La psychiatrie médiévale persane La maladie mentale dans la tradition médicale persane Springer Paris Berlin Heidelberg New York Hong Kong Londres Milan Tokyo B. Thierry de Crussol des Epesse La psychiatrie médiévale persane La maladie mentale dans la tradition médicale persane B. Thierry de Crussol des Epesse Hôpital de l’Avison 16, rue de l’Hôpital 88600 Bruyères ISBN : 978-2-287-99477-7 Springer Paris Berlin Heidelberg New York © Springer-Verlag France, 2010 Imprimé en France Springer-Verlag est membre du groupe Springer Science + Business Media Cet ouvrage est soumis au copyright. Tous droits réservés, notamment la reproduction et la repré- sentation, la traduction, la réimpression, l’exposé, la reproduction des illustrations et des tableaux, la transmission par voie d’enregistrement sonore ou visuel, la reproduction par microfi lm ou tout autre moyen ainsi que la conservation des banques de données. 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Maquette de couverture : Jean-François Montmarché Mise en page : Arts Graphiques Drouais – Dreux « MÉDECINES D’ASIE - SAVOIRS & PRATIQUES » Collection dirigée par Guy Mazars Les médecines asiatiques, comme la médecine chinoise ou les médecines tradi- tionnelles de l’Inde bénéfi cient d’une reconnaissance et d’un statut offi ciels dans leurs pays d’origine et suscitent un intérêt croissant dans les pays occidentaux. Elles y sont étudiées depuis longtemps et de plus en plus enseignées et pratiquées là où les législations le permettent. La collection « Médecines d’Asie – Savoirs & Pratiques » accueille : – d es ouvrages didactiques, sous forme d’abrégés, destinés aux médecins et aux sages-femmes préparant le Diplôme interuniversitaire d’acupuncture, aux ensei- gnants, aux kinésithérapeutes pratiquant les massages chinois, aux praticiens participant à des formations continues, ainsi qu’aux enseignants et aux étudiants intéressés par les médecines asiatiques ; – des ouvrages de synthèse s’adressant principalement aux enseignants de méde- cine chinoise, aux chercheurs et aux acupuncteurs, mais aussi, en fonction du sujet traité, à des hospitalo-universitaires, des biologistes, des pharmaco- logues, des médecins généralistes et spécialistes, des kinésithérapeutes formés aux massages indiens et chinois, des phytothérapeutes. Chacun des volumes de cette série sera consacré à une pathologie ou à un sujet particulier, défi ni soit sous l’angle occidental (gynécologie, obstétrique, maladies cardio-vasculaires, etc.), soit sous l’angle des pratiques traditionnelles (Maladies du « vent », Mala- dies du « froid » […]), soit sous l’angle technique (phytothérapie, moxibustion, auriculothérapie, massages, etc.) ; – d es ouvrages de références conçus pour les praticiens mais recommandés aussi à tous ceux qui étudient, enseignent et pratiquent des thérapeutiques asiati- ques : dictionnaires, atlas, ouvrages de pharmacopée, livres de recettes, traduc- tions de traités médicaux sanskrits, chinois, persans, arabes […] Guy Mazars est historien et anthropologue de la Santé. Ancien Secrétaire général du Centre européen d’Histoire de la médecine (1978-1998) et chercheur à l’Univer- sité Louis Pasteur de Strasbourg, il a enseigné à l’École pratique des hautes études, à Paris (Sorbonne, de 1983 à 1998) et dans plusieurs établissements universitaires en France et à l’étranger. Membre correspondant de l’Académie des Sciences de Lyon et Président de la Société européenne d’ethnopharmacologie <http://ethno- pharma.free.fr>, il est surtout connu pour ses travaux sur les Médecines et les Phar- macopées traditionnelles de l’Asie. Il a publié notamment Les Médecines de l’Asie (en collaboration avec P. Huard et J. Bossy, Paris, Seuil, 1978, traduit en espagnol, italien et japonais), La Médecine indienne (Paris, PUF, 1995, traduit en anglais et en roumain) et de nombreux articles. C’est en 1984 qu’il a fondé la Société des études ayurvédiques <http://ayurveda.france.free.fr>, dont il est le Président. Il a aussi développé l’enseignement et la recherche en Ethnomédecine à l’Université Marc Bloch de Strasbourg <http://ethnomedecine.free.fr>. 6 La psychiatrie médiévale persane . Dans la même collection : Déjà paru : – Une introduction à la médecine traditionnelle chinoise. Le corps théorique, Marc Sapriel et Patrick Stoltz, septembre 2006 – Nez, Gorge, Oreille en médecine traditionnelle chinoise, Bernard Cygler, septembre 2006 – L’esprit de l’aiguille. L’apport du Yi Jing à la pratique de l’acupuncture, Michel Vinogradoff, septembre 2006 – Auriculothérapie. L’Acupuncture auriculaire, Yves Rouxeville, Yunsan Meas et Jean Bossy, juillet 2007 – Le bouddhisme et la médecine traditionnelle de l’Inde, Sylvain Mazars, mars 2008 – Le silence de l’aiguille. Quand le Yi Jing éclaire les transformations induites par l’acupuncture, Michel Vinogradoff, octobre 2008 – Le visage en médecine traditionnelle chinoise. Hors pathologies orifi cielles et sensorielles, Bernard Cygler, 2009 – Diététique chinoise de la femme enceinte. De la gestation au post-partum, Marie-Emmanuelle Gatineaud, 2010 Autres ouvrages sur les médecines asiatiques aux Éditions Springer : – Yang Xinrong (Ed.) Traditional Chinese Medicine. A Manual from A-Z. Symptoms, Therapy and Herbal Remedies, Springer-Verlag, Berlin, Heidelberg, New York, 2003, II- 660 p. – Khare CP (Ed.) Indian Herbal Remedies. Rational Western Therapy, Ayurvedicand Other Traditional Usage, Botany. With 255 Figures. Springer-Verlag, Berlin, Heidelberg, New York, 2004, X-524 p. – Z. Liu, L. Liu Essentials of chinese Medicine vol. 1, Springer-Verlag, Berlin, Heidelberg, New York, 2010. Préface La médecine dans l’Iran ancien et médiéval Lorsque le Docteur Bertrand Thierry de Crussol des Epesse m’a demandé une préface pour son livre sur le thème de la maladie mentale dans l’Iran médiéval, j’ai accepté avec grand plaisir de rédiger les quelques pages qui suivent, pour présenter son travail sur un aspect méconnu de la médecine traditionnelle en Iran, injustement négligé jusqu’ici par les historiens de la médecine et les spécia- listes de l’ethnopsychiatrie. Historiquement et géographiquement l’Iran est zone de synthèses entre l’Ouest (le monde gréco-arabe), l’Est (le monde indien) et les cultures d’Asie centrale. Carrefour de plusieurs civilisations, l’Iran a été un point de contact entre l’Occident et l’Orient, lieu de rencontre et terre d’échanges des sciences de l’Égypte, de Babylone, de l’Inde de l’Ouest et de la Grèce. C’est vers la fi n du IIe millénaire avant notre ère, alors que l’Elam développait une civilisation en rapport avec celle de la Basse Mésopotamie, que des envahisseurs indo-euro péens donnèrent son nom au plateau iranien où ils se fi xèrent. En effet, l’Iran doit son nom à l’Airiyana Vaêjô (littéralement : « l’origine des Aryens »). Vers le IXe siècle avant J.-C., d’autres Indo-Européens, les Perses (Parsu), sont mentionnés dans les annales assyriennes. Établis aux alentours de 700 avant J.-C. dans la région qui devint la Perse proprement dite, ils furent d’abord dominés par les Mèdes (les Madaî des annales assyriennes) avant d’édifi er l’empire le plus vaste de toute l’Antiquité, celui des Achéménides. Bien avant l’expédition d’Alexandre le Grand, les communications entre ces peuples étaient aisées à travers l’empire perse. Et les intermédiaires – Grecs au service des Achéménides régnant à la fois sur des terres grecques et indiennes, et parfois Indiens – n’ont pas manqué pour assurer des échanges scientifi ques entre l’Inde et la Grèce, parallèlement aux relations commerciales. Quant à la science de Babylone, elle s’est maintenue dans l’empire achéménide et a survécu même à la ruine de celui-ci par Alexandre. L’empire perse atteignit son apogée sous Darius Ier (522-486 avant J.-C.). Il s’étendait alors de l’Indus à la Méditerranée, englobant même la Thrace, l’Asie Mineure et l’Égypte. Affaibli par son étendue même et par la disparité des peuples qu’il regroupait, miné par des crises successorales et par les agissements de satrapes portés à se conduire en souverains indépendants, cet empire fut incapable de résister à Alexandre le Grand. Après la mort précoce d’Alexandre 8 La psychiatrie médiévale persane (323 avant J.-C.), la Perse revint à Séleucos, satrape de Babylone, fondateur de la dynastie des Séleucides, contemporain du roi indien Chandragupta. En 250 avant J.-C., une dynastie indépendante de l’empire séleucide fut fondée par les Parthes arsacides qui agrandirent leurs possessions en conquérant la Perse (160) et la Babylonie (141), poussant même jusqu’en Syrie et en Palestine. Mais c’est sous les Sassanides que la Perse renoua avec son passé et connut quatre siècles parmi les plus brillants de son histoire avant son invasion par les Arabes au VIIe siècle. Malheureusement, les documents nous font cruel lement défaut pour évaluer l’importance des connaissances scientifi ques et médicales des an ciens Perses, en déterminer l’originalité et en suivre le développement. C’est encore sur la méde- cine que nous sommes le mieux renseignés grâce à des fragments de textes reli- gieux parvenus jusqu’à nous. La médecine de la Perse préislamique, ne nous est connue que par les informations conte nues dans l’Avesta. La tradition parsie fait remonter l’Avesta à Ahura Mazda qui l’aurait donné au prophète Zarathushtra (VIIe-VIe siècles avant J.-C.). Cet Avesta achéménide fut brûlé par Alexandre le Grand, à l’exception de passages sur l’astronomie et la médecine qui auraient été traduits en grec. C’est à l’époque où le mazdéisme zoroastrien fut proclamé reli- gion nationale, que l’Avesta fut reconstitué sur la tradition orale, les textes litur- giques s’étant maintenus dans la mémoire des prêtres. Ébauchée sous les Parthes arsacides et poursuivie par le grand prêtre Tansar sur l’ordre du premier roi Sassanide Ardashêr (224-241), sa restauration fut achevée sous le règne de son fi ls, Shâhpur 1er (241-272). Si l’on en croit la tradition parsie, ce dernier aurait fait rechercher des documents relatifs à la médecine, à l’astronomie, à la géogra- phie, etc., dispersés dans l’Inde, en Grèce et ailleurs, et les aurait fait incorporer dans l’Avesta. Malheureusement, cet Avesta sassanide est en partie perdu. Le texte qu’on possède aujourd’hui en représente peut-être le quart. La partie la plus archaïque est constituée par les Gâthâ (« Chants, hymnes ») attribués à Zarathushtra. Ces Gâthâ sont répartis dans le livre du Yasna (« Sacrifi ce »). La suite du texte comporte des éléments de langue moins ancienne formant l’Avesta récent, notamment le Vidêvdât (ou Vendidad), le « Code antidémoniaque », qui rassemble dans ses trois derniers chapitres la plus grande partie des données médicales de l’Avesta tel qu’il nous est parvenu. L’Avesta sassanide contenait d’autres pass ages intéressant la médecine. Le Dênkart, une compilation pehlevie du IXe siècle, contient en outre tout un chapitre qui pourrait bien être le résumé d’un ancien ouvrage médical (Dênkart, tome IV). Ce chapitre, plusieurs fois traduit, traite successivement de l’art médical considéré en lui-même, du médecin, des maladies et des différentes thérapeuti- ques. Mais l’obscurité du texte, surtout dans les passages techniques, ne permet guère de se faire une idée précise de la médecine sous les Sassanides, et encore moins de déterminer d’éventuels emprunts aux mé decines indienne et grecque. Une infl uence hel lénique est néanmoins possible. Cependant, une comparaison Préface 9 des passages relatifs à la médecine dans les textes védiques et avestiques permet de relever un certain nombre de concordances entre les données médicales indiennes et iraniennes. Mais toutes les notions qu’elles concernent ne remon- tent pas nécessai rement à la communauté indo-iranienne. L’un des deux peuples a pu, par exemple, emprunter à l’autre certaines de ses acquisitions propres dans le domaine médical. En effet, les rapports entre l’Inde et l’Iran ont été très suivis depuis l’Antiquité. La Carakasamhitâ, l’un des plus anciens traités médicaux sanskrits, atteste la présence d’un médecin d’origine iranienne dans l’entourage du maître Atreya. Et c’est en partie à travers des traductions effectuées en Perse que les Arabes ont eu connaissance de la science médicale de l’Inde. On sait par ailleurs que des médecins égyptiens, grecs et indiens rivalisaient à la cour de Suse. Plus tard, la médecine indienne a été enseignée en Susiane, dans la célèbre école de Jundîshâpûr fondée au Ve siècle par des nestoriens chassés de l’empire byzantin. Une autre source souvent citée est le Shâh-Nâme, « Le livre des rois », la grande épopée nationale persane composée par Firdûsî (Xe siècle). Cette épopée de plus de cinquante mille distiques fut dédiée au Sultan ghaznavide Mahmûd de Ghaznî (998-1030). Inspiré des traditions épiques de l’Iran ancien, le poème relate l’his- toire de la Perse antique des temps mythiques jusqu’à la chute de Khosrô II (590- 628) et l’invasion arabe. On y relève de nombreuses allusions à l’art de prévenir et de guérir les maladies dans l’ancien Iran. Il y est même rapporté une rencontre qui aurait eu lieu entre Alexandre le Grand et un médecin de l’Inde. L’Avesta rapporte l’origine de toutes les maladies à l’Esprit du Mal, Angra Mainyu (Vend., XXII, 2) ou aux différentes entités qui relèvent de lui, comme les yâtu, les pairikâ, les jaini ou les druj. Les yâtu avestiques sont des démons ou des sorciers humains (Yasht, II, 11 et VIII, 44). Le terme yâtu apparaît égale- ment dans le Rigveda où il désigne aussi bien la sorcellerie que le sorcier auquel est plus spéc ialement réservé le vocable yâtudhâna « celui qui porte [en lui] la sorcellerie ». Les pairikâ ou les jaini sont des démons femelles. On ne leur connaît pas de correspondants dans la littérature védique. En revanche, les druj, qui sont ordinairement des démons femelles, ont pour pendants les druh du Veda. Cepen- dant, aucune des druj avestiques ne se retrouve parmi les druh védiques, bien qu’elles leur soient originellement apparentées. Tous ces êtres malf aisants hantent les dakhma (Vend, VIII, 56-57), les « Tours du silence » où les corps des défunts sont exposés pour y être dévorés par les vautours. Les dakhma sont surtout le domaine de la Druj Nasu rendue responsable de la décomposition des cadavres (Vend., VII, 2) sur lesquels elle demeure jusqu’à ce que les oiseaux carnivores se soient abattus sur eux (Vend., VII, 3). Au commencement de la lutte entre le Bien et le Mal, Angra Mainyu créa contre Ahura Mazda 99999 maladies (Vend., XXII, 2). Par la suite ce nombre se trouva réduit, et le Dênkart ne retient plus que 4 333 maladies. L’’Avesta nous a conservé les noms d’une partie de ces maladies. Quelques-unes sont citées à plusieurs reprises dans différents passages du Vendidad où elles apparaissent comme des démons que l’on exorcise. Ailleurs sont mentionnés d’autres noms de maladies. La plupart de ces noms sont inintelligibles et devaient déjà l’être sous 10 La psychiatrie médiévale persane les Sassanides, puisqu’ils n’ont pas été traduits dans la version pehlevie de l’Avesta exécutée sous le règne de Shâhpur II (310-379). On a cependant proposé quel- ques interprétations, notamment par comparaison avec des noms de maladies relevés dans la littérature védique. Plus près de nous, le Dênkart distingue deux grandes catégories de maladies, les maladies somatiques et les maladies mentales, qui sont toutes attribuées à l’esprit du mal. Le texte en énumère une dizaine, mais sans aucune précision qui nous permette de les identifi er. Parmi les affections somatiques, il semble que certaines étaient réputées « contagieuses ». Dans la Perse antique, un défunt était considéré comme une source d’épidémie (Vend., VII 6-7) et ses vêtements devaient être détruits ou purifi és, car on les croyait souillés par la Druj Nasu. L’Avesta distingue trois moyens de triompher des maladies : par le couteau (kareta), par les plantes (urvara) et par la parole sacrée (manthra spenta) (Vend., VII, 44 ; Yasht, III, 6). Il s’agit, selon toute vraisemblance, d’une classifi cation indo-européenne, comme le montre l’existence d’une tradition semblable dans la Grèce ancienne. Elle nous a été conservée par Pindare dans la IIIe Pythique. L’an- cienneté de cette conception de la théra peutique est corroborée par une brève allusion du Rigveda où elle apparaît implicitement (Rigveda, X, 39, 3). Mais cette division des médications en trois classes ne révèle rien sur l’existence éventuelle d’une doctrine médicale commune aux peuples indo-européens, comme on en avait émis l’hypothèse. Étant donné la vogue de la médecine mésopotamienne en Iran jusqu’à l’époque achéménide, il est probable que les médecins mazdéens avaient des connaissances au moins égales à celles qu’attestent les textes mésopotamiens. Les plus anciens documents au monde relatifs à la pharmacologie nous sont fournis par des tablettes sumériennes et akkadiennes découvertes par les archéo- logues. Il s’agit de textes en écriture cunéiforme composés entre le troisième et le premier millénaires avant notre ère. L’examen de ces documents démontre que dans la Mésopotamie du troisième millénaire avant J.-C. il y avait déjà des médecins qui possédaient une connaissance non négligeable des vertus curatives de nombreuses plantes et substances d’origines minérale et animale. Les tablettes découvertes jusqu’ici ne fournissent pas seulement des listes de remèdes, elles nous renseignent également sur la préparation de ces remèdes et sur la façon de les utiliser. De son côté, le Dênkart pehlevi indique qu’il existe autant de remèdes d’origine végétale que de maladies, mais il ne les énumère pas. Il cite seulement quelques plantes comme le Myrobalan de Kaboul. Il est aussi fait mention des poisons qui deviennent des remèdes lorsqu’on les combine avec d’autres subs- tances. En exemple, le Dênkart cite l’Aconit. L’Iran, est donc entré dans l’ère islamique avec un corpus médical très spéci- fi que qui est le fruit d’une vision du monde, véritable Weltanschauung, que fut la doctrine mazdéenne. L’appréciation zoroastrienne de la vie et des choses a