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La représentation de l’espace chez l’enfant PDF

577 Pages·1948·56.613 MB·French
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BIBLIOTHÈQUE DE PHILOSOPHIE CONTEMPORAINE PSYCHOLOGIE ET SOCIOLOGIE, Section dirigéepar M. PRADINES LA REPRËSENÏAÏION DE L'ESPACE L’ENFANÎ CHEZ PAR JEAN PIAGET BÂRBEL ]NHELDER PROFESSEUR A LA FACULTE CHARGÉE DE COURS A DES SCIENCES DE GENÈVE L’INSTITUT J.-J.ROUSSEAU AVEC LE CONCOURS DE DIX—HUIT CÔLLABORATEURS PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108,BOULEVARD SAIN_T-GERMAIN,PARISVI° 1948 LISTE DES COLLABORATEURS H.‘AEBLI, assistantau Laboratoire de Psychologie de Genève. G.ASCOLI, ancienneassistanteà 1’InstitutJ.-J.Rousseau,assistanteauLabo— ratoire-de Recherches du professeur Wallon. E. BUSSMANN, ancienne assistante à. l’Institut J.-J.'Rousseau,assistante à l’InstitutdePsychologieappliquéedeBerne. B.DEMETRIADES, ancienne assistante à.l’InstitutJ.-J.Rousseau. M.DENIS—PRINZEORN, ancienne assistante au Laboratoire de Psychologie de Genève. U.GALUSSER, ancienneassistanteà l’InstitutJ.-J.Rousseau. M.GANTENBEIN, étudiante à,l’Institut J.-J.Rousseau. J.HALPERIN-GOETSCHEL, ancienneélèvedel’InstitutJ.-J.Rousseau. E.DE JONGE, ancienne élèvedel’InstitutJ.-J.Rousseau. I.KISS, ancien élève de l’Institut J.-J. Rousseau,professeur à l’Institut de pédagogie de Szeged. G.LEWINNEK, ancien élève de l’InstitutJ.-J.Rousseau. E.MEYER, ancienneassistanteà.l’InstitutJ.—J.Rousseau,assistanteauBoston Children’sHospital. A.MORF, ancien assistant à.l’InstitutJ.-.J Rousseau. J.NICOLAS, assistanteauLaboratoire de Psychologie de Genève. E. DE PLANTA, ancienne assistante à l’Institut J.-J. Rousseau, assistante à. l’InstitutdePsychologie appliquée deMontpellier. Ch.RENARD, ancienneassistanteà,l’InstitutJ.—J.Rousseau. M.ROTH,ancienneélèvedel’InstitutJ.—J.Rousseau,assistanteà.l’Officemédico- pédagogique deLausanne. E.SONTAG,ancienneassistante à.l’InstitutJ.-J.Rousseau. DÉPOT LÉGAL Premièreédition.......4°trimestre1947 TOUS DROITS detraduction,dereproductionetd’adaptation réservés pourtouspays COPYRIGHT by Presses Universitaires de France,1947 AVANT-PROPOS L’étude du développement de la notion d’espace— ou des innombrables notions qui interférent dans lareprésentationde l’espace—s’imposeà plusd’untitreàlapsychologiedel’enfant. Toutd’abord,ilestclairque,danslamesure oùl’évolution des diverses formes de la pensée de l’enfant est de nature à nous renseigner sur le mécanisme de l’intelligence, et sur la formation de la raison humaine en général, le problème de l’espace présente une importance de premier plan. Il y a des siècles quephilosophes etpsychologues discutent surla nature de l’espace: nature empirique, due à l’intuition perceptive et imagée, nature a priori (rationnelle ou sensible), nature opératoire,etc.Or,s’ilestun point où lerecoursà l’expérience psychologique s’impose de toute nécessité, c’est bien celui-là: seulslesfaitsgénétiques“sontpropres à nous renseignersurles facteursréelsdelaconstruction del’espace. Il est, en particulier, une question sur laquelle l’investiga— tion psychologique promettait d’être fructueuse. Les traités élémentaires de géométrie sont à peu près unanimes à nous présenter les notions spatiales de départ comme reposant sur des intuitions euclidiennes: droites, angles, carrés et cercles, mesure, etc. Cette Opinion semble d’ailleurs confirmée par l’étude de la perception et des «bonnes formes» visuelles ou tactiles. Mais, d’autre part, l’analyse abstraite des géomètres tend à démontrer que les notions spatiales fondamentales ne sont pas euclidiennes: elles sont «topologiques»,c’est—à-dire reposent simplement sur des correspondances qualitatives bi—continues faisant appel aux concepts de voisinage et de séparation, d’enveloppement et d’ordre, etc., mais ignorent toute conservation des distances ainsi que toute projectivité. Or, nous constaterons précisément sans cesse que l’espace enfantin, dont la nature essentielle est active et opératoire, débute par des intuitions topologiques élémentaires, bien avant de devenir simultanément projectif et euclidien. Il n’est pas besoin de souligner qu’une autre raison de .vouerun soin particulier à l’étude du développement de l’es— 8 AVANT-PROPOS pace estquetouteinvestigationpsychologique un peu poussée en ce domaine est susceptibled’application pratique. L’ensei- gnement de la géométrie ne saurait trOp gagner à s’adapter 'àl’évolution spontanée des notions, et cela d’autant plus que —- on vient de le pressentir — cette évolution est beaucoup plus proche de la construction mathématique elle-même, que ne le sont la plupart des manuels soi—disant «élémentaires». On a dit que la «théorie des ensembles» de Cantor devrait s’enseigner à l’école primaire. Nous ne serions pas éloignés d’en penser autant des éléments de la topologie... Nous nous excusons d’avance auprès du «bienveillant lecteur»(commeons’exprimaitjadis)de la longueurdes pages qui suivent1. Nous nous sentons même obligés d’avouer d’emblée qu’elles n’épuisent pas le programme que nousnous étions tracé, et que ce premier volume sera suivi d’un second intitulé «La géométrie spontanée de l’enfant», consacré à l’étude des questions de mesure et de métrique euclidiennes. C’estqueleproblème del’espaceestd’unecomplexitéextrême, et qu’il nous a fallu un très grand nombrederecherches pour en esquisserune solution.Tout en nous assignant depuis long- temps cet Objectiffinal,nous avonsmême été obligés,pour en dégager l’accès, d’étudier auparavant les notions de mouve- ment, de vitesse et de temps “, dont la connaissance, plus facile en un sens à atteindre, commandaitcelles de ces intui- tions liées aux déplacements, et aux diverses formes d’opéra— tions surl’objet,quiconstituentl’espacelui-même. Enterminantcetteétude,nousnesaurions"omettred’adres— serl’expressiondenotrereconnaissanceàMll‘3Alina Szeminska, quia collaboréà nospremières recherchessurl’espace,etdont le résultat de plusieurs de ses expériences paraîtra dans le vol. II.Nos remerciements vont aussi à M.Hans Aebli, assis- tant au Laboratoire de Psychologie de Genève, à qui nous devonsl’illustration de cet ouvrage3. ∙ J. P. et B. I. 1Encore qu’ilne s’agisse iciquedelanotion ou delareprésentation de l’espace, par Opposition à. l’espace sensori-moteur, que nous avons étudiéailleurs.(Laconstructionduréelchezl’enfant,Delachaux &Niestlé, chap.IetII). 2VoirLedéveloppementdelanotiondetempschezl’enfant,etLesnotions demouvementetdevitessechezl’enfant,Paris(PressesUnivers1ta1res),1946. 3Pourbien faire,ileûtfalluillustrerpresquechaqueréponsed’enfant, mais celaauraitdoubléleformatdecevolume.Nousnoussommesdonc ∙n�'s�s�ig�nésà,schématiser,audébutdechaquechapitre,lesréactionsgraphi- habituellesdessujets,et à.décrireverbalement ledétaildesdessins individuels. PREMIÈRE PARTIE INTRODUCTION ET RAPPORTS TOPOLOGIQUES ÉLÉMENTAIRES Pour aborder avec le moins de présuppositions possibles l’étudedelareprésentationdel’espacechezl’enfant,nousallons commencer, en deux chapitres d’introduction, par analyser deux sortes de conduites banales, mais l’une et l’autre révé- latrices quant à la nature desnotions spatiales spontanément employées au début du développement: la manière dont l’enfantreconnaîtautoucher (sanslesvoir) lessolidesde diffé- rentes formes, c’est-à—dire ce que l’on a souvent appelé la «perception stéréognostique»(chap.1) et le dessin des formes géométriques (chap.II).Or,l’uneetl’autredecesdeuxrecher- ches montreront que,avant toute organisation projective et même euclidienne de l’espace, l’enfant commence par cons- truire et utiliser certains rapports élémentaires, tels que le voisinage et la séparation, l’ordre, l’enveloppement et le continu,correspondantauxnotionsquelesgéomètresappellent «topologiques», et qu’ils considèrent également comme élé- mentaires du point de vue de la reconstruction théorique de l’espace.Une telle observation nous a incitésà complétercette partie d’introduction par l’étude plus détaillée de trois de ces rapports: le chap. III sera réservé à l’analyse de l’ordre, du point devue exclusivement spatial des voisinages et des sépa- rations; le chap. IV portera sur les enveloppements,tels que leurintuition découlepar exemple de la connaissancepratique desnœuds,etlechap.V sera consacréauproblème du continu et de la décomposition des lignes et surfaces en éléments tou- jours plus petits, tendant au caractère punctiforme. Ainsi formée de deux chapitres d’entrée en matière et de trois chapitres plus Spécialisés, la première partie de cet ouvrage tendra doncessentiellement à démontrer l’importance forma— trice des rapportstopologiques lesplus-intuitifs,danslarepré— sentationdel’espace. CHAPITRE PREMIER ESPACE PERCEPTIF, ESPACE REPRESENTATIF ET INTUITION DES FORMES (PERCEPTION STÉRÉOGNOSTIQUE) 1 La grande difficulté de l’analyse psycho-génétique de l’espace tient au fait que la construction progressive des rap— ports spatiaux se poursuit sur deux plans bien distincts: le plan perceptif ou sensori-moteur et le plan représentatif ou intellectuel. Le sens commun,suivi à cet égard par un grand nombre demathématiciens,raisonnéen général,non seulementcomme si l’espace se développait sous l’influence des mécanismes mo- teurs et perceptifs, ce qui est bien exact,mais encore comme si la représentation imagée et l’intuition géométrique se bor— naient à prendre acte de cette construction sensori-motrice préalable, ce qui constitue une simplification singulièrement déformante des faits. Kant, déjà, concevait l’espace comme une structure a priori de la «sensibilité»,le rôle de l’entende— ment consistant simplementà soumettre les données spatiales perceptives à une suite de raisonnements susceptibles de les débiter indéfiniment sans en épuiser le contenu. H.Poincaré, de même, lie la formation de l’espace à une intuition sensible et rattache ses vues profondes sur la signification.du groupe des déplacements au jeu des sensations proprement dites, comme si l’espace sensori-moteur fournissait l’essentiel de la représentation géométrique et comme Si l’intellect travaillait surdu sensibledéjàtoutélaboréaupréalable. En réalité,il se construit effectivement,dès les débuts de l’existence,un espace sensori-moteur lié à la fois aux progrès de la perception et de la motricité, et dont le développement 1AveclacollaborationdeMllefl E.deJONGH,U.GALLUSSER,B.DEME- TRIADES etdeM.A.MORE. 14 LA REPRESENTATION DE L’ESPACE CHEZ L’ENFANT prend même unegrande extensionjusqu’aumoment del’appa— rition simultanée du langage et de la représentation imagée (c’est-à—direde la fonction symbolique en général). Cet espace sensori-moteurest d’ailleurslui-mêmegreffésurdivers espaces organiques antérieurs (postural,etc),mais dont il est loin de constituer un simple reflet, puisqu’il présente une histoire, aisée à reconstituer, et que la schématisation spatiale des conduites sensori-motrices engendre une réalité génétique nouvelle,possédant ses loispropres 1.Puis,ensuite seulement, vient l’espace représentatif, dont les débuts eoïncident avec ceux de l’image et de la pensée intuitive, contemporains de l’apparition du langage. Or, il se produit alors un phénomène très curieux, mais qui- complique singulièrement l’analyse: tout en.profitant en un sens des conquêtes de la perception et de la motricité (lesquellesfournissent,surleurplan, l’expé- rience de ce que sont par exemple une droite, des angles,un cercle et un carré, des systèmes perspectifs, etc.) la représen— tation procède ab initio,comme si elle ignorait tout de ces rapports métriques et projectifs, des proportions, etc. La représentation est, par conséquent, obligée de reconstruire l’espaceà partir des intuitionslesplus élémentaires,telles que les rapports topologiques de voisinage, de séparation,d’enve— loppement, d’ordre, etc., mais en les appliquant en partie déjà à des figures projectives et métriques supérieures au niveau de ces rapportsprimitifs, et fourniespar la perception. Faute de prêter attention à ce divorce entre la forme des con- nexions représentatives initiales et le contenu perceptif, bien supérieur en apparence,sur lequel elles portent, on met alors tout sur le même plan, et l’on s’imagine que l’intuition géo- métrique s’appuiedirectementsurlesdonnéessensori-motrices. Bien plus, il se produit, au fur et à mesure des progrès de l’espacereprésentatif,une sorte de chocen retourou de rejail- lissement de l’activité représentative sur l’activité perceptive. C’est ainsi qu’à partir du stade Où la représentation parvient à englober toutes les figures de l’espace dans des systèmes de coordonnées (selon les axes verticaux et horizontaux suggérés par l’expériencephysique,mais à la condition d’êtregéométri— quement interprétée),la perception elle—même situe en de tels systèmes les configurations partielles qu’elle atteint, tandis que,jusque là,elle se contentait de structurations beaucoup 1Voir notre ouvrage sur La construction duréelchez l’enfant, Dela- chaux &Niestlé, 1937,chap.1etII.Nousdésigneronscet ouvragepar lesinitialesC.R.

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