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La Propagande politique PDF

130 Pages·1973·8.92 MB·French
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LA PROPAGANDE POLITIQUE DU MÊME AUTEUR Celui qui croyait au Ciel, biographie de Gilbert DRU (E.L.F.). Maurice Barres par lui-même (Edit. du Seuil). Yougoslavie, en collaboration avec A. PONTAULT (Edit. du Seuil). Le retour du tragique (Edit. du Seuil). Emmanuel Mounier (Edit. du Seuil). « QUE SAIS-JE ? » LE POINT DES CONNAISSANCES ACTUELLES = __ N° 448 = = = == LA PROPAGANDE POLITIQUE par Jean-Marie DOMENACH SEPTIÈME ÉDITION MISE A JOUR PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS 1973 CINQUANTIÈME MILLE Dépôt légal. — lre édition : 3e trimestre 1950 7e édition : 2e trimestre 1973 © 1950, Presses Universitaires de France Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays La loi du 11 mars 1957 n' autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de Var- ticle 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à Vusage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute repré- sentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'au- teur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa lei de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé qiœ ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 426 et suivants du Code Pénal. INTRODUCTION La propagande politique est un des phénomènes dominants du XXE siècle. Sans elle, les grands bou- leversements de notre époque : la révolution com- muniste et le fascisme, n'auraient pas été conce- vables. C'est en grande partie grâce à elle que Lénine a pu instaurer le bolchevisme ; c'est essentiellement à elle que Hitler dut ses victoires, depuis la prise de pouvoir jusqu'à l'invasion de 40. Avant d'être des hommes d'Etat, des chefs de guerre, les deux hommes, qui, de façon certes bien différente, ont le plus pro- fondément marqué notre récente histoire, sont deux génies de la propagande, et tous deux ont proclamé la suprématie de cette arme moderne : « Le prin- cipal, a dit Lénine, c'est l'agitation et la propagande dans toutes les couches du peuple » ; et Hitler : « La propagande nous a permis de conserver le pouvoir, la propagande nous donnera la possibilité de conquérir le monde. » Dans son livre Le pouvoir et l'opinion, Alfred Sauvy remarque justement qu'aucun Etat moderne à forme fasciste n'est tombé sans intervention exté- rieure, et il y voit la preuve de la puissance de la propagande politique. C'est là surtout, dira-t-on, l'effet de la police. Mais la propagande précédait la police ou l'armée et préparait son œuvre. Dans la hiérarchie des pouvoirs du totalitarisme moderne, elle occupe incontestablement le premier rang, et cela n'a rien d'étonnant : elle est liée, en effet, à ce 6 LA PROPAGANDE POLITIQUE type d'idéologies qui se sont disputé l'Europe, à leur mobilisation totale, à leurs subversions, à leurs guerres. La défaite du nazisme, en 1945, n'a pas mis fin à son rôle. La propagande a fait davantage pour le passage de la Chine au communisme que les divisions de Mao Tsé-tung. Radios, journaux, films, brochures, discours, affiches opposent les idées, se renvoient les faits et se disputent les hommes. Combien significative de notre époque, cette histoire des prisonniers japonais rentrant d'U.R.S.S., en 1949, convertis au communisme après un séjour dans des camps d' « éducation politique », et que des zélateurs de l'autre doctrine attendaient au débarquement, bible en mains, pour les soumettre à une « rééducation démocratique ». Certes, depuis qu'il y a des compétitions poli- tiques, c'est-à-dire depuis l'origine du monde, la propagande existe et joue son rôle (1). C'est bien une sorte de campagne de propagande que Démosthène mena contre Philippe, ou Cicéron contre Catilina. Napoléon, fort conscient des procédés qui font aimer les chefs et diviniser les grands hommes, avait parfaitement compris qu'un gouvernement devait se préoccuper avant tout d'obtenir l'assen- timent de l'opinion publique : « Il ne suffit pas, pour être juste, de faire le bien, il faut encore que les administrés soient convaincus. La force est fondée sur l'opinion. Qu'est-ce que le gouvernement ? Rien, s'il n'a pas l'opinion. » De tous temps, politiciens, hommes d'Etat et dictateurs ont cherché à développer l'attachement à leur personne et à leur système de gouvernement. Mais entre les harangues de l'Agora et celles de (1) Sur les origines et l'histoire de la propagande jusqu'en 1920, on se reportera À Jacques ELLUL, Histoire de la propagande, « Que sais-je ? ». INTRODUCTION 7 Nuremberg, entre les graffiti électoraux de Pompéi et une campagne moderne de propagande, il n'y a pas de commune mesure. La coupure se situe tout près de nous. La légende napoléonienne elle-même, si puissante que, quarante ans plus tard, elle hissait au pouvoir un nouveau Napoléon, ne se compare pas au mythe qui entoure les chefs modernes. La propagande du général Boulanger relève encore de l'ancien temps : cheval noir, chansonnettes, images d'Epinal... Trente ans plus tard, les vagues formi- dables de la propagande auront pour les porter la radio, la photographie, le cinéma, la presse à grand tirage, les affiches gigantesques et tous les nouveaux procédés de reproduction graphique. A l'ensemble des moyens employés de tous temps par les hommes politiques pour le triomphe de leur cause et qui se rattachaient à l'éloquence, à la poésie, à la musique, à la sculpture, en somme aux formes traditionnelles des beaux-arts, succède une technique nouvelle qui use des moyens que la science met à sa disposition pour convaincre et diriger les masses qui se forment au même moment — une technique d'ensemble, cohérente et qui peut être, jusqu'à un certain point, systématisée. Le mot qui la désigne est lui-même contemporain du phénomène : propagande est un de ces termes que l'on détache arbitrairement des formules du latin pontifical ; employé par l'Eglise au temps de la Contre-Réforme (de propaganda fide), il est à peu près réservé au vocabulaire ecclésiastique (« Collège de la Propagande ») jusqu'à ce qu'il fasse, à la fin du XVIIIe siècle, irruption dans la langue laïque. Mais le mot garde sa résonance religieuse qu'il ne perdra définitivement qu'au XXE siècle. Les définitions qu'on peut en donner maintenant sont fort loin de ce premier sens apostolique : « La propa- gande est une tentative d'influencer l'opinion et la 8 LA PROPAGANDE POLITIQUE conduite de la société de telle sorte que les personnes adoptent une opinion et une conduite déterminée » (1). Ou encore : « La propagande est le langage destiné à la masse ; elle emploie des paroles ou autres sym- boles que véhiculent la radio, la presse, le film. Le but du propagandiste est d'influencer l'attitude des masses sur des points qui sont soumis à la propa- gande, qui sont objets d'opinion » (2). La propagande se rapproche de la publicité en ce qu'elle cherche à créer, transformer ou confirmer des opinions et qu'elle use en partie de moyens qu'elle lui a empruntés ; elle s'en distingue en ce qu'elle vise un but politique et non commercial : les besoins ou les préférences que suscite la publicité visent tel produit particulier, alors que la propa- gande suggère ou impose des croyances et des réflexes qui modifient souvent le comportement, le psychisme et même les convictions religieuses ou philosophiques. La propagande influence donc l'attitude fondamentale de l'être humain. En cela elle peut être rapprochée de l'éducation ; mais les techniques qu'elle emploie habituellement et surtout son dessein de convaincre et de subjuguer sans for- mer, en font l'antithèse. La propagande politique n'est cependant pas une science qu'on puisse condenser en formules. D'abord elle joue de mécanismes physiologiques, psychiques et inconscients trop complexes et dont certains sont mal connus ; ensuite ses principes relèvent autant de l'empirisme que de la science : conseils d'expé- rience, indications générales d'après lesquelles il reste à inventer ; et si les idées manquent, ou le talent, ou le public, il n'y a pas plus de propagande que de littérature. La psychagogie, autrement dit (1) BARTLETT, Political Propaganda. (2) Propaganda, communication and public opinion (Princeton). INTRODUCTION 9 la direction de l'âme collective, emprunte beaucoup aux sciences modernes ; peut-elle devenir une science ? Nous aurons à nous le demander. Notre tentative n'est donc pas de la codifier, même dans son état actuel. Nous croyons — et nous espérons — qu'elle ne demeurera pas enchaînée aux règles fonctionnelles que nous lui reconnaîtrons. D'ores et déjà s'amorce une mutation de la pro- pagande, et il apparaît qu'elle survivra aux tota- litarismes idéologiques et s'adaptera à d'autres formes sociales et politiques comme elle l'a fait au cours des âges. Les abus de la propagande totali- taire ont créé un début de « mithridatisation », dans les pays développés du moins. Est-ce à dire que la propagande soit liée au totalitarisme et disparaisse avec lui, laissant la place à une « persuasion poli- tique » qui emprunte ses méthodes à la publicité (1) ? En matière de manipulation, aucun secret ne se perd et les techniques se cumulent, elles ne s'annulent pas. La propagande est une façon de « persuader » les masses, dont le style change avec les situations. Il est vrai que la nouvelle propagande emprunte beaucoup à la nouvelle publicité, mais, à y regarder de près, celle-ci a beaucoup emprunté à l'ancienne propagande. (1) Monica CHARLOT, La persuasion politique (Armand Colin).

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