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La perspective historico-religieuse. Foi, religion et culture PDF

159 Pages·2002·123.788 MB·French
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DARIO Si\BBATUCCI La perspective historico-religieuse Foi, religion et culture traduit de l'italien par Philippe Baillet Préface de SILVIA l\L\NCINI Postface d' ANTOINE F .AIVRE Ozmrage publié az1ec ie concour.r du Centre Nationai dti Livn EDIDIT PARIS 2002 Historicisme absolu Titre de l'édition originale: et Histoire des religions · l'reuvre de Dario Sabbatucci La prospettiva storico-religiosa. I1 Saggiatore/Mondadori, :Nlilano 1990. Il peut paraitre, certes, paradoxal de choisir d'inaugurer par La perspective historico-religieuse, de Dario Sabbatucci, une collec tion destinée à présenter un panorama actue! des différentes écoles d'histoire des religions. En effet, ce livre développe un propos critique à !'encontre d'autres approches de l'objet religieux, propos qu'accompagne une mise en cause de l'autonomie et de la spécificité de cet objet, pour déboucher sur une déconstruction de la notion même de "religion". De fait, Sabbatucci ne semble pas considérer celle-ci comme une catégorie opératoire pertinente en ce domaine de recherche, des lors qu'il entend le considérer comme véritable ment "historico-religieux" (ct non pas "philosophico-religieux" ou « phénoménologico-religieux »). Quel est clone lc sens de ce paradoxe dont la formulation frôle le sophisme ? Une précision s'impose au préalable. Cette "histoire des reli gions" telle que l'auteur la conçoit, et qui vise la déconstruction © 2001 EDIDIT S.i\.R.L. de la notion de religion, ne repose pas sur une attitude de ISBJ\" 2-912770-02-5 " r.enoncement " , 1a quelle aurait été inspirée à Sabbatucci par cer- Compos1tion PC.\ tams courants philosophiques contemporains tels que le nomi Diffusion: Edidit, 76, rue Quincampoix - 75003 Paris nalisme, le relativisme ou l'agnosticisme. Ce déconstruction msme apparait plutôt comme la conséquence inévitablc de Imprimé en Italie -I~ GR.\F s.r.l. -.\Iilano 8 La perspectil'e hisrorico-religieuse Préface 9 l'application, à l'hiqoirc dcs rcligions, de la di:marche propre à dans la mouvance d'inspiration romanrico-naturalis~e (repré- l'"historicismc absolu" Jont ii se réclamc. Issu de la tradition . pat· e'"t:n1plc par F. ~fax .\füllcr, L. hobe111us, .• -' , . . ,. . ~cnrce, philosophiquc italicnnc qui Ya de Vico à Gramsci, cn passam ?\f. Fliade), en passam par ks ccolcs anthr~pologKJUCS d ms~J- par Crocc er Gcntik, cet historicisme radical esr sous-tendu par . Jcrkh,,imienne fonctionnah:;re (atnsJ, R. Radchfte- nnton u 1 " · un immancntisme foncier, qui s'cxerce à dcux ni,·eaux : cclui de Brown, B. ?\Jalinowski) ou é\·olutionniste (Tylor ct Frazer). La l'interprétarion eles faits rcligieux, ct celui des insrruments cogni carétrorie de "rcligion", comprisc comme auto-évidenre, semble tifs ccmés apprL'hender ccs mêmcs faits et en rcndre compre. en ;:)mmc constituer l'inéluctablc a priori de l'histoire des reli o-ions. L'objct religicux apparaít des lors commc cclui d'unc ~cience analogiyue : l'anthropologue, ou l'bistorien dcs relig:tons, L 'hi.itoire rle.r relú.;ions att rléji de l'bistonâs1JJe abJo!tt se mettent, implicitcmcnr ou explicitemenr, en quête de ce qui, C- - dans Jes autrcs culrures, ressemble 1c plus à ce gu'cst, pour nous L'historicisme absolu présuppose que « tour est histoire », et Occidentaux, la "religion" 1• Commenr clone éviter ce risque ? que tant celle-ci que ses manifestations culturelles som les pro La stratégic méthodologiyue de Sabbamcci consiste 9~~?o:d ·~ duits de l'cffort créatif de l'homme. Cela implique, du même en une prise de conscience du « conrextc d'émergence, d'usage coup, l'impossibilité de considérer le "sacré" et la "religion" et de développement des catégories interprétatives », voire de com me des réalités ontologiyues a pn·ori, irréductibles à la raison rous les conccpts mobilisés dans la pratique de la recherche. hisrorique, ou comme eles strucrures anthropologigues perma Cerre prise de conscience esr de type "hisroric1ue". Elle porte nentes du type "bomo rel~[!,iOJ!I.r", dont la nature scrait foncit're sur la genése et les implicarions culmrelles de cet outillage ment an-hisroriyuc. Cela impJjque égalemenr que l'on considere conccptuel. Elle seule pcrmet que nous nous tournions ,·ers d'autres époqucs, d'autres culrurcs, en étanr munis d'une ,gamntit comme culrurellement relatiYe et circonscrite (et clone problé métbodique (et non pas sculement de bonnes inrentions) contre matiyue d,ms ses applications) la nature de l'appareil conccpmel les risques de l'ethnocentrisme spontané, non médiatisé par ce du chercheur en sciences relig{el.lses, dés lors que cet appareil travai! d'objectiYation critique. En somme, sculc certe démarche est lui-même compris comme un produit hisrorique. d'historicisation simultanée du sujet de la connaissance (c ompris L'argumentation de Sabbatucci repose, en somme, sur la comme le détcnteur d'un cnsemblc de catég:ories interprétatives these suiYante: fruits de l'histoire culturelle de l'Occident, mar quécs par l' e:xpérience gréco-romaine d'abord, chrétienn-e> ~ultureiJemenr oriemées) ct de l'objet à connaitrc peur nous evner de projeter chez les autres nos cxpériences et nos valeurs cnsuite, les catégories intcrprétativcs de l'histoirc des rcligions culturelles. (mythe, ritc, croyancc, dieu, foi, théocratie, polythéismc, mono 1\;ous a\·ons donc affaire ici à une doubk opération de mise théisme, magie, etc.) som le résultat de circonstanccs culrurelles en perspective historiquc. Ellc porte, d'une part, sur les formes uniques, non exportablcs hors de I'Occident. Bien évidemment, relig1euses con · · d - · 1 · · . · -' . 1pnses com me autant e tormanons 11stonques cerre thése va à !'encontre de la plupart des études compararives dom 11 s'ao-ir d 1 - · 1 en matiére de rcligion, lesquelles, en effet, tendem à poser la .. _ - b t > rc, n•a cer, cas par cas, ranr a tonctton cu turellc spentJcjue d·1, n s un co· ntc· x·t c· d onne· , que 1c s processus cl c t-or- "religion" comme une carégoric objective et auronome. Sem blablc tendance va de rra\'aux qui s'inscrivent dans certains cou rants marqués par la théologie protestante (ainsi, la phénomé 1. Sur cerre quc,ti<>n cf D~nid Dubuisson. L'Oüidm! e1 la rrl1.éon, Bru'Cclk, .. C:ompk'Cc. 1 'J%. . ' . nologic de R. Otto et G. Van der Lceuw), à ceux qui se situem 10 La percspective historico-religieuse Préface 11 mation et de développcment. Elle porte, d'autrc part, sur les ontraster les d1· flce rente s solut-ions . culturelles :, que. les cbilv iblils a- outils conceptuels destinés au découpage, à la saisie, à la concep c . d )ptées tace a des problemes sem a es. tions ont rour a rour a < , . tualisation et au déchiffrement de ccs memes formes. On • 1 • b ombre d'enquetes qUl, pour ponctuelles II en est resu te on n - comprend qu'une telle opération puisse amencr Sabbatucci à · l· issent pas d'être en meme temps des travaux u'elles sotent, ne a · . . . . faire exploser, cn fin de parcours, h catégorie meme du "reli q la problématique generale qUI gUJde ses de ande envergure - , . , '- gieux". Aboutisscment quelque peu déroutant, certes, au point gr h te rapport allant bien au-dela d une approche recherc es sur . - . . . . d .. qu'on peut se demander si le présent livre n'aurait pas mieux . t rt'co-philologtquc. On peut ctter, a cet egar . son purement hts o , o • • , tiguré en clôrure de collection, en maniere de défi provocateur rsticisme o-rec- · celle des phenomenes de demy- ana1 v se d u m\. . ' . . . . ~ lancé au lecteur de sciences humaines, pour l'inciter à ne jamais · · t de ritualisation stmultanees, propres a la religton de t hi satton e · bli 1'' cesser d'interroger et de problématiser ses objcts d'intérêt. la Rome ancienne 3 ; la recherche _sur le ra~port eta avec ms- Une bonne raison légitime toutefois le choix de La per.rpective - · vale (et le príncipe génestque qut la sous-tend) par les ttrunon ro. '-- . . historico-re!igietm comme texte inaugural de la présente collection. ct·v t· Li sa ti. o ns me' diterranéennes et du Proche-Onent ,a nCJen 4 , e. t C'est que l'esprit de celle-ci se trouve comme incarné par la celles qui portent sur l~s po~ythéisme\ d~ ~a Mesopotamte position de l'auteur. Conçue moins, en effet, comme un réper jusqu'au Japon, à la Coree et a la Chme ams_1 que, enfin, sur toire hétéroclite des diverses approches qui émaillent ce secteur les monothéismes 6 Cet élargissement de la methode compara • d'études, que comme un outil de travail destiné à stimuler la tive à plusieurs aires culturelles, à partir d'~n probléme p~écis, confrontation systématique et le débat chez les spécialistes et présente des difficultés que seules peuvent resoudre une meth~­ les non-spécialistes, la collection entend mettre l'accent sur les dologie et une épistémologie "fortes", c'est-à-dire "constructl aspects problématiques de ce domaine de la recherche. Accepter vistes" et conscientes d'elles-mêmes. C'est seulement dans le de soumettre l'histoire des religions à des éclairages multiples, cadre de cette méthodologie différentielle et d'une probléma en vue d'une problématisation systématique, implique toutefois tique historique précise, que les théses exposées dans La perspec l'acceptation de deux conditions préalables. tive historico-re!igieuse prennent tout leur sens. Il s'agit d'abord de reconnaitre, du moins au plan du príncipe, Divers fils s'entrelacent dans cet ouvrage : des faits culr:urels la nécessité de ne pas limiter les sciences des religions au seul localisés dans le temps et dans l'espace ; leur interprétation champ des spécialisations poussées (celles qui peuvent can contextuelle ; la réflexion sur les méthodes les plus adéquates à tonner le sinologue, l'indianiste, l'égyptologue, l'helléniste, etc., leur décryptage ; l'interrogation sur les concepts destinés à réa chacun dans son secteur d'études exclusivement), mais de res liser celui-ci ; la révision critique de constructions de l'histoire tituer à l'approche comparative la centralité que ces mêmes des religions et de l'ethnologie religieuse dont souvent les sciences religieuses avaient entrepris de lui conférer depuis le modeles théoriques restem plus ou moins implicites. En somme, XJX" siécle. Ensuite, il s'agit d'assumer, par la mise au point de chez Sabbatucci l'on trouve actualisée une orientation qui ' , modéles théoriques adéquats, la complexité des problémes his . toriques et épistémologiques soulevés par la confrontation entre les religions, ainsi qu'entre les cultures respectives dans les 2. Essai sur /e mysticúme .~rer 11% 5), Paris, Flammarion, 1982. 3. L? .\'talo come conquista mlturale, Romc, Bulzoni, 1975. quelles ces religions s'inscrivent. Or, ces deux conditions sem ~- II mito, i/ rito e la storia, Romc, Bulzoni, 1978. blcnt bel et bien remplies par les travaux de Dario Sabbarucci. (.. :>. P. o. liteísmo ·· \'ol· 1 (.~ I [e so.,n./ h,r liJJi·a , 1u" -0JJJa, C·r eat·l . f:.·: f.!·l !o), \'O1. _7 (, ! na.1o -t·r ant·o ,· c·d· TJJUIIÚ. Pour ce qui est de la premiére, tout au long de son cruvre on _1/Ja, G~appone, Corra), Romc, Bulzoni, 1998. le voit convoquer le comparatisme historique en vue de 6. i\lonoteismo, Romc, Bulzoni, 2001_ 12 Lét perspectÍ1'e historico-religieuse Préfáce 13 désormais s 'cst imposéc dans les scicnces de l'hommc contem _ o , o ( ~e ,rardant bien d'cmpiéter sur !c terrain tort CJrconscnt e 0 · ::---' o , _ , o , poraineso Elle consiste en un traYail de mise en perspective, non - · · lotOs) a tini ainst par 1 emportcr. Ce chotx s est d'aurres speCJa 1 e. ' ' ' o o . c sculement eles productions humaines en tant que telles (ici, lcs . · 1 , t ccompao-né de l'abandon de toute theonc genc- <Tenera ctnen a ~c- . productions dites magico-rcligieuses), mais également eles prati ~c- I' bo t Or c'est ousremenr !e proprc de la clemarche rale uJ_ e, o 1e o - ' 1 , o o . . ques, eles discours, eles représentations propres aux savoirs compara tio\ - e,, CJUC de forcer ol eos spectalol tes a se _. poscr des p.r o- savants qui étudient ces productionso Certes, cctte attitude b!emes fédérareurs, de solltcttcr la mtse au pomt de modeles « rétlexive », qui incite lc chercheur en sciences religieuses à · o de plus en plus su~ccpnbles de rendre compre de la t l1 eonques · - ' ' . - o porter son regard tout à la fois sur l'objet de sa connaissance et variété et de la complexité eles cultureso II nc s'agtt clone pas de sur son propre regard en traio de connaitre, a encorc du mal à construire une histoire universclle, qui réduirait les différents s'imposer en France, et ce pour quatre raisons, qu'il connent univers historiques à un modele unique et ethnocentrique, mais d'évoquer brievement icio bien plutôt de faire ressortir la variété différentiel_le eles mondes La premiere raison est liée à une forte emprise scientisteo culturels connuso Et dans cettc perspecnve, la demarche htsto Souvcnt, cctte emprise a amené les historiens des religions tran rico-contrastive, attentive tant aux différences qu'aux conver çais à la conviction que la légitimité scientifique de la discipline gences eles formes et eles processus, offrc eles ressources iné- ne saurait être assurée que par une neutralité et une objecti puisableso vité rigoureuses, reposant sur l'élimination de toute interférence Une troisieme raison eles résistanccs opposées à la relati\·isa- entre données empiriques et positionnemem subjectif du cher tion méthodique du regard de l'historien eles religions, promue cheur. {dais ce positionnemem se trouve rarement thématisé ; sa par le comparatisme ainsi compris, vient de ce que les cher problématisation et celle, simultanée, de l'objer de la recherche, cheurs opérant dans ce domaine d'études se trouvent souvent menacent en effet, sekm ces historiens, le dualisme cognitif sur personnellement engagés dans une confession rcligieuse parti lequel repose une tradition savame à forte connotation philolo culiere (ou dans eles positions philosophiques, métaphvsiques, gicjuC et positivistco :Méfiants à l'égard eles interrogations épisté reposant sur une conception ontologiquc du sacré)o Réfractaires mologiques et généralisames, réticents à admettre ouvertement à une pratique de l'histoirc des religions qui scrait relativistc et le statut tlottant eles savoirs bâtis par les sciences humaines, ils différentielle- c'est-à-dirc à um: histoire qui prend les religions redourem notamment, sur le plan théorique, lcs dérives agnos comme eles systemes de choix et de valeurs originaux, créés en tiques et rclativistes propres à notre époqueo réponse à eles problémes historiques spécifiqu~s -, les porte La deuxieme raison est qu'une fois refermée la phase om·erte pa~ole de cette mouvance entretienncnt avec la méthode compa par eles auteurs tels que Pinard de la Boullave, ~fauss, Dumézil, r~ttve u~e relation symétrique et opposéc à celle eles histori- clstes. S'!ls n'hésitent p , o 1 o ll o Eliade, Lévi-Strauss, etc., les études historico-rcligicuses fran as a prattquer a comparatson, ce e-Cl est plutoA t emplovéc• a., l'o o d . o çaises ont affiché, et ce depuis quelques années, une vi\'e réti o o o . \ ec tntcnt1on e rechcrchcr eles m\·anants de la Vle rehg1euse et d -, I'_ _ o o ccnce à l'égarcl cl'un comparatisme élargi, idemifié som,ent aux . · e cxpcncnce humaine du sacréo crreurs eles théories évolutionnistes et diffusionnistes, et tenu pour inconciliablc avec la recherche historiquc proprement ratismc historiquc, cf. ~la reei D ,_ . . _ , _ dite ~o Le choix de se spécialiser exclusivement dans un domaine dneos msobrcricéu!~s,.rc , sp .ca nn.s,u o_-q uGc as l liq.mU Ia. r<d> nr 1c.9 rSui fr,.• c, cni rncc.s., .s - c(·, &c,w. . fa,H 1il' l·<" >r U\T:lgc ck C:arloP alnT,s.i ,n z~bcUu!roL" , 11 C.)1 C' )<s) ao/JL /;cas! rmaapnpiofcnsst éecns tre mIo r.p I h . o I "f-'.I. C , cu.l t u-rc~ · 1(1 lcl.l \c rra g~h..l._s t<ljnl.lr lc ,a btco. mrdoeJ. g onuc\m cr tL_-cf.n.':1acknmt clma cd'1 cusc srrij'osnc nd·ces~ -. \urour dcs rési5tancc~ de<.; n1ilicux uniYcrsitaircs français \-is-Ú-\·is du con1pa- par cs llSt< >ncns tr'-·l nça. J-s- :,J I'<, nconrrc de la pranc1uc comparati\-Lo 14 La perspective historico-religieuse Préface 15 La quatrieme raison réside dans I'existence d'un programme · · d ·1 fe"~ par l'histoirc des religions (en se distan- maruere ont 1 ne. '." . . . . .' . ,. ·, situé aux antipodes du précédent (ses tenants se réclament en . 1' d s posinons nvales), sont hees a l1c.ke meA me qu ,.1 1 Ciant par a e. . . . h . effet d'une pensée rigoureusement la'ique), mais qui tout comme - · d, cteur d'étudcs. Parm1 Ies sCJences umames se talt c ce se . . . . , celui-ci reflete une réticcnce marquée à l'égard de l'idée d'his , · . l'histoire des relig1ons consntue, selon lll1, l un des toire comparée des religions. Les savants français en question compara ti\ ,e sn, a le mom. s the.m a,t J.s.e , s. proble. matl.s .e . s, ml.s . c, n pers- champs qu o . . ' . n'ont guere manifesté d'intérêt pour Ies recherches historico · itique pour cc qu1 releve tant du statut de son objet pecnve cr , d' d religieuses en tant que telles (pas davantage, d'ailleurs, que pour . · ) quedes mérhodes d'approche. l:T ne sorte accor (l es re 11g1ons , , . . . . . les problématiques, tant théoriques qu'épistémologiques, que ces · 1· · mble en effet postuler que 1o bjet rchg1eux sermt dote 1mp.1c1te se . . . , recherches soulevent). La tendance consiste plutôt, ici, à d'une incontestable auto-ev1dence, laquelle a_ssureral: du mem~ absorber l'étude des faits historico-religieux dans des perspec coup aux études qui s'y rapportent une ce~tame umtc: Certes, 11 tives tour à tour sociologique, anthropologico-structurale, phi ne manque pas de spécialistes pour s~uh~ne~ ~es ,~1ve~,g?nces losophique, linguistique, psychologique ou psychanalytique, fondamentales qui séparent l'approche 'objeCtlvlste et reduc lesquelles raménent le religieux au social, ou aux structures logi tionniste" des faits religieux, de I'approche "subjectiviste" et ques de l'esprit, ou à la fausse conscience dissimulam les réalités "sémantique-affective". La premiére est pratiquée par ceux qui de classe, ou encore à un ensemble de puisions refoulées x. voient dans la religion un détour par rapport à un ordre insti tuam, détour dissimulé sous les formes religieuses, lesquelles constitueraient alors un ensemble d'institutions, de pratiques et L 'école italienne d'histoire des religions de conceptions remplissant une fonction précise, et cc dans la vie tant sociale et collective, que psychique et individuelle. La Selon quelles procédures L.a perspective historico-religieuse prend seconde approche, notamment de type phénoménologique elle ses distances vis-à-vis des quatre positions qui viennent et/o u herméneutique, aborde la religion à partir du probléme d'être énumérées, c'est-à-dire à la fois du philologisme scientiste, du sens que celle-ci revêt dans la conscience immédiate du sujet du parti-pris anti-comparatiste, de l'irrationalisme phénoméno religieux. Malgré Ies différences évidentes des deux types logique, et enfin du réductionnisme laicisant ? Pour répondre à d'approche, il reste qu'avec l'une et I'autre naus sommes en cette question, tentons de résumer les principales théses de PEésence de théories générales de la religion, théories censées l'auteur. Des les premieres pages, avant même de fournir au permettre de ramener les données documentaires à des cadres généraux et universels. lecteur une définition précise de l'objet religieux (et une délimi tation du champ disciplinaire qu'on appelle "histoire des reli , Or, ce n'est nullement ainsi que procede Sabbatucci, dont la demarche est P · d. . . gions"), Sabbatucci se lance sur le terrain du débat théorique et . , ourralt-on 1re, presque symetnquement opposee aux deu · · d I . · . . de la controverse méthodologique. Il nous donne à entendre . , x prece entes. ~e caractere essennellement cn- ttque de louvrage l'ab d d'fi . . , . 1 . f .li que son empressement à annoncer sa couleur et à se démarquer . . , sence e e 1111t1ons genera es qm ao - tera1ent la tâche d I l' ' de ses prédécesseurs, ainsi que son insistance à exposer la . u ecteur, usage qu'il fait de la méthode comparattve - usag · b . , ultt. d , e qm a oum a naus priver de tout repêre me ans 1 enqueA te _ . ·1· . . gent , d ' \ 01 a autant de facteurs qu1 nous obh- a regar er de plu · I . . , _ 8. Cj." notammcnt E. De Martino. « ;\fnhc, scicnccs rcligicuscs ct ci\"Jlisation l'h" · d . . s pres a maruere qu a cet auteur de "taire modcrnc >>, in htrettr. Srmbo!e. I "almr, Pans, Coll. Lcs Empcchcurs de pcnser en rond, lStOire es religJon " C . , chet II . s · ette maruere se révéle comme par rico- Scuil, à paraitrc (urre italicn: ";\lito, scienzc rcli).,>iosc c ci\·iltà moderna", in htrore , car e e se dega d I siillbolo l'CI!ore, Milan, ll Sag)..>iatorc, 1962). ge e a confrontation dialectique avec des 16 La perspective historico-religieuse Préfáce 17 approches autre~ que la sienne. "-\ cerre fin, ii com·iem de suivre · 1 S bl ·1tucci nous explique que l'approche de Dans cet arnce, ,a J, ,. '·- ,· ,., . :l~ la démarchc que Sabbatucci lui-même nous incite à adopter tout . zont· c' lal J Ort· ,c, .,l LLx 'a lent·o urs de:; annecs \tng' t, ~lt.a lt ct.s au long de son line, et qui consiste à situer sa pcnsée dans un Pettaz ·. . . n e. destinéc à exercer une foncnon cn- début pre~entcc com 1 · . . . . . ,. caclt·e culrurel plus \·astc, à la mettre en perspective historique, !ei ue a. l· e · gar d d es- o r1·er1r·'1 tions. histonco-rc. hg' tcu. scs d. e. 1 epog' ue, bref, à l'"historiciscr''. t q ' . , e temps une solunon hlstonCJste (c est- et proposaJt en men1 . . , ~ , - ·, , . On a vu en !ui l'un eles plus originam;: représentants de l'école à-dJ.r e tYp1·L JUCl11en t 1·r·'1 ]icnnc ' n1 lc . 1Jo1ds que dans lcs annees italienne d'histoire eles religions. Comme nous l'a\·ons nené plus vt.n gt 1a · pense· eo de B · C~ roce excrçait sur la. culturc .d e ce pays) haut, il est d'abord un porte-parole de l'historicisme italien, revi ,. · J1·écs à l'essence. aux buts et aux mcthodcs eles aux quesnons · . . . . -~ . . , . sité à la lumiére des apports de l'anthropologie sociale 9 et du sC·J ences re.J 1·crieuses alors cn \"O!e de tormanon. L apptoche peo t- 0 · • ' · . . , . e ce sin9Ularise selon SabbatUCCI, cn ceCJ gu clle est structuralisme de Claude Lévi-Strauss. Cctte triple ascendance tazzonJenn ~ · o , . . . . . . fournit à clle seule le gage d'une conception constructiviste (et -h.t~s torz·q ue, f.at. .q · Jtf et CO!rJJ haratire. O r ' ce.s tro1s c.a ract. en~. tJqu, es . lmpl!- ,. nre'·sLpposés Le prcmter consiste a n1er 1c xlstence nem pas déconstructionniste) de la discipline, car Sabbatucci est quent d eu., 1 · 1· · · · · . . . , d'une "essence religieusc" en tant que telle. Le second, a retuser persuadé que sa méthode peut comribuer à une véritable l'idée qu'un sens rhilosophigue quelconque serait inserir déjà avancéc dcs sCJences de l'homme. Demandons-nous clone dans l'histoire. La méthodologie de Pettazzonl reposaJt sur ces d'abord d'ou viem, au juste, cc chercheur qu'est Dario Sabba deux présupposés, tout en s'étam constituée à travers un dia tuco. logue inimerrompu avec les autres écoles, clone en sui\·am un Dés 1953, dans un article consacré à son maitre Raffaele processus en quelquc sorte dialectique - et non pas en partam Pettazzoni 11 ii temait de brosser les contours de l'histoire des ', d'une position programmatique a priori. · religions proposée par ce fondateur de l'école italicnne. Il déga Ce dialogue a\·ec d'autres courams a\·ait peu à peu amené geait ainsi une série de poims, susceptibles de résumer la piare Pettazzoni à prendre position sur un cenains nombre de poims forme théoriquc et méthodologique du maitre, poims qu'il importams, et principalcmem sur les cing que voici. 1) En mettait ouvertcmcm en rapport avec la tradition de l'histori reconnaissam à la phénoménologie religieuse le mérite d'avoir cisme italien issu de la pensée de Gianbattista Vico ct de Bene réagi au philologisme qui étouffait l'hisroire eles religions alors dctto Croce. Quoiquc déjà ancien, cet article peut nous servir que celle-ci était encore dans l'a:uf, Pcttazzoni a adopté la thése de guide trés utilc pour comprendre la démarche de notre ph~~oménologigue relatin à l'autonomie et à la spécitlcité du autcur, leguei a non sculcmem donné un prolongemem aux religteux, d'un religieux cnraciné dans un type de conscience cxigences fondamcntales de la méthodc pettazzonienne, mais a dcu' lturell e ..r uz· l!,enenJ· . "'"·o tons, en passant, que· sur c e pot· nt 1·1 se tini aussi par dépasser, en lcs radicalisant, les présupposés ema~quaJt de Croce, leguel, en situam la religion dans le domatne d l" h. · . . méthodologic]ues et théoriques du maitre. . . e et 1que, lw contcstaJt cettc autonomJc et cette speclf'icité ?) Fn d l'h, . h. . . :l . . . · - accor aYec ernagc IstonCJste c ont 11 se ~ reclaman et , l d. --· . ~. . . . . p '. a _a . ttterer:ce de la phenomenolog1e rebg1euse, 'J. Cc n'cst pas un hasard si une fone affinHé· (i<tmais dé-chréc par aillcurs) existe ettazzom a rctus t t . 1'. l' . . - .. . c oure o1s te ee que cettc specütCJte et auto- cnrrc l'approchc ú la fois ho!Jsrc ct difkrcnticllc de· S:Jbhatucci. cr l'approchc dcs nomle reposeraie· nt . l . . . . 1 . 1 d . . , sur une o J)CCtl\'ltC onto ogtque que conque culrurc·s pratic!uéc par un aurcur rei guc Louis Dumont cr ses éli:vcs. Dumont au;;sl u religicux et d . T , . . . . . comprc·nd lcs ci\ ilisatiom com me dcs Sl·srémcs de ,.,dcurs hicrarchJsécs, dom sculc un . ·. u sacre. out phcnomcne rebg1cux est, pour lw, une pcrspccm~c holisrc cr dilfé-rc·nocllc pcur mcrtrc cn L'\~Jdcncc rant la cohércncc rnen«t f adn' » et n. on p· a s un ~< d onne· » ; 1·1 est Ie pot· nt d' a b outt·s se- inrcrnc c1uc la singularité'. un processus de tormation et de dé\·doppcment anté- ](1. "Raft<Jclc Pcttazzoni", in .\111mn, X, 1, 1953, pp. 1-41. 18 La perspective historico-religieuse Préface 19 rieur, ainsi que le point de départ d'un développement ultérieur . . · · · -erait définissable en soi, mais d'une attirude , el!g!OS!te qui S . . processus dont l'historicn des religions se doit de retracer 1~ d une r , d· · ·" résultat d'un rcnversemcnr dialecnquc, . . use "secon aue , , . . genése, la stmcture et la fonction hisroriques particuliéres (« tout rellg!e · . . , n quelque sorte ; ams1, les contours de certe , '·reYO 1u non e , phaiizomenon est un ,génomenon », disait-il). 3) Pettazzoni a procédé d une . ~ -e dé<Taaeraient, en somme, que par rapport a des à la synthese de deux courams des sciences religieuses, l'un et rel!gJOS!te n. c· s . , -""p r""e. ext. srames on.e nte. es- d ans un sens " po. li - formL es re 1tgteuse~ - , . . . . l'aurre caractérisés par le recours à la méthode comparative : traste avec elles. Dans II nnto, zl nto e la stona · " et eL n con , - .. celui, philologique, rcprésenté par l'héritagc de F. Max Müllet, 01~e8)', les ciYilisarions _égyptienne, grecque, ~omaine, babylo- et celui, anthropologique, représemé par l'héritage de E. B. ( . · di e chmotse etc. sont comparees les unes aux ruenne, Jn enn ' . ', , , . . Tylor et de Frazer. 4) La comparaison, toutefois, doit pour Pet · d'e~ es à la lum1ere d'une double problematJque, hls- aurres et etu I , . ' . tazzoni s'exercer non pas entre des formes rel{gieu.res statiques · lrurelle -\ savo1r d une part la quest1on des tap- ronque et cu · • ' . . . . (comparaison typologique ou phénoménologique, nécessaire ouvoir politique et l'orgamsat!on patnctenne de ports entre le P '-· quoique insuffisante), mais entre des processu.r d._ynamique.r de déve la société ; d'autre part, le probleme des r_apporrs e~tre une fonc- loppement. 5) La vocation universelle de l'histoire des religions ne tion mythique jondatrice de l'hist~rici_té (e t -~1se a_u servtce, dans ces devrait pas reposer, selo~l~Csür l'emploi de la notion de "reli mondes anciens, d'une orgamsat1on hereditaJre du pouv01r), et gion" liée à une religion déterminée, adoptée comme modele une jonction rituelle tran.iformatrice d,e certe histori~ité. La compa- absolu, mais sur l' univmalité_d e l'enquête hi.rtorico-religieu.re, laquelle . raison historique singulansante a egalement porte ses frutts dans doit posruler un conc-ept suffisamment ,;aste poúr comprendre le travai! que Sabbatucci a consacré à la divination dans la Rome toutes les formes particulieres. Or, il se trouve que certe univer ancienne et en Chine (Diz,inazione e msmolo,gia, 1989), ainsi que salité est justemem susceptible d'être assurée par l'emploi d'une dans La religione di Roma antica (1988) et Lo Stato come conqui.rta méthode, celle du comparatisme hisrorique singularisant. Ce cultura/e (1975), consacrés respecrivement au calendrier festif romáín compararisme ne reposc pas tant sur la mise au jour des conver et à l'analyse de la religion de la Rome républicaine, gences entre formes similaires, que sur la mise au jour des diver interprétée à Ia lumiere du processus de démythisation qui la gences et des originalités des processus historiques à !'origine caractérise et qui la différencie de la religion grecque. Sabbatucci des différentes formations historico-religieuses. « L'histoire ne explore ce proc~ssus de démythisarion à rravers la double figure, peut être faite qu'en distinguant, c'est-à-dire en singularisant », adoptée à Rome, de l'historicisation des mvthes fondateurs des disait-il. De là découle la rendance de Pettazzoni, et dont héri ~aleur~_Eépublicaines, d'une part, et de l'élargissementde lafonc~ tera Sabbatucci, à construire l'histoire religieuse sur des anti tlon tltue~e (exprimée notammenr dans une conception juri- dique du s ') d' · theses conceptuelles, en faisant apparaitre les ruptures et les acre , autre parr. Un aurre volet de la product1on de Sabbatuccl· est · , 1 · · · · · d révolurions culturelles qui ponctuem l'histoire des civilisa . consacre a a rev1s1on cnnque es constmc- tlons conceptuell d l'h' · d li · · · d 1 tions. , es e IStOJre es rc g10ns. A.JnsJ, ans es annees quatre-vingr .1 d d . . d .. De cette continuiré mérhodologique, dans le sillage des rra . , I entreprcn e revtsJter es matenaux d ocumenta!res d I' h I . - . vaux du maitre, nombre des travaux de Dario Sabbatucci por e er no og1e relig1euse classique ce qui !ui permet de mo · ' tem le témoignage . •\ insi, dans Saggio .rui mistici.rmo greco (1963), d ntrer commenr et pourquoi ont pu voir le jour ii s'attache à mettrc en perspective historique la notion de "mys ~deomn cde.--p- ts tels que "d ema" (I I dema dez. Marm. d-Anll.t l, 1982 ; II a t 1ensen 1983 . D O . . . . . ticisme" et/o u de "mysrique". Il relati,·ise certe notion, en la Prot. . . .' ' a smde a Oumno 1984) "tnckster" (.Sui agomstz dt miti 1981) " '""';-. ,; ' . . situam par rapport au comexte religieux de la Grece ancienne 1998) " :. , polythe1sme (II polztez.rmo, 1989 et ' monothetsme" (·\11 . · . . . du 111" au I"' siecle, ou le "mystique" prend la forme non pas - " onotez.rmo, 2001), qUJ caractensenr 20 La pe rspecti1 'e h isto rico-religieuse Préf'ace 21 cncore aujourd'hui le nxabulaire de l'histoire des rdigions et . . . . . · Jn J't:m-is<H!l' commc lc produ ir eles comro- . a rotrc~ 10 1 ~qu ' ' . . . de l'ctbnologic rdigieuse. oper, · . pposé d'abord \c monde chretlen au monde ,·erses qut ont o ... . . . . ·. . , Voilú clone dans que] sens on peut dire que Sabbatucci pro ··, cr, pos· re·, r1·,'-,t1r·'-·ment , la reiil!,: t<.H l chrctten. neJ , co. ns• t• de·, rc',.c , longe la leçon de Pettazzoni, lequcl s'était serYi, dans lcs années I ,....paten, \· . , \e "reliaion" à ]'um,·ers public1ue de la \'IC con1me seu . "' . , . , cl \'Íngt, de l'histoire comparéc eles religions pour procédcr à l'his . . , a· ]· n a,rte er a la sctence. "CJYtque , ' '1 1'.-_ _ . , . . . _, , _ , . . . ., _ , roricisation du concept occidcntal ele "dieu" et ele ''mc)UQ De ;\fartino a,·an tan de 1 histoite dcs religtons un prctexte théis:ne': 11 Mais ii prolongc également la lc~~l11 de A. ~reli~ ·ttrt' en l')erspecti\'C les comtruct!om culturelles de • • pour reme . . , , . . . _ . _ - qm gracc a la comparatson avaJt mts en lumterc les protondes J'Occident. Sabbarucct falt de n:eme, ~ats sans roureto1s par- rnétamorphoses subies par les "rires de passage" en Gr(:ce rager J'hypothés<:: psvcholo~iquc to~mulce par D<:: ::Yfartmo, sclon ancienne 12 - ainsi que la leçon de De Martino, qui !ui aussi fit laquelle ]'auronomte du rehgteux -~ cnracmeralt dans une forme du comparatisme hisrorico-religieux l'occasion d'une probléma de conscience culrurelle partJcuhcre, reposant sur une « tech tisation méthodique de certaines catégories culrurelles occiden nique de déshísroricisation » mise en place par le disposirif tales. Certe entreprise conrrasrive a concluir, comme on sait, De mvthíco-riruel 11'. Sabbatucci reprend bien la réflexion propre à iviartino à hisroriciser successivernent les catégorics de "subjec D~ .Martino sur ]e caractére relationnel et différcntiel de ti,-ité", d"'objectivité", de "nature", de "personne", de "réalité", la connaissance historico-religicuse, mais en procédant à sa de "magic" 1 "dé-subjectivisation". En effet, pour lui, il n'existe pas un "reli '. De ces trois collégues issus d'unc même écolc, Sabbarucci se gieux" spécifique, s'enracinant dans eles états psvchiques et démarque toutefois sur plusieurs poinrs 1~. A la différence de affectifs particuliers communs à l'humanité, et dont la cons Pettazzoni, de De Martino et de 1 il n'accorde pas à la notion cience subjective ferait l'expérience. II n'y a que dcs culrurcs, \ de "religion" une Yaleur de catégorie véritablement opératoire. d_ont chacune se trouve confrontée à des problémes hisroriques La prr.rpi'Ctite bistorico-re!ig,irwe vise jus temem à monrrer comment, et culrurels spécifiques. Seule la confrontation entre di,·erses grâce à la comparaison inrerculturclle, une telle réalité catégo solutions fournies à de reis problémes culturels devrait dés lors rielle n'a pas en soi de Yaleur explicarive mais demande elle permettre de dégager les logiques concreres mises en branle par même à être expliquée. Elle révéle, notammcnr, ses limites chacune d'enrre elles. Ce caractérc contrastif et relarionnel de la connaissance historico-rcligieuse ne s'enracinerait clone pas dans q~e~que príncipe logique abstrair - comme semble !e suggérer 11. R. Purazzoni, "Di o, formazionc c sviluppo dcl mnnotci~mo", in Sa,~~~ di storia LévJ-Strauss l<>rsgt ,.t1 t-at· t al i ust·o n aux d vnamt· ques m· consct·c ntes . - 1 dd!t n·í(~ioni e di 111ilolr<~ia, Romc, 1946, pp. 3-28, L ·~nnúâcn;:c1 di Diú, Turin, Finaucli qm sous-tendenr la construction de l'idemité et de l'altérité. 11 1955; L'c.>m-r .wprw1o ndk nli;~iolliplimitit·i·, Turin, Finaucii. 19)". ~ en réal· ~ ·. · . . . 12 . .\ n~clo Brclich. Pmdfs e l'ill"ltlloi; Rom<:, :\tcnco, 1969. ame .- , . Jte apput sur les ctrconstances h1stonques qu1 ont 13. Cf. I/ IJ/OIIilo JiJt(~im (19-ft\), tr. : i.J mo11dt JJJ<(~iqm. Paris. Lc:s Fmpêchcurs de et dn' e 1Occtdent (ct ]u t· seu \J' a· se cont-ronrcr a· d' autrcs re 1I.g J·O ns pense r cn rond/ Scuil, 1999;. \la~lo r nliltri, .\Iibn, Garzann. 1962; La/Ím dtl mondo. a urres culture . , . - . . - . cham d' , s, .JUS~JU a taue de cerre controntanon un St(~~io sul/c t~porr:li.r.ri ml!l!ra!i, Turin, Finaucli, 19-:-. p enguere sp"ctt P , .l'h. . 1-f. Sur lcs rapports cntr(; la producrion de Sabbarucci cr cclk dcs autrcs rcpré ciser la . · ·c tquc. our erre cn mesure u . tston- scnranrs ele r0colc iralicnnc, ainsi CJUC ~ur lc~ con\·L·rgcnccs ct di\'cr~Lnccs par rapport -toire -genes_e de cerre confrontation inrerculrurelle dont l'his à Lé\i-Srrauss, cf. 1c rrés hd arricle de \:icola c;asharro, "La n:rza Yia tracCiata da comparee des rcligiuns n'est qu'un eles aYatars, ii est tou- Pcttazzoni", in .\tudi i Jla!mali d1 .\tona dr/Ir K.d(~ir,lli, n 'iCJ. I 'J9LI, pp. 'J:;-2llll. , l.'i. Sur lcs posirions de ccs rr<>JS aurcurs, t!.' \!arccllo \!:ts;;cnzio, SmFo e idmtita f!llitcl, .\!ilan. \nl.(cli. I<)<) I (tr. fr. : Sau"i d ido! ti/r dbnicf"'· (.r"'jÍn.< d ordrt d11 monde, 16· CJ. ma "P · .. Paris, FI IFSS --\laison dcs scicnccs de l'hommc·, 19')9). { >~rtacl au -\J (JJ/a1t- -llh~:.f/fjltt, ''/'· ri!. cr .:'\larcdlo ~lasscnzÚ>, op. a/. 22 La perspective lzistorico-religieuse Préface 23 tefois nécessaire, selon Sabbatucci, d'élucidcr ]c systéme de réfé . n de certe 1". . . ,e'tL'Jode svstématique (le comparatisme rences dans leque! cette confrontation s'origine, c'est-à-dire de J'applicatJO .. nt\ Jaquell~ ,-ise à affiner les insrruments ue slngu 1a n:,;,l I' ' • reconsuuire sa formation et son développement, afin d'en h.tstonq d' _ ,-oir conçu non pas sur un modele natura- . . ques un sa . . dégager la spéciticité et Ia cohérence interne. Voilà pour heunsn .f . ·ur un obj'et qu1 se donne prealablcment lisre-ob)ecu ' mais s quoi, comme le souligne dans son étude éclairante Nicola omrne rei. · 'h. · d li · Gasbarro 1 à la différence d'aurres hisroriens des religions pour c 1 conçoit Sabbaruccl, 1 lStOlre es re gtons, en -, Telle que a . . . tant proches de lui, Sabbatucci ne cherche pas à privilégier eles ·e t scientifique, se presente comme un savo1r mobile cant que pro) · d · I · "' éléments particuliers du systéme (la "vie religieuse", la "déshis . 'ptible de réinterroganons ct e revo ut1ons. on rou)ours susce 1 .... _< • • • • torisation mythico-riruelle", l'opposition sacré/profane, etc.) -, ·1 · volue avec son ob)et, mais son ventable enJCU est seulernent 1 e . . , c'est-à-dire des éléments susceptibles d'être rirés du systéme · J'érude des « relig10ns » supposees des autres, que la pro- cult11rel particulier ou ils apparaissent, pour être transportés d~s ~b~ e~tmnas n·s a 0·0n de l'Occident lui-même, dont ii_ s'agc it d'historiciser d'autres comextes. En effct, si des récurrences existent bien · es culrurels et Jes \·aleurs en les controntant aux \·aleurs le s reper · . . . dans les culrures, elles demandem à être expliquées moins par d'autres culrures. Objet et sujet de connrussance s1multanement, le biais de l'absolurisation, ou de la généralisation anthrops:>_~o­ se trouvent convoqués et remis en question. On comprend gique, qu'en faisant appel à leur nature de faits culturels spéci q~'une celle orientation méthodologiqu~, quoique si_ruée dans tiques, historiquement déterminés. Ainsi, pour Sabbarucci-la une perspective comparanve, about1sse a une conna1ssan~e de notion de religion ne peut être utilisée qu'à condition de ne pas rype "historique" à vocation singularisante, et non pas a une oublier sa double ascendance : celle de la religion-institution, "anthropologie religieuse" à vocation généralisante. Pour Sab telle que le christianismc l'a conçue, et celle de Ia religion batucci, en effet, ce n'est pas l'homme en général et sa condition expérience, issue du mysricisme grec. Dans cet aspect de sa que l'historien des religions a pour vocation d'étudier, mais bien démarche, à y regarder de prés, Sabbarucci ne fait en somme plutôt les cultures appréhendées dans leur singularité, et dom que radicaliser les concepts pettazzoniens de "formation" ~-t-de l'intelligibilité interne repose sur l'emploi d'une démarche "développement". - contrastive et différenticlle, dom il s'agit de faire ressortir les écarts et les originalités. Voi]à pourquoi, enfin, au lieu d'aborder ~e~ cultures par le biais de la "religion", qui en constituerait un Re/ativisme et constructivisme en histoire des re/igions ~lement particulier, i! procede - suivant en cela Lévi-Strauss - a une approche des svstémes culturels en les considérant dans Tout ce travai! de mise en perspective, de relativisarion des un ensemble, en tent~nt de dégager et de comparer entre elles ksl ' · notions mobilisées dans l'enquête concre:te, n'est clone nulle og~ques qui les sous-tcndent. ment le fruir d'un choix théorique en faveur du relativisme, choix l a dCe?mmamrceh ei] da étsé bsobu lig-né· dans une étud, e. m, cttant loe n paralléle qui conduirait à renoncer à toute prétention cognitive de la . . e a atucCJ et celle de Lev1-Strauss , alors que ce 1U t-Cl se met , d discipline. Ce travai! ne découle pas non plus d'un parti-pris qui en quere e srructures logico-formelles, dépour- VUes de tour · ·- cons1sterait à souligner l'incommensurabilité fonciére des -. -. conrenu et qUJ sous-tendraient les cultures Sabba- cultures et des religions entre elles. Il est la conséquence de tuc ct ' 1U I ' 5 ' e f~o rce plutôt d'appréhender la structure his' torique 18. q: \: G b . · · as arro, arr. caé, pp. 186-199. 17 .. \rr. cité, pp. 182-199.

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