ebook img

La réception du Code marocain de la famille de 2004 par le droit international privé français PDF

503 Pages·2015·2.93 MB·French
by  
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview La réception du Code marocain de la famille de 2004 par le droit international privé français

UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ÉCOLE DOCTORALE Droit, Science politique et histoire ED 101 THÈSE présentée par : Asmaa MAZOUZ soutenue le : 16 Décembre 2014 pour obtenir le grade de : Docteur de l’université de Strasbourg Discipline/ Spécialité : Droit international privé La réception du Code marocain de la famille de 2004 par le droit international privé français Le mariage et ses effets THÈSE dirigée par : M. NORD Nicolas Maitre de conférence, université de Strasbourg RAPPORTEURS : M. KINSCH Patrick Professeur, université de Luxembourg M. LICARI François-Xavier Maitre de conférence, université de Lorraine AUTRES MEMBRES DU JURY : M. CUNIBERTI Gilles Professeur, université de Luxembourg Sommaire INTRODUCTION .......................................................................................................... 4 PREMIERE PARTIE : LE MARIAGE ET SES EFFETS ENTRE HIER ET AUJOURD’HUI ......................................................................................................... 22 CHAPITRE I : Le mariage marocain : une institution religieuse et une institution juridique ..................................................................................................................... 24 SECTION I: Signification et définition du mariage selon le droit musulman classique .......... 25 SECRTION II: La codification de l’institution du mariage de 1956 à la réforme de 2004 ..... 84 CONCLUSION DU CHAPITRE I ............................................................................. 125 CHAPITRE II: LES EFFETS DU MARIAGE MAROCAIN ................................... 126 SECTION I: Les effets du mariage entre époux .................................................................... 126 Section II : La filiation et les rapports des époux avec les enfants ......................................... 167 CONCLUSION DU CHAPITRE II ........................................................................... 222 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE .......................................................... 223 PARTIE DEUXIEME: LA CONFRONTATION ENTRE LE MARIAGE MAROCAIN ET L'ORDRE JURIDIQUE FRANCAIS .......................................... 225 CHAPITRE I: LA CONFRONTATION ENTRE LES DEUX SYSTEMES QUANT A LA FORMATION DU MARIAGE MAROCAIN .................................................. 228 SECTION I: L’application du droit marocain de la famille en France en matière de formation du mariage .............................................................................................................................. 228 SECTION II : La polygamie marocaine face au droit international privé français ............... 260 CONCLUSION DU CHAPITRE I ............................................................................. 297 CHAPITRE II : LES EFFETS DU MARIAGE MAROCAIN EN FRANCE ........... 298 Section I : Les effets du mariage entre les époux marocains en France ................................. 299 Section II: Les rapports entre les époux et leurs enfants ............................................ 347 CONCLUSION DU CHAPITRE II ........................................................................... 457 CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE ......................................................... 458 CONCLUSION GENERALE .................................................................................... 459 BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................... 462 GLOSSAIRE .............................................................................................................. 492 Table des matières ...................................................................................................... 495 1 Listes des principales abréviations -An.F.D.I. Annuaire français de droit international - AJ. Adm. Actualité juridique droit administratif - AJ Fam. Actualité juridique famille - Bibl. dr. privé Bibliothèque de droit privé - B.O. Bulletin officiel - Bull. civ. Bulletin civil - Cah. dr. eur. Cahier de droit européen - C.A Cour d’appel - C.A.A Cour d’appel administrative - C. Cass. Cour de cassation - CE Conseil d’Etat - CEDH Convention européenne des droits de l’homme - Chron. Chronique - CJCE Cour de justice des Communautés européennes - CJUE Cour de justice de l’Union européenne - CIJ Cour internationale de justice - Comm. Commentaire - Cons. Const. Conseil constitutionnel - Cour euro. dr. h Cour européenne des droits de l’homme - Cr. sup. Cour Suprême - D. Dalloz - Defr. Répertoire Defrénois - Dir. Direction - Dr. et patr. Droit et patrimoine - Dr. fam. Droit de la famille - éd. Edition - Gaz.Pal. Gazette du Palais - JCP Jurisclasseur périodique - JCP G Jurisclasseur périodique édition générale - JC. dr. Comp Jurisclasseur droit comparé - JDI Journal du droit international - J.O. Journal officiel - M.R.E Marocain résident à l’étranger - M.R.F Marocain résident en France - n° numéro 2 - p. Pages - Pet. Aff. Petites affiches - Préf. Préface - préc. Précité - R. Recueil Dalloz - R.C.A.D.I. Recueil des cours de l’Académie de droit international - Rép. dr. int. Répertoire de droit international - RFD adm. Revue française deb droit administratif - Rev.crit.D.I.P. Revue critique de droit international privé - R.I.D.C. Revue internationale de droit comparé - RJPF. Revue juridique Personnes et famille - R.T.D. civ. Revue trimestrielle de droit civil - R.T.D. eur. Revue trimestrielle de droit européen - R.T.D. fam. Revue trimestrielle de droit familial - t. tome - T.G.I Tribunal de grande instance - Tra.com.Fr.D.I.P. Travaux du Comité français de droit international privé - UE Union européenne - spéc. Spécialement - vol. Volume 3 INTRODUCTION 1. Le droit de la famille, en droit international privé français, est par sa nature source de conflit. Cela est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit d'un droit de source religieuse, tel que le statut personnel marocain. Dans ce cas, il n'est pas seulement question d'un conflit de lois et de juridictions mais aussi d'un conflit de civilisations. Parce que les relations familiales constituent la branche du droit qui a conservé les traces les plus nettes des origines culturelles des divers peuples1, l'étude du droit de la famille marocain et sa réception par l'ordre juridique français traduit bien la difficulté que présente la rencontre entre systèmes juridiques laïcs et systèmes juridiques religieux. Les conflits de lois en droit de la famille constituent sans aucun doute « le dernier bastion »2, puisque c'est là où la présence des héritages historiques et religieux se fait le plus sentir3. 2. Le conflit de civilisations a fait l’objet de plusieurs travaux, colloques et séminaires4. Cette étude ne portera pas seulement la lumière sur le conflit de lois dans le sens du conflit de civilisations, mais cherchera particulièrement à s'intéresser à l'origine de ces frictions par la compréhension de l'institution du mariage marocain, de ses origines, ainsi que de l'envergure des réformes qui lui ont été apportées en 2004. 1F. RIGAUX, préface du livre de M. TAVERNE, Le droit maghrébin, Algérie, Maroc, Tunisie, et son application en Belgique, éd. Larcier, Bruxelles, 1981, p.8. 2M-C. NAJM, op. cit., n°8, p. 10. 3 D. MAYER, «Évolution du statut de lafamille. en droit international privé », Clunet 1977, p. 447; S. JAHEL, « La lente acculturation du droit maghrébin de lafamille. dans l'espace juridique européen » R.I.D.C 1994, p. 31, spéc. p. 38; du même auteur, « Les principes généraux du droit dans les systèmes arabo-musulmans au regard de la technique juridique contemporaine », R.I.D.C. 2003, p. 105, spéc. p. 107. 4P. MERCIER, Conflits de civilisations et droit international privé. Polygamie et répudiation, Librairie DROZ, Genève, 1972; J. DEPREZ, « Le droit international privé et conflit de civilisation. Aspects méthodologiques, les relations entre systèmes d'Europe occidentale et systèmes islamiques en matière de statut personnel », R.C.A.D.I. 1988-IV, vol. 211; M-C NAJM, Principes directeurs du droit international prive et conflit de civilisations, Relations entre systèmes laïques et systèmes religieux, Dalloz 2005, préface Y. Lequette. 4 3. Il est indispensable pour comprendre la problématique du conflit, de chercher son origine. Ainsi, l'étude du mariage et de ses effets est essentielle, cela s'expliquant notamment par le fait que cette institution est le seul moyen de création de tout lien familial au Maroc. Le mariage est en effet le fondement de tout rapport entre individus concernant leur statut personnel. 4. La naissance du lien matrimonial ainsi que ses effets à travers la durée du lien ont rarement fait l'objet d'études approfondies malgré les conséquences qu'elle engendre. Il est plus fréquent de traiter de la disparition de ce lien. En effet, la rupture du mariage par une répudiation ou autre mode de séparation est plus présente devant les juridictions françaises. Cela s'explique certainement par le fait que la rupture du lien matrimonial engendre plus de problématiques devant les juridictions et cela est d'autant plus conflictuel lorsque le mode de rupture est aussi choquant que la répudiation qui reste un mode de séparation unilatéral exercé exclusivement par l'époux bafouant ainsi la notion de l'égalité entre époux5. La répudiation marocaine malgré sa soumission à plus de contrôle juridictionnel6 est toujours considérée comme l'institution du droit musulman qui marque la divergence entre le système religieux musulman et le système laïque. 5 R. EL HOUSSAINI, La répudiation en droit international privé LGDJ, 2002, préface de J. FOYER. Sur la position de la Cour de cassation, les arrêts du 17 février 2014, Rev. crit. DIP. 2004, p. 423, note P. HAMMJE; Clunet 2004, p. 1200, note L. GANNAGE ; D. 2004, p. 824, conclusion F. CAVARROC, aussi D. 2004, p. 815 et la chronique de P. COURBE, « Le rejet des répudiations musulmanes » ; JCP. 2004. II. 10128, note H. FULCHIRON; Defrénois 2004, 812, note J. MASSIP ; R.T.D.civ.2004, p. 367, observations J-P. MARGUENAUD ; Gaz. Pal. Septembre-octobre 2004, p. 2814 et la chronique de M.-L. NIBOYET, « L'avenir du nouveau revirement de la Cour de cassation sur la reconnaissance des répudiations musulmanes ». 6 L' Article 79 dispose que « Quiconque veut divorcer doit demander au tribunal l’autorisation d’en faire dresser acte par deux adouls habilités à cet effet, dans le ressort du tribunal dans lequel est situé le domicile conjugal, le domicile de l’épouse ou son lieu de résidence ou le lieu où l’acte de mariage a été́ conclu, selon l’ordre précité ». Ainsi le guide pratique du Code de la famille. marocain précise que cette demande d'autorisation de divorce adressée au juge permet de « Faire du divorce, en tant que dissolution des liens de mariage, un droit exercé et par l’époux et par l’épouse, selon les conditions légales propres à chacune des parties et sous contrôle judiciaire. Il s’agit, en effet, de restreindre le droit de divorce reconnu à l’homme, en lui attachant des normes et conditions visant à prévenir un usage abusif de ce droit ». Guide pratique du Code de la famille, p. 12. Il est à remarquer que dans la version française du Code, le terme répudiation est remplacé par le terme: divorce alors qu'il s'agit bien de répudiation au sens arabe utilisé dans le code dans sa version officiel, c'est à dire le terme " talak". Le '' talak '' est un moyen qui permet à l'époux et seulement à l'époux de rompre le lien conjugal. Il reste un droit exercé de manière unilatéral et le "quiconque'' utilisé dans l'article 79 ne concerne que les époux. Les épouses peuvent rompre le lien conjugal que par le biais du "tatlik" traduit dans la version française du Code par "le divorce judiciaire''. Le texte lui consacre le titre III, un chapitre différent de celui du divorce consacré par le titre II. 5 5. Mais le conflit entre les systèmes français et marocain existe non seulement lors de la rupture du lien matrimonial à travers une institution aussi choquante que la répudiation, mais peut également prendre naissance dès la création de ce lien et pas uniquement dans le cas de la polygamie. Le conflit dépasse les institutions puisqu'il concerne la définition même des liens familiaux dans les deux pays. Il faut impérativement comprendre le droit de la famille qui évolue dans la sphère intime des individus et se nourrit justement de leur culture et de leur civilisation pour recevoir ses institutions. Cette compréhension passe essentiellement par celle de la nature du mariage, son histoire et son origine. 6. Le mariage marocain tel qu'il est conçu par le Code de la famille de 2004, est le fruit de réformes qui sont la traduction de la volonté de tout un pays de changer la conception de la famille et de l'adapter à l'époque dans laquelle il vit. 7. Au Maroc, à l'instar des autres pays arabo-musulmans, la famille est l'institution centrale de la société. Ainsi, le droit de la famille est la discipline la plus sensible, créant exclusivement dans ce pays, un débat national chaque fois qu'elle fait l'objet de réformes puisque la famille reste l'espace culturel qui traduit par excellence l'identité de chacun. C’est en ce sens que S.M. le Roi Mohammed VI a affirmé, lors du discours du Trône du 30 juillet 2005 : « ...Nous confirmons notre ferme volonté́ de conforter et consolider les avancées majeures, couronnées par le Code de la famille qui a consacré des droits et des obligations fondées non seulement sur le principe d’égalité́ entre l’homme et la femme, mais également et essentiellement de préserver la cohésion de la famille et de protéger son identité́ nationale authentique »7. Réformer tout en respectant la sensibilité de la famille marocaine et son attachement à son identité religieuse rend la promulgation de la loi 70.03 portant Code de la famille, un événement historique de grande envergure pas seulement qu'au niveau social mais aussi au niveau législatif. Sur ce plan, la nouveauté concerne la procédure suivie, puisque c'est la première fois qu'une loi de cette nature est soumise au parlement. Reste que le plus intéressant est l'effet qu'a cette réforme sur la société 7 Discours du trône du 30 juillet 2005, in Le Matin du Sahara du 31 juillet 2005. 6 puisque c'est aussi la première fois au Maroc, qu'un droit familial opte pour une formulation moderne afin de préciser les droits et devoirs de chaque composante de la famille en mettant l'accent sur l'équilibre dans les rapports entre l'homme et la femme. Ainsi, le texte insiste sur une volonté de mettre en place « la consolidation de la famille qui est la base de la société marocaine moderne ouverte sur son époque mais qui reste fidèle à son identité islamique et ses traditions de solidarité familiale et de cohésion sociale »8. Cette phrase prononcée par le ministre de la justice traduit parfaitement l'essence du Code de la famille marocain qui navigue entre modernité et tradition et exprime le dilemme dans lequel évolue l'institution familiale marocaine entre la réalité traduite par le changement du statut des femmes au sein de la famille et un modèle traditionnel rendu obsolète par l’éclatement de la famille élargie. Une réforme qui prend en considération l'évolution que la famille marocaine a connu depuis l'indépendance du Maroc en 1956, car ce n'est plus cette famille dite traditionnelle (qui trouvait son compte dans l'application littérale du droit musulman tel qu'il est conçu dans les différentes Moudawanas d'avant la réforme de 2004) qui fait référence. 8. Aujourd'hui, l'institution familiale traverse une crise profonde. Les modèles familiaux se diversifient puisqu'il existe différents types de famille expérimentés par les marocains, de la famille traditionnelle complexe à la famille nucléaire. Ceci s'explique par l’abandon progressif des idéaux traditionnels en matière de procréation, transformations accompagnées sur le plan de l’habitat ainsi que du passage de plus en plus fréquent d'un habitat de grande superficie à un mode de vie en appartement9. Mais la théorie selon laquelle on serait passé, d’une façon linéaire, d’une forme de ''famille étendue'' ou ''élargie'', caractéristique des sociétés rurales traditionnelles, à un type de famille nucléaire qui tendrait à l’universalité10 est remise 8 M. BOUZOUBAA, Le ministre de la Justice, préambule du Code de la famille. Publié dans le B.O n° 5358 du 2 Ramadan 1426 (6 octobre 2005), p. 667. 9 M. KERROU et M. KHAROUFI, «familles, valeurs et changements sociaux ». In Monde arabe. Maghreb Machrek n°144 avr.-juin 1994; pp. 26-39. 10 F. Le Play a largement contribué à imposer cette thèse au XIX aux sociétés européennes. Voir P. COLLIGNON : Frédéric Le Play, sa conception de la paix sociale. Thèse de Paris, 1932. 7 en question puisque le Maroc connaît un panorama de ces deux types de famille qui cohabitent sur son territoire11. 9. Dans tous les cas, la famille marocaine construite sur le fondement du mariage garde sa position de cellule de base de la société et reste le révélateur privilégié de la diversité des cultures. Même si les familles nucléaires sont de plus en plus répandues au Maroc, leur nature est très différente de celle des familles “conjugales isolées” de l’Occident12. En effet, comme plusieurs études l’ont montré, elles sont insérées dans un réseau de parenté solidaire, comprenant les ascendants et les collatéraux13. Ainsi, la famille marocaine malgré sa diversité obéit à une influence culturelle et religieuse forte et « les règles qui la régissent ne peuvent être déterminées et définies par les seules ressources d’une technique juridique abstraite »14, ces règles ne peuvent qu'être imprégnées par la morale, la religion et par les mœurs dominantes malgré la sensibilité des liens familiaux empreints de sentiments et leur importance pour chaque individu. Le poids de ses rapports familiaux dépasse largement la sphère privé. Cette cellule fondatrice de la société qui est la famille ouverte vers plusieurs mutations, ne peut pas être laissée à l'anarchie ou à la liberté des individus. L'intervention de l'Etat est indiscutable, il doit réglementer et déterminer le rôle et les effets des rapports familiaux sur l'ensemble de la société. La particularité de cet interventionnisme de l'Etat au Maroc est qu'il ne traduit pas que des enjeux sociaux mais aussi politiques entre conservateurs et progressistes qui mènent une guerre idéologique depuis le milieu du siècle dernier et dont les conséquences se ressentent de plus en plus actuellement15. Les droits familiaux 11 Voir M. KERROU et M. KHAROUFI, op. cit. L'ouvrage explique selon plusieurs études faites sur un panel de marocains dans le monde rural ainsi que citadin le paysage de type de famille marocaine et son évolution. 12 M. KERROU et M. KHAROUFI, ouvrage précité. 13 Voir D. BEHNAM « Le devenir de la famille, dynamiques familiales dans différentes aires culturelles ». UNESCO: Publisud: 1994, J.W GOODE «World revolution and family paterns», New York. Free Press. Rao L.J (1973) Industrialization and family: a world view. International Journal of Sociology of the Family, vol.3, n°2, 179-189. Shorter E. (1977), Naissance de la famille moderne, Paris, Seuil. 14 M. BENRADI, Code de la famille, perception et pratique judiciaire. Institut Friedrich Ebert Stiftung, 2005, p. 13. 15 Les "printemps" arabes ainsi que la domination des partis conservateurs ont sont bien la preuve. Actuellement le gouvernement marocain est constitué dans sa majorité du partie de justice et développement qui est considéré comme le parti islamiste conservateur dans le paysage politique marocain. 8 comme dans toute la sphère arabo-musulmane sont de source religieuse, leur évolution reste soumise à la lecture faite des écoles de la sunna et du Coran. Toute adaptation des statuts personnels à l'évolution sociale reste otage des volontés politiques majoritairement conservatrices qui maintenaient des lectures restrictives. Ces lectures ont toujours marqué l'histoire du droit de la famille essentiellement au Maroc16, demeuré fidèle au rite malékite, qui reste parmi les écoles les plus conservatrices du droit musulman17 juste après celle du rite hanbalite en vigueur en Arabie Saoudite18. 10. Reste que l'évolution de la famille s'impose d'elle même et elle s'exprime essentiellement dans la condition de la femme marocaine. Les libertés acquises par les femmes dans la sphère publique ont modifié la conception des rapports familiaux. Ainsi l'amélioration des conditions des femmes prenant de l'ampleur essentiellement dans les années 90 et son rôle dans tous les espaces, sont devenus plus visibles à tous les niveaux que ça soit l’éducation, l’accès au marché de l’emploi et même au niveau politique, religieux et les sphères de décision19. Cette évolution n'a pas été suivie par celle du droit de la famille ce qui donne lieu à une certaine schizophrénie juridique entre les droits de la femme dans la sphère publique et les droits de cette dernière dans la sphère privée. À la lecture des codes de la famille précédant la réforme, les premiers sont restés prisonniers de la vision traditionnelle du rôle de la femme dans la famille qui a été largement dépassée dans les autres espaces que ce soit dans le milieu urbain ou rural. Cette opposition entre les droits reconnus à la femme dans la sphère privée et la sphère publique, a depuis l'indépendance du Maroc en 1956 donné lieu à des débats qui jusqu'à nos jours sont virulents. Cela s'explique par ses différents enjeux qui sont bien plus que juridiques et qui se heurtent, même aujourd'hui, à une grande résistance de la part de la société marocaine patriarcale craignant le changement et la perte des 16 La commission nommée par S.M le roi Mohammed IV responsable de la réforme du code de la famille. est composée de 16 membres dont 3 femmes et 7 érudits de cultures musulmanes traditionalistes. 17 A. BELHAJ, La dimension islamique dans la politique étrangère au Maroc, déterminants, acteurs, orientations, thèse en science sociales et politiques, 2008, université catholique de Louvin. 18 C. NTAMPAKA, Introduction aux systèmes juridiques africains, Travaux de la faculté de droit de Namur, n°26, p. 56. 19 Voir Rapport de développement humain 2005, Femmes et dynamiques du développement, PUND Maroc. Éd. Janvier 2006. 9

Description:
SECTION I: L'application du droit marocain de la famille en France en matière de formation du mariage . Réformer tout en respectant la sensibilité de la famille marocaine et son attachement à son identité mort s'ensuive. Le fornicateur non lié par un mariage, recevra cent coups de verges.
See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.