r a p p o r t septembre 2015 La production animale : le chaînon manquant dans les négociations sur le changement climatique Sommaire INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5 RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 6 LA PRODUCTION ANIMALE ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE . p. 9 La contribution de l’élevage au changement climatique est plus importante que l’ensemble des émissions mondiales provenant des transports . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 10 Les industries alimentaires et d’élevage à elles seules devraient atteindre le plafond de 2°C . . . . . . . . . . . . p. 10 Le passage à une alimentation à base végétale est essentiel pour lutter contre le changement climatique . .p. 11 Un vide politique concernant l’élevage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 11 Le soutien national et international à l’agriculture ignore le changement climatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12 L’AGRICULTURE INTENSIVE, LE SOL ET L’EAU . . . . . . . . . . . . . . p. 15 La vie dépend du sol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 17 Une dégradation des sols alarmante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 17 La pollution du sol et de l’eau par les nitrates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 17 Les ressources en eau menacées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 17 Plus de terrains pour les aliments pour animaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18 Faire évoluer les pratiques pour fertiliser les sols et atténuer le changement climatique . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18 Un tribunal européen ordonne à la France de prévenir la pollution de l’eau par les nitrates . . . . . . . . . . . . . p. 18 Etude de cas : des algues toxiques atteignent les plages de Bretagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19 ÉLEVAGE ET BIODIVERSITÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 21 La limite planétaire de la biodiversité est dépassée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 22 L’élevage est responsable de 30 % de la perte mondiale actuelle de biodiversité terrestre . . . . . . . . . . . . . . p. 22 Une agriculture néfaste pour l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 22 Etude de cas : les abeilles sont menacées par l’agriculture industrielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 23 Le bœuf et le soja sont les principales causes de la destruction des forêts tropicales . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 24 Piller les océans pour nourrir les animaux des élevages industriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 26 Etude de cas : les farines de poisson, un fléau pour la santé humaine, pour les moyens de subsistance de l’humanité et pour la vie marine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 26 Etude de cas : la menace sur les oiseaux marins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 27 LA SOUFFRANCE DES ANIMAUX D’ÉLEVAGE . . . . . . . . . . . . . . . p. 29 Les poules pondeuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 30 Les poulets de chair . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 30 Les porcins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 31 Les vaches laitières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 31 Les bovins et autres animaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 31 Etude de cas : manifestations contre la construction d’une laiterie géante de 1750 bovins en France . . . . p. 33 LA SANTÉ HUMAINE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 35 La maladie dans l’assiette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 36 Recommandations pour une alimentation saine et durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 36 L’alimentation végétale est préférable pour la santé humaine et pour l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 37 Des risques pour la médecine moderne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 37 Les risques pour la santé des riverains aux alentours des élevages industriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 38 Des risques de maladies infectieuses graves pour tout le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 38 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 41 - 3 - « L’industrie mondiale de l’élevage représente une menace importante pour le climat, sachant que d’après la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agri- culture), elle est responsable de 14,5 % de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. La croissance démographique et le développement rapide de la classe moyenne accroissent la pression sur les sources traditionnelles de protéines, la viande de bœuf et de volaille, si bien qu’il devient difficile de répondre à la demande. Nous ne pouvons pas continuer à produire et à consom- mer de la viande comme nous le faisons. » Kofi A. Annan, 7e secrétaire général de l’ONU Rapport La production animale introduction Le lien homme-nature Ce nrapepor t, pbaseé suur td esê éttudrees d er spéocialismtes, Pveuut attirer l’attention sur la contribution du secteur de l’élevage au ré- chauffement planétaire qui nous menace tous . Peu de gens se rendent compte que ce secteur, comme l’indique la FAO, est responsable de près de 15 % des émissions anthropogéniques de gaz à effet de serre (GES) 1 . Cette contribution aux GES dé- passe celle de tous les modes de transport dans le monde 2 ainsi que l’ensemble des émissions anthropogéniques de GES de la plus grande puissance économique mondiale, les États- Unis 3 . En présence d’informations aussi inquiétantes, on pourrait espérer un plan d’action international visant à promouvoir d’autres sources de protéines qui soient durables . Pourtant, malgré les conclusions d’un grand nombre d’études scienti- fiques et la reconnaissance croissante de la grave menace en- vironnementale et sanitaire que représente l’industrie de l’éle- vage, les gouvernements ont jusqu’à présent très peu agi . Depuis plusieurs décennies qu’ils discutent du changement cli- matique, les gouvernements évoquent des sources d’énergie innovantes et de nouveaux modes de transport . Aujourd’hui, il est temps de discuter des sources de protéines alternatives, et de ce qui doit être envisagé à l’échelle internationale pour contrer les effets délétères de l’élevage du bétail . Comme l’a déclaré récemment Kofi A . Annan, l’ancien secrétaire général de l’ONU : « Nous ne pouvons pas continuer à produire et à consommer de la viande comme nous le faisons » 4 . 1 : FAO, Tackling Climate through Livestock: A Global Assessment of Emissions and Mitigation Opportunities, FAO, Rome, 2013 . 2 : D’après le GIEC, le total mondial des émissions provenant des transports était de 7,0 Gt COéq/an en 2010 . 2 3 : D’après l’Outil d’indicateurs d’analyse de climat (Climate Analysis Indicators Tool) de l’Institut des ressources mondiales, le total des émissions de GES des États- Unis était de 6,1 Gt COéq/an en 2011 . Voir : http://cait2 .wri .org/profile/United%20States 2 4 : http://www .theguardian .com/environment/2015/may/03/kofi-annan-interview-climate-change-paris-summit-sceptics - 5 - Rapport La production animale résumé Le seul secteur de toxyde d’azote (N O), avec des La pollution des sols et 2 l’agroalimentaire proportions respectives de 44 % et de l’eau par les nitrates de 53 % de ces GES qui sont bien responsable de l’atteinte plus néfastes pour la planète que le Selon l’ONU, « l’élevage intensif est du plafond de 2°C dioxyde de carbone (CO ) . probablement le secteur qui cause 2 le plus de pollution de l’eau v » . Dans Au total, d’après la plus récente La production annuelle de viande l’UE, environ 40 % des terres culti- étude scientifique du GIEC de 2014, dans le monde est en croissance vées sont vulnérables à la pollution les émissions de gaz à effet de serre exponentielle et, en l’absence d’un par les nitrates, c’est une menace provenant de l’agriculture représen- changement de politique, devrait plus pour les ressources en eau vi . teraient plus du quart des émissions que doubler entre 2000 et 2050, pas- anthropogéniques mondiales, soit sant de 229 à 465 millions de tonnes . Les systèmes d’élevage intensif environ 10 à 12 GtCO éq/an . Selon mettent à mal les eaux de surface 2 le GIEC, cette contribution serait Le soutien national et et les eaux souterraines . De nom- principalement due à la déforesta- breuses études scientifiques font international à l’agri- tion et aux émissions agricoles pro- remarquer que ne plus consommer culture fait l’impasse sur venant du bétail et de la gestion des de produits animaux permettrait de sols et des nutriments i . le changement climatique préserver l’eau et d’en réduire la pollution due à l’utilisation d’engrais D’alarmantes études scientifiques Le vide politique à l’échelon inter- chimiques . récentes montrent que compte national en matière de lutte contre tenu de l’expansion de l’agriculture le changement climatique dans ce Plus de terrains pour nécessaire pour répondre aux exi- secteur marque un net contraste gences futures de consommation avec le soutien financier massif ac- l’alimentation animale alimentaire, à elles seules les émis- cordé à la production de viande, Comme le notent les experts, les dé- sions liées à l’agriculture entraîne- d’œufs et de produits laitiers . cideurs devraient agir comme s’il ne ront une élévation de la température Les subventions allouées à l’éle- restait plus de terrains disponibles moyenne atteignant le plafond de vage d’animaux pour la production afin de sauver ce qui reste de forêts 2°C au-delà duquel le changement d’œufs, de viande et de produits et de prairies dans le monde . La pré- climatique serait catastrophique ii iii . laitiers deviennent de plus en plus servation des forêts et des prairies inacceptables, compte tenu des ef- participe à la lutte contre le change- La contribution du fets néfastes de ce secteur sur l’en- ment climatique . bétail au changement vironnement, la biodiversité, le bien- climatique plus importante être animal et la santé humaine . L’élevage est responsable que les émissions mondiales de 30 % de la perte La vie dépend du sol liées aux transports mondiale actuelle de Selon la FAO, le monde est biodiversité terrestre D’après l’Organisation des Nations confronté à des niveaux alarmants Unies pour l’alimentation et l’agri- de dégradation des sols . Cet or- La contribution de l’élevage à la culture (FAO), le secteur de l’éle- ganisme a proclamé l’année 2015 perte mondiale actuelle de biodi- vage serait responsable de près de « Année internationale des sols » afin versité est estimée autour de 30 % . 15 % des émissions de GES anthro- de sensibiliser le public à leurs bien- Les vastes superficies nécessaires piques, soit environ 7,1 Gt CO -éq ./ 2 faits pour l’humanité . au pâturage et à la production de an iv . Cette contribution aux GES Les méthodes traditionnelles et du- fourrage sont parmi les plus impor- dépasse celle de toutes les formes rables de l’agriculture préservaient tantes causes de cette déperdi- de transport dans le monde et le la santé des sols grâce à la rotation tion vii . La perte de biodiversité de- total des émissions de GES d’ori- des cultures, à des périodes de ja- vrait s’aggraver dans les décennies gine anthropique de la plus grande chère et l’utilisation du fumier ani- à venir, la production animale jouant économie nationale du monde, les mal . Ces pratiques se sont raréfiées un rôle-clé dans la poursuite de la États-Unis . au profit de l’agriculture industrielle, reconversion des terres, de la frag- La production animale est égale- dont les produits sont des marchan- mentation et des émissions de gaz ment la première source d’émis- dises, plutôt que des aliments pour à effet de serre viii . sions de méthane (CH ) et de pro- la population humaine . 4 - 6 - Rapport La production animale Le bœuf et le soja L’alimentation végétale L’adoption d’une comme principales est meilleure pour la alimentation à base causes de la destruction santé humaine et pour végétale est essentielle des forêts tropicales l’environnement pour lutter contre le changement climatique La destruction de l’Amazonie pour Depuis trois ou quatre décennies, produire du bétail et du soja fait de- de plus en plus d’études scien- L’étude scientifique la plus récente puis longtemps les gros titres des tifiques ont mis en évidence les du GIEC signale l’importance de journaux dans le monde entier . Des graves menaces que la production mesures prises du côté de la de- observations scientifiques indiquent intensive de bétail et de produits mande pour atténuer le change- que la production agricole est la animaux représente pour la santé ment climatique . Il est précisé que cause de presque toute la défores- humaine . Diverses études ont mon- «le passage à une alimentation à tation au Brésil, où 750 000 km² de tré qu’une nutrition principalement base végétale, et donc moins inten- forêt ont disparu, dont 80 % ont été à base de végétaux était associée sive en GES, pourrait permettre une transformées en pâturages pour les à une meilleure santé humaine et à réduction des émissions de GES bovins ix . la prévention des maladies, tout en comprise entre 34 % et 64 %, se- étant également bénéfique à l’envi- lon les GES et les habitudes alimen- La dégradation des ronnement xi . taires pris en compte.» écosystèmes marins Des études d’experts montrent Des risques pour la pour l’alimentation animale qu’un changement d’habitudes ali- médecine moderne mentaires est essentiel si l’on veut Environ 30 millions de tonnes de que le réchauffement planétaire ne poisson, soit plus du tiers des L’utilisation généralisée des antibio- dépasse pas 2°C, objectif déclaré prises dans le monde, sont pê- tiques dans les élevages industriels de la communauté internationale xiii . chées chaque année pour fabriquer pour traiter ou éradiquer les épidé- des farines et des huiles essentiel- mies liées aux conditions d’élevage lement destinées à nourrir les pois- et pour accélérer la croissance des Un vide politique sons, les poulets et les porcs élevés animaux a entraîné l’apparition de concernant l’élevage en batterie x . bactéries résistantes à des antibio- Dans ce contexte, il est très difficile tiques nécessaires pour soigner des de comprendre pourquoi les gou- maladies humaines . L’Organisation La souffrance des vernements, dans les débats de Mondiale de la Santé a annoncé animaux d’élevage politique internationale, ne tiennent que la résistance aux produits anti- pas compte du rôle de la produc- microbiens constituait une menace Dans le monde, environ 70 milliards tion de bétail dans le changement de plus en plus grande pour la san- d’animaux sont élevés chaque an- climatique . Ce secteur requiert de té dans le monde et qu’elle mettait née pour l’industrie alimentaire . toute urgence l’attention des pays en péril les acquis de la médecine Or, chacun de ces animaux est un qui cherchent à lutter contre le moderne xii . être sensible . Cependant, pour sa- changement climatique . tisfaire la demande mondiale des consommateurs de viande, les 2/3 de ces animaux sensibles sont élevés en batterie . Ils sont enfermés dans des exploitations industrielles, gavés et privés de tout ce qui rend la vie digne d’être vécue puis tués, écorchés et transformés en produits alimentaires . - 7 - Rapport La production animale - 8 - Rapport La production animale La production animale et le changement climatique « Le changement climatique est une réalité […] c’est notre monde, notre planète terre […] Si nous ne pouvons pas nager ensemble, nous allons tous sombrer. » « Il n’y a pas de plan B, parce que nous n’avons pas de planète B1 . » Ban Ki-moon, secrétaire général de l’oNU, au cours d’une allocution à New York en septembre 2014 - 9 - Rapport La production animale Un ranch au Honduras, là où poussait la forêt... La contribution de l’élevage au change- Les industries alimentaires et d’élevage ment climatique est plus importante que à elles seules devraient atteindre le pla- l’ensemble des émissions mondiales fond de 2°C provenant des transports Au total, d’après le plus récent rapport scientifique de 2014 du GIEC, les émissions de gaz à effet de serre Selon la FAO, le secteur de l’élevage serait respon- provenant de l’agriculture seraient à l’origine de plus sable de près de 15 % des émissions de gaz à effet du quart des émissions anthropogéniques mondiales, de serre (GES) anthropogéniques, soit environ 7,1 Gt soit environ 10 à 12 Gt éq CO par an . D’après le GIEC, d’équivalent CO par an 2 . Cette contribution aux GES 2 2 cette part serait dûe, pour la majorité, à la déforestation dépasse celle de toutes les formes de transport dans et aux émissions d’origine agricole provenant du bétail, le monde 3 et elle est plus importante que les émissions des sols et de la gestion des nutriments 7 . anthropogéniques totales de GES de la première puis- sance économique mondiale, les États-Unis 4 . D’alarmantes études scientifiques récentes montrent que, selon les projections relatives à l’expansion de L’élevage est aussi la plus importante source d’émis- l’agriculture en vue de satisfaire les exigences futures sions de méthane (CH ) et de protoxyde d’azote (N O), 4 2 de consommation alimentaire, les seules émissions des GES qui sont bien plus néfastes pour la planète liées à l’agriculture utiliseront la totalité du plafond de que le dioxyde de carbone (CO ) . Le N O est issu prin- 2 2 2°C que les scientifiques considèrent comme ne de- cipalement du fumier et des engrais, et le CH provient 4 vant pas être dépassé pour éviter que le changement du processus de digestion des ruminants 5 . climatique soit catastrophique 8 . 9 . D’après certaines estimations, la contribution du sec- teur de l’élevage au changement climatique serait plus important encore . Ainsi, par exemple, une étude pu- Ces études considèrent divers scénarios pour l’agricul- bliée en 2009 par World Watch, qui couvre un certain ture, notamment un scénario « sans changement » et nombre d’aspects non pris en compte dans les rap- des scénarios optimistes de progrès des rendements ports du GIEC et de la FAO, comme certaines utilisa- et des technologies 10 . Les auteurs concluent : « Ce tions des sols et la respiration des animaux d’élevage, n’est qu’en supposant également une réduction de conclut : « l’élevage et ses sous-produits sont en réalité la consommation de viande et de produits laitiers que responsables d’au minimum 32 564 millions de tonnes nous pouvons obtenir des niveaux d’émissions d’ori- d’équivalent CO par an, soit 51 % des émissions mon- gine agricole ne représentant pas plus de la moitié des 2 diales annuelles de GES 6 » . Néanmoins, pour les be- émissions totales possibles en 2070. Nous concluons soins du présent rapport, les chiffres utilisés sont ceux donc que des changements d’habitudes alimentaires de la FAO et du GIEC . sont essentiels pour pouvoir atteindre l’objectif de 2°C - 10 -
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