La Verite Des Miracles Operes Par L'Intercession de M. de Paris Et Autres Appellans, Demontree Contre L'Archeveque de Sens

221 Pages·1737·9.127 MB·French

by  Louis-Basile Carre de Montgeron

LA VÉRITÉ
329816
DES
MIRACLES
OPERE'S A L'INTERCESSION
D E
M.DE PARIS
ET AUTRES
APPELLANS,
Démontrée contre M. l'Archevêquo
de Sens.
DÉDIÉ AU ROY.
Etpreſenté à SA MAJESTE
le 29. Juillet 1737.
Par M. CARRE' DE MONTJERON
Conſeiller au Parlement.
R
TOME PREMIERU
Q
E
H DELA
LYON
L
B NOSI
M. DCC. XXXVII.
@
A U ROY
SIRE ,
J'OSE eſpérer qu'il ferapermis à un
de vos plus fidélesSujets, à un des Mi
niſtres de votreautorité, quidepuis 26.
ans a l'honneurderendre lajuſticeen vo
tre nom ', de ſuivre enfin le zèle dontil:
ſeſent embraſé pour la gloire&pourles
intérêts de:VOTREMA JESTE.
Dequelle confiance,SIRE , nedois-".
je pas être animé ? C'eſt pour la Reli
giondontDieuvous'a établileprotecteur;
c'eſt pour l'Egliſe dont vous êtes le Fils
aîné; c'eſt pour la proſpérité de votre
Régne,& pourlebien devosSujets';c'eſt
pourlaſûretméêmede votre Trône; c'eſt
pourla Vérité&pour la Juſtice qui en
ſont les appuis les plus fermes , quej'ofe.
ouvrir labouche:Quelsobjetspourroient
toucher plus puiffamment le coeur d'un
Roi Très-Chrétien ?
Il eſt vrai que juſqu'icion a tâché de
perſuader à V. Mique lesMiracles done
Az
4 EPISTRE DE'DICATOIRE
j'établis la certitude, ne font qu'impo
ſture &*illufion, & que ceux qui"les
publie ,ne cherchent qu'à s'en faire une
argumentdeparti. Mais je metsma con
fiance dans la force decette Sageſſe éter
nelle quifait régnelres Roisy en leur fai
fant part de ſon autorité ; qui leséclaire
BE
pourordonner ce qui eſt juſte; quileur
découvre la Vérité, pour lesmettre en
écat de protéger l'innocence & de con
fondrelescalomniateurs. (Prov. c. 8. .
15:) Quand elle faitbrillerles vifsrayons
de la lumiére, c'eft en vain quele men
fonge affectede fecouvrirdes dehors des
la piété&de l'amour del'ordre. En vain .
!
il employetousfesarcifices pour trom -
percesMaîtresdelaTerre, & pours'in
finuer auprès de leursDrône ::lesyeuxer
percans deces imagesvivantesdela Di
vinité le foudroyentd'un ſeulsregard, &
le profcrivent dès qu'onle leurmontre
telqu'ileſt.DivinatiainlabiisRegis,injus
diciónionerrabitosejus..( Prov.18.8.10.)
Je nedoisdonc pas craindre, en me
preſentant devantun Prince fi jufte &
fi religieux , la puiſſanceou les intrigues
de ceux qui s'appliquent à combattre la
vérité des faitsles plus importans & les
pluspublics. Il fuffit d'offrirà V. M. les
preuvesinconteſtablesdepluſieursguérid .
fonsoù l'opérationde Dieueſtmanifeſte.
Si elledaigneyfaire attention , Ellecom
AU ROY. SY
piendra auſſitôt qu'en y rendant témoia
gnage, on ne veut ni fournirdes armes à
ceuxqui ſeroientaſſezmalheureux pour
ſé révolter contre l'Egliſe ,ni perpétuer
la diviſion dans l'Etat, mais venirà l'ap
pui dela Religion , & contribuerà une-
véritable paix ,qui conſiſtenon dans un '
(dence forcé & criminel,mais dans la:
tranquillité de l'ordre&dansletriomphe
dela juſtice.
J'avoue,SIRE, queparuneinfinité.
de raiſons je ſuis bien indignede ſervirà
une oeuvre-fi-importante. Ce n'eſt pas
que je n'aye toujours déſiré de me mons
terunde vosfidélesSujets,mais j'en étois
incapable aux yeuxdelaVérité ; car elle.
nereconnoîtdeSujetspleinement & inva
riableinentfidéles àleur Prince , queceux
quifont fidélesàDieu. Or je n'étois pas:
Chrétien.
Maisjelefuisdevenu. LeSeigneurm'a
conduit par ſon admirable Providence en
un lieu où-il faiſoit éclater la puiſſance
en le rempliſſant de prodiges, & où on
honoroit ſaſaintetéavec une ferveur ex.
traordinaire. Frappé moi-mêmetout do
coup demille traits de lumiére, je ſuis
tombéàſes pieds;j'ai étéabbatu, terraſ
fé, &heureuſementvaincu. Jeſuisdeve
nu ſa proye & fa conquête ,moiqui n'é
tois qu'unimpie, qu'unmonſtre;&cette
merveille de la droite du Très-Haus qui
Az
69 EPISTRE DEDICATOIRE
m'afoumis à l'empire defagrace , vousai
NE
attaché mon coeur & toute maperſonne:
par desliensnouveaux , parce qu'ellem'a
appris à révérerdans mon Roila Majeſté.
Divinequ'ilrepreſenteſurlaTerre.
Pénétrédureſſentimentdecetteineffa
ble miſéricorde, je voudrois, SIRE,
pouvoir faire entendre ma voix à tour
l'Univers, & dire à tous ceux qui l'ha
bitent : Venez voyezles cuvresdu Sei
gneur,admiréslesprodigesquil'opére.Econ 2
tezvoustousqui craignezleSeigneur,et je
vous raconteraicombien de grandeschoſes!
Dieuafaitesdansmon ame.Pfalm 45.&65.
V.M.ſeroit-ellelaſeuleàlaquellejene
m'efforceroispasdefaireconnoître les ceu
2
vres que Dieu fait pour elle&pour ſon
Royaume; Pourroil-je voirtranquilement
qu'on s'efforcedelarendreétrangéréàl'é.
garddesfaits quis'opérentcommefous ſes
yeux,& dontElleatémoignéparles Ar }
rêts defon Conſeilqu'Elle vouloit être inf
truite ,afindeprendrelesmefures qu'Elle.
eſtimeroitlesplusconvenables.
C'eſt vers vous,SIRE, que ce ſont
portées toutes les ſaillies de mon coeur ,
après celles qu'il a plù à Dieu d'y faire
naître pour lui. Je lui demandai dès ce
moment des aîles pour pouvoir voler à
vos pieds, yrépandre mon coeur, & dé
couvriràV. M.les véritésque Dieu m'a
fait connoître, qui intéreſſent en même
A U ROK.
7
temsvotreReligion,votregloire,lefalut
devotre Perſonne Sacrée,& la ſûreté de
votre Trône. Etant convaincu autant
quejeleſuisdel'intérêtinfiniqu'aV. M.
de les ſçavoir, me feroit-ilpermisdeme
taire,& monfilence:ne feroit-ilpas un
crimedigne enmême tems de toutvotre
couroux& de touteslesfoudres du Ciel?
Qüi, SIR E ,je ferois tout à lafoisin
grat envers mon Dieu,&perfide envers:
V. M. lijenerempliffois pasun devoir
dontla Gracemême à laquellejemedois.
tout entier, m'a impoſéla Loi. Auflije
crois ne vivre que pourl'accomplir, &
j'auraiaſſez vêcu ,s'il plaît auSeigneur
derendre V. M.attentiveauxvéritezque
je vais lui découvrir.
J'ai fait, SIRE, deux ſermens; l'un
à mon Dieu , l'autre àmon Roi. Je ne
pourrois quemalremplir le ſecond, en
violantlepremier. Aujourd'huije remplis
les deux; jeparlepourmonDieuenpar
lant à mon Roi, & je parle en même
temspour mon Roi en parlant pour le
Dieu quile faitrégner,&qui afait ſen
tirlapreſence d'unemaniereévidente, &
eſtvenului-mêmeauſecoursde pluſieurs
vérités de laReligionquiſontattaquées,
& deV.M : dont on a deſſein d'affervir
le Trône.
Voici,SIRE ,déjaladouziémeannée
que celui qui eſt leRoi des Rois & le
8. EPISTRE DEDICATOIRE
Seigneurdes Seigneurs,eſtentrédans unei
- carriére de merveilles. Il y eſt entré,&?
il continue. Il s'avanceſanss'arrêter ni
s'interrompre, commeun vainqueurpour?
continuerà vaincre. Ilacommencéparce
montrer, pour ainſidire, en perſonnepar
leMiracledelaguériſonſubited'une nou
.
velleHémorroïffe,Miraclequiaattiréles
regards & l'admiration de Ý, M.& de:
toute laCour.
CeMiracle étoit comme unſignalde' bur
ceux quiont ſuivi de près, qui ſe font
multipliés ſans nombre , dont le cours!
dure encore, & qui tousont été coinme
caractériſés par ce premier, & portent D
parleur grandeur& leuréclatl'Empreinte WO
u
&lesmarquesduſçeaudu Tout-Puiſſanta
Oüi, SIRE, depuispluſieursannées
le Dieu des Dieux fait entendre ſa voix
parminous. Tout Paris ena été ému , le
bruit enaretenti dans toutvotre Royau
me. Ila ditparles merveilleslesplus ad-: D
mitables :Reconnoiſſezàmésceuvresque! 1
c'eſt moi mêmequi vousparle; jeſuisle:
ſeul qui puiſfe changer les loix que j'ai
impoſées àla nature ; iln'ya quemoiqui;
n'aibeſoinni detems, nidemoyens pour
agir: jeparle, &enappellantcequi n'eſt
pas, je lui donne l'être : ſoyez donc at tes
tentifs à ma voix , & foumettez-vous de
madéciſion ;jeſuis celuiqui eſt 1
SIRE , ces Miracles décident pou
XURO Y
onecauſequiefttout àlafois & celledei
Dieu& lavôtre, contre unefoule d'er.
reurs ſeméespar une Societé ambitieuſe,
dont jevais vous découvrir à la fin de
cetteEpître lespernicieux complots; er .
reursqui tendentà rendrevosSujetsdoué?
blement infidéles envers Dieu& envers
leur Souverain ; erreurs qui d'un côté.
transférent à la créature l'Empire & l'in
dépendance du Créateur , maisdont le
butprincipal eſtd'établit les moyensde
fouſtraire,quand ellelejugera néceffare
pourles noirs projets, les Sujets à lo
beïffance qu'ils doiventàleur Prince, &
même de les armer quand elle levoudra
contre ceux que Dieu leur a donnépour
Maîtres. Cependant cetteartificieufe Som
ciétéra trouvé le moyen de rendre fuf
pectsd'héréſie & derévolteceuxquis'op
poſent à ſes deffeins, de ſe ſervit de l'au
torité de la Religion contre la Religión
même, & d'employer le ſouverainpou.
voir de V, M. à ébranler lesplusfermes
appuis de votre Couronne. Enfin elle a
réuſſi à faire autoriſer, du moins indire
& ement, ſesDogmes lespluspernicieux
parune Bulle émanée de laCourde Ro
me, qui condamne les propoſitions con
tradictoires à ces erreurs ; ce qui fournit
aujourd'hui à cette Société un prétexte
pour donner ſes dangereuſes maximes:
commedes oracles Apoſtoliques & come
LYON
EPISTRE DEDICATOIRE
me des Loix de l'Eglife & de l'Etat.
Mais, SIRE, Dieu lui-même apris en
main d'une inaniére éclatanteles intérêts*
de V. M .; il aréprouvéparles Miracles 2
lesplusinconteftables lesnouveauxDog
mesimaginésparcetteSociété, qui vou
droit ſouſtraire vos Sujets à la puiſſance
Divine& à lavôtre. Je preſenteà V.M.
des preuves invincibles de ces Miracles :
pourroit-Ellerefuſer deles approfondir,
& de les peſer Elle-même au poids du:
Sanctuaire ?
-Si c'eſt uncrime de ſuppoſer de faux
Miracles, c'en eſt un autre qui n'eſt pas
moins grand de décrediter, de combatre
& de tâcherd'étouffer les véritables. Siz
ceux qui publient des prodigesqu'ilsonti
eux mêmes imaginés , font de faux té
moinscontreDieu's commeparleS. Paulo
1. Cor. 15. W. 15. ceux qui s'oppoſent
aux vraisMiracles , neleſontpasmoins
puiſqu'ils affurentqueDieu n'apointfait:
4
ce qu'il aopéréprincipalementpour nous!
éclairer & nousinſtruire. Ce fecond crie:
me eſt même d'autant plus grand,qu'il
s'oppoſe auxdeſſeins de Dieu; qu'il au CE
torife l'erreurcontre la déciſion de Dieu .
même, & qu'il arrache des mains de la
Religionſesarmeslesplus brillantes. 7
.
Si V. M. eft obligée d'employer ſon :
1
pouvoir ſuprême pour faire punir-ceux
quiſuppoſeroienc de faux miracles. Elle