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La guerre germano-soviétique: 1941-1945 PDF

793 Pages·23.242 MB·French
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LA GUERRE GERMANO-SOVIÉTIQUE NICOLAS BERNARD LA GUERRE GERMANO-SOVIÉTIQUE 1941-1945 TALLANDIER © Éditions Tallandier, 2013 Cartographie : © Flavie Mémet/Éditions Tallandier, 2013 2, rue Rotrou – 75006 Paris www.tallandier.com SOMMAIRE Table des cartes....................................................................... 9 Préface, par François Kersaudy............................................... 13 Introduction............................................................................. 17 I. « Un rébus enveloppé dans un mystère »................. 29 II. « Minuit dans le siècle »............................................ 57 III. « Le Russe est inférieur »........................................... 85 IV. « Le Russe est un colosse, il est tenace »................. 125 V. « Les bolcheviques ont de la chance : Dieu est de leur côté ! »............................................ 157 VI. « Nous sommes les seigneurs de ce pays »............... 195 VII. « Le Russe est fini ! »................................................. 241 VIII. « Stalingrad, fosse commune ».................................. 267 IX. « Le tiers-monde plus le T-34 »................................ 297 X. « La patrie socialiste est en danger ! »...................... 319 XI. « L’étrange alliance ».................................................. 345 XII. « La lutte véritable ne fait que commencer ».......... 361 XIII. « La Russie vengeresse avance »................................ 403 XIV. « Un sort effroyable »................................................. 433 XV. « La victoire se trouve dans la direction opposée » 455 XVI. « Le monde ne tremblera pas de peur ».................. 489 XVII. « Un rideau de fer tombera ».................................... 525 XVIII. « L’Allemagne est une sorcière ! »............................ 547 XIX. « Berlin écrasé, mis en miettes, haché, mutilé »...... 563 XX. « Que feras-tu après la guerre ? »............................. 581 7 LA GUERRE GERMANO-SOVIÉTIQUE Épilogue. Guerres de mémoires autour du conflit germano-soviétique......................................... 605 Conclusion............................................................................... 629 Notes ..................................................................................... 641 Bibliographie............................................................................ 731 Index ..................................................................................... 791 TABLE DES CARTES 1. Opération Barbarossa, 1941............................................... 124 2. Opération Typhon, octobre-décembre 1941..................... 156 3. Opération bleue, été 1942.................................................. 257 4. Koursk : le piège opérationnel soviétique, été 1943......... 408 5. Reconquête soviétique, novembre 1942-juin 1944............ 457 6. Opération Bagration, 1944................................................. 475 7. Conquête de l’Allemagne, janvier-avril 1945.................... 536 8. Chute de Berlin, avril-mai 1945…..................................... 562 9 À un certain endroit, dans un terrain marécageux qui se trouvait entre la route et le fleuve, un blindé soviétique apparut, renversé. Son petit canon sortait de la tourelle dont la portière était ouverte, complètement tordue par l’explosion d’un projectile. Dans l’intérieur, on apercevait un bras émergeant de la boue qui avait pénétré dans le char. Une charogne de char armé. Ce char puait l’huile et l’essence, le vernis brûlé, le cuir grillé, le fer incendié. C’était une odeur étrange. Une odeur nouvelle. La nouvelle odeur de cette guerre nouvelle. Cette charogne de char de combat me faisait pitié, mais une pitié bien différente de celle que suscite la vue d’un cheval mort. C’était une machine morte. Une machine en décomposition. Elle commençait déjà de puer. C’était une charogne de fer renversée dans la boue. Curzio Malaparte1 Un soldat allemand traversait la route à quatre pattes. Un lambeau de couverture d’où s’échappait de l’ouate traînait derrière lui. L’Alle- mand marchait le plus vite qu’il pouvait, sans lever la tête ; il ressem- blait à un chien cherchant une trace. Il allait droit sur le colonel et un chauffeur, qui était à côté de lui, dit en riant : – Attention, camarade colonel. Il va vous mordre. Le colonel fit un pas de côté et, quand le prisonnier arriva à sa hauteur, le poussa d’un coup de botte. Il suffit de ce faible coup pour briser l’Allemand. Il s’étala en croix sur la route. Il leva les yeux sur celui qui l’avait frappé. Dans ses yeux, comme dans les yeux d’une brebis qu’on égorge, il n’y avait pas de reproche ni même de souffrance, seulement de la résignation. – C’est qu’il vous toucherait, ce conquérant de merde ! dit le colonel en essuyant sa botte dans la neige. Un léger rire parcourut l’assistance. Darenski sentit sa tête s’embrumer ; quelqu’un d’autre, qu’il connais- sait sans le connaître, quelqu’un qui ignorait le doute, dirigeait ses actes. – Un Russe ne frappe pas un homme à terre, camarade colonel. – Et moi, qu’est-ce que je suis, pas un Russe, peut-être ? – Vous, vous êtes un salaud. Vassili Grossman2 11 PRÉFACE On trouve en France d’excellentes études sur les batailles de Moscou, Stalingrad et Koursk, ainsi que de prodigieux Mémoires rédigés par les acteurs et les témoins de ces confrontations homé- riques. Mais existe-t-il dans notre langue un ouvrage de référence sur l’ensemble de la guerre germano-soviétique, qui réunisse à la fois l’ampleur de la vision et l’abondance des sources, tout en étant suffisamment bien écrit pour être lu par plaisir plutôt que par devoir ? La réponse est qu’il n’en existait pas vraiment jusqu’à présent. Ce qui frappe d’emblée dans le récit qui va suivre, c’est l’extra- ordinaire richesse de la documentation : Nicolas Bernard a puisé aux sources allemandes, russes, américaines, britanniques, italiennes et françaises, sans se contenter des traductions approxi- matives qui ont induit en erreur tant d’honorables auteurs. La confrontation d’une si grande variété d’études et de témoignages permet au lecteur de changer sans cesse de camp, pour suivre le déroulement du conflit au triple niveau de la direction suprême, du commandement intermédiaire et des formations sur le terrain. Mais à mesure que progresse le récit, c’est surtout la largeur du champ d’investigation qui impressionne : la genèse du conflit est retracée très loin dans l’entre-deux-guerres, les ressorts des deux systèmes totalitaires sont précisément mis en lumière, de même que les circonstances de leur rapprochement temporaire au début de la Seconde Guerre mondiale. Après cela, le lecteur va suivre tous les détails de l’implacable évolution des événements : les longs calculs et les sous-estimations flagrantes ayant conduit à l’éla- boration du plan d’agression hitlérien, les multiples facteurs de l’impréparation des forces militaires soviétiques décimées par les purges staliniennes, la violence initiale du choc de Barbarossa, les brillants succès de la Wehrmacht et la déroute de l’Armée rouge, l’irrésolution initiale et les désastreuses improvisations stra- 13 LA GUERRE GERMANO-SOVIÉTIQUE tégiques de Staline, mais aussi la résistance désespérée des Fron- toviki soviétiques, qui va commencer à user et gripper les rouages de la machine de guerre nazie après seulement quelques semaines de combats. De cette campagne dévastatrice destinée à se prolonger pendant quatre longues années, l’auteur va dégager successivement tous les éléments : immensité des espaces, mobilisation sans précédent des ressources humaines dans les deux camps, acharnement des duels d’infanterie, de chars, d’artillerie et d’avions, perfectionnement continu des armements et des stratégies, participation des alliés de l’Allemagne aux opérations militaires et gigantisme de l’approvi- sionnement de l’URSS par les Anglo-Américains, crimes contre les populations civiles par la Wehrmacht comme par l’Armée rouge, évolution du moral des Landser et des Frontoviki, discrètes approches diplomatiques pour mettre fin à la guerre, influence de l’espionnage, du camouflage et de la désinformation sur l’issue des batailles, rôle déterminant de la logistique dans le succès des opérations, conséquences de la politique raciale du Führer sur l’administration des régions occupées, engagement des Partisans dans la stratégie de résistance à l’envahisseur, terreur exercée par le NKVD dans l’Armée rouge comme dans les usines d’armement, traitements inhumains infligés aux quatre millions de prisonniers soviétiques dans les camps allemands, relations complexes entre les deux tyrans et leurs responsables militaires, évolution vers une guerre totale dans laquelle les inépuisables réserves en hommes et en matériels de l’URSS vont laminer le Reich engagé dans une guerre sur deux fronts, influence de ce combat titanesque sur les mentalités, les politiques et l’historiographie jusque dans l’après- guerre – rien n’est passé sous silence, tout est pesé finement et replacé dans son contexte : un travail d’orfèvre, d’horlogerie fine, pour faire apparaître progressivement tous les ressorts de cet affrontement démesuré. Une analyse aussi minutieuse pourrait à la longue produire sur le lecteur un effet soporifique. S’il n’en est rien, c’est grâce au style de l’auteur, qui combine la précision, la concision et la synthèse avec un art consommé et une prose impeccable. Le découpage des paragraphes et des chapitres, la légèreté des phrases, la ponctua- tion même entraînent le lecteur volens nolens dans ce récit épique, qui se lit comme un roman noir débarrassé de toute fiction. 14 PRÉFACE La perfection n’étant pas de ce monde, ce qui manque sans doute dans cette somme déjà considérable, c’est une description vivante du modus operandi des deux stratèges amateurs : Hitler dans ses « conférences de situation » au milieu d’obscurs bunkers, par une température immuable de 15°, face à d’immenses cartes, parlant sans discontinuer, décidant seul et sans appel devant des officiers toujours debout et le plus souvent silencieux ; Staline au Kremlin ou dans sa datcha de Kountsevo, présidant les réunions du Comité suprême de Défense où prédominaient civils et poli- ciers, toujours assis et sommés de s’exprimer à tour de rôle, tandis que le Petit Père des peuples faisait les cent pas en fumant sa pipe – avant de trancher comme un couperet, face à des acolytes aussi serviles qu’apeurés… À cet égard, on ne saurait trop souligner la terreur abjecte qui régnait jusqu’aux plus hautes sphères du commandement militaire soviétique, où chacun redoutait de devoir « aller prendre le café chez Beria » – un discret euphémisme pour désigner une issue fatale ; le maréchal Joukov lui-même craignait davantage la super- vision policière que les armées de l’adversaire, ce qu’il reconnaîtra en une phrase lapidaire : « Nous nous souvenions tous de 19371. » Dans le camp d’en face, on pourra également nuancer la concep- tion d’un Hitler omniscient en matière de stratégie globale, incluant l’économie et la diplomatie, face à des généraux qui n’auraient été au mieux que d’habiles tacticiens : ainsi, lorsque le Führer interdit l’abandon de Nikopol au motif que cela ferait perdre au Reich toutes ses ressources en manganèse, son ministre des Armements communique au chef d’état-major un mémoran- dum rassurant : les stocks disponibles sont amplement suffisants pour environ dix-huit mois de production d’acier. Mais il est ver- tement rabroué par Hitler, qui hurle : « J’avais enfin trouvé une raison de forcer le groupe d’armées à combattre, et […] voilà que votre mémorandum me fait passer pour un menteur ! » L’interdic- tion de toute évacuation de la Crimée au motif que cela « inciterait la Turquie à se joindre aux Alliés » est de même nature : grâce aux renseignements fournis depuis Ankara par le valet « Cicéron », Hitler sait parfaitement que les Turcs n’ont pas la moindre inten- tion de se départir de leur neutralité. Mais le comble est sans doute atteint au cours du dernier mois de la guerre, lorsque l’Armée rouge est déjà aux portes de Berlin : « Il n’est pas question de reti- 15

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