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La métaphysique de saint Thomas d'Aquin dans une perspective historique PDF

356 Pages·2002·6.772 MB·French
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BIBLIOTHÈQUE D'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE NOUVELLE SÉRIE Fondateur : Henri GoUHIER Directeur : Jean-François CoURTINE , LA METAPHYSIQUE DE SAINT THOMAS D'AQUIN DANS UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE par Leo J. ELDERS PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la Sorbonne, ve - 1994 Ouvrage traduit de l'anglais par Constance BERNIER La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les <<copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de 1' auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite» (Alinéa 1er de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et suivants du Code pénal. © Librairie Philosophique J. VRIN, 1994 Printed in France ISSN 0249-7980 ISBN 2-7116-1222-8 PRÉFACE Cette étude est la première partie d'un ouvrage en deux volumes traitant de la métaphysique de saint Thomas d'Aquin. Elle a pour sujet l'étude de l'étant en général, alors que le deuxième tome traite de Dieu, la cause première des étants. Le livre voudrait être une introduction pour ceux qui désirent connaître de plus près la pensée métaphysique de saint Thomas d'Aquin. Contrairement à la manière dont cette matière était exposée naguère dans la plupart des manuels néo scolastiques, les arguments très détaillés sur certains sujets ne sont mentionnés ici que de façon succincte, alors que les différents thèmes ont été placés dans une perspective historique. D'une part, ce cours de métaphysique explique comment certaines connaissances se sont développées au cours des siècles antérieurs à saint Thomas et indique les sources historiques de sa doctrine. D'autre part, il est aussi fait mention de certains développements dans la philosophie postérieure à l' Aquinate qui sont de nature à mettre en relief la signification de la pensée de celui-ci. Le but de l'auteur ne fût cependant pas de sacrifier la doctrine pour privilégier cette approche historique. Car, de même que saint Thomas l'écrit lui-même, ce n'est pas tant le problème de savoir ce que les philosophes ont professé qui importe, que celui de parvenir à connaître la vérité sur l'être. Les doctrines d'autres grands penseurs sont mentionnés afin de contribuer à une meilleure compréhension de la doctrine de saint Thomas. On a souvent soulevé la question de la pertinence du thomisme pour l'homme moderne. On trouvera une réponse dans les pages suivantes. En se fondant sur le fait que la métaphysique de Thomas d'Aquin traite de l'étant et se veut l'expression scientifique de ce qui peut être appelé la métaphysique naturelle de l'esprit humain, l'exposé souligne la vérité et la valeur de cette pensée. Cette métaphysique, en tant que telle, ne dépend ni du moment historique ni de l'une ou l'autre culture car elle exprime la structure fondamentale de la réalité et les 8 PRÉFACE propriétés de l'étant. Ainsi sa vérité est éternelle comme l'étant lui-même; aussi longtemps que l'étant est ce qu'il est, son étude objective, comme nous la trouvons dans les œuvres de saint Thomas, conserve sa validité, car ce grand penseur fait abstraction des con ditions historiques dans lesquelles l'homme est placé1 • D'où les mots de Paul VI: <<Nous avons, dans les travaux de saint Thomas, un abrégé des vérités universelles et fondamentales qui sont exposées d'une façon étonnemment claire et très convaincante. En effet, sa doctrine est un trésor d'une inestimable valeur pour tous ceux qui recherchent la vérité. Ce n'est pas sans raison qu'il a été appelé<< un homme de tous les temps>> (homo omnium horarum). Sa philosophie, qui reflète l'essence des choses existant dans leur vérité certaine et immuable, n'est pas médiévale, non plus qu'elle n'est la possession d'un seul peuple. Elle se situe au-delà du temps et de l'espace et, par conséquent, elle n'est pas moins valable pour l'homme moderne >>2 • C'est pourquoi notre introduction à la philosophie de saint Thomas, loin d'être un pas en arrière, cherche à rendre plus accessible un trésor de pensée métaphysique profonde. Il va sans dire que, si l'étude de la métaphysique est menée à son terme, celle-ci est très exigeante ; une connaissance préalable de la philosophie de la nature et de l'anthropologie philosophique est nécessaire. Les pages qui suivent demanderont, par conséquent, un important effort de compréhension. Nous remercions très sincèrement Mme Constance Bernier qui s'est chargée de la tâche si ardue de traduire ce livre de l'anglais, et le RP Pierre de Cointet, Mme M. Couillaud et Mlle Véronique Pommeret qui ont revu le texte. Paris, le 7 mars 1994 L.J. ELDERS S.V.D. 1. Voir Pie XI, Discours du 8 janvier 1927 : Pertanto non verrà mai a meno << il valore della dottrina tomistica perchè per arrivare a questo, bisognerebbe che venisse a meno il valore delle cose (Discorsi di Pio XI, tome 1, édit. Bertetto, >> Torino). 2. Paul VI, AAS 56(1964), p.303. INTRODUCTION ORIGINE ET UTILISATION DU TERME «MÉTAPHYSIQUE» Le mot métaphysique>> est utilisé par certains auteurs dans un << sens large pour référer à toute recherche fondamentale de la réalité. Ainsi, par exemple, Albert Camus parle d'une révolte métaphysique de l'homme contre sa situation1 et Charles Péguy affirme que tout homme, même si parfois il ne l'admet pas, a une métaphysique. Selon Gabriel Marcel, on fait de la métaphysique dès que l'on découvre que son propre point de vue quant au réel est intenable et que l'on tente de le rectifier2 Pris dans ce sens, le mot semble être plus ou moins appa • renté avec ce qui est en général appelé philosophie, mais il y a aussi un usage du ti;1111e dans le sens d'une partie spécifique des études philo sophiques: la métaphysique ne considère pas l'être empirique mais ce qui se cache derrière les choses sensibles. En l'employant dans ce sens, certains le comprennent comme une aporétique (N. Hartmann; P. Aubenque) ou comme la science des principes sur lesquels la cosmologie, la psychologie et la théologie naturelle sont basées (Ch. Wolff). D'autres la prennent pour l'étude d'un domaine de l'être qui n'est pas le sujet d'une véritable recherche scientifique mais ne peut être considéré que de façon approximative. Il est inutile de préciser que cette vue conduit facilement à une réduction de la métaphysique à une activité esthétique. Enfin, le mot est aussi utilisé pour signifier la science de l'être en tant qu'être. En ce sens, la métaphysique a un sens clairement défini, comme nous le verrons par la suite. La première utilisation du mot métaphysique>> a été attribuée à << Andronicus de Rhodes qui mit en ordre et publia les cours d'Aristote au premier siècle avant J.-C. Il aurait donné le titre Ecrits venant << 1. Cité d'après M.Merleau-Ponty, Sens et non-sens, p.53. 2. Journal métaphysique, p.279. 10 INTRODUCTION après les traités de la science naturelle >> à un certain nombre de textes dont le contenu varie beaucoup. Le mot métaphysique >> fut forgé à << partir de cette expression1 Alexandre d'Aphrodise déclare qu'en • métaphysique nous traitons de choses qui, pour nous, sont postérieures, mais qui, considérées en elles-mêmes, sont plus fondamentales que le monde matériel2 La raison pour laquelle Andronicus n'a pas repris le • titre La philosophie première>> semble bien être le fait que, à << l'époque, ce titre désignait un traité particulier parmi le groupe de pragmateiai dont chacune avait son propre nom3 • Quoi qu'il en soit, selon P. Moraux le mot serait beaucoup plus ancien et apparaîtrait dans les listes alexandrines des ouvrages d' Aristote4 Nous voudrions relever qu'Aristote lui-même n'utilise pas • le ter111e ; il parle de << philosophie première>> alors que Théophraste, dans l'introduction à sa métaphysique, se sert de l'expression << l'étude des choses premières>>. H. Reiner affirme que c'est Eudème qui inventa le mot, mais il n'allègue aucune preuve véritable pour cette revendication5 • Il est probable que, pour des raisons pédagogiques, certains ouvrages du Corpus aristotélicien étaient étudiés après que l'on ait traité de la Physique et que cette coutume a contribué à la forrnation du ter111e <<métaphysique>>. Au cours des siècles suivants, les commen tateurs néo-platoniciens expliquèrent aussi le mot dans le sens selon lequel les principes au-dessus (ÜnÉp) ou au-delà de (ÉnÉxe:Lva) la réalité matérielle constituent le sujet de la métaphysique6 Dans la • théorie platonicienne l'être immuable est antérieur aux choses appar tenant au monde du changement, l'homme doit s'élever de ce qui est perceptible à la réalité au-delà des sens7 • xvne Au siècle, le te11ne <<ontologie>> fit son entrée dans les écrits de R. Goclenius8 et J. Clauberg9 Apparemment, ces auteurs cher • chaient, par le biais de ce terme, à séparer la science de l'être en 1. Voir 1. Düring, Aristoteles. Darstellung und lnterpretation seines Denkens, Heidelberg, 1966, p.591 ss. 2. ln Metaphysicam, 171, 6. 3. Cf. V. Décarie, « Le titre de la métaphysique>>, dans Herméneutique et ontologie. Hommage à P. Aubenque, Paris, 1990, 121-125. 4. Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote, Louvain, 1951, p.315. 5. Die Entstehung und ursprüngliche Bedeutung des Namens Metaphysik << >>, dans Zeitschriftfür metaph. Forschung 8 (1954) 210-237. 6. Philopon, ln Categ, 5, 1-6; Simplicius, ln Physicam, 1, 17ss. 7. République 516 c. 8. Lexicon philosophicum quo tamquam clave philosophiae fores aperiuntur, Frankfurt a.M., 1612, p. 16. 9. Ontosophia, ch.l (1656). 11 ORIGINE ET UTILISATION DU TERME « MÉTAPHYSIQUE>> général de la théologie et d'en faire le fondement des nouvelles sciences positives. Suivant cette direction, Ch.Wolff élabora une ontologie destinée à être une introduction à la cosmologie, à la psychologie et à la théologie naturelle. Brève histoire de la métaphysique Certains historiens ont vu en Anaximandre le fondateur de la méta physique, du fait qu'il imputait l'origine de toutes les choses à une substance infmie (il n'avait donc plus recours à un élément particulier comme principe premier). Quoi qu'il en soit, la plupart des historiens considèrent Parménide comme le premier métaphysicien car, dans sa tentative de comprendre le réel, il laissa de côté le monde physique et eut une intuition de l'étant qui jouera un grand rôle dans l'histoire de la philosophie. C'est pour cette raison que, dans ses dialogues, Platon fait généralement traiter le problème de l'être par un membre de l'école éléate. Platon lui-même définissait la nature de cette science suprême avec plus de précision et affmna que le monde des idées est l'objet de cette investigation. Enfin il cherchait à élaborer une théorie des rapports entre les idées. Celles-ci tirent leur origine de deux principes primordiaux, l'Un et la Dyade Indéfinie (appelée aussi le Grand et (le) Petit ou l'infini). Aristote fut cependant le premier philosophe qui donna un nom à cette science suprême et, dans une certaine mesure, décrivit sa nature (la philosophie première). Aristote nous a laissé un ouvrage en quatorze livres qui est une série de petits traités indépendants plutôt qu'une étude cohérente et systématique de l'étant. Dans le Livre A, ch.l et 2, le Stagirite parle d'une for111e particulière de connaissance, à savoir la sagesse qui est la connaissance des causes premières. Elle n'a pas d'usage pratique mais est recherchée pour la seule valeur de la connaissance. Elle est la science la plus divine car elle est le savoir le plus digne de Dieu et la science des causes premières. Or Dieu est cause de toute chose. Cette sagesse est la moins nécessaire mais aussi la meilleure de toutes les • sciences. Le Livre B est un traité d'une grande profondeur au sujet d' un certain nombre de problèmes fondamentaux en philosophie, dont la solution pourtant est renvoyée à plus tard. Pour cette raison, certains commentateurs pensent que, selon Aristote, la métaphysique devrait être une aporétique 1 • 1. Voir Pierre Aubenque, le problème de L'être chez Aristote, Paris, 1962, 250ss. 12 INTRODUCl'ION Les deux premiers chapitres du Livre G (IV) présentent la science de l'être en tant qu'être, qui diffère des autres sciences en ce que ces dernières étudient des aspects particuliers de l'étant. Aristote attire notre attention sur le fait que l'étant a plusieurs significations mais que celles-ci ont toutes un rapport à la substance. C'est pour cette raison que la philosophie première doit étudier les principes des substances. Le Livre E (VI) donne la division bien connue des sciences en sciences spéculatives, pratiques et productives, pour diviser ensuite les sciences spéculatives selon le niveau des êtres qu •e lles étudient : les choses considérées par la physique existent par elles-mêmes mais ne sont pas immuables ; la mathématique étudie des objets immuables qui n'existent pas par eux-mêmes, tandis que la théologie considère des objets qui existent par eux-mêmes, sont séparés de la matière et immuables. Le texte du premier chapitre du Livre E n'est pas sans pré senter de sérieuses difficultés1 Une division du réel entre les sphères • ou les niveaux de l'être semble être sous-jacente à cette tripartition des sciences. Werner Jaeger a sans doute raison quand il soupçonne une influence de théories de Platon. Il y a une certaine divergence entre ce qui est appelé ici théologie et la science de l'être en tant qu'être au Livre IV. Alors que Jaeger pensait que le Livre IV reflète la dernière position d'Aristote (assez éloignée de celle de sa période platoni << cienne), plusieurs auteurs ont souligné que certains passages des chapitres 1 et 2 du Livre IV expriment une doctrine ancienne et rappel lent la réduction platonicienne à deux premiers principes contraires. Quoi qu'il en soit, la divergence entre les différents textes de la Métaphysique conduisit à des discussions sur la question de savoir quel est le sujet de la métaphysique, l'être le plus noble (Dieu) ou l'être en général ? Alexandre d' Aphrodise défend le dernier point de vue. Selon lui, la métaphysique est différente des autres sciences du fait qu'elle étudie l'étant en tant que tel plutôt qu'un aspect particulier de l'étant2 • Dans son commentaire du Livre E (VI) (dont l'authenticité est contes tée), Alexandre affi1111e, en accord avec le texte d'Aristote, que l'étant le plus grand et le plus noble est le sujet de la philosophie première3 • Selon Asclépius, l'étude de l'être en tant qu'être est celle de la plus haute réalité4 Ainsi la métaphysique est en fait théologie. Philopon et • 1. Voir V. Décarie, L'objet de la métaphysique selon Aristote, Paris, 1961; L. Eiders, « Aristote et l'objet de la métaphysique », dans Revue philosophique de Louvain, 60 (1962) 166-183; id., Faith and Science. An Introduction to St.Thomas' Expositio in Boethiî De Trinitate, Rome, 1974, p.99-102. 2. ln Metaphysicam, 11, 6; 239, 16. 23. 3. ln Metaphysicam, 447, 24-36. 4. In Metaphysicam, 225, 15-17. 13 ORIGINE ET UTILISATION DU TERME « MÉTAPHYSIQUE>> Simplicius suivent la même ligne d'interprétation 1 Cette interprétation • néo-platonicienne était si répandue qu'elle était considérée générale ment comme la seule correcte. On l'a exprimée aussi en te1rnes spaci aux, c'est-à-dire que notre monde est censé dépendre d'un monde invisible qui se trouve au-dessus de lui. Mais cette vue provoqua des réactions d'empiristes comme David Hume qui refusait de rechercher les fondements du monde matériel en dehors de celui-ci2 • Parmi les grands philosophes arabes, Avicenne opte pour l'inter prétation qui voit la science de l'être en tant qu'être comme la métaphysique véritable. Dieu n'est pas le sujet de cette science mais y est rattaché d'une telle manière que les recherches engagées mènent, entre autres, à l'acceptation de l'existence de Dieu3 Averroès, en • revanche, estime que Dieu est le sujet propre de la métaphysique mais que, dans un certain sens, cette science étudie aussi l'être matériel4 • On trouve un point de vue différent chez saint Albert le Grand ; ce n'est pas Dieu mais l'étant en tant qu'étant qui est le sujet de la métaphysique. Dans ce contexte il comprend l'être dans le sens de la << première émanation de Dieu et la première chose créée>>, c'est-à-dire qu'il interprète Aristote d'une manière néo-platonicienne et chré tienne5. Bien que, dans certains passages, Albert affurne que Dieu n'est pas le sujet de la métaphysique, dans d'autres textes de sa Métaphy sique, il dresse la liste des différentes parties de ce sujet: l'une d'elles comprend les choses qui, dans leur être, sont séparées de la matière6 Sa • position n'est pas particulièrement claire. On peut néanmoins relever deux éléments de valeur dans son exposé du problème : l'accent est mis 1. Philopon, ln Categ., 5, 1-6; Simplicius, ln Physicam, 1, 17-21. Voir K. Kremer, Der Metaphysikbegriff in den Aristoteleskommentaren der Ammonius Schule. BGPhThMA, 39, 1, Münster, 1960. 2. A Treatise of Hu.man Nature, II 408 (édit.Green-Grose): «If the material world rests upon a similar ideal world, this ideal world must rest upon some other and so on without end. lt were better therefore never to look beyond the present material world ,._ 3. Metaphysica I, ch.2 (Liber de philosophia prima (Van Riet), 12): <<lgitur ostensum est tibi ex his omnibus quod ens inquantum est ens, est commune omnibus et quod ipsum debet poni subiectum huius magisterii >>. 4. ln Physicam, corn. 83 : << Qui dicit quod prima philosophia nititur declarare entia separabilia esse, peccat. Haec enim entia sunt subiecta primae philosophiae >>. Ici Averroès se fonde sur le principe qu'aucune science ne démontre l'existence de son sujet. 5. Voir notre << La naturaleza de la metaffsica segun San Alberto Magno y Santo Tomas de Aquino>>, dans Scripta theologica, 12, Pamplona, 1980, 457-561. Cf. G. Wieland, Untersuchungen zum Seinsbegriff im Metaphysikkommentar Alberts des Groflen. BGPhThMA, Münster, 1972. 6. O.c., I, tract.!. ch.11 (Geyer 28, 61 ). 14 INTRODUCl'IUN sur l'être en tant que le sujet véritable de la métaphysique, alors que cette science concerne aussi toute l'échelle des étants, tant les choses matérielles que Dieu. La notion de la métaphysique de saint Thomas sera traitée ci dessous. Au point où nous en sommes, il est cependant utile de mentionner qu'il a été le premier philosophe à montrer clairement comment on élabore cette discipline ; il en déte11rl.Îne la nature et en fait une doctrine de l'étant. Tout en confirmant la valeur de la méta physique, il explique également comment Dieu appartient aux thèmes étudiés dans cette branche du savoir philosophique. Duns Scot enseigne que l' ens commune est le sujet de la méta physique. Ceci, toutefois, signifie l'étant totalement indifférencié, commun à Dieu et aux créatures. L'acte d'être est l'un des attributs de l'étant individuel. La métaphysique, par conséquent, étudie l'essence (esse quidditativum) et non pas l'être qui se trouve en dehors de l'essence'. En déclarant que l'étant, compris de cette façon, est le sujet de la métaphysique, Scot parvient à faire de la métaphysique une science absolument nécessaire : la théologie et la philosophie de la nature sont toutes deux des déte11rli11ations supplémentaires de la con naissance primaire et fondamentale de l'étant en général. Selon Scot, le concept d'étant est présupposé par tous les autres concepts. Ainsi, cependant, Dieu est rendu dépendant de notre concept humaine de l'étant, même si Scot souligne qu'aucun concept ne contient Dieu2 • Puisque notre aperçu historique des différentes conceptions sur la métaphysique se limite aux philosophes principaux, il nous faut maintenant passer à Suarez. Ce philosophe et métaphysicien espagnol abandonna la forme littéraire d'une paraphrase ou d'un commentaire xrrre du texte d'Aristote, en usage depuis le siècle, pour composer un vaste traité qui, grâce à ses mérites (et à son utilisation dans de nombreux collèges des Jésuites) eut une influence considérable pendant 1. Quaest. in M etaph., I, 1, n.33 : « Ens inquantum ens potest habere passionem aliquam quae est extra essentiam eius inquantum est ens ; sicut esse unum vel multa, actus vel potentia est extra essentiam cuiuslibet inquantum est ens sive quid in se >>. 2. Voir J.Owens, Up to what Pointis God lncluded in the Metaphysics of « Duns Scotus ?,,, dans Mediaeval Studies, X (1948), 163-177; E.Gilson, Jean Duns Scot. Introduction à ses positions fondamentales, Paris, 1952, 91-94. Cf. le texte de I' Ordinatio, I, d.3, p.l, q.3 (Opera omnia (Vat.), Ill, p.68). Selon Scot la première di vision de l'étant est celle en étant infini et étant fini. Pour les discussions sur le sujet de la métaphysique dans cette période voir A.Zimmermann, Ontologie oder Metaphysik ? Die Diskussion über den Gegenstand der Metaphysik im / 3. und /4. Jahrhundert, Leiden/Kôln, 1965.

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