Tout le monde s’entend pour dire que la langue française a changé au fil du temps. Pourtant, on semble avoir plus de mal à accepter qu’elle se transformera encore, et pas seulement en gagnant de nouveaux mots. Elle changera dans sa structure et dans son fonctionnement, comme elle l’a déjà fait à maintes reprises. Les évolutions linguistiques ne sont pas des dégradations, des appauvrissements ou du nivellement par le bas. La langue moderne n’est pas l’état optimal que plus rien ne peut ni ne doit atteindre. Le prétendre peut être dangereux, car les locuteurs, par qui la langue existe, peuvent se lasser d’une langue anachronique, et se tourner vers une autre langue qu’ils perçoivent comme plus adaptée à leurs besoins. Pour maintenir la langue française au Québec, au lieu de vouloir la conserver sous une cloche de verre, ne faudrait-il pas plutôt l’affranchir, et se raccommoder avec l’évolution linguistique?
À la suite de La langue rapaillée, Anne-Marie Beaudoin-Bégin plaide ici pour que les Québécoises et les Québécois se réapproprient avec fierté leur langue et cessent, notamment, de craindre des emprunts à l’anglais. Instructif, documenté et rigoureux, son nouveau livre est également un vibrant appel à embrasser le changement linguistique.
Anne-Marie Beaudoin-Bégin est linguiste, spécialisée en sociolinguistique historique du français québécois. Depuis la plublication de son premier ouvrage, La langue rapaillée. Combattre l’insécurité linguistique des Québécois, elle a eu l’occasion de présenter de nombreuses conférences, dans le réseau collégial et ailleurs. Chargée de cours à l’Université Laval, elle est également chroniqueuse à l’émission Québec réveille! à CKIA 88.3. Sur Facebook, elle est l’Insolente linguiste.