ebook img

L'Argent des autres PDF

42 Pages·2014·0.37 MB·French
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview L'Argent des autres

collection dirigée par patrick smets parus PAscal salin, libérons-nous ! cédric parren, le silence de la loi françois monti, prohibitions benoît malbranque, d’or et de papier à paraître Copeau, Les Rentiers de la Gloire Pierre-Olivier Drai, Self-sécurité www.lesbelleslettres.com Retrouvez Les Belles Lettres sur Facebook et Twitter. © 2014, Société d’édition Les Belles Lettres 95 bd Raspail 75006 Paris. ISBN : 978-2-251-90051-3 Réalisation de l’ePub : Desk À Pauline INTRODUCTION Je tiens ma fille dans mes bras, elle a à peine deux mois. Elle est totalement dépendante de moi. J’en suis responsable : je dois être un bon père, la nourrir, la changer, la consoler quand elle pleure, la protéger. La protéger. C’est pourquoi je veux comprendre comment Pauline est née avec une dette de 26 000 euros, gracieusement léguée par la génération de mes parents et celle de mes grands-parents – mais aussi la mienne. La « génération 68 » notamment, éprise de liberté mais, visiblement, pas vraiment de responsabilité, s’est voté des droits bien sympathiques, des retraites confortables, etc. en envoyant la facture aux générations futures, à Pauline… en appelant cela de la « solidarité » ! Tranquillement – avec l’argent des autres. Il semblerait de prime abord que cette (ir)responsabilité soit collective. Mais derrière ce collectif se cache chacun d’entre nous. L’irresponsabilité collective est le symptôme, l’aboutissement au niveau collectif de mécanismes institutionnalisés d’irresponsabilité individuelle. La responsabilité individuelle, cette capacité de répondre de ses actes quand on commet des erreurs, me semble être le fondement, le liant, d’une société dite civilisée. Elle tend à se diluer à grande vitesse, notamment dans les champs économique et politique. Je veux donc comprendre comment nous sommes devenus cette société à irresponsabilité illimitée. Crise de l’endettement donc, mais aussi crise de l’euro, crise des subprimes : comment en sommes-nous arrivés là ? Comment est-il possible qu’avec tous les esprits si intelligents qui nous gouvernent, flanqués d’étages entiers de commissaires, de régulateurs et de planificateurs à Paris, à Bruxelles ou à Washington, secondés, en France, par une armée d’énarques et de polytechniciens, nous connaissions une telle crise ? Comment les centaines de milliers de pages de législations, de régulations, de directives et autres décrets qui encadrent nos vies ne nous ont-elles pas épargné ces revers de fortune ? Mystère ? Non. Et c’est ce que je tenterai de décortiquer ici en faisant usage, d’une manière très simple, de l’analyse économique. LE POINT DE VUE ÉCONOMIQUE L’économie, ce n’est pas si compliqué Les économistes passent souvent pour des espèces de marabouts des temps modernes, eux qui s’adonnent souvent à la prévision économique avec de magnifiques modèles bourrés d’équations compliquées. Peut-être, paradoxalement, parce que ces économistes-là n’ont pas vraiment compris l’économie, d’ailleurs. Une économie est éminemment imprévisible, du fait de l’innovation, de la nouveauté, du changement perpétuel et des surprises que ce dernier porte. Étant donné les erreurs manifestes de prévisions, il n’est pas étonnant qu’on ait bien souvent pu qualifier des économistes de charlatans. Cependant la compréhension économique des phénomènes est importante et permet d’éclairer l’action politique. Elle est moins précise, plus qualitative, et se penche davantage sur la direction probable qu’un système va prendre. Non sur la base de statistiques bien précises et d’équations mais plutôt sur une compréhension des mécanismes profonds d’une économie, dont l’élément premier est l’homme. En été 2006 par exemple, un économiste américain, Peter Schiff, prédisait, contre le consensus de l’époque et deux ans en avance, l’écroulement de l’économie américaine. Parce qu’il avait compris son caractère « bullaire ». Il avait compris que la croissance américaine était en fait fondée sur un système généralisé d’endettement irresponsable : insoutenable à long terme. En réalité, « voir la vie de façon économique » n’a rien de très compliqué. L’économie (mondiale ou d’un pays) en elle-même est d’une inimaginable complexité bien sûr. Mais l’analyse économique peut se ramener à quelques idées de bon sens que nous explorerons en toute simplicité tout au long de ces quelques pages. Elles nous permettront ainsi de dérouler le fil de la déresponsabilisation, cause première des crises que nous vivons. Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas L’économiste français du xixe siècle Frédéric Bastiat disait qu’un bon économiste est celui qui est capable de percevoir non seulement « ce qu’on voit » mais, surtout, « ce qu’on ne voit pas », c’est-à-dire les effets induits de telle ou telle mesure, qui ne sont pas évidents, qui ne se voient pas tout de suite, mais qui sont bien réels : les « conséquences inattendues ». Un homme politique arrive, tel le Père Noël, avec une mesure politique pleine de bonnes intentions pour certaines catégories. Les gens, tout heureux, qui reçoivent ce « cadeau » politique, c’est « ce qu’on voit ». Les autres conséquences moins visibles, qui ont un coût énorme, c’est « ce qu’on ne voit pas » (et l’art du politique est bien évidemment de cacher ces coûts). Méfions- nous donc de la politique des bonnes intentions et pensons toujours aux conséquences inattendues. Ainsi, en 2002, le président américain George W. Bush propose l’American Dream Downpayment Act, une loi visant à subventionner l’apport personnel de ménages pauvres désireux d’acheter une maison à crédit. C’est beau. C’est compassionnel. C’est « social ». Sauf évidemment que l’on a permis (en combinaison avec d’autres politiques que nous verrons plus loin) de s’endetter à des gens qui ne pouvaient en réalité pas emprunter ; et donc pas rembourser. L’apport personnel est un signal important de fiabilité et de sérieux de la part de l’emprunteur aux yeux du prêteur. Le supprimer a coupé cette étape fondamentale du « contrôle » de fiabilité. La suite de l’histoire, c’est la crise des subprimes. D’une certaine manière l’économie c’est un peu comme l’ostéopathie. Vous avez mal dans le cou, mais en fait le problème vient peut-être des pieds, qui sont déséquilibrés par exemple. L’ostéopathe doit donc remonter toute la chaîne de causalité qui se propage à travers les muscles et articulations du dos, des jambes, etc. et trouver le point d’origine du problème pour vous soulager. Exactement comme l’on peut tenter de prédire les effets, en économie il faut aussi réfléchir à ces causes « que l’on ne voit pas » instantanément, et mieux saisir les raisons ultimes d’un blocage par exemple (on parle doctement d’analyse causale-génétique puisqu’on « remonte dans les causes »). Le marché du logement fournit une bonne illustration. Il y aurait une « crise du logement » en France. Loyers inabordables, propriétaires trop regardants, pénurie. « Le marché ne fonctionne pas ! » nous explique-t-on, « le gouvernement doit intervenir ! ». À ceci près que si « le marché ne fonctionne pas » c’est peut-être du fait d’interventions existantes qui l’en empêchent, justement. Les SCOT (schéma de cohérence territoriale) et PLU (plan local d’urbanisme) sont devenus si restrictifs par endroits qu’il est presque impossible de construire dans certaines villes : l’offre étant restreinte par la réglementation elle-même, faut-il s’étonner de la pénurie et de l’augmentation des prix ? De même, les lois sur la protection des locataires mauvais payeurs – partant d’un bon sentiment, celui de protéger le « gentil » locataire contre le « méchant » propriétaire – ont permis aux locataires mauvais payeurs de profiter du système. Résultat ? Les propriétaires ont peur de louer, préférant parfois laisser leur bien vacant, ou demandant des garanties telles, que seules les personnes aisées peuvent avoir accès à la location. La réglementation a ici bloqué le marché : évidemment qu’il ne fonctionne pas ! Il importe donc de toujours regarder un peu plus loin et de se demander si le problème social ou économique auquel on fait face n’a pas des causes dans les politiques mêmes déjà mises en place, notamment les politiques pleines de bonnes intentions. Les incitations, ça compte Voilà une idée importante en économie, qu’un petit exemple permettra d’éclairer aisément. Nous sommes un samedi matin au milieu des années quatre-vingt. Voilà plus de dix minutes que nous attendons, mes parents et moi, dans la voiture coincée dans le mini-embouteillage à l’entrée du supermarché. Une des raisons principales ? Les clients ne remettent pas les chariots du supermarché à leur place après avoir déchargé leurs courses dans leur coffre de voiture. Résultat : les chariots laissés au milieu du parking empêchent une bonne partie des voitures non seulement de circuler correctement à l’intérieur du parking mais aussi de se garer. D’où le bouchon. Aujourd’hui les chariots sont bien rangés. Miracle ? Non. Un ingénieur futé, peut-être inconsciemment bon économiste, a pensé à ce système dans lequel il faut glisser une pièce de 1 euro pour obtenir un chariot, et remettre le chariot à sa place pour récupérer sa pièce. Autrement dit un système « incitatif ». Le problème des chariots mal rangés a été résolu en modifiant les incitations des

Description:
À l'aide de quelques principes simples de l analyse économique, l auteur montre comment la responsabilité a déserté l économie et la politique. Depuis des années, États régulateurs et groupes financiers ont fait disparaître le vrai capitalisme au profit d un capitalisme de connivence. Para
See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.