PUBLICATIONS OE ITNSTITUT OE CIVILISATION INDIENNE ■ÉRIE IN-«« FA80IOULE M ETUDES SUR LE SlVAlSME DU KAÖMlR ÉCOLE KRAMA LA MAHÄRTHAMANJARI DE MAHESVARÄNANDA AVEC DES EXTRAITS DU PARIMALA TRADUCTION ET INTRODUCTION PAH LILIAN SILBURN MaItRE HB RECHERCHE« AU C. N. H. S. Publii avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique PARIS EDITIONS E. DE BOCCARD 1, HUE DE MÉDICIS, 1 1968 LA MAHARTHAMANJARI DE MAHESVARÀNANDA PUBLICATIONS DE L'INSTITUT DE CIVILISATION INDIENNE 8ÉRIE IIM-B» FA60I0ULE 29 ETUDES SUR LE SlVAlSME DU KASmIR ÉCOLK KRAM A LA MAHÄRTIJAMANJARI DE MAHESVARÄNANDA AVEC DES EXTRAITS DU PARIMALA TRADUCTION ET INTRODUCTION LILIAN SILBURN MaITHE DE RFCIlEKCHF.3 av C. N. H. S. PublU uvee le conconrs du Centre National de la Recherche Scientifique PARIS Editions e. de uoccard 1, HL1- IMv MÈDICI», 1 1968 A la mémoire vénérée de LOUIS HENOU. AVANT-PROPOS Mahesvarànanda présente son poème comme une gerbe de llcurs1 qui, bien quc distinctes, dégagent un parfum unique : ces flcurs sont Ics symboles divers qu’il utilise dans [’intention de suggércr ‘ le sens profond® ' : chacun d’eux elTectuant un retour perpétucl vers la Source, expérience fondamentale, si simple et si intime, du Je. Pour rette raison, cn dépit de son réel talent, l'auteur n’échappe pas aux redites, et qui le suit lìdèlement fait de méme, sans avoir comme lui l’avantage du Sanskrit où les longs composés signalent ce retour à l’origine sans interrompre la pro gression de la pensée. Par contre, un langage aussi analytique et logiquc que le fran$ais ne se prète pas à une telle démarche. La traduction du commentaire paraltra d’autant plus décousue qu’il a fallu faire des coupurcs, ne conserver que l’cssenticl du thème, choisir d’importantes citations d’oeuvrcs perdues — pré- cieuses par le fait mème — supprimcr les répétitions ou remettre dans leur contextc Ics allusions trop brèvcs pour ètrc comprises par un non-initié. Comme il est habilucl dans les ouvragcs indiens, le lien entre les idèes n'cst pas toujours perceptible, spécialement entre les citations choisics par Mahesvarànanda qui laisse au lecteur le soin de vivrc lui-mème l'expérience qui les unitic. A vrai dire la présente introduction n’évitc pas, elle non plus, ce défaut. Mais comment une approche mystique, expérience intuitive de la totalité, ne scrait-elle pas trahie par un cnchalne- ment logique adaptè à nos facultés rationnelles et qui ne peut pas s’appliquer au donné mystique dans lequcl tout s’interpénètre. On abordera l’expérience intérieure par touches successives sans jamais perdre de vue l’essentiel, l’acte indivisible dont on prétcnd arbitraircment analyser les parties Constituantes, intro- 1 2 1. Mafìjarl. 2. Mahàrlha. duisanl un ordre là où il ne pcut y en avoir. C’est done au paradoxe de la kramamudrä1 qu’ici encore on revicnt. Nous nous sommes refuses à faire passer une sphere dans le laminoire de la pensée pour en tirer le fd qui aurait permis au lecteur de s’orienter plus facilemcnt. Puisse-t-il néanmoins cuciltir quelques fleurs de cette gorhe antique, la Mahàrthamanjarl, et cn dégager le sens profond. 1. Sop cette attitude voir pp. 57, 168 el si. 51. INTRODUCTION Goraksa, auteur de la Mahärthamanjari, futsurnommé Mahesva- ränanda, félicité du Seigneur, par son maitre Mahäprakäsa au moment de son initiation1. Fils de Mädhava et natif du pays Cola, au sud de l’Inde*, il devait vivre aux environs du xii* siede, postérieur à Kscmaràja qu’il mentionne souvent. Dans les stances initiales et finales de sa propre glose à la Mahärthamanjari, intitulée Parimala, il donne lui-méme de nombreux détails sur sa vie et ses oeuvres. Disciple de Mahäprakäsa qui vivait dans la mémc région, il fut purifié de toutes ses impuretés par son regard bèni (katàksapàla*) et eut la complète révèlation du Soi. D’autre part, initié aux diverses écoles sivaitcs du Kasmir, à l’Auttaràmnàyai. * 3, au Krama ésotérique, c’est à la Pratyabhijnä qu’il dut la Connaissance illuminatrice. Il vécut en profonde intimité avec les oeuvres d’Abhinavagupta auquel il tèmoigne le plus grand respect chaque fois qu’il le cite4 5. Il étudia non sculcment ses ouvrages philosophiques mais aussi ses traités poétiques, Dhvanyäloka et Lorana, auxquels il devait, dit-il, sa science dans ce domaine. Il appartenait è la tradition mystique Mahärtha ou Mahänaya, identique à l’Auttaràmnàya, et plus particulièrcment è la secte des Yogininieläpa dont la tradition dilTère quelque peu de celle du Trika. Il fut en efTet initié par unc siddhaijogini au cours d’un rèvc‘. Il précise autre part quc cette gogint lui apparut dans l’état intermédiaire entre veillc et sommeil qui corro6pond à l’cxtase du Quatrième (état, lurga). Les goginì ne sont autres que les facultés d’un yogin devenues des puissances divines et le terme siddha désigne la pure énergie procédant du souffle et relevant de Bhairava lui-méme. I’ourtant Mahesvarànanda id enti lie la gogini qu’il vit i. M. M.p. Sèi, 7 ei io ‘2. M. M. p. ‘202, él 3. 3. M. M. p. 6 milieu vi p. i él. 6, Cf. p. 1-2 cl 11)0 à '202 pour l’ensemble. Sur sa vie Cf. Dr. K. C. l’andey, Atihinavagupla p. 272 s<). 4. 11 le nomme AbhinnvagupLanäLhapäda, p. 202 él. -1. 5. pp. I, 191 el él. 12.