L'amour personnel des epoux

216 Pages·2009·66.101 MB·French

by  Marie-Dominique Philippe

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Parole et Silence

L’AMOUR PERSONNEL DES ÉPOUX

Marie-Dominique Philippe, o.p.
L’AMOUR PERSONNEL
DES ÉPOUX
Parole et Silence
Nihil obstat
Fr. Philippe-Marie Mossu
Communauté Saint-Jean
© Éditions Parole et Silence, 2009
ISBN: 978-2-84573-802-7
Préface
Les pages qu’on va lire sont la transcription de confé­
rences données par le père Marie-Dominique Philippe,
o.p., dans le cadre des Associations Familiales Catholiques
en 1979 et 1980. Le père Philippe vivait constamment au
contact des étudiants et des familles rencontrées au cours de
sa vie apostolique. Pour les aider à vivre leur vie humaine et
chrétienne, il avait à cœur d’établir les fondements d’une
théologie du mariage et de la famille qui s’enracine dans
l’Écriture et se structure à partir d’une philosophie réaliste
de la personne.
Chercher les fondements d’une théologie du mariage et
de la famille, c’est considérer en premier lieu l’amour
personnel des époux.
La grâce du sacrement de mariage, en effet, ne peut
assumer dans l’homme que ce qui est vraiment humain. Elle
exige donc que l’amour des époux soit un amour vrai. Cet
amour, dans son éveil, mobilise spontanément celui qui aime
dans son cœur et dans sa sensibilité. Si cet amour s’impose
(l’exemple de Jacob et de Rachel est éloquent), il réclame de
devenir peu à peu un amour personnel, librement choisi.
C’est à l’intérieur de ce choix d’amour réciproque que
la fidélité apparaît. Loin d’être un préalable à la croissance
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de l’amour, la fidélité en est comme une propriété, une
dimension nécessaire. En effet, plus les conjoints ap­
prennent à se choisir lucidement, plus ils apprennent à
croître dans leur amour en l’approfondissant dans le temps.
Puisque tout amour vient de Dieu, l’amour des époux
exprime quelque chose de la fécondité de l’amour en Dieu.
De même que l’amour divin est fécond, les conjoints
peuvent être, avec Dieu, source de vie. Le cri d’Eve l’ex­
prime admirablement, à la naissance de Caïn : « J’ai acquis
un homme de par Yahvé. » Cette première fécondité est un
mystère. Elle est aussi une épreuve depuis la faute. En effet
la sexualité, que Dieu a voulue pour exprimer l’amour et
permettre aux époux d’être source de vie, est aussi devenue
un lieu d’accaparement du corps de l’autre. C’est le mystère
du Christ crucifié qui éclaire alors directement ce que les
époux sont appelés à vivre.
La présence des enfants dans un foyer conduit les
époux à exercer ensemble leur responsabilité dans l’éduca­
tion. De manière complémentaire, le père et la mère dis­
posent le cœur et l’intelligence de l’enfant pour qu’il soit un
jour capable à son tour de poser des choix libres et person­
nels. L’obéissance est une attitude essentielle pour que l’en­
fant se fortifie et grandisse en apprenant à lutter. Elle est
aussi la disposition fondamentale pour apprendre à vivre du
mystère de la foi.
C’est à dessein que la retraite prêchée aux membres des
AFC sur le thème de la Sainte Famille a été insérée, selon
l’ordre où ces conférences ont été données, à l’intérieur du
cycle sur l’amour personnel des époux. A travers la Sainte
Famille, nous avons un modèle de la triple fécondité à
laquelle les familles sont appelées par Dieu. A la fécondité
selon la chair et le sang, Dieu a voulu joindre la fécondité
propre de l’éducation: permettre à l’enfant de se dévelop­
per dans toutes ses capacités vitales, celles de son esprit et
PRÉFACE 9
celles de son corps. Enfin, dans une perspective chrétienne,
les époux sont appelés à vivre une fécondité spirituelle, fruit
de leur union au Christ.
Les deux conférences suivantes abordent plus direc­
tement la question de la croissance de l’amour personnel
des époux dans les luttes liées à l’épreuve du temps et du
péché. La dernière d’entre elles constitue comme une
reprise dans laquelle le père Philippe éclaire à la fois l’auto­
nomie que donne l’intelligence dans la croissance de
l’amour et la dépendance que cet amour implique. Loin de
s’opposer, cette autonomie et cette dépendance se situent à
des niveaux différents qu’il convient de distinguer pour
supprimer les confusions à l’égard de ces deux dimensions
de la personne.
Soucieux de rigueur dans sa démarche, le père Philippe
s’adresse dans ces conférences à des pères et des mères de
famille avec l’intention de les former dans leur vie person­
nelle, et non d’accroître leur érudition. La qualité de ces
enseignements leur vient à la fois de la hauteur de vue du
théologien et du philosophe, et de la simplicité avec laquelle
le prédicateur introduit ses auditeurs dans sa recherche. La
transcription de ces conférences en a respecté le style oral.
Certains points de philosophie ou de théologie abordés
dans ces pages ont été développés plus largement par le
père Philippe dans des articles écrits. Ils ne seront parfois ici
qu’évoqués. Mais n’est-ce pas le propre de la prédication
que d’éveiller les interrogations, d’ouvrir à une recherche de
vérité et d’approfondir notre foi en les mystères qui nous
sont révélés ?
Frère Jean-Hilaire
Communauté Saint-Jean