ebook img

La résistance africaine à la romanisation PDF

629 Pages·2005·28.306 MB·French
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview La résistance africaine à la romanisation

TEXTES À rnpput série histoire classique dirigée par pierre vidal-naquet marcel bénabou la résistance afncaine à la romanisation préface inédite de Michel Christol ÉprtroNs m npcouvERTE 9 bis, rue abel-hovelacque PARIS XIIIC ?ro5 Cet ouvrage a été précédemment publié en 1976 aux Éditions François Maspero. ISBN : 2-7071492-7 [æ logo qui figure sur la couverture de ce livre mérite une explication. Son objet est d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir du livre, tout particulièrement dans Ie domaine des sciences humaines et sociales, le dévelop- pement massif du photocopillage. tæ Code de la propriété intellectuelle du lerjuillet 1992 interdit en effet expres- sément, sous peine des sanctions pénales réprimant la contrefaçon, la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or cette pratique s'est géné- ralisée dans les établissements d'enseignement, provoquant une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des euvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd'hui menacée. Nous rappelons donc qu'en application des articles L122-10àL122-12 du Code de la propriété intellectuelle, toute photocopie à usage collectif, intégrale ou par- tielle, du présent ouvrage est interdite sans autorisation du Centre français d'ex- ploitation du droit de copie (CFC,20, rue des Grands-Augustins,75006 Paris). Toute autre forme de reproduction, intégrale ou partielle, est également interdite sans autorisation de l'éditeur. Si vous désirez être tenu régulièrement informé de nos parutions, il vous suf- fit d'envoyer vos nom et adresse aux Édiûons La Découverte, g bis, rue Abel- Hovelacque, 75013 Paris. Vous recevrez gratuitement notre bulletin trimes- triel A ln Découverte, Vous pouvez également nous contacter et consulter notre catalog ue sur notre site wlvlv.editionsladecouverte.fr O Librairie François Maspero, Paris, 1976. @ Éditions [a Découverte, Paris,2005. Préface à l'édition de 2005 par Michel Christol" [æ livre de Marcel Bénabou, qui retrouve vie à I'occasion du renou- vellement des questions soumises aux candidats aux concours de recru- tement des professeurs, a près de trente années d'existence, puisqu'il fut publié en 1976. Uæ*asion était bonne de procéder à une réimpression puisque, subitement, I'intérêt que I'on pouvait porter à I'ouvrage s"éten- dait largement. En effet, un public studieux venait d'être convié à puiser dans sa lecture le savoir nécessaire au succès, c'est-à-dire -faut-il le pré- ciser? - savoir éclairé et intelligent: une tête bien faite vaut mieux qu'une tête bien pleine. Mais, dans l'épreuve d'un temps plus long, le cheminement propre du livre, cheminement moins lié aux circonstances et aux événements passagers, même si ceux-ci répondent à une finalité universitaire, concordant avec l'intention de I'ouvrage, montrait nette- ment qu'il fallait continuer de le rendre accessible, qu'il convenait tou- joun de l'offrir aux jeunes générations qui, en France comme dans les pays du Maghreb, éprouvent le besoin de réfléchir sur leurs passés, faits de blocs historiques juxtaposés, très divers, très caractéristiques aussi, mais cependant associés dans les invariants de l'histoire immobile, qui propose aux hommes en société, des cadres de vie peu modifiables, tout juste aménageables. Depuis quelques années déjà, la nécessité d'une réimpression était manifeste. Dans le dernier demi-siècle, I'histoire de I'Afrique du Nord antique s'est appuyée sur quelques re$res, qui ont chacun leur place, des posi- tions émergentes dans le paysage scientifique, non comme des llots de résistance à l'érosion, dominant les plateaux ou les plates-formes d'éro- sion, mais comme des promontoires qui permettent de prolonger la vue, 'hofesseur à l'université de Paris-I (Panthéon-Sorbonne), UMR 8585. d'observer et de composer des paysages. Si I'on peut poursuivre la méta- phore, leurs caractéristiques physiques (hauteur, position en latitude et en longitude, orientations particulières même) conditionnent le point de vue, fixent un cadre au regard. On est donc placé dans le relatif. Pourquoi pas dans le préconstruit ou le prédéterminé? Mais celui qui vient à proposer aux autres cette lecture oublie souvent quels présuppo- sés informent sa propre lecture et ses propres jugements. [a lecture cri- tique est-elle toujours une critique? Quelques ouvrages ainsi se retrouvent alignés sur les rayons d'une bibliothèque: les livres de Christian Courtoisr, de Claude læpelley?, rejoints plus récemment par le gros travail d'Yves Modéran3. Depuis sa publication, le livre de Marcel Bénabou était venu aisément prendre sa place dans cet alignement qui s'épaissit peu à peu. Il y tenait d'abord bonne place, puis la conservait. Des æuvres aussi accompagnent les gros livres, car, s'il est facile de se donner un point d'appui sur la visibilité d'un ouvrage dans le champ scientifique, il convient de tenir compte que, parfois, c'est par I'accumulation de nombreuses petites choses que se présente une réflexion moins discontinue qu'il n'apparaîtrait de prime abord: viennent alors à l'esprit les noms de Jehan Desanges, de René Rebuffat, de Paul-Albert Février, de Pierre Salama, de Marcel Le Glay, de Serge l:ncel. Quelques autres personnes d'âges divers pourraient aussi trouver place dans ce panorama. Iæ livre de Marcel Bénabou procède directement d'une thèse lente- ment mtrie dans les années 1960-195 (elle fut soutenue en 1T72, et publiée dans des délais raisonnables, sans trop de modifications). IJauteur, qui vivait toujours entre littérature et histoire, et qui ne voulut jamais rompre avec l'une ou I'autre de ces façons d'exister intellectuel- lement, avait passé sajeunesse dans la confluence de langues, de reli- gions et de cultures qui dominaient à Meknès, sa ville natale, la société contemporaine, tant à l'époque du protectorat finissant que dans I'immé- diat postproæctorat. C'est peut-être une dimension de l'ouvrage qu'il convient d'examiner immédiatement. I . Christian Courrots, lzs Vandales et l'AJriqrc, Paris, I 955. 2. Claude LEPELI,EY, lzs Cités de l'Afrique romaine au Bas-Empire.Paris. 1979,2 volumes. 3. Yves MooÉnnn, Les Maures et l'Afrique romaine (M-vtr siècle), Rome, 2A03. VI En effet" le livre se lit agréablement. Iæ souci du style I'emporte, celui du mot juste, de la formule ramassée qui devient suggestive, de l'expres- sion recherchée qui vise à résonner dans I'esprit. [,a construction est solide, habilement charpentée, sachant présenter un dossier par d'amples ouvertures, puis sachant le refermer par de solides récapitulations. On relève un souci très net de la recherche littéraire, bien compréhensible lorsqu'on connaît le prcours intellectuel de I'auteur. Mais ce souci de la langue manifeste aussi la volonté d'écrire en historien qui se nourrit de qualité formelle et en tire parti. S'il est une attention constamment rap pelée, c'est celle de la nuance, auxiliaire de la précision. Elle impose de réfléchir aussi à I'emploi des termes, à leur donner plus de résonances et d'effets suggestifs, parfois en recourant au choix de la métaphore. Cnest pour cette raison qu'il importe d'aller assez lentement dans la lecture, afin de recueillir tout ce qui peut se cacher denière une prise de position un Fu longuement détaillée. IJexigence de nuance, qui n'est pas fausse prudence, devient dès lors, dans quelques cas, le soutien le plus précieux de renversements d'interprétation, qui récusent I'aspect du paradoxe, car celui-ci est peut-être trop abrupt. Læ plaisir du mot noest pas artifice, il s'allie à l'élaboration de raisonnements minutieux, et devient alors le plus souvent I'auxiliaire de la mise en forme d'approches, toujours patientes dans leur constructiono de points de vue généraux. Marcel Bénabou n'a jamais renié le plaisir d'avoir vécu entre littéra- ture et histoire, ni I'agrément de constater tous les effets de ces entrecroi- sements. l,aissons-lui la place de quelques lignes: << Reste à faire l'inventaire des convergences entre la démarche de I'oulipien et celle de I'historien. Ce n'est pas un exercice bien difficile. [æ caractère ludique de I'une, la prétention scientifique de I'autre les rapprochent plus qu'ils ne les éloignent. Il y a beau temps que l'on sait qu'il existe un lien étroit entre science etjeu... On sait que les oulipiens prennent plaisir à se défi- nir comme "les rats qui ont à construire le labyrinthe dont ils se propo- sent de sortir". Mais, me semble-t-il, la démarche qu'implique cette *construire définition, le labyrinthe", p€ut aisément s'appliquer à I'his- toire, telle qu'elle est aujourd'hui couramment pensée et pratiquée. L on a fini par admeftre que le passé n'est nullement une réalité figée qu'il faudrait retrouver, mais qu'il change avec le présent, qu'il est en perpé- tuelle construction. >> Mais cette façon d'agir intellectuellement, e[ d'exprimer une réflexion, aurait pu s'appliquer à tout autre sujet. Pourquoi le choix de l'Antiquité classique et plus particulièrement celui de l'Afrique romaine vu imffriafe? ln bagage de I'excellence universitaire conduisait encore, autour de 1960, vers les langues classiques, lieu privilégié de I'exSri- mentation langagière. L,a familiarité avec la langue latine, jointe à I'envie de rester accroché au passé de la société marocaine et à tout ce qu'il avait apporté à la construction de la personnalité, conduisait au long engagement de l'historien dans la préparation de la thèse. Marcel Bénabou distingue dans cet engagement une double préoccu- pation. r--une, qui lui paraît évidente, est autant de méthode scientifique que d'ex$rienoe peaonnelle: aborder le monde provincial de l'Afrique du Nord romaine comme un monde organisé dans la multiplicité, à I'image de la société dans laquelle il avait vécu, faite de divenité sociale et culturelle, mais aussi de confluences et de polyphonies dans les usa- ges linguistiques. L'autre, qui sans aucun doute lui cotta d'innombrables efforts, ressortit, de la même manière, autant à la méthode scientifique qu'à I'exffrienoe personnelle: remonter le courant historiographique en sens inverse, non par une conteslation a priori, mais parce que celui-ci semblait n'envisager que trop souvent une seule face du miroir. Reprendre de grandes questions avec un regard nouveau, parcourir dans d'autres conditions les mêmes lieux de la multiplicité, suscitait envie et tentation, ne serait-ce que pur voir dans le labyrinthe que I'on construi- sait quel serait le cheminement des découvertes, puis quel serait l'éven- tuel panorama si une issue venait à s'offrir. L École normale su$rieure des années 1960 comptait des esprits pleins de hardiesse: avec eux, Marcel Bénabou se sentait à l'aise. On ne saurait oublier, non plus, qu'un grand savant, Hans-Georg Pflaum, profondément lié avec son épouse à l'Algérie de son temps - comme se plut à le rappeler André Mandouze dans une nécrologie pleine de sensibilitéa -, avait engagé avec le jeune normalien agrégé de longs échanges qui ne s'interrompirent point. C'était d'abord avoir I'as- sumnce que les tâches d'érudition seraient scrupuleusement accomplies, et que I'acribie viendrait soutenir la réflexion et s'associer aux belles for- mulations. Hans-Georg Pflaum, en effet, après avoir soutenu ses thèses de doctorat, qui furent publiées en 1950 et 1960, s'était engagé dans la poursuite de la publication des inscriptions latines de I'Algérie. 4. Le Monde, l2 février 1980. VIII Il parcourait toutes les parties du Constantinois, ajoutant à la quête des inscriptions une réflexion innovante sur leur exploitation pour I'his- toire. Entre autres, lui qui avait acquis une connaissance incomparable de la haute société politique, l'élite imffriale, était en train de mettre en évidence la diversité des plans qui structuraient les sociétés provin- ciales: celui des notables, mais aussi celui des goupes sociaux inûerm6 diaires qui, par l'écriture et par l'épitaphe, ne se dérobaient pas tout à fait à I'enquête de I'historien. Il abordait des masses par ce qui subsistait d'elles: des dénominations. Mais en traitant la documentation accessible par des enquêûes qui visaient une récolte exhaustive des témoignages et au moins l'analyse de ces derniers dans leur répartition spatiale, il ouvrait des penpectives d'histoire sociale en direction des obscurs, inci- tant à s'intéresser aussi, au-delà de ceux que l'épigraphie faisait pauvre- ment connaître, aux oubliés de I'histoire. C'était l'époque où l'on s'intéressait, au-delà du cercle des ethnologues, aux vaincus, aux parte- naires de I'altérité. À trois décennies de sa parution, on ne peut ouvrir une véritable dis- cussion sur l'ouvrage sans rappeler un point de vue récent qui, à la mesure de cefte distance, jette une vive lumière sur le livre paru en 1976, sur sa portée, sur son intérêt, sur son utilité. ll a étê exprimé par Yves Modéran dans I'introduction du beau travail, récemment paru, qui porte sur l'Afrique romaine dans la transition entre Antiquité et Moyen Âge5. Il constitue sans aucun doute I'hommage le plus significatif adressé au livre de Marcel Bénabou et le jugement le plus lucide porté sur l'entre- prise scientifique qui fut alors engagée. Dans ce préambule au long ln déroulement de fa thèse, Résistance atricainz à la romanisation devient comme un horizon de référence: le livre devient un socle, bien positionné dans le temps, sur lequel il semble - plus que souhaitable - nécessaire d'édifier une æuvre de continuité; mais aussi, selon le pro pos de l'auteur, l'enseignement méthodologique qu'il est possible d'en dégager apparalt comme une voie qu'il importe de poursuivre et de pro- longer, ce qui apparalt comme la justification d'une problématique. En même temps, plus peut-être que ne I'avait fait Bénabou, Yves Modéran levait quelques pans des enjeux de la recherche. [æs deux 5. Yves MooÉnan, Les Maures et I'Afriqae romaine (M-wr siècle), op. cit, x livres affrontaient de plain-pied le développement d'une histoire << colo- niale >>, ou plutôt l'établissement d'un cadre de réflexion scientifique fortement empreint par les conditions de production de celle-ci. Les modalités d'expression en étaient variables, tantôt s'appareniant à un savoir vulgarisé et simplifié, propre à répondre aux aspirations d'une société dont les re@res historiques étaient bien marqués, tantôt intégrant sous une forme scientifique élaborée ces mises en perspective quasiment préconstruites. L'affaire remontait très haut. Les observations d'Oscar McCarthy, dans la première livraison dela Revue africaine (1856-1857), posaient déjà un problème majeur, celui de << l'occupation et de la colonisation de l'Algérie par les Romains >>. Mais il s'agissait de faire apparaître une récurrence, et d'écrire plus pour le présent et pour l'avenir que sur le passé. Iæs indigènes étaient-ils inassimilables par nature? lrur esprit de résistance n'était-il pas irréductible? I-.es diverses phases de I'histoire de l'Antiquité, sources prestigieuses à l'appui - que ce soit Salluste le Romain ou Procope le Byzantin -, venaient apporter ce que I'on allait établir en leçons de portée générale, en indiscutables postulats. Plus récemment, Christian Courtois, dans une thèse qui fut composée entre 1935 et 1955, avait apporté un prolongement à cette question en identifiant les deux forces issues de l'Afrique, celle des indigènes des massifs montagneux, considérés comme des îlots permanents de résis- tanca, et celle des nomades du désert, dont les déplacements de grande ampleur seraient venus s'ajouter aux forces de dissolution et de destruc- tion6. Il en avait fortifié la présentation par la qualité scientifique de sa construction et par le niveau élevé de sa réflexion, propres à marquer les générations de chercheurs qui I'avaient côtoyé. Dans la relation qu'il établit ainsi à son prédécesseur, avec une incontestable sympathie scientifique, Yves Modéran formule aussi des nuances, observations d'une critique soucieuse de dépassements, comme s'il s'agissait aussi d'établir son propre < labyrinthe >>. L'une d'elles, qui mérite d'être retenue et explicitée, concerne le positionnement de l'ou- vrage de Marcel Bénabou dans le cadre très large du problème histori- que qu'il convient de traiter. Selon les mots mêmes de ce dernier, au terme d'un réexamen des thèses de Jérôme Carcopino et de Christian Courtois lui-même qui portaient sur la mesure de la rétraction de domi- 6. Christian Counrols, lzs Vandales et I'Afrique, op. cit.

See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.