La Poésie du lieu Chiasma 20 General Editor Michael Bishop Editorial Committee Adelaide Russo, Michael Sheringham, Steven Winspur, Sonya Stephens, Michael Brophy, Anja Pearre Amsterdam - New York, NY 2006 La Poésie du lieu Segalen, Thoreau, Guillevic, Ponge Steven Winspur Photograph: Hirochika Komai, “Perros Guirec en Bretagne, 2002” Cover design: Jane Tenenbaum The paper on which this book is printed meets the requirements of ‘ISO 9706: 1994, Information and documentation - Paper for documents - Requirements for permanence’. Le papier sur lequel le présent ouvrage est imprimé remplit les prescriptions de "ISO 9706:1994, Information et documentation - Papier pour documents - Prescriptions pour la permanence". ISBN-10: 90-420-2103-9 ISBN-13: 978-90-420-2103-7 ©Editions Rodopi B.V., Amsterdam - New York, NY 2006 Printed in The Netherlands CHIASMA Chiasma seeks to foster urgent critical assessments focussing upon joinings and criss-crossings, single, triangular, multiple, in the realm of French literature. Studies may be of an interdisciplinary nature, developing connections with art, philosophy, linguistics and beyond, or display intertextual or other plurivocal concerns of varying order. * From New England to the Orient,from the Seine to Carnac,the works of the four authors discussed in this volume give rise to an apprecia- tion of place that largely collapses the polarized categories of the local and the far-distant,the familiar and the exotic,the well-trodden and the uncharted — all those dichotomies that tend to counter rootedness with the lure of some form of transcendence, some idealized and other- worldly locus to be divined by the mind rather than savoured at leisure by the body. Place,as Steven Winspur forcefully argues,can only ever be truly apprehended through a bodily embrace. Rather than projecting meaning(s) onto the world,the subject,as encountered in these works, is absorbed into it,his body permeated by the space that surrounds him and thus brought into contact with a host of other bodies occupying, and shaping in turn, what has indeed become, not only through their common action but more importantly through their interaction,a place. Place, then, is no more a product of intention than a seat of sentimen- tal outpouring. It is a corporeal experience, a protracted sensation, of the inside circulating without, the outside penetrating within, of a shared spaciousness pulsating with the possibility of all kinds of com- munication and exchange, from the rippling of water or the call of a bird to the caress of the breeze or the rustling of leaves. And it is the ‘rhétorique profonde’ of such vibrant spaciousness that is delicately probed and unlocked as a transforming experience in the works, silence finding its own resonant canvas within writing,language lend- ing movement and depth to nature’s often mouthless address. Straddling different continents and ages, here is a truly chiasmic con- figuration alerting the reader not only to the very material delight of the poetry of place, but to the place of poetry in an era when time, more than ever, threatens our rapturous engagement with space. Michael Brophy Dublin, May 2006 Remerciements Plusieurs collègues et amis m’ont donné des conseils précieux sur des aspects de ce livre au cours de sa composition. Ils ne sont nullement responsables de ses défauts. Leurs suggestions m'ont beaucoup aidé pourtant à clarifier ses concepts et m'ont permis, pendant les cinq dernières années, d'approfondir certaines réflexions qui, sans leur appui et encouragement, seraient restées à l'état d'ébauche. Je tiens à remercier – Dominique Poncelet qui a pris le temps de faire une lecture attentive de chaque chapitre, de me suggérer des corrections gramma- ticales et stylistiques, et de proposer des développements de certains arguments; – Michael Brophy qui a soutenu ce projet dès le départ,m'a donné d'importantes suggestions pendant qu'il lisait le texte et avec qui j'ai eu des conversations stimulantes sur les poèmes du lieu; – Julie Schroeder qui a fait la mise en pages du livre,avec l'aide de Christa Stevens; – Hugh Hochman avec qui j'ai dialogué plusieurs fois sur la poésie matérialiste; Jean Khalfa, Matt Moyle, Mouhamédoul Niang, Nabil Khawla,Sandra Simmons et Franz Voelker qui ont tous,à des moments divers,nourri certains arguments que l'on trouvera dans ces pages; – les fonds Halverson-Bascom du Département de Français et d'Italien de l'Université du Wisconsin à Madison, aux Etats-Unis, qui m'ont permis de voyager à des colloques internationaux sur la poésie française et de faire des conférences qui ont porté sur des aspects de ce travail. Je remercie en particulier Michele Hannoosh qui m'a invité à Saint Catherine's College de l'Université de Cambridge en mai 2000, où j'ai eu le grand plaisir de dialoguer avec elle et ses collèges à pro- pos de Segalen; – la Graduate School de l’Université du Wisconsin qui m’a 8 La Póesie du lieu accordé deux bourses pendant les étés de 2003 et 2004 pour travailler sur ce livre; – Susan Scola qui m'a aidé au début du projet à trouver plusieurs ouvrages importants, Jane Tenenbaum pour sa création de la couver- ture et Hirochika Komai qui m'a autorisé à reproduire sa photo de la côte bretonne figurant sur cette couverture; – les éditeurs de la revue French Forum qui ont publié dans leur numéro 29.2 du printemps 2004 une version abrégée du début du second chapitre, et les éditeurs de Méthode! Revue de littératures qui ont publié dans leur numéro spécial de 2002 consacré au recueil poétique une première version de la fin du chapitre trois. INTRODUCTION Nulle part comme à Carnac, Le ciel n’est à la terre, Ne fait monde avec elle Pour former comme un lieu Plutôt lointain de tout Qui s’avance au-dessous du temps. (Eugène Guillevic) Dans L’Arrière-pays Yves Bonnefoy médite longuement sur l’attrait d’une région qui serait au bout d’un chemin qu’on n’a pas choisi, ou bien de l’autre côté d’une colline qui nous barre l’horizon.1 Cette région soupçonnée mais invisible, à notre portée et pourtant hors du champ de nos projets immédiats, semble incarner le rêve d’une “essence plus haute”, écrit Bonnefoy (9), ou d’une vie plus aisée. Considérée sous cet angle, la poésie serait une des rares activités qui permettent de concilier l’évidence immédiate d’un ici et la passion que de telles figures de l’ailleurs suscitent en nous. Car les poèmes four- nissent aux endroits qu’ils décrivent un sens. Ils donnent à penser que les “paysages [...] sont, figés encore, enchantés peut-être, une parole” (10). L’ensemble des essais et poèmes que Bonnefoy a publiés pendant un demi-siècle a esquissé les grandes lignes de cette réconciliation du lieu et d’une promesse de signification. Plutôt que de suivre Bonnefoy dans son vaste projet de trouver une troisième voie entre l’idéal et le réel,ou entre le rêve et l’irrémédiable,2 1Y. Bonnefoy,L’Arrière-pays(Genève:A. Skira,“Les sentiers de la création,”1972) 9-10,14-15. 2J’emprunte à Hugh Hochman l’expression “la troisième voie” qu’il emploie pour analyser la démarche de Bonnefoy dans Du mouvement et de l’immobilité de Douve. Voir son étude Writing Our Place in the World:A Study of the Poetry of Yves Bonnefoy and Eugène Guillevic(Ann Arbor:UMI Microform 9921810,1999),8,22,40 et passim.
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