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La rencontre interculturelle par vidéoconférence de groupe. PDF

536 Pages·2015·14.6 MB·French
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UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ÉCOLE DOCTORALE SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES – PERSPECTIVES EUROPÉENNES [Laboratoire Interuniversitaire de Sciences de l’Éducation et de la Communication (LISEC) – EA 2310] THÈSE présentée par : Christophe BOUYSSI soutenue le : 16 janvier 2015 pour obtenir le grade de : Docteur de l’Université de Strasbourg Discipline : Sciences de l’Education La rencontre interculturelle par vidéoconférence de groupe . Approche conversationnelle de la relation franco-allemande THÈSE dirigée par : M. Pascal MARQUET Professeur, Université de Strasbourg RAPPORTEURS : Mme Francine CICUREL Professeur, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 Mme Anne-Laure FOUCHER Professeur, Université Blaise Pascal, Clermond-Ferrand AUTRES MEMBRES DU JURY : M. Gilles BROUGERE Professeur, Université Paris 13 M. Thomas KÖHLER Professeur, Technische Universität Dresden 2 Remerciements Je tiens à remercier mon directeur de thèse, Pascal Marquet, pour avoir engagé le pari audacieux de diriger mon travail de recherche à partir des observations, des notes, des considérations issues de pratiques. Il a su discerner une cohérence dans les méandres de mes réflexions et également me faire partager son goût pour la recherche exigeante. Merci également à Thomas Köhler pour ses encouragements, sa confiance et ses observations bienveillantes et toujours pertinentes. Je suis reconnaissant à ce binôme franco-allemand d’avoir encadrer ma formation doctorale en m’invitant à participer à leur séminaire, à leur colloque et à entrer dans le réseau de doctorants et de chercheurs de la Summer School « Education & Technoloy ». Je remercie les autres chercheurs et doctorants de cette équipe pour leur soutien, pour les discussions et les controverses. Un grand merci en particulier à Ahmed Hassan pour ses conseils avisés et l’expérience qu’il a su, toujours chaleureusement, partagé ; à Daniel Jung pour les échanges et confrontations constructives sur le bilinguisme ; à Manuel Schneewele pour ses explications précises ; et à Claire Schaming pour son aide dans les derniers instants. J’exprime ma gratitude au membre du jury, Mme Francine Cicurel, Mme Anne-Laure Foucher et M. Gilles Brougère, auxquels je pensais pendant ma rédaction. Je les remercie d’avoir accepté de lire et critiquer ce travail dont ils ont été eux-mêmes, à différents degrés, les inspirateurs. Je suis reconnaissant à mes collègues et partenaires avec qui j’ai accumulé les expériences d’interactions en ligne, qui m’ont fait confiance pour réaliser différents scénarios. En premier, je remercie Klaus Bergmann avec qui j’ai pu travailler pendant plusieurs années pour faire aboutir le projet de donner corps à l’intuition d’une conversation franco-allemande virtuelle, au sens de « possible ». J’aimerais également exprimer ma reconnaissance à Veronika Bayer, James Beneson, Jacques Béziat, Gilberte Furstenberg, Raficka Guendouzi, Christiane Métral, Elke Nissen et Nicole Poteaux qui m’ont permis d’aller plus loin dans mes analyses, en prenant du recul, en établissant des comparaisons. Je remercie Klaus Schwienhorst, directeur du Fachsprachenzentrum de l’Université Leibniz de Hanovre, pour la confiance et la liberté qu’il m’a accordées pendant toute la durée de ce travail. Un merci également à ma collègue Joy Reid pour son écoute et ses remarques éclairées. Je remercie mon frère Nicolas pour son travail de relecture et mes oncle-et-tante, Dominique et Rosiane, pour leur appui infaillible. Merci à mes enfants, Floraine et Mahran, qui m’ont encouragé à continuer pendant toutes ces années sachant que je me rendais peu disponible pour eux. Un grand merci à Agnieszka pour m’avoir soutenu en m’écoutant mais également en soumettant mes observations à sa perspicacité, avec humour et enthousiasme. 3 4 Sommaire PARTIE 1 : CADRE THEORIQUE .............................................................................................. 7 1. CHAPITRE 1 : INTRODUCTION ............................................................................................................ 7 2. CHAPITRE 2 : RENCONTRE, INTERACTION, CONVERSATION .......................................... 19 3. CHAPITRE 3 : COMPOSANTES INCONTOURNABLES .............................................................. 47 4. CHAPITRE 4 : LES RELATIONS FRANCO-ALLEMANDES ........................................................ 77 5. CHAPITRE 5 : CONVERSATION FAMILIÈRE............................................................................... 121 6. CHAPITRE 6 : LA CONVERSATION ET LA CLASSE DE LANGUE ...................................... 147 DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE .................................. 187 7. CHAPITRE 7 : OBJET DE RECHERCHE, CADRAGE THÉORIQUE, PROBLÉMATIQUE, HYPOTHÈSE ........................................................................................................................................... 187 8. CHAPITRE 8 : MÉTHODOLOGIE ..................................................................................................... 199 TROISIÈME PARTIE : L’ANALYSE DES DONNEES .......................................................... 227 9. CHAPITRE 9 : ANALYSE PROXÉMIQUE ....................................................................................... 229 10. CHAPITRE 10 : ANALYSE DE L’INTERACTION VERBALE .................................................... 323 11. CHAPITRE 11 : OBSERVATION COMPLÉMENTAIRE .............................................................. 443 CONCLUSION ........................................................................................................................... 465 12. CONCLUSION .......................................................................................................................................... 465 GLOSSAIRE DE LA RENCONTRE INTERCULTURELLE EN LIGNE........................................... 479 BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 485 ANNEXES ............................................................................................................................................................ 505 TABLE DES GRAPHIQUES ET FIGURES ................................................................................................ 521 TABLE DES PHOTOS ET DOCUMENTS ................................................................................................. 522 LISTE DES TABLEAUX .................................................................................................................................. 524 TABLEAU DES ENREGISTREMENTS FORMANT LE CORPUS ...................................................... 525 TABLE DES MATIÈRES .................................................................................................................................. 527 5 6 Introduction La falsification délibérée porte sur une réalité contingente, c’est-à-dire sur une matière qui n’est pas porteuse d’une vérité intrinsèque et intangible, qui pourrait être autre qu’elle n’est. (Hannah Arendt, Du mensonge en politique) PARTIE 1 : CADRE THEORIQUE 1. Chapitre 1 : Introduction Notre travail se situe dans le domaine de l’apprentissage collaboratif en ligne et à distance, et s’intéresse plus spécifiquement aux dispositifs collaboratifs autour d’un outil de communication. Autrement dit, dans la discipline concernée, l’acquisition des langues étrangères et secondes, il se situe au croisement des recherches sur les interactions en classe et celles sur la communication pédagogique médiée par ordinateur. D’une part, il contribue au premier champ en étudiant la médiation opérée par un outil numérique dans le groupe d’apprenants. D’autre part, il ajoute à cette médiation le second champ, les interactions en ligne que permet l’outil en question. C’est donc l’usage collectif d’un outil pédagogique que nous prenons pour objet afin d’analyser les interactions didactiques qui en découlent. Nous nous intéressons à la vidéoconférence de groupe à groupe et cherchons à vérifier si le type d’interaction que propose cet outil dans la classe de langue s’apparente à une rencontre interculturelle. 1.1. Notre analyse de la rencontre La rencontre est un mot du lexique commun, qui se traduit aisément et s’emploie dans beaucoup de contextes (politique, sport, nuptialité, etc.). Dans le contexte franco-allemand, le terme désigne des programmes éducatifs, organisés et soutenus par un organisme d’Etat franco-allemand, l’Office Franco- Allemand pour la Jeunesse (désormais OFAJ). On parle de « rencontres interculturelles » ou encore d’« échange ». 7 Introduction Une question de fond qui traverse notre démarche est d’appréhender la valeur formative de cette pratique qui, au-delà du seul cadre franco-allemand, dans le cadre européen, repose autant sur des représentations que sur des espoirs. L’exercice consistant à objectiver une pratique n’est pas facile, comme en témoignent Bougères et Bézille (2007), qui préconisent la prudence en la matière : Prendre pour repère la définition de l’UNESCO ou de tel ou tel autre organisme international confronte le chercheur à un piège qui lui est familier, qui tient au voisinage et aux effets de contamination entre d’une part les institutions définissant les programmes éducatifs, finançant des expertises et des recherches dans ces domaines, et occupant à ce titre une position d’autorité en matière de définition et de lecture de la réalité, et d’autre part le monde de la recherche dont la pertinence s’évalue à la capacité à produire une représentation scientifique de la réalité, en s’appuyant sur des concepts appropriés (121). Cet avertissement, au sujet de l’apprentissage informel, a au moins un point commun avec la rencontre : un besoin de clarification. Nous proposerons donc de mieux comprendre ce « doux désordre », en en donnant une approche théorique afin de délimiter un champ de recherche, de l’occuper et de ne pas s’en éloigner. 1.2. Représentations de la rencontre 1.2.1. L’espace de la rencontre La rencontre, en mathématique, se conçoit d’abord dans un espace où deux droites sont dites parallèles car elles ne se rencontrent jamais, à l’infini. La rencontre est donc un point, où l’une des deux lignes croise l’autre. En enseignant cela dans les cours de mathématique, on met le doigt sur l’exception afin de mieux montrer le régulier. Ainsi, la rencontre est presque toujours possible et rend la parallèle remarquable car elle rappelle, que si l’on n’y fait pas attention, quelque chose reste hors d’atteinte, à l’infini. Le découpage de l’espace en lignes parallèles est convoqué dans d’autres contextes*, comme en littérature ou dans les mythes, où existent des mondes parallèles. En sociologie, notamment en allemand, la notion de parallèle est fertile. On parle ainsi de sociétés parallèles (Parallelgesellschaften) pour désigner, au sein d’une population, et partageant un même espace social, l’existence de communautés qui maintiennent entre elles une « distance sociale » (Tucci, 2010) qu’il faut concevoir comme « une relation entre [d’un côté] des individus ou des groupes d’individus appartenant à des communautés historiques distinctes et [de l’autre] leur nouvelle société d’appartenance » (ibid., 10). Ce que montre la sociologie, c’est que le parallélisme des sociétés se perpétue par un « processus de démarcation », à l’origine de lignes et de mécanismes, plus ou moins conscients, de mise à distance, destinés à préserver l’ordre social : La production de « frontières » renvoie à la relation à l’Autre entretenue au sein de chaque nation par le biais de facteurs institutionnels et/ou symboliques qui lui sont propres. Ces facteurs institutionnels et symboliques sont étroitement liés (ibid., 11). Ces idées soulignent bien l’existence d’une ligne de séparation infinie, mais elle-même à l’origine d’une relation. Il ne suffit pas de la simple co-présence pour évoquer la rencontre. Il faut y ajouter une ligne qui a 8 Introduction échappé à la règle. On ne peut donc parler de rencontre que parce qu’il existe la possibilité, même unique, que celle-ci ne se soit pas produite. La rencontre repose sur la construction d’un espace abstrait qui aurait eu au moins une chance de rester à distance. De la prise de conscience ou de la connaissance de cette occasion potentiellement manquée provient un sentiment de fortuit, de hasard et d’imprévu, sans doute déstabilisant voire menaçant, que l’on cherche à éviter par le maintien d’une distance. 1.2.2. Ce que la rencontre dit 1.2.2.1. Le langage ordinaire La représentation symbolique du langage ordinaire annonce l’ambigüité de la rencontre, provenant de la morphologie du mot. A sa racine, on trouve le mot contre. Or, être contre, c’est aussi bien s’opposer à que s’appuyer contre. La rencontre peut être une collision ou un soutien, elle peut être brutale ou secourable. Autrement dit, tout est possible. C’est une « co-incidence ». Le trait d’union de l’adjectif composé « franco-allemand » marque la frontière au milieu de cet espace et, malgré les différences importantes entre les deux langues, l’équivalent allemande du mot rencontre contient la même ambigüité, puisqu’au cœur du mot allemand Begegnung se trouve gegen signifiant contre. Le parallélisme entre les deux langues nous conduit à faire remarquer que la rencontre franco-allemande se base sur une même représentation de la part des sujets. En tant que pratique formative, son caractère intentionnel limite l’aléatoire mais en fait un espace ouvert à la contingence*. 1.2.2.2. La rencontre au cinéma Anticipant sur l’étude de l’image vidéoscopique et celle de l’image animée du dispositif, dans les chapitres consacrés à l’analyse, une approche par le système symbolique de la représentation cinématographique nous renseigne sur le déroulement de la rencontre. Elle est sans doute au cinéma ce que l’événement est au journaliste. Que ce soit la rencontre amoureuse ou d’autres types de rencontres, tournant à l’amitié ou au malheur, elle donne lieu à des narrations, des drames, des comédies, bref, à des dialogues. Néanmoins, sa représentation pose problème à l’écriture cinématographique car elle n’est pas toujours manifeste : « toute rencontre est en effet question adressée à qui pourrait témoigner qu’il y a rencontre, ou pas » (Burdeau, 2007). Les éléments sémiologiques propres à l’écriture sont assemblés pour restituer le sentiment qu’une rencontre advient à l’écran. Or, la rencontre ne peut se réduire à un simple contact, ni à « une vérité brute des corps qu’elle rapproche » (ibid.), signifiant alors une fusion. Le film de Vincente Minelli, The Clock (1945), est « celui qui aborde le plus frontalement la rencontre » (ibid.). Le titre évoque d’entrée la narrativité dans son aspect temporel mais aussi « paraît indiquer qu’il y a une heure, un instant choisi pour la rencontre » et donc qu’il s’agit d’un « film à suspense, son suspense est celui 9 Introduction de la rencontre. (…) Minelli n’y pose qu’une question : qu’est-ce que se rencontrer ? (…) une seule question dont la réponse n’est pas univoque » (70). Burdeau montre en quatre scènes, tirées du film The Clock, comment Minelli a tenté d’y répondre : (1) Les lignes parallèles : dans la gare centrale de New York, l’image montre deux escalators, l’un montant, l’autre descendant, l’un emportant la femme, l’autre emportant l’homme, sur des axes censés ne jamais se rencontrer. Au hasard d’un incident, le croisement se transforme en occasion qui devient rencontre: « tout est dit de la rencontre : elle mobilise l’humain aussi bien que la mécanique ; elle change le hasard en nécessité ; elle renverse l’accident en chance » (ibid.). (2) Le contenu : les deux personnages changent de décor et assistent à un spectacle. Minelli, par la méthode de montage dite du « raccord des regards », restitue l’homme et la femme comme public. L’objet regardé donne du contenu verbal à la rencontre « en tirant profit des figures de ressemblance et de dissemblance que leur propose le monde » (74). (3) La durée : l’homme et la femme doivent devenir inventifs. Minelli inscrit les deux personnages dans une « zone floue »,portée à l’écran par l’hésitation à s’abandonner et à « basculer pour de bon au dehors » alors qu’ils sont dans un bus public, entourés de témoins silencieux, participants à la rencontre par leur proximité et leur perception, visuelle et auditive. La ratification par le spectateur, de la rencontre entre les deux personnages principaux, se fait par la médiation du regard des tiers dans la situation. De plus, la scène représente aussi la rencontre dans sa durée : « la rencontre veut durer » (ibid.). On retrouve là ce que les analystes des interactions verbales signalent à propos de la conversation ordinaire : « l’entrée dans un temps commun » (Traverso, 1996 : 12). L’hésitation à l’œuvre dans la rencontre est qualifiée par Burdeau de « joyeux mésajustement » (76). (4) L’absorption par la foule. Pour clore le film de la rencontre, Minelli, incorpore les personnages au bruit de la ville, en amplifiant ce que les deux personnages entendent : « au début, [elle] arrache les deux héros à la foule de la gare ; [elle] les y ramène à la fin » (Burdeau, ibid. : 71). Le film se termine par un passage progressif du bruit de la ville à la musique. L’histoire de cette rencontre particulière pourra alors être racontée au passé, reconstruite de façon univoque. 1.2.2.3. Synthèse Nous pouvons d’ores et déjà tirer de toutes ces représentations quelques propriétés de la rencontre : 1. la présence d’une relation fondée sur un parallélisme ; 2. la probabilité unique qu’elle ne se produise pas ; 3. la connaissance plus ou moins consciente du caractère unique ; 4. une participation non délibérée mais explicable des sujets ; 5. l’existence d’une cause plausible ; 6. une incertitude sur l’issue de la rencontre ; 7. un changement perceptible chez les sujets ; 10

Description:
(Hannah Arendt, Du mensonge en politique). PARTIE 1 Elle adopte une approche communicative et interactionnelle et, selon Vion (1992 : 181-2),.
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