur- Amérique du Nord comme source de tout les conditions climatiques secon- pâte à papier pour les papiers très lé- daires (vents desséchants, froids du gers et aussi comme bois de charpente. printemps) qui limitent leur croissance Le goudron de Bouleau, quelquefois et leur extension. Certains Bouleaux prescrit dans le traitement des affec- n’atteignent que quelques centimètres tions cutanées, fournit une huile uti- de haut et ne fleurissent que protégés lisée dans la préparation des cuirs de dans les anfractuosités bien orientées. Russie. Sa présence pourrait expliquer la longue conservation de ce bois dans En Europe, leur limite supérieure l’eau. Enfin, on obtient un vin pétillant varie de 640 m en Écosse (monts à partir de la fermentation de la sève Grampians) à 2 100 m environ sur du Bouleau, qui s’écoule par des trous l’Etna. Dans l’Himalaya, B. bhojpattra pratiqués dans le bois ; un arbre pour- marque la limite supérieure de la forêt rait en donner plus de 200 litres par an. vers 3 600 m. J.-M. T. et F. T. En France, il y a trois espèces de Bouleaux : les deux premières, B. alba et B. pubescens, sont des arbres de moyenne grandeur et la troisième, Boulevard B. nana, est un sous-arbrisseau d’à (théâtre du) peine 1 m de haut. B. alba et B. pubescens sont, avec les Chênes et les Hêtres, les espèces Théâtre de divertissement, qui tire son de base de nos forêts primitives ; elles nom des Grands Boulevards parisiens. sont le plus souvent cantonnées sur De la place de la République à l’église les sols les plus pauvres, sols acides à de la Madeleine, ceux-ci dessinent une humus brut dont le pH est inférieur à voie triomphale, concurrente roturière, 5 et qui — quoique souvent riches en bon enfant des Champs-Élysées, avec azote et en ions métalliques — sont peu ses cafés, ses cinémas, ses music-halls favorables à la nutrition des plantes ; et ses théâtres. levard Voltaire pour y présenter des une distinction entre les grands théâtres cette alimentation minérale défec- marionnettes et des animaux savants. (Théâtre-Français, Opéra, Opéra-Co- tueuse suffit aux Bouleaux. De la baraque de Nicolet En 1764, il reçut l’autorisation de mique) et les théâtres secondaires, B. nana est un arbuste qui a une aire au boulevard du Crime construire un théâtre de bois, la « Salle presque tous situés sur les Boulevards : de répartition continue dans le nord de des grands danseurs du roi », où il resta le Vaudeville (1792), la Porte-Saint- Le Boulevard a pour origine le Nou- l’Europe (Scandinavie, Écosse) ainsi jusqu’à sa mort (1789). Peu satisfaits Martin (rouvert en 1814), les Varié- veau Cours, que Louis XIV fit amé- que dans les régions boréales et arc- de son succès, l’Opéra, la Comédie- tés-Étrangères et les Variétés (1807). nager entre 1670 et 1705 sur l’empla- tiques de l’Asie et de l’Amérique du Française et les Italiens se liguèrent De nouveaux théâtres s’ouvrirent par cement de l’enceinte de Charles V, Nord. Il possède en Europe un petit pour lui faire interdire l’usage de la la suite, comme le Gymnase en 1820. devenue désuète. Avec ses quatre ou Ils se concentrèrent sur le boulevard nombre de stations isolées, stations parole. Nicolet se procura alors un cinq rangées d’arbres, son allée cen- « reliques » (certains auteurs disent singe savant, Turcot, qui fit courir tout du Temple, bientôt surnommé « boule- trale, ses deux contre-allées sablées, vard du Crime » à cause des meurtres « relictes ») ; en France, il ne vit que Paris. Reconstruit après un incendie, le ses soixante mètres de largeur, il devint en série qui se perpétraient sur la scène. dans deux tourbières : l’une dans le « Théâtre des grands danseurs du roi » vite un des lieux de promenade favoris Bobèche et Galimafré, Mme Saqui et Jura et l’autre dans le Massif central. obtint en 1772 la permission de jouer des Parisiens. Le « boulevart », ancien bien d’autres y faisaient triompher des des pièces à grand spectacle écrites par front bastionné élevé en 1636 pour spectacles qui portaient en germe la Utilisation Talconnet, qu’on appelait « le Molière doubler l’enceinte de Charles V dans comédie de boulevard, le cirque et le du boulevard ». sa partie la plus vulnérable, finit par L’utilisation de l’écorce de Bouleau music-hall. Ainsi, le Boulevard fut un donner son nom à l’ensemble. Bientôt Un rival de Nicolet, Nicolas Audi- fut assez active autrefois, surtout dans extraordinaire creuset où se forgeait le le boulevard du Temple, le plus vivant, not, avait fondé en 1769 son théâtre le Nord canadien. L’écorce non seu- spectacle moderne. En 1816 s’ouvrait vit pâtissiers et cabaretiers installer des « Comédiens de bois », où les ma- lement permettait la confection de le théâtre des Funambules, où le grand canots très légers, faciles à transpor- leurs tréteaux pour le délassement des rionnettes furent remplacées d’abord mime Gaspard Deburau fit revivre le promeneurs. par des enfants, puis par des adultes. ter sur les traîneaux, de harnais et de personnage de Pierrot. À la mort de Ni- vêtements, mais aussi servait de sup- En 1760, dans le but de l’animer En 1789, le théâtre d’Audinot devint colet, sa veuve avait repris son théâtre, port à des textes : sur des rouleaux de davantage encore, on autorisa les ba- l’Ambigu-Comique. La Foire était devenu le théâtre de la Gaîté. Entre grande taille (près de 2 m de long sur teleurs de la foire Saint-Laurent à y morte, mais il y avait six théâtres sur 1790 et 1830 on y joua les mélodrames 1 m de large) sont transcrits les rituels présenter leurs attractions. Dès lors, le le Boulevard. Un genre y prenait corps, de Ducange et Pixerécourt. Incendié en de cérémonies religieuses initiatiques Boulevard devint le haut lieu du spec- le vaudeville, comédie à couplets de 1827, l’Ambigu-Comique était recons- des Amérindiens. tacle parisien. Bouffons, acrobates, fai- caractère souvent grivois. Le genre truit sur le boulevard Saint-Martin. seurs de tours s’y exhibèrent dans des « poissard » était à la mode. Le bois du Bouleau, bois tendre dont Le boulevard du Crime a disparu en la densité est inférieure à 0,7, sert en baraques. La liberté des spectacles, proclamée 1862 dans l’entreprise d’urbanisme qui ébénisterie, en saboterie et pour la fa- Un danseur de corde de la foire par la Constituante en 1791, fit se mul- a donné à Paris la place de la Répu- brication de cercles de tonneaux et des Saint-Laurent, Jean-Baptiste Nicolet, tiplier les salles nouvelles, au point que, blique. Des anciens théâtres du Bou- bobines à fil. Il est utilisé aussi pour le fut le premier à y installer, en 1760, son par le décret du 8 juin 1806, Napoléon levard, seuls subsistent dans leur fonc- chauffage. B. papyracea (cette espèce théâtre de toile à l’angle sud du bou- en fit fermer vingt-deux, établissant tion d’origine la Porte-Saint-Martin, le 1687 La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4 Gymnase et les Variétés, auxquels il Le miroir de la firmer àla suite de Scribe : « Un homme parisienne, au Dindon, les trois rois du faut ajouter le théâtre du Palais-Royal, sans aucune valeur comme penseur, Boulevard ont rejoint les classiques, bourgeoisie construit en 1783. comme moraliste, comme philosophe, auxquels la bourgeoisie de notre temps Par le triomphe d’Antony, dès 1831, un comme écrivain peut être de premier continue de les préférer. Le « premier boulevard » avait un an après Hernani, Alexandre Dumas ordre comme auteur dramatique. » caractère populaire. Daumier et un film réglait la querelle des classiques et Belle Époque et de Marcel Carné ont immortalisé les On ne saurait prononcer plus forte- des romantiques, et tirait les marrons « enfants du paradis », qui, du haut ment le divorce survenu entre le théâtre années folles du feu en faveur d’un troisième lar- du poulailler, conspuaient le traître et et la littérature, dont le théâtre a failli Aux salles traditionnelles du Boule- ron, le genre bourgeois. Eugène Scribe encourageaient le héros vertueux des mourir. L’esprit boulevardier, avec vard vinrent s’en ajouter une dizaine (1791-1861) fixa comme seul idéal à mélodrames. Le mélodrame a eu son son mépris de l’écriture, son goût du d’autres à l’écart des Grands Bou- ce dernier la « pièce bien faite », qui, Racine (Caignez) et son Corneille métier ramené à une série de recettes, levards, mais marquées du même excluant toute ambition de pensée et (Pixerécourt). Celui-ci disait : « J’écris son mépris de la morale et son souci esprit que lui : Marigny, Renaissance, de style, se présentait comme une hor- pour ceux qui ne savent pas lire. » En- des convenances, son dédain des idées Réjane (théâtre de Paris), Athénée, logerie bien réglée et comme un miroir et sa recherche du mot d’auteur, a dé- core éblouis par leurs souvenirs d’en- Mathurins, Michel ; plus récemment, fance, les romantiques (Gautier, Hugo) flatteur dans lequel la bourgeoisie pou- tourné de l’art dramatique les poètes et la Michodière, les Ambassadeurs, les ont attesté que le mélo des Boulevards vait contempler son image. Scribe écri- les écrivains de génie. Capucines, la Madeleine. Le « Paris by vit pour elle des centaines de pièces. avait joué un rôle au moins aussi grand Après le triomphe de la Dame aux night » de la Belle Époque est une fête L’histoire de son théâtre, entre 1820 que Schiller et Shakespeare dans la camélias (1852), Dumas fils succéda permanente, et le Boulevard y brille de et 1850, se confond avec celle du genèse du drame romantique. C’est à à Scribe au Gymnase, où il fut relayé tous ses feux entre le caf conc’ et les Gymnase. La famille, le libéralisme et l’école du mélodrame que de grands par Émile Augier (le Gendre de Mon- restaurants célèbres. Le théâtre de ce l’argent sont ses thèmes préférés. Du acteurs, tels Frederick Lemaître, Marie sieur Poirier, 1854) et Victorien Sar- temps a fait illusion par son foisonne- théâtre de Scribe, seuls quelques titres Dorval, Mélingue, Bocage, ont réagi dou (Pattes de mouche, 1860). Leurs ment. Les plus lucides ont bien vu qu’il demeurent (Une chaîne, 1841 ; le Verre contre les routines du Conservatoire et concurrents, Octave Feuillet, Édouard s’était laissé contaminer tout entier par d’eau, 1842). Scribe apparaît comme le de la Comédie-Française. Reprenant à Pailleron et d’autres, faute d’être admis l’esprit du Boulevard. Le Boulevard maître des boulevardiers à venir, en un son compte certaines innovations tech- au temple du Boulevard, se rabattirent régna en maître incontesté, parfois en temps où le Boulevard absorbe la subs- niques des attractions du Boulevard, sur le Vaudeville ou les Variétés. se déguisant, jusqu’à l’entreprise du tance même du théâtre parisien. les panoramas de l’Américain Fulton, On est frappé par l’importance que Vieux-Colombier, qui changea bien les dioramas de Daguerre, le mélo- À partir de 1850, il a pour succes- prennent dans leurs pièces les person- des choses à partir de 1913. drame a fait progresser l’art des éclai- seurs Émile Augier (1820-1889), nages du notaire et de l’avoué. C’est Il eut la chance d’être servi par de rages, de la machinerie et de la mise en Alexandre Dumas fils (1824-1895) et que les affaires de famille, leur thème grands acteurs, qui, rivaux de la célèbre scène. Pixerécourt a lancé l’idée que Victorien Sardou (1831-1908). C’est principal, tournent toujours autour de troupe de la Comédie-Française, furent les divers éléments du spectacle de- contre leur dictature que s’insurge An- l’amour (adultère) et de l’argent. À tra- les derniers monstres sacrés : Jane vaient être contrôlés par un personnage toine, lorsqu’il fonde le Théâtre-Libre vers le mélange des genres peu à peu Granier, Albert Brasseur, Max Dearly, unique, le metteur en scène. en 1887. Dumas fils ne craint pas d’af- se précise le type de pièce dont les per- Cassive, qui créa la Dame de chez sonnages clefs sont le mari, la femme Maxim, Simone, interprète de Berns- et le troisième partenaire, avec pour tein. C’est au Boulevard que Lucien décor le salon Empire et la chambre à Guitry et Réjane atteignirent le sommet coucher. Au dénouement, les affaires de leur carrière. Chaque générale était et la morale sont sauves, du moins les une cérémonie mondaine avec ses rites. apparences. Confondant intrigue et Rien, ou presque rien, ne survit de action, le Boulevard est un théâtre où ces triomphes d’un soir. l’on s’agite beaucoup, où l’on parle encore plus, mais où il ne se passe rien. Tel est le cas de ce « théâtre Entre le premier et le troisième acte, le d’amour » dont Paris eut alors l’exclu- monde n’a pas bougé. sivité. Ses grands chefs de file étaient Georges de Porto-Riche (1849-1930), Témoins lucides et amusés, critiques avec Amoureuse (1891), le Passé rusés et prudents, trois auteurs ont su (1897), le Vieil Homme (1911) ; Mau- faire rire le public des ridicules et des rice Donnay (1859-1945), auteur bassesses qui portent accusation contre d’Amants (1895) ; Henri Lavedan lui et contre la société qu’il repré- (1859-1940), qui connut le succès avec sente. Chacun a eu son théâtre pré- le Marquis de Priola (1902) et le Duel féré. Au Palais-Royal, Eugène Labiche (1905) ; Henri Bataille (1872-1922), (1815-1888) a agité avec une naïveté triomphant avec Maman Colibri (1904) impitoyable un monde de fantoches et la Phalène (1913). inoubliables. Aux Bouffes-Parisiens, puis aux Variétés, Jacques Offenbach Il en va de même pour un certain (1819-1880) a, par sa musique, donné théâtre d’idées, dont François de Curel aux vaudevilles de Henri Meilhac (1854-1928) s’est fait le champion : (1831-1897) et Ludovic Halévy (1834- l’Envers d’une sainte (1892), la Nou- 1908) une dimension qu’ils n’avaient velle Idole (1899). Ses rivaux étaient pas. Aux Nouveautés, enfin, Georges Paul Hervieu (1857-1915), dont Jules Feydeau (1862-1921) a réglé avec une Renard disait qu’il était « peigné im- précision mathématique la mécanique peccablement comme ses pièces », démystificatrice de ses machines à et Eugène Brieux (1858-1932), dont faire rire. Grâce à la Cagnotte, à la Vie Blanchette (1892) et la Robe rouge 1688 La Grande Encyclopédie Larousse -Vol. 4 dirigea la plupart des salles de Boule- grand théâtre, où il eût pu avoir Beau- vard, débutant dans le plus ancien, le marchais pour voisin. Le Sexe faible, Gymnase, où il eut Simone pour inter- les Temps difficiles, Hyménée, Père prète, terminant dans le plus récent, ne sont pas seulement des pièces bien les Ambassadeurs, avec Jean Gabin faites. La profondeur de l’observa- (le Marché, 1900 ; la Rafale, 1905 ; le tion, la sûreté du métier, la fermeté de Bonheur, 1932 ; la Soif, 1949 ; Evan- l’écriture en font des modèles du genre, géline, 1952). mais l’esprit du Boulevard limite leur Entre les deux guerres, le Boulevard portée satirique. Il n’empêche que le a connu des triomphes symboliques Boulevard atteignait là une sorte de et durables avec des pièces faites sur perfection. La meilleure pièce de Jean mesure pour un public complice et Cocteau, les Parents terribles (1938), des comédiens que leur présence irré- n’est-elle pas pour l’essentiel une cusable, leur métier sans faille empri- pièce du Boulevard ? Et, d’ailleurs, sonnaient définitivement dans leur la démystification de la société bour- personnage : Victor Boucher dans geoise passe par la parodie surréaliste les Vignes du Seigneur (1923), Alice du Boulevard, comme le prouve le Cocea dans la Petite Catherine (1930), chef-d’oeuvre de Roger Vitrac, Victor Elvire Popesco dans Tovaritch (1933). ou les Enfants au pouvoir, créé en 1928 Les fournisseurs s’appellent Henri par Antonin Artaud et repris après la Duvernois, Louis Verneuil, Romain guerre par Jean Anouilh. Coolus, Yves Mirande, Paul Nivoix. Mais quelque chose a changé depuis le Le Boulevard Vieux-Colombier. Le règne du Boule- d’aujourd’hui vard est battu en brèche par les théâtres Au lendemain de la Seconde Guerre du Cartel. Le triomphe de Siegfried chez Louis Jouvet en 1928 change le mondiale, la découverte effrayante cours des choses. Des auteurs comme de l’univers concentrationnaire et de Alfred Savoir, Jacques Deval, Claude la mort atomique rendait dérisoire et André Puget, Marcel Achard, s’ils odieuse la frivolité de l’esprit boulevar- dédaignent de moins en moins les suc- dier. Le Boulevard semblait se survivre cès faciles, sacrifient de temps à autre à lui-même dans ses bonbonnières aux au théâtre littéraire. L’exemple le plus stucs écaillés, dans son éternel salon caractéristique est sans doute celui de bourgeois dont le style semblait suivre (1900) illustrent le théâtre de bons zaines de comédies légères (Faisons Marcel Pagnol (1895-1974), qui, avec la mode des grands magasins. Le pu- sentiments. un rêve, 1916) et des évocations his- Topaze, en 1928, écrit une des pièces blic ne s’est pas renouvelé. Les J3 de les plus fortes de cette époque. Mais, Roger Ferdinand ne sont pas restés Le pur esprit boulevardier, dénué de toriques (Pasteur, 1919). Pour les uns, après le triomphe de Marius en 1929 fidèles au genre qui les a immortalisés prétentions, sans complexe, triompha il a donné son Molière au Boulevard. (avec Raimu et Pierre Fresnay), il ex- pendant l’occupation. Pourtant, à la dans la comédie légère, riche en mots Pour les autres, il incarne l’abjection ploite sans vergogne le folklore mar- Libération, le Boulevard s’est trouvé d’auteurs et en numéros d’acteurs. du genre. seillais. C’est peut-être parce qu’il n’a un nouveau Sacha Guitry en la per- Robert de Flers (1872-1927) et Gas- Le théâtre d’Henry Bernstein (1876- pas vraiment voulu échapper à l’em- sonne d’André Roussin (né en 1911). ton Arman de Caillavet (1869-1915) 1953) a disparu des programmes le prise du Boulevard qu’Édouard Bour- En 1947, le triomphe de la Petite Hutte en firent une véritable institution pa- jour même où mourut ce fabricant qui det (1887-1945) est resté en deçà du a fait figure de symbole. Depuis cette risienne (le Roi, 1908 ; l’Habit vert, 1913). Alfred Capus (1857-1922) leur disputa un temps la royauté du mot d’esprit. Tout cela est mort. Il reste davantage de Tristan Bernard (1866- 1947 ; L’anglais tel qu’on le parle, 1899 ; le Petit Café, 1911) et surtout de Georges Courteline (1858-1929 ; Boubouroche, 1893 ; la Paix chez soi, 1903). Octave Mirbeau (1848-1917), lui, conserva dans le Boulevard un petit secteur pour l’esprit du théâtre libre (Les affaires sont les affaires, 1903). Couvrant le premier demi-siècle avec son avant-guerre, son entre-deux- guerres et son après-guerre, de 1900 à 1950, deux piliers du Boulevard parisien méritent une mention spé- ciale. L’un fut son propre personnage et l’acteur de celui-ci : Sacha Guitry (1885-1957). Entre Nono (1909) et Palsambleu ! (1953), il donne des di- 1689

Description:
Paris, 1972, С. 1681-2252Le Grand Larousse encyclopédique (de son nom complet Grand Larousse encyclopédique en dix volumes) est un dictionnaire encyclopédique en français, édité par Larousse, et dont la publication s'est étalée entre février 1960 et août 1964, abstraction faite des deux s
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