La prison du rien faire : récit d'une personne atteinte de schizophrénie qui s'en est sortie

209 Pages·2015·17.821 MB·French

Martin Lepage
martinlepage.com
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives
nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Lcpage, Martin, 1983·
La prison du rien faire : récit d\lne personne atteinte
de schizophrénie qui s'en est sortie
(Collection Pratique et société; no 6)
Comprend des référenoes bibliographiques et un index.
ISBN 978·2·89599·237 .o
1. Lcpage, Martin, 1983- 2. Schizophrènes · Québec
(Province) · Biographies. I. Titre. U Collection : Collection
Pratique et société; no 6.
RC514.L46 2015 616.89'80092 C2015·941602·7
0 Les Éditions de la Paix inc. et Martin Lepage
Dép-Ot légal 3' trimestre 2015
Bibliothèque nationale du Québec
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Collaborateurs Comité de lecture
illustrations Mylène Villeneuve
Infographie JosianneForticr.oom
Martin Lepage
martinlepage.com
Collection Roman, n° 6
Illustration
Mylène Villeneuve
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Pour la beauti des mots et des différences
Les Éditions de la Paix
s'engagent à verser
un pour cent des ventes
à la Fondation David Maltais.
David Maltais est l'auteur du roman
Gœur d'argile.
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Préface
C'est pour moi un honneur d'être appelé à
rédiger la préface du manuscrit écrit par
Martin Lepage, un étudiant auquel j'ai
enseigné à l'université. Je me souviens de lui
comme d'un étudiant impliqué dans son
parcours d'études, intéressé aux contenus de
ses cours, intéressé aux autres, farceur, et qui
regarde la vie et l'autre droit dans les yeux.
Jamais il n'a prétexté ne pas être en mesure de
rendre un travail dans les délais prévus à cause
de sa maladie. Non pas qu'un retard ne s'est
pas produit, comme pour tout autre étudiant de
sa génération, mais les causes de ses retards ne
différaient pas de celles que nous retrouvons
chez les autres étudiants. D'ailleurs, je n'ai
appris qu'au moment où il était en stage qu'il
avait cette maladie, car au cours de ce
processus, les étudiants, en fin de parcours
d'études, doivent rédiger une réflexion critique,
justement sur ce parcours, comme étudiant et
comme personne. C'est lors de la lecture de sa
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réflexion que j'ai appris qu'il avait un dia
gnostic de schizophrénie. Inquiet par le fait
qu'il réalisait justement ce stage dans le
domaine des services de santé mentale auprès
de personnes qu'il aurait pu connaître
autrement dans le passé, je fai rencontré. J'ai
compris qu'il ne voulait pas être jugé, stig
matisé, à cause de sa maladie. D'autres
acteurs, impliqués dans son parcours univer
sitaire, étaient au courant de sa maladie. En
fait, il prévenait ceux qui devaient le savoir, ne
voulant pas revivre fexpérience de la stigma
tisation qu'il a connue dans d'autres milieux
cl' enseignement.
Entouré de ceux qu'il aime, de ceux qui le
soutiennent et qui faiment, il a obtenu en
avril 2012 un diplôme de baccalauréat en
travail social de l'Université du Québec à
Rimouski.
À la fin de fautomne 2014, il me demandait
de rédiger la préface de son récit. Je fai lu avec
attention - sans cependant l'évaluer comme je
l'aurais fait dans le cadre de mon rôle de
professeur universitaire. J'ai lu ce récit dans
cette posture différente, autrement, je lui
aurais suggéré de regrouper certains extraits,
de développer certaines idées, de faire ceci ou
cela. .. et nous aurions peut-être perdu l'essen
tiel : son récit.
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D'ailleurs, il est intéressant à lire, ce récit. À
sa manière, l'auteur nous parle, nous témoigne
de son expérience personnelle à travers la
maladie qu'est la schizophrénie. C'est bien lui
qui nous parle. Un véritable expert de l'inté
rieur. Son témoignage est porteur de plusieurs
enseignements et messages, dont ceux d'espoir
et de résilience.
Je me suis demandé à qui il voulait
s'adresser. Qui est son lectorat cible? À mon
avis, c'est surtout la personne atteinte de cette
maladie. Martin s'adresse aussi, ici et là, aux
professionnels des réseaux de services, aux
proches et aux personnes qui composent
Ye ntourage ou la communauté. Il a cette faculté
de pair aidant. Louise, la professionnelle qui
assumait sa supervision lors de ses stages,
l'avait d'ailleurs souligné. Son lien, sa relation,
ses capacités d'être en réel contact avec les
personnes qu'il est amené à aider sont teintés
par cette faculté.
Le récit de monsieur Lepage nous amène à
comprendre son parcours, les apprentissages
qu'il a faits et ses constats. Il nous apprend
surtout ce que vivent les personnes qui, comme
lui, sont atteintes de cette maladie, mais aussi
leurs proches. En dernière partie, d'ailleurs, il
permet à sa mère de nous raconter aussi ce
parcours, du point de vue de ceux qui le
subissent, du proche qui observe et constate les
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manifestations de cette maladie et ses effets,
mais aussi la joie de retrouver la personne
derrière ceux-ci
Ce livre est un premier ouvrage de l'auteur.
Je crois qu'il nous fera d'autres signes.
Rappelez-vous ce nom : Martin Lepage. Vous
entendrez parler de lui Il n'a pas terminé de
témoigner de son vécu, en regardant l'autre
droit dans les yeux.
Bonne lecture !
Marc Boily, PhD, professeur
Université du Québec à Rimouski
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lntrodu ction
Tout ce dont je me souviens de cette souffrance,
c'est que j'étais étendu sur mon lit, comme
prisonnier, avec l'impression que mon cerveau
marinait sous la lumière éblouissante de ma
chambre parce que je ne savais pas quoi faire et
que je me sentais seul au monde.
Je suis atteint de schizophrénie. Durant
mon rétablissement, j'ai vécu beaucoup d'iso
lement, de souffrance et d'échecs. Malgré les
difficultés, j'ai toujours fait un effort conscient
pour reconnaître les moments positifs. Même
dans le pire de ma maladie, j'ai toujours dit à
mon entourage que je n'avais jamais vécu
d'année complètement pourrie. Je me raccro
chais aux moments de répit, si minimes
soient-ils, pour continuer mon cheminement.
J'ai constaté qu'il ne faut jamais perdre espoir,
car, avec le temps et un bon traitement, il est
possible de retrouver une bonne qualité de vie.
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Les bons moments font maintenant partie inté
grante de ma vie. Je me suis rendu compte,
après presque dix ans de stabilité de mon état
mental, que le rétablissement est un processus
évolutif qui se peaufine encore aujourd'hui. Je
suis maintenant bien dans ma peau et
complètement fonctionnel. Présentement,
j'occupe un poste de travailleur social pair
aidant, mon but étant d'aider les personnes
atteintes de maladies mentales à se rétablir.
Se sortir de la schizophrénie peut sembler
compliqué, mais je sais par expérience que c'est
avec des gestes simples et concrets qu'on peut y
arriver. Uentourage familial et social de la
personne atteinte d'un trouble mental peut être
réellement aidant, mais je crois que c'est majo
ritairement à la personne de faire ce qu'il faut
pour se rétablir. C'est pour cette raison que
l'entourage de la personne doit la soutenir en
favorisant son autonomie et son pouvoir
d'action sur sa vie. Ce qui caractérise mon vécu,
c'est que j'ai fait tout ce qui était en mon
pouvoir pour m'en sortir, et ce, très tôt après les
phases aiguës de ma maladie.
Je vais tenter, dans ce récit, de décrire le
plus fidèlement possible les événements qui
m'ont mené au rétablissement, lequel est,
malheureusement, provisoire, car la maladie
me guette continuellement. Vous serez à même
de constater que je n'ai pas toujours eu un
parcours parfait dans la quête me menant au
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