L’âme et la résurrection

92 Pages·013.892 MB·French

by  Grégoire de Nysse, Bernard Pottier, Christian Bouchet

0-
V I I -
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)4
•
GRÉGOIRE DE NYSSE
L'âme et la résurrection
JJcques.I'Jul \hgn~ (IHOO 01H75), prêtre auvergnat, patronyme de
,'1" ue,
notre I.uson, a un plus wand, éditeurs du 19" siède
u
rou\erture le f,<"",imilé d'un manus. ...; t de Grégoire de
t'"
'J7Janze,'">nse,," la nlhlKlIhèque Nationale. Son poissOn décoratif
J
e,
oqu le logo dt' 13 présente, ollecticm. de celle qui
port.lit le num de " Xeuç (. p<>LSSOI\).
Grégoire de Nysse
L'âme et la résurrection
Introduction de Bernard Pottier, '1
Traduction de Christian Bouchet. agrégé de l'l 'ni\t'I"'ilé,
docteur ès-Jeure,." maître de conférences " 1T nh'erstlé
\·ous Jan: cc livre .
trou\ert:'l
des Antilles-Guyane.
• tne intrcxluulon de lkmard PO«tt~T. si 7 Annotation ct guide thématiyue de I\.larie-HélcnL'
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Congourdeau.
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Le l>IulOf{ue ~lIr lûme el/a ré,\UrreCllOn
de Grq;olfc ùe 25
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1 n guu!e- th<.:OlalulUC Jx)ur une étude personnelle... ..'
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17. nie d'Alembert - Parts - 14'
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Où llOtlnt/,r('.Ie la Blhlt' "'urplélllt'n l, 1928· 1987,
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Du; tloll1lulrt' do' ThéoIogl" Cl,thollqlle, Pa"" 1898- 1972. Réalité historique fic tiOl I bitera ire ?
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Les pre mii.' " " lig nes de notre dia logue relate nt un
\!O'lUml7lla GenmlPl'de H, .. IOf1c:a , Berlm, I H26.
é vé ne m ent que l'o n pe ut dater. ~eize .siècles plus tard , a\'ec
III
Pl"n-S Foi 197H-
tla~ Pan~.
PDF
urte étonnante préc isio n . G régOIre de :-iy"e, affl igé par la
MIgne, l'arro/og/a Gmt"-". Paris, lfl57-1H66, 166 \'01
PG
mo n d e frere Basile d e Cé.sa rée, s'empresse au chevet
~hgne, l'alro/aglu [at11la, Paf", 18~4- 1 i'~5, 221 \'01. 50'1
l'l
d e sa sœur Macrine, d o nt il a appns la maladie. Il ne l'a plus
PatTn/oBltl LaIUWi! Supp/emel1lt1n7. éd A HJ.mman,
Pl
Par", 19-5, \01 revu e depui s huit an::. Le lende main d e leufs retro uva illes.
19'i~ 0;
R''IJ/t;'IIr)kl 'P',J/(' Jitr Allllke 1lI1<1 Chrlstel/llun, ~tuttgart , e lle me urt à so n tour ' c'd lit le 19 jutllct 378' . Ju squ 'alors,
Grégo ire é t .. resté discret, so n activité litté raire
!il é t.1ll
1950 -
5ource:\ rD,étl('ll1lI:S. Pan.. . , ]9-12 - réduite. Il avait pa ssé la quarantaine. La disparitio n de ses
TOB Trodu(. /;uU Oecumcnique dl! la Bible, Paris, 1967. brillant.s aînés le fit accéder à une sorte de conscience
nouve lle : il d e vaIt sauver l'ortho doxie et J'honneur de la
La -Jduf..1ion éle .\1ane-Ht.;.lene CongourdC3U .
J rl'\ 1 't: polf
famill e au milieu des comhats ecclésiaux du moment , el
exercer l'autorité personnelle que cette situation inatten ·
l.1 pré>c'ntecollewon. dm!(l'C par Adalhert-G Uamman et Marie
due lUI conférait. Il s'acquitta de sa dette envers Ba-t1e d e
HeIt.."!lc CongounJc.:3U. est puhhee sous la responsabilité de l'As..f.K)-
di\'erses manières. notamment par ses intervention .... au
c t 1 P lIgne
conCIle de Constantino ple en 381 et la rédat'tion d 'un
immt.~n~e Coutre Eu Plome. achevait la réfutauon entre·
qUI
\lIgne P ,tic d 'Alt>mhert , Paris 14' · 19911
DiffUSIon 8repols -'<-~~l_Cf :'\)"~ ~.
__________________. .:.._ ____________ P. MJ.rJ.hl.l , dan .... lïntfOuuctio n à Grt'gnlrt" de .. [(>lIn:s. Pari'- .
_
(-:...rf \"( n IH-2b._ ______
1l~ ~(, -\
l.-UIL 1:7" LA RESl j(j(H.. TIO:\'
pn'{ p.lf Il ... ·estimait également redevable
B.I,iI~ ~I alerte. moÎn .., dialectique, moins équilibré. Macrine prend
:\f.IOIlH.' qut' d,In ... notre dialogue il de ... i~ne consta.mment toute la place , et de plu, en plus, au cours du dialoi(ue.
conUlh.: _mJ pt.dagogue. En dehof.'; de la LeI/l'!' XIX, qui Grégoire joue l'a vocat du diable. mais on le sait d·accord
I"t.'\oque nrièvcmenl. Grégoire con..,acra à sa steur moniale avec Macrinc. Il n 'est pas vraiment à la recherche d"une
deu\. l'cnts d'une certaine import3nce . une ~~ie de saillIe vérité qui échappe, comme les disciples de Platon. mais
\la, nw. . • qlll nou!'! !J\Te une foule de renseignements désire eJT'membrer de raison la foi chrétienne qu 'iJ profe!oJse
ht'lOrHllIt.'\ sur k· ... per\onnes el leur milieu de vie et le déjà , avec pusillanimité parfois, prétend-il.
n,alogue .\ur lûme el lu n'sun'eclioll, que le lecteur tient Parm, les quelque soixante-cinq œuvres de Grégoire, on
entrt.' It.-s nuin~_ Le "ot:<:ond écrit, qU.ltre fois plu\ \ 'olumi ne trouve guère qu'un seu l dialogue en oehors de celui-ci .
neux que le: prt::nller .." 'icmhle avoir été rédigé après lui el est il s'agit d 'une brève discussion avec un philosophe concer
cen .... e rapporter les conversations qui occupèrent l'ultiJne nant la question du de>tin (le Contra fatum , PC 'S, 14S-
,·"iI"
de Grég01rl! il sa sœur mourante Il e,t dIfficile de 174). Les traités y sont bien plus nombreux, et entre autres
dater ~l\'t.'(' rréClslon l'ou\'raRe lui-même, qui doit proven ir les traités nettement didactiques comme la Grande caté
du d"but de la periode fé«' .de de Grégoire, enlre 380 et cbèse ou La c réation de l'homme' qui se rapprochent de
5H'i notre dialogue par les destinataires qu'ils visent. Grégoire
semble en effet écrire ,ci pour des intellectuels chrétiens,
éventuellement pour des païens bienveillants, afin de leur
L Phédon chrétiell
11
montrer que la foi n 'est pas absurde, qu'elle résiste vaillam
Quo, qu ïl en ,oit de la vraisemblance de celte mise en ment aux objections de la philosophie e t propose même
"l'ne. nOll'i nous trou\'on\ devant soixan te-dix-huit répar une sorte de philosophie plus puissante, nouvelle ct
que s "chani(cnt deux Interlocuteurs, l'un d'eux é tant cohérente. il en appelle aux épicuriens, aux st6,ciens et
Ile
aussi le dont les brèves interventions sporadi aux manichéens, il cite Platon et Ari.stote, mais ces référen
ndrratt.~ur
que, ni,ument habilement révolution de l'argument. On ces sont vagues et générales. Il s'en prend surtout à la
>ooni(e Jus"tôt au Phédon de Platon, Socrate, sur le point philosophie commune de l'é poque et puise lui-même, de
oc prc-ndrc 13 (igue.', réconforta,t lui aussi ses disciples avec façon éclectique, partout oll il trouvera de quoi construire
couragc' et forcc' ,r:llne. S·agirait-il d'un Pbédo11 cbrét ien? sa propre synthl'se 11 met d'emblée la vérité de l'Écriture
l.t' d'Jlo).(uc- de Grégoire est pourtant moins et du dogme chrétien au-dessus de toute opinion philo,o
Pl'Ut ~êt re'
phique, mais il n'en r,'ste pas moins critique, il se sent
étriqué dans une foi qui ne chercherait pas à comprendre,
1 Cf li POlla:r, Iheu (" /" Christ se/ou G'ré/<OIre de Nr. ...' e, tlUde
~t.",cJlllf1l(· du ' CoNtre !;lmome • aL'ec ,,.aduCIU)Il mé~Iile des ex
trlJlIs dl Ullflmi' '"mur, J99 f Cuhure et Vérllé. ,lIffu ... ion Cerf.
r
j ÇC 1"'1::1 \faTl(I)tt' t" , .,'8 t ,lIIé tla fI5 l'tRiI'!(' ancfemw. !r<ld Quért.
pm P
~9 (>6-~~
S. Grande Cali'(.b,·w, l'DI' (, , [" c.rt'(l/ion dc.' l'ho,,,mc.', SC (,. Pf)F
A. . an '. .. ré';':"'H" d(.',"" l('rf",m .. v<Jlt:nl (rdllé dt:' la rt;,,"rfe.'oion . 2.~_
:A:arhén:J.gor(." /'(,6, Y7j 1024 ct )u~hn PC; 6, 1571 IS9Z. d )w.lin Pour aVOIr une vut: plus <:()mplèt~ de l'.lnthropologlc de (iré~oirt".
rtrr (CJml)/~'tl~. B,hl,olh("CfU(" J. Migne. 19<)4 • Irénée." Ad" on ... e reponl'r<t l'~dl('menl JuDe mortllt.~ el Ju/k ,,,janr,bwi( l-f. D"'II
fl-J1trt
ne
,.~(,. V ·J1 el T~ull,c.:n, ltl rf urre(tlfJu rie..: morh. PI 1.. 791·Rff(,. ('t ft' mu/. PJ>F(9), alO.'" qu 'à '"erlolim, p ...... agc..·' du l"'1l,,,,tott', SC
d:t"
119 (,( C'OOlIllt<nl;lIres sur 1". pIJ}-' 10 ou le Conflt/Ilf'
Mtthodto dütyOlJlC'. Ik . .tr,';~.HO, qUI ,'oppo otll l: d~~ bt'tltltud~.
P(I
le , le." premlf'r A 1(' L"n· "..-,us form(" dC' dlalngll(" tJe\ (Unlll/lle,. P/)}-' "9·')0
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(."R/:('O//,'F /JI- \ H\c
t L Alli I:T LA RESl NNEC/10\'
Il
aut.lO! qUl" IllJlhonnete .,,' i1 ne re('onn .. leur part ùc
II.s~illt le traité proprement théologique : le nom du Christ CM
\ern\" aux phllo-..ophIC'" p3Ienne ... " absent de cet (;,crit"' .
qUJ~1
Survolonl, quelques-unes des thèses majeures de notre
dialogue, en particulier celles oll (jrégoirc fait preuve
ne la philosophie il la mystilJue
d 'originalité - car il est certainement le plus spécuiallf des
'ou!'. que \1acrine prend Ùt.' plus en dt' place
dl~H,lb plu~ Pères Le lecteur moderne ne trouvera p;l'i.
cappadocien~.
dJn ... le dlil!og:ue, au tur ct ~) 111t'!'.urt.' dl' ~on dt'roulement. nécessaire la suite du développement de Gré
tolJjour~
On compte l'n dfc..'( répartlc!'. d.IIlS LI pre
nnqll.lnte-~C'pl goift.', AUSM prcnonb-nous la liberté de prébcnter les points
mOllit.' (1-6H. IU!'.4u PC -th. 8'5 ln. contre \mgt ct une
nl1~rc forts de cct ecrit un ordre différent.
d3n~
run ... La dc.:rnu.:rc est entièrcment
~l·\.·()nde. Ct'Ilt.' pre~quc
con!'.utut-c li quatre (h~l.·our!'. de Macrine et un de Gré
Immatérialité de l'âme
co ne. .lnt le déSir J .... DIeu la purificalion de
-gOlr~. Cl
himt'. la 1Ill:ICf:lpsYl'll!'.e ~ rqeter. b ré~urrection dans Tout d 'abord, il faut prouver que l'âme eXiste. Grégoire
Jldenltlc! et J'altc..'ntl.". Il y J peut-être là l'I1ldlce d'une déploie ici toute rargumentauon classique contre le maté
mJlaùrc ..., l' dc Grt-g:olf(~ ~l manier le genre littéraire du rialisme. L'organisation du monde, le sens des choses, la
dialogue. qu'il e-..( toujour!'. (cnté cie tran~former en traité vie elle-même sont impossibles s i l'on s'en tient à la pure
dH.bcliqut.', Sans doute. On remarque aus~i, cependant, matérialité . Il faut postuler quelque chose de supérieur
qut.' k .... -..ujeh ;lhoH.k> ... prêtent de moins en moins au débaf d 'essence spintuelle, au delà du pour rendre
sen~ible,
phllo. ... ophlque propremel1l dit. pour dériver vers J'exposé compte de la beauté dynamique de l'univers (11). L'être
rontt:mplattt el même mr~lIque des réalité.l) les plus pro humain lui-même, comme un microcosmt (12). ne peut se
de 13 foi. réduire aux seuls éléments qUI le composent matérielle
tonde~
De ... questions sur J'âme, fort fI la mode au quatrième ment. Ceux-ci n 'expliquent ni sa vie sensible, ni
~on
sièdc. on p;lc: ... e à J'éntgme du peché et de ses conséq uen activité hautement intellect ive. GrégOire reprend ici une
ce • a re ... p(Hr du salut même dan!'> I,C!'> à analogIe sto'lcienne classique: Dieu e'i.l l'âme du monde .
forme~ dévoyée~,
1a ... surance de la rédemption en Dieu qui sera tout en tous Sans présence immatérielle, le monde ne pourrait
Sj
a la fm temps, lorsque toutes choses seront restaurées subsister ni se mouvoir. Mais cette reprise est audacieuse
de~
par lUI dan ... leur constttution première: c'est la fameuse en contexte chrétien, car pour la foi, Dieu est ahsolument
Iht'orie de l'apocat3sLlse, dont une version inspirée d'Ori différent du monde, qui fut créé par la liberté divine
s~,n!'>
'jera condamnée par le concile de Constantinople de nécessité aucune. Grégoire continue pourtant à affirmer
Rènt.~
(Denlmger 411. cf. 801 Ces envolées mysti que le Dieu transcendant des chrétiens est aussi, du pO lOt
'i j.~ lIl/if/e).
ques n·empêdlent le dialogue d'en rester au plan d 'une de vue de l'être, omniprésent à l'univers visible comme son
pa~
(t'Haine philosophie chrétienne. On ne verse jamais dans âme secrète . Transcendance el immanence sont compati
bles dans sa spéculation. Oc même, l'âme humaine c!'.t
n
oS Cf Je5 ~,3-4· 3'5. 123 tm-ll4. (,rcp;olre dit st' méfier de la rhé-toflque,
IZ~ et de 1;1 ulalC:ClIque, :ib. mal.. .. en même temps, il e~t fri.md de 7 Il n'apparaît qU',lUx §§ 56 et 11 C; Notre textt! comporte cependJnt
leurs prOlc:dts d la lungue ~ricxJe du S Il . Je ... sytlogasmes quelques pa ...... ages plus sCripturaire,. en particulier le.;; commentai·
tliSjon,Tlf'!l dloS Si" .H, 96. 99 el l·ent.:haÎnement de ... \.-'Ilo~i~mes du res des parabole de ('Ivraie, de Lazare -\R-t9, 63-~1 et de lexte.s
IR. • .
'iunout 1 Co 15 et le • Dieu tout en tous',
pallhnien~,
(iRé'GD/HL Dl:; .'VnSE Ii:/I:
L liT LI Rt:\fNREC/JO.\
1 Z
compli:tement immergée dans!e composé humain, ma!sen les di,tinctions sont noues, la ,mgularité e,t ab,ente, on
n:,te distincte par son caractere proprement Imn131en el efface les frontieres qui séparent l,'s especes entre elle,
l'die est la première thè>e de Grégoire, avancée au prix a utant que les indi vidus d 'une mêml: e,pece, L'étre e,t
d 'arguments /)",n développés, dont pourra juger le lec indifférencié D'autre part, puisque cette thè!.e métaphr"·
leur : existence et immatérialité de l'âme humaine. Celte que es' liée à une ronception morale du monde,
douteu~e
première con; leuon est le fondement cle [Out l'éclifice à e lle donne lieu à un paradoxe sca ndal eux, La condItion
"enir, comme nous le verrons. La que;,lton philosophIque supé rieure et moralement plus parfaite est cell e où naît la
de lïmmortalité cle l"âme, à peme e ffl eu rée clans nOIre faute qui cause la chute, et la conditIon mférieure et
dialogue, n'en est en faIt qu'un corollaIre, L'es;,e ntie l est honteusement immorale est celle où devrait se conquérir le
d 'être capable cle penser l'imm,ltérialité cle l'â me, ca r to ut sa lut qui ferait regagne r la perfection perdue . Il y a là
le reste en découle La thèse platonICienne cle l'immortalité comme une inversion clu bien et du mal, le premier étant
est donc admise sans démonstrat io n au sens strict. Les ca u,e du second , e t le second restaurant le premier
arguments en sa fan'I" faisaient sa ns cloute partie du La démonstration de Grégoire s'efforce d'écarter égale
patrimoine commun J'une certaine intelligentsia de l"é po ment toute idée d'une préexistence des âmes avant leur
que, Gn' golre se contente cl'établir fermement son imma apparition en l'homme ou en tout autre ê tre , Sur ce reFu,> ,
térialité il bâtit sa propre thèse, d'inspiration aristotélicienne, celle)
!a <correspondance macrocosme-mIcrocosme de la s imultané ité totale de l'âme et du corps en l'homme,
L'idé~
reprise ki conventionnellemenc , mais ne constitue pas clès l'origine en union infrangible, chaque partie croissant
e~t
le fond de la pen,ée grégorienne , En effet, cle même que au rythme de i'a utre et pmais sans l'a utre , Cette longue:
le Dieu chrétien transcende le moncle, cle même l'homme, dissertation de Macrine sur une prétenclue migration des
image de Dieu, est cléjà comme à la frontière et aux confins âmes - la répartie la plus étendue de tout le dialogue - est
de l"univers maté rie l. L'image du microcosme enferme susceptible d 'intéresser nos contemporams. On sait en
Ihomme clans les limites de ce monde; l'iclée de l'homme effet que la question de la réincarnation fait retour dans
comme être-de-frontière l'ouvre à la transcendance divine notre culture de diverses mamères depuis quelque tcmp;"
a l'image de laquelle tl eM créé, et que le problème cle l'humanité de l'embryon entraine
bien des réflexions épineuses sur l'agir concret et quotI
dien de nos sociétés médicalement technicisées· !iur ce,
de
Pas réincamatioll
cleux points , la réflexion cle Grégoire ne nous semble p'"
Dans cette même logique, Grégoire s'attaque vIgoureu déplacée ,
sement quelques pages plus loin à l'idée cle la métempsy
cose Sa démonstration est assez étendue (88 à 101") ,
Un liell ill/ral/gible de l'âme au
corps
Outre les moqueries faciles visant à ridiculiser l'errance des
âmes passant d 'un vivant à l'autre, Grégoire oppose deux Lorsque l'âme huma me, dont Grégoire a vigoureuse
puissants, l'un ontologique, l'autre moral. La ment démontré l'immatérialité et admis l'immonalité, sc
ar~uments
sone
metempsyco,e implique une de monisme de l'être :
ut' ". ..
'ur 1 .. d l'b
H \(10 (JUHIOt· ueatron (' ommi! en fournu une autre. plu., 9. Cf:\1 Cané\'I:'I,. L'humanilé de l'embl)'on ~Ion Grfo)(Om: ~.
•. • n· .iI
brn. ma" pa ..l le1e, ZR, SG IJ 217-221. PDF l~, "'.ISI dans .\'oul'el/e Rel'ue Tbéolostque 1 J4 C; (lWZ) 6'7H-hQC;
l
L .of HI: FI I.A Rn, RRH."/J( J.\ IS
rettre du lompo",t,; hu mai n . le co rp!'\ maté rid
~e (h:~a~n.:ge , dans l'esprit de l'a rt ISte entraîne la pérennllé de IOUle
les élém nt, ' e d lspe p,cnl et rctournc:nt a leur
con~tlt ua nt' œuvre créee par lu i. Celle haute c t belle spécu lallon suffIt
heu
ruturcl Ume p ro uve sa superioflté immal é rle ll e
~1.1I, à l'e'pnt hard I de Grégolfe pour prouver du mOins 1.1
et on union a ve c lt: corps . en gardant mé
In frd n~,hle posSlbdl te d 'une résurreCllon corpordle aprcs !J sé para
mOIre •. pour a InSI dlfe. de chal un des éléments qu 'e ll e a
tion de l'âme dans la mort , Les Imag maltons mformallque
Unt e ntre e u X et ,,, el' e Ue durant la vie du composé (S7-
de notre époq ue ne se ,enltront peut-être p", rehutées par
- 1). Cette thc':)c extrê mement o riginale de Grégoire, a cellè hypothe,e hn lla nte, Oatlleurs la maltère elle-même
preau rc vut." bi za rre, mérite 1',lttentÎon . Par cette t'spc:ce de sem hie à GrégOIre prendre par moments une fIgure-
3~'CZ
lien perm" ne nt qu e 1':lme humaine , après la mort UU Viva nt idéa liste, que connaît au"i notre SIècle de phySIque
lcrrc'tre. nl' d'entretenir avec tou' élc.:mt: n b quantIque . [;t ·c1 le a ul re chose. se dema nde-t, il, qu' une
ce..'~L" ~C~
constillHlf, po urtant éparpIllés , e lle se montre co mme convergen ce de quaHté:-, qUi. en réali té, !-ton[ purt.-·
toute~
prèle " reno uer imméd,alement .1\ c e u x, dès que l'occa men t intellectu e lles' La matIère eSI-eli e autre cho,se qu 'une
sIo n >e n presenle ra Celle specul.lIlon n 'a p as po u r hut com h inaison de l'esprit (105)'
d 'expltque r le méc .l'lisme de la "","'rect,o n d e s corps,
In.." dl' bisser c'ntn.\O If il l'intel ligence sa po" ,blltté
Une création fi nalisée
rJllonndlc LI dbpL·r.slo n malenel s ne cons
<.lc~ c1ément~
vers n otre cam ml/Ilio n a ' i projet d iL'i1l
tItue pas un ohstacle pour l'âme q u" par définItio n , est
irnm:nênelle et c'est-à-dire aussi hle n partout Ma IS cette ' péculatio n po ur a mSI d lfe ph ysique, 'lui
in~ltuahle,
que nulle part Cl' lien n'est pas maté riel o u fo nctio nnel , pré pa re la fo i e n la résurrectio n , n 'a pas l' importance d'une
maIS proprement IIllell igihle e t splfitucl. autre considé ratIo n d e typ e mo ral e t mystique, Grégolfe a 1
GréH Irc n 'entre pa~ ici da ns les con~lderalionc., que défini l"ilme pa r sa ~eulc pui~~Jnce vivificatrice e t Intc l!('CU\ e
•
reunmlrcnt cl autres auteurs, comme par exemple salOt car e Ue est à l 'image de Dieu ... o n créate ur .fJ5ar la . Ii rc:fu't..·
la defin/tio n cla SSIqu e du plat()nts me qui admet uan, l'âme
Au»:u'lm dam Lli (III! dl! Dlell ( ltwe 22) • comment . récu
a
b présence des pas>io ns, du dé s" e t de la colère' l'n
pt.-rer . ëlt:mc: nts qu i entre-te mps auront servi d 'autres
dc~
1",
particulier (l e concuplscihle e tlirascible , diro nt scobs ·
usages, seront e ntré, da ns dautres compOSItIon" elles
même.s dIgnes de re,susclte r é ventuellement' Grégoire se tiques), lei encore , Grégo lfe en appe lle à une thest:
originale qdi )Iâ est chère, que )·on a no mmée un peu :Ilort ..
contenll" ue avec fo rce le Iten formel que l'âme
,s()ult~n er
sa thèse de • la d o uhlt' créallo n " , Dan., nOIre d,.lIogue
ne pl'UI d': nouer e t il l'illu stre par la magnofique comparai
n'apparaissent p"15 tous les lenants et d e (·t.-tte
son d 'un peintre nctif qUI serail capa hie non seulement de abouti~sanh
'0
position, mieux explicité e dans le traité sur La créatI o n cil'
wmbmcr les couleurs de hase pour produire toutes les
l 'bomme, A so n habitude , e n effet, Grégoire mesurl' dans
nuancc' uc 'on art, mais aussi après coup de les séparer à
chaque cas , en foncllon de , o n lecteur, l'opportunite: de
en mémoire la formule précise
nOU\'c au (OUI e n con~cr\"an(
déployer toute sa pensee. par devers lui très constru,te ct
d, leur combma"o n : celle survie purement Intellectuelle
très complète, ou sl'ulemenl tel ou td ."peel. Am" dl'11I1 '
1G c..r.!g I~ e~t Ir6 im:ll(lnJllf el vraiment pUI ..... Jnl dan~ ~c:~ ('ompJ~
roloo par aillèur:;. très helleo; On peut en <.k'noOlhrer trenh.."-dt,uX ,
r
.:!co dlff reme5 Impo rt.Jntt:s_ dans le Dt> amma 11 Cf B. Pottu:r , Dlt'II ('t le Christ ~dfJ" Grégmre dt' \ '} St' 2~'"
GRtGOIRf DE '} t m/
1 f:r
L Â 1/ L' llRU lioN
(' t-on 1 un dc 1 aUlre, cht'z (;re):o Jrc, un OU\ ra):e heuri'
pUlll1l1 ve q u e ' "ho mme.: aUJo unt'hul '" chemme librement a
IIQU polemlqu d,d.l< Ilq m ' o u ,p"ltul'I "
tr.l\"l'r:o. la puritic !tum dl' son MIl{" pl't' here 'oC, .1ftn d ~Idhé ..
\ 0' 1 en hre la tcn ur de 13 lh se d e LI douhl" u< ,ltlon ",
fer rrogrcSSi\c.' Oll' nt l 't p('rs()nncJl~mt'nt .IU pro Jet Ol° 1)1 U
DI 1 .1\"211 forme Il- des ln d l' rl'C f un homm~ ( 0 1 porl'l
l. To ut ll'U IInphquc unt' complexe dt' r.lpport s
( O nl"t:r1h>n
os
nu rement touro \ IlH et p .Hf.lIICment .l on IlllaRl'.
<nt rl' le llIal , 1" p<'lhe e l 1.. "hl' rte, que "rcRo m d,'plo,e
l\Ul Dieu. dJnl.; !Ii.1 prt." 1 tOlltt." pul:-.. .... lntt; . a vait \ u 4ue
nl.C,~ <...l,In " bo n nomhrc <.Je
<lVl'C \"1\. .lntê ~C'" t'cnt~"
l'h mme <lU" cr< It !.hrc ' c d tournerait de lUI I11c'lI'erall
r:1J on d' Ircralt ' e r"l'p",<ller de 1 3nlll1.11 3U4l1cI
t't
Punfwr les pmslIi/l.\
,1 dép p3 r Ic corps '\U"' , d,lIh , a pre\o\ance
mfa,lhble el pu pure b ,e", ,'III e po ur le lu t oe
,IIK les pa Ion de )':tmc, dé""f ct cokrc. n appartiennent
1 homme '''eu le ,T"3-1 il dJr,,<,tcl11,'nt d.ln' um ,.utrl'
donc pa, a l,,, <:nee dl' l'àme, ,lin" qlle le prétend PIJton ,
nd,t,on elle Prolt!t ',' Inltlaklll nI l'Ir lui. dan une
<iu~ Lllc~ lui ~(lnt au (ontraln.- adventlct.." ('..if dlt:~ .,ont le.. .
ondu plus pro he de ( dk- dl' l'anllllai a uqud Iholllme
Il conséquences du pcc. hé De même. M.."lon Grcgolff.. .. l'exer·
re' se mhler du
'\oudl"2lt c t ml'ml" <.:oup, rn.".~tl·nelJ!)ement ciet." de la ... cxualirê' n 'est pas un élément cso.,cntit. .. l de la
nu ux ad3l'ke. un relour po",hle d l'homnw "ers DIeu
ùcfillltlon de l'homme. Or. tout (c qUI n"t'st ,>a.., c ...... enttcl
gr ce:a l 'In arnatlo n d u \'erb,--', 4ui donnera une ù ... ibilitt; ... cra abandonnt." dans la vic future la l· ...
.\1:ti"l
lh~lIr
Dl·U lUI-même Inltlale me nt , ùan~ Cl'Ul" • prl'nllère <.:réJ. es ... cnuelle L·âml~. grâce au lIt.'n Immateriel que nou", <1\"on
Il n - quI n e ut ,a ma l lIeu , DIeu vou!."t cr"er l'homme dam decrit plus haut. retrouvera ... on corp:J PourtJnt ce lien
un or:e d~ comhll o n ",I0):"!.que lerre,tre", Concrèle dc\'ra depouîllt.'f toui ce qUI e ... t pecC".ùnlOt.'ux t'n lui Aln. .. i
ment ,1 le O.lOS un a ulre' condlllon 0.1 ".\econde l'âme dOll se pUrifier de hlute, le p,l'Slons 4UI OlllJOurdhlll
u~3
cr lIon ,) o u 1 corp e re produll de mal1lere sexuée el ou au corps de ... Cf\'llc...·, pour ('onqllérir unt"
LHt~llhcnt fa~'on
1 me est sounÙ! .IUX pa 'S!'iol0 n l't san", T'lison du rel.ltinn '<:IRn.:uria'" ;. légard de c"tte duir 4"1 ménte d,'
~ :1nimale~
dc ,reld 12 ,,01 ncc Cettc l ndltJC)o seconde de l'hol11l11e, rc. ..... uscilcr. car elle e"' ... cntielk· l'homme Jan .... la \
e"'l 1"'100
;j
(pend.lnl pensee du po ,nt Ol' vue de DIeu , est h,en première de Dlcu . Cette purific-.lll0n peUl .... effl-ctut.·r dl.~
re lIemcnt 1.. CO" IIcnec dl' ,on !.hre péché et tout il la cette vie terrc ... tn:, lub elle d· \"r;~ .... ·3lhevef aprl.· ... la mort,
101 13 de lUI o('<n<.: par Dil'u pOlir ,'en !Hlérer On ùan ... IJ mt,.· ... ure Illt:me où ,,:Ile seL. '-neon.: néu." ......... ure Am"" 1
Vot
la souffrante ·cn:-..uivra n'aura (;t'O d'tm
park d unt' ule" d o ublc c rl <Illon " ,'ar le, deu \ creatIon" qlll ... lh~ttlllll'n( lm
en 'lue lion n ure nt p ... h"u ,ulTl'"ivem<:nt. mai, 1.. po ... é par Dieu. 111.11 ....... l'ra 1.\ purifil":.ttHm (ulun.:llt· Ù"" 1~ lmt.'
en n:cherd"H..' de son Hen \,.; ....... entld It..' corp"', L'n \1.ll'
preuil rI! c t comme IOtc,:flc..:ure a tt 't'conde. Elle en c!')t à ~t\Cl"
d'unt: !ihn.: communion au de ...... ein dinn Dll'U ne pUnit
la fo, le pnn tpc ,d al et le terme r"eI. Lor.'que Gre!(oire
pa:-.., c'c ... t Ihommt:' qll1 "'l' punfa: pour connaître Dit:u ,
de la ( o "dlt,o ll pronutJ\'" d" l'homme, il faul son!(er
<1'"
c n e pr m'cre Illon n'a de rl'ahlé, jusqu'id, quc
U
par 1 t'l'fil d e DIeu 1I1,Jl5 qu" l'''lIr r"ison Illl'mc, l'sI
('t'llf~
/e de,\I"
T,.tl1I.~r()"I/I<,r l'/I tlm/JII"
b,en plu rt"'''' que Ioule autre , (,'l'st vers lelle (,(lIloition
~t.li~ Ü. . I (;rl)r.:()irt' rl'nnlntre une nClu\"l'lle ohll"Ui<.lIl, ~l
laquelle il opp"'" une hnll.,nlt' Intllltion te d",,, lUI-
mt.""·f1lc..', que ['on J cllnsidt'rl' lusqu'1t..tCOl1unl' unl' Ixl ...... lon,
l'r
1,.; (/ 8 POUier DIeu Il,> (h "cm (,n'RQ(Y'" de .\')':\\""e p
nL- puu ....... e-I JI p.l!'> à cht'rdl~r Dil"U' :""c~t~il pa ... ncll" ..... Jirl'
ct
J ~ ÜI ' lIOn d,.f '''"HPIm, 13 { '1>-17 ,. 'Il,IM