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La politique et le commerce français dans le golfe de Guinée de 1838 à 1871 (Monde d'Outre-Mer Passé Et Présent / Série Études) (French Edition) PDF

308 Pages·1961·20.146 MB·French
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LA P O L I T I Q UE ET LE COMMERCE FRANÇAIS DANS LE G O L FE DE G U I N ÉE de 1838 à 1871 ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES - SORBONNE VI» SECTION : SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES LE MONDE D'OUTRE-MER PASSÉ ET PRÉSENT PREMIÈRE SÉRIE ÉTUDES XI PARIS MOUTON & CO LA HAYE MCMLXI BERNARD SCHNAPPER LA POLITIQUE ET LE COMMERCE FRANÇAIS DANS LE GOLFE DE GUINEE de 1838 à 1871 PARIS MOUTON & CO LA HAYE MCMLXI © 1961, Mouton & Co, Publishers, Paris — The Hague. AVANT-PROPOS Dans les dernières années du xvine siècle, le département de la Marine envoyait régulièrement des navires parcourir la côte occi- dentale d'Afrique, visiter les forts que la France y entretenait et encourager la traite des esclaves qui paraissait devoir prendre un nouvel essor à la suite des défaites infligées par les Français et les Américains aux Anglais. Ces expéditions avaient été interrompues par les guerres de la Révolution et de l'Empire. A partir de 1815, les quelques navires de guerre français envoyés dans le golfe de Guinée furent surtout chargés de réprimer la traite des Noirs. La station navale avait moins pour mission de favoriser le commerce que d'inter- dire un trafic illicite. Mais en 1838, le Ministre de la Marine envoyait le brick la Malouine explorer la côte. Dans l'état-major du navire se trouvait un capitaine au long cours dont la présence manifestait l'intérêt que le gouvernement voulait prendre au développement du commerce français dans ces parages. Le Ministre renouait avec une tradition ancienne en lançant la première exploration métho- dique que les Français aient accomplie depuis la Révolution au Sud de Sierra-Leone. Cette mission fut moins importante par ses résultats scientifiques que par le prélude qu'elle constitua pour une expansion française dans le Golfe de Guinée. Quelques années plus tard, en 1843, étaient fondés presque simultanément des comptoirs fortifiés appartenant au gouvernement et des factoreries commerciales privées qui, après bien des vicissitudes, devaient être l'origine des colonies de la Côte d'Ivoire, du Dahomey et du Gabon. C'est ainsi que commençait un épisode qui fut l'occasion de for- muler et de modifier une certaine politique coloniale. La fondation d'établissements permanents dans le Golfe de Guinée était pour les hommes du xixe siècle une expérience nouvelle et hasardeuse. Le climat était des plus malsains, les maladies tropicales mal connues et encore plus mal soignées, les transports lents et les débarquements difficiles. Tout était à apprendre des conditions de vie sur la côte et des populations avec lesquelles on allait entrer en rapport. Il fallut donc un courage et une ténacité exemplaires 8 POLITIQUE FRANÇAISE DANS LE GOLFE DE GUINÉE pour qu'officiers, marins, commerçants ou missionnaires s'accrochent à la côte et y survivent en dépit des dangers, des maladies et des difficultés de toutes sortes. Ces difficultés furent longtemps un thème facile de 1' « épopée coloniale ». En fait, elles expliquent dans la plus large mesure les erreurs de la politique locale, les divergences entre les instructions envoyées d'Europe et leur exécution sur place, enfin les rivalités des officiers de tous pays, livrés à leurs seules forces dans des postes malsains. Beaucoup de courage fut dépensé, mais bien des erreurs commises. Aussi étudierons-nous d'une manière précise les conditions dans lesquelles s'est déroulée cette entreprise pour en comprendre les succès et les faiblesses qui conduisirent en 1871 à son abandon partiel. Sans doute, à l'échelle de la France, peu de vies humaines furent sacrifiées et peu d'argent dépensé dans ces établissements du Golfe de Guinée. 1/œuvre accomplie n'en fut pas moins importante par la leçon qu'elle fournit à ceux qui, après 1880, la reprirent. Les postes fondés en 1843 permirent au gouvernement d'élaborer une politique coloniale, ce qui leur donne, aux yeux des historiens, une importance majeure, ha. politique coloniale appliquée sur la côte occidentale d'Afrique sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire est encore mal connue. On connaît l'existence d'une poli- tique des points d'appui à l'époque de Guizot; on sait que le libre- échange eut, après 1860, un retentissement important sur les éta- blissements coloniaux; on sait enfin que vers 1890 se développa un impérialisme colonial qui dévora l'Afrique. Peut-être jugera-t-on que le moment est venu d'essayer de rapprocher ces éléments épars et de reconstituer l'évolution de la politique coloniale française dans cette partie d'Afrique. Nous nous sommes efforcé de remettre en question les oppositions si tranchées que l'on fait entre telle ou telle étape de cette politique. Nous nous sommes demandé si la politique des points d'appui, née sous la Monarchie de Juillet, ne s'était pas prolongée longtemps après elle. Nous avons recherché si l'impéria- lisme colonial des dernières années du siècle n'avait pas des antécé- dents directs sur la côte d'Afrique à l'époque du libre-échange, une époque en apparence pourtant si contraire à toute idée d'expansion territoriale. Pour relier ces différentes époques, pour comprendre les raisons de l'évolution, il faut étudier les rapports du commerce et de la poli- tique. Dans toute politique coloniale des temps modernes, on peut retrouver un mélange de soucis commerciaux et de considérations de prestige capables de pousser le gouvernement à fonder outre-mer des colonies. Mais il est particulièrement intéressant de dissocier ce mélange à une époque qui est celle du grand développement de l'indus- trie et du commerce français et qui accorde encore aux considérations d'honneur national et de prestige international la première place dans la politique de l'Etat. Sur la côte d'Afrique, le prestige consiste à ne pas se laisser distancer par les Anglais. Partout où les Anglais se montrent actifs, partout AVANT-PROPOS 9 les Français cherchent à prendre place à côté d'eux. La côte d'Afrique est un champ de compétition pacifique entre Français et Anglais. Inversement les Anglais font face aux mêmes problèmes que les Français et se montrent également jaloux de leurs voisins. Nous aurons donc l'occasion de constater que les politiques coloniales française et anglaise sont parallèles et qu'elles se sont mutuelle- ment influencées. Quant aux problèmes commerciaux, la côte du Golfe de Guinée est alors une zcne presque inconnue des Français. L'époque de la Monarchie de Juillet et du Second Empire est marquée par l'effort que fait le commerce français pour exploiter les ressources d'une côte dont le commerce traditionnel, la traite des Noirs, est en voie d'extinction et pour lutter contre la concurrence des commerçants anglais, américains ou allemands. C'est l'époque aussi où les Français trouvent dans les oléagineux une ressource qu'ils ne soupçonnaient pas vers 1840 mais qui, vers 1870, devint l'essentiel de leur commerce sur la côte d'Afrique. Si on admet avec nous que la politique coloniale est déterminée au xixe siècle par des facteurs politiques et économiques combinés, on comprendra que nous n'ayons pas parlé dans cet ouvrage de l'effort des missionnaires. Il va sans dire que nous ne songeons pas un instant à nier l'importance sociale et morale de leur activité sur la côte d'Afrique mais cette activité a une influence négligeable sur la poli- tique menée par le gouvernement. Qu'on ne s'étonne donc pas de ne trouver ici que quelques allusions aux entreprises des Sœurs de Castres, des Pères du St-Esprit conduits par Monseigneur Bes- sieux au Gabon, ou des Missions de Lyon sur la Côte des Esclaves. Le sujet essentiel de ce livre est de doser, à l'occasion d'une ten- tative coloniale française, la part des considérations mercantiles et des soucis nationaux dans l'évolution de la politique coloniale. Il conve- nait pour le traiter d'étudier les rapports de la politique et du com- merce dans une région économiquement homogène. C'est pourquoi nous avons écarté le Sénégal et les Rivières du Sud, sauf quand le rappel des événements qui s'y sont passés était nécessaire à l'intelli- gence de l'histoire du Sud. Sénégal et Rivières du Sud constituent dans la deuxième moitié du xixe siècle un même domaine écono- mique, la zone de culture de l'arachide, très différent du Golfe de Guinée. Une pareille étude devrait reposer sur deux sortes de sources : les sources officielles et les sources privées émanant des commer- çants qui fréquentaient la côte ou qui y avaient des intérêts. Mal- heureusement les archives commerciales sont encore presqu'ina- bordables. Celles qui auraient été les plus intéressantes pour ce tra- vail, les archives de la maison Régis de Marseille, ont péri dans un incendie. Force a été de nous contenter des archives officielles dépo- sées à Paris et à Dakar surtout, mais aussi à Conakry, Abidjan, Brazzaville et Marseille. L'utilisation presque exclusive des dépôts publics a de graves inconvénients. Si ces archives permettent d'avoir une vue complète io POLITIQUE FRANÇAISE DANS LE GOLFE DE GUINÉE et précise de l'organisation administrative et de l'évolution poli- tique, elles ne donnent que des renseignements incomplets sur les prix, le volume réel du commerce et l'évolution économique. Ces sources ne suppléent pas à l'absence des comptabilités privées et des correspondances commerciales. Bien mieux, la plupart des statis- tiques anciennes de navigation et même des budgets et comptes financiers locaux ont disparu de ces archives, tant il est vrai que les documents chiffrés parlent peu à l'imagination en général et à celle des archivistes et administrateurs d'autrefois en particulier. Quelques lettres de commerçants, quelques rapports officiels plus précis que d'autres, l'interprétation des chiffres encore disponibles, permettent cependant d'avoir une idée approchée de l'importance économique des comptoirs français du Golfe de Guinée. L'histoire coloniale ne peut plus être considérée comme le simple récit d'une épopée : ce point de vue est périmé depuis longtemps. Elle doit s'appuyer sur l'histoire économique et ne pourra se dévelop- per que lorsqu'on disposera de solides études d'histoire commerciale et industrielle. Que sait-on, par exemple, de la savonnerie marseil- laise dont l'histoire commande pourtant le développement commer- cial et colonial français dans les régions qui, comme le Golfe de Guinée, sont productrices d'huile de palme? Comprise de la sorte, l'histoire coloniale a chance d'être non seu- lement l'histoire de la colonisation, phénomène en lui-même consi- dérable, mais aussi la base même de l'histoire de l'Afrique à l'époque coloniale. Il me reste à espérer que ce livre ne trahit pas les ambitions de son auteur et à remercier tous ceux qui ont bien voulu me prêter leur concours : en tout premier lieu ma femme qui a largement parti- cipé aux dépouillements nécessaires et s'est passionnée pour l'histoire africaine, MM. Debien, professeur à la Faculté des Lettres de Dakar, et Brunschwig, professeur à l'Institut des Hautes Etudes d'Outre- Mer, qui ont bien voulu lire le manuscrit et me faire d'utiles sugges- tions ; MM. Charpy et Maurel, conservateurs des archives de l'ancien Gouvernement Général d'A.O.F. Je dois enfin un large tribut de reconnaissance au Centre d'Etudes Africaines de la VIe section de l'École des Hautes Études qui, par de généreuses subventions, a facilité la préparation de cet ouvrage et en a assuré la publication1. i. Abréviations dans les notes : Arch. Nat. : Archives Nationales. Arch. F.O.M. : Archives de l'ancien Ministère de la France d'Outre-Mer (Paris). Arch. A.O.F. ou A.E.F. : Archives de l'ancien gouvernement général d'A.O.F. (Dakar) ou d'A.E.F. (Brazzaville). Arch. C.C.M. : Archives de la Chambre de Commerce de Marseille. Arch. Saint-Esprit : Archives de la Congrégation des Pères du Saint-Esprit, 30, rue Lhomond, Paris. PREMIÈRE PARTIE LA POLITIQUE DES POINTS D'APPUI

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